Jour de congé !

Enfin ! Depuis que je suis revenu à Thacie, je n’ai pas eu une seule minute pour moi. Et non, aller à la plage pour bronzer ou la fête de l’éclipse lunaire ne compte pas. Puis en plus, j’ai eu des soucis à gérer pour les deux évènements, alors on ne peut pas dire que ça ait été des plus reposant. Mais cette fois-ci, ça le sera, c’est sûr ! Une chance même que je sois revenu à temps pour cet évènement. Non seulement j’ai pu faire un vœu lors du festival, mais en plus la caverne aux vœux est enfin accessible ! Oh, cet endroit est littéralement légendaire dans la région, si bien qu’on a dû demander à des rangers de réguler le flot de touristes pour ne pas abimer l’endroit. C’est le problème quand on habite sur une île paradisiaque comme Thacie, on est envahi de touristes pas toujours remplis de bonnes intentions. Je ne me souvenais pas que c’était à ce point, mais encore une fois, j’ai quitté Thacie il y a plus de dix et je n’étais qu’un gamin, alors… Alors ça ne m’étonne pas.
Je fais pourtant parti des élus qui ont droit à accéder à cette caverne ! Et, avec cette vieille pièce en poche, je compte bien aller faire un autre vœu… mais aussi m’émerveiller face à ce trésor de mon patrimoine. Je compte bien rattraper tout ce que j’ai manqué durant ma scolarité que j’ai passée… disons… ailleurs.
Merci Fleur, merci Victor pour m’avoir arraché à ce bout de paradis.

Il parait que la caverne est dangereuse… donc j’ai demandé à mes chers pokémons si l’un ou plusieurs d’entre eux étaient partant pour m’accompagner et me défendre si besoin. Evidemment, César a juste bondi, et a entamé une tirade chevaleresque -que je n’ai pas comprise-. Stella… comme prévu, a juste haussé les épaules. Elle préfère la plage et je ne lui en veux pas pour ça. Etoile, un peu plus méfiant depuis qu’il a remarqué que je ne suis pas toujours une femme, s’est finalement joint à nous. Je pense qu’il préfère encore m’accompagner pour résoudre ce mystère que de rester dans la maison seul ou pire, avec Stella dans les parages qui a pris l’habitude de le coller. La type poison le met mal à l’aise et il n’est pas encore habitué à elle pour la repousser franchement. Je le fais pour lui, mais je ne suis pas là 24h/24 pour le défendre. Me voila donc en route, équipé pour l’exploration. Grosses chaussures de marche, sac à dos, short beige et débardeur d’une adorable couleur kaki. J’ai noué mes cheveux qui auraient besoin d’une bonne coupe en queue de cheval et me suit occuper des mèches rebelles avec de très jolies pinces ornées d’étoiles que j’ai trouvé au festival. J’ai également noué à ma taille un pull over-size blanc, au cas où la température de la grotte descendrait trop bas.

A l’entrée de la caverne, je salue l’équipe de ranger, qui commence alors son speech et me remet le kit d’exploration. Des bandages et des potions ? Avoir absolument une lampe torche et un pokémon prêt en cas de danger ? Erh… elle est si dangereuse que ça, cette caverne ? Je leur indique gentiment les deux pokémons qui m’accompagnent, même s’ils ne sont pas obligés de savoir que la moitié du temps, ils ne m’écoutent pas… ou que je suis un dresseur avec zéro expérience du combat. Hey, je veux juste me détendre, prendre deux-trois photo, explorer et après on verra pour le reste. Je ne m’inquiète pas des masses pour les détails.

Les formalités faites, je m’engouffre dans l’entrée et est tout de suite accueilli par un doux parfum marin. Le sol est inégal, et, ça et là, quelques crevasses sont encore remplies d’eaux salées et de concombaffes. Presque sûr qu’ils sont pris au piège, mais ils n’ont pas l’air très stressé de la situation… Même si je ne sais pas à quoi ressemble un concombaffe stressé. Bien vite, la lumière de l’extérieur se fait plus rare, au fur et à mesure que j’avance dans les lieux. César est aux aguets, avançant comme une espèce d’agent de sécurité et m’indique que je peux continuer par des petits gestes. Heh… c’est vraiment mignon, et très attentionné de sa part. Etoile, quant à lui, regarde tout autour de lui, aussi curieux que moi. Le chemin s’efface petit et petit et se fait plus irrégulier, alors que le terrain s’enfonce petit à petit en une pente douce. Rien de très compliqué pour l’instant, je devrai pouvoir gérer.

La caverne est tout bonnement superbe ! Enfin, autant que peut l’être une caverne marine. C’est sûr, elle sent un peu le vieux magicarpe pas frais, et le venalgue qu’on a laissé trop longtemps au soleil, mais si on fait abstraction de l’odeur, on peut se concentrer sur celle des embruns. Puis, sur les petits bruits de bulles de concombaffe… Et sur ceux de César qui passe de rochers à rochers, exécutant d’impressionnantes roulades, et des cumulés. Bien sûr, la réception n’est pas toujours très fluide, et plus d’une fois, il s’est arrêté quelques instants pour calmer de discrètes larmes face à ses égratignures. Et à chaque fois, j’essaie de l’aider mais… non, César est têtu, César n’a pas mal pour ‘si peu’ et César est un vrai mâle qui peut nous protéger comme il faut. Je sens qu’il va surtout avoir besoin d’un bon bain chaud en rentrant, comme il les aime, avec des sels à la lavande, et qu’il va ruiner ma boite de sparadrap et de désinfectant. Mais bon, César reste César et si ça lui fait plaisir, je le laisse faire bien volontiers. Je ne sais quels ennemis il imagine par contre. A part quelques concombaffes qui pataugent dans 3 cm d’eau… ouais, rien de très menaçant. Ce n’est pas une espèce de Sport à Alola de les rejeter à la mer en les lançant le plus loin possible ? Je ne les imagine pas très dangereux. A mes côtés, Etoile est plutôt perplexe face aux cabrioles de César. C’est vrai qu’ils ne se connaissent pas encore très bien. Etoile est plutôt du genre protecteur, mais bien plus discret. Et il ne protège que son ami Appolon qui Louka a recueilli… D’à peu près tout d’ailleurs. Il n’est pas protecteur, il est surprotecteur, au point de littéralement dégager les chaises de son passage, de lui servir de marchepied pour grimper sur le canapé et même de lui servir un snack. Je ne sais pas trop quoi en penser… C’est mignon ? Définitivement mignon, c’est clair.

Plus j’avance dans cette caverne, moins la lumière est présente. Au bout d’un bon quart d’heure, je finis par sortir ma lampe torche, non sans que César proteste… Mais si je ne vois rien, le risque que je me pète la gueule est vachement plus grand que celui de réveiller un nospherapti. Le chemin est plongé dans la pénombre, si on peut vraiment parler de chemin. Il a laissé place à une série de galet et rocher souvent couvert d’algues glissantes et qui rendent la progression plus difficile. Surtout qu’on a l’air de descendre ? Est-ce qu’on est déjà sous le niveau de la mer ? Aucune idée, je ne sais pas trop où tout ça va me mener, juste que c’est un changement dans mes journées bien rythmées. Un changement bienvenu.

Ah, le chemin s’arrête… ou plutôt, il reprend en contrebas d’un bon mètre. Je vais devoir descendre avec précaution si je veux pouvoir continuer. Evidemment César me fait déjà ses grands gestes pour m’indiquer ce que je dois faire et je roule des yeux. Etoile l’a déjà rejoint et j’ajoute sarcastiquement que j’ai que deux pattes d’humain et qu’elles sont bien moins agiles que les leurs. Mais nope, César est impatient. Soit. Je coince la lampe torche entre mes lèvres et m’accroupis. Je pose les mains sur le sol gluant et me laisse tomber… Sur un truc mou ? Mou et gluant ? Mou, gluant et pas stable ?!

Outch

Evidemment, je m’étale au sol. Evidemment, je parie que j’ai aussi ruiné mon pull blanc. Sur quoi j’ai atterri exactement ? Je tourne la tête d’instinct pour… et je me prends un long jet gluant et blanc dans la face. Et pas ceux que j’aime en plus.
Non, mais quoi ?! Mon cri est étouffé par ce truc et je le retire directement. Je le balance plus loin et récupère ma lampe torche pour éclairer le coupable. J’aurai bien dit Cal, mais c’était déjà plus agréable que tout ce qu’on a fait de ce goût, tous les deux. Et, nope, pas de macho phobique fétichiste, mais, un concombaffe ? Un concombaffe qui chouine d’ailleurs… Est-ce que c’est sur ça que j’ai atterri ?

« Ah bah, merci, César ! Il t’a échappé celui-là ! »

Mon agent de sécurité tout en rose bougonne dans son coin quelque chose que je ne comprends pas -langage pokémon oblige- mais qui fait bien rire le nymphali pour le coup. Super, est-ce que le thème de ma vie va être d’être malmené par mes propres pokémon ?? Je me redresse sur les fesses, et éclaire de nouveau le pauvre pokémon sauvage.

Euh… y’en a deux maintenant ?

Je bouge la lampe torche.

Je crois que j’en compte cinq.

J’entends un filet de bulles éclatées dans mon dos.

Je crois qu’il y en a plus en fait.

« Shit… »

César est le pire garde du corps du monde.

Protecteur et garde du corps, mes fesses ! César a juste loupé une bonne dizaine -oserai-je dire centaine ?- de concombaffes ! Et non seulement je me suis vautré comme il faut, mais en plus… on dirait bien que je les ai foutus en rogne. Très en colère… je crois ? Ce pokémon n’est pas exactement expressif. Adorable, oui. Etrangement similaire à mon ex, certainement. Mais expressif… ? Errrh, non. Il ne faut pas plus de vingt secondes entre le fait que je dégage le petit concombaffe et son jet gluant dans ma face, et le cri de ses congénères. Un cri… peu amical, le genre à te faire bondir et à faire battre ton cœur à cent à l’heure. D’ailleurs, il ne m’en faut pas plus pour me remettre sur mes pieds en quatrième vitesse. Et à peine mes talons touchent le sol qu’une vague blanche s’élance pour me défoncer le cul. Une vague en forme de poing en plus ? Hey ! Je suis ouvert d’esprit, mais pas à ce point-là, il ne faut pas déconner ! Sans demander mon reste, je commence à courir, direction… direction je sais pas, mais en tout cas, je m’enfonce plus loin dans la grotte. Evidemment, Etoile me suit et me devance, même… faux-frère, mais je le comprends. César, ce crétin trop masculin et magnifique, hurle et se place entre moi et la marée grouillante. Mais quel… !

« Idiot ! reste pas là ! »

Mais il a déjà commencé à lancer son attaque feuille magik. Des feuilles de toutes les couleurs l’entoure petit à petit. Tout se passe très rapidement… mais il essaie totalement de se la jouer ‘rôle principal masculin qui se sacrifie à la fin du film pour sauver la princesse’, non ? Okay, c’est touchant, mais s’il arrive quelque chose à ce pokémon, Mamouchka va me foudroyer sur place. Ni une, ni deux, je fais demi-tour, ni sans écoper de quelques égratignures, et choppe le pokémon plante au vol, puis de nouveau, direction l’inconnu !

« Tu veux mourir ou quoi ?! » César se débat dans mes bras, mais il est trop petit pour vraiment y parvenir. Je le secoue doucement pour qu’il reprenne ses esprits. « Attaque pendant qu’on fuit, plutôt que de râler ! »

Oh, il n’y avait pas pensé, n’est-ce pas ? Absolument pas, évidemment. Il cesse de gigoter et recommence avec ses feuilles colorées. Elles apparaissent, m’égratigne et abime mes vêtements avec leur tranchant, puis son promptement lancée vers la marée blanche dont le son me rappelle trop de souvenir pour que je m’attarde dessus. Vraiment ? Penser à ce genre de truc maintenant ? Gheeez, j’ai un problème.
Je ne sais pas où on va, et je manque de me péter la gueule sur ces pierres glissantes, mais on y va en tout cas ! Pas question de me prendre un poing dans le fondement aujourd’hui !