Tales of Salva

Nos prédéfinis

Civils
Coordinateurs
Rangers
Chercheurs
Éleveur
Valys
Uth
Queen Lapras

Forums à l'affiche

A consulter

En manque d'interaction sociale- sujet demande : www
- sujet demande : www
- sujet demande : wwwDernières news immanquables- sujet demande : www
- sujet demande : www
- sujet demande : www


Dépoussiérer les habitudes ▬ ft. Andrea
Sarah Dusk
Sarah Dusk
Apprentie Scientifique
Dépoussiérer les habitudes  ▬ ft. Andrea Miniature_147_XYDépoussiérer les habitudes  ▬ ft. Andrea Miniature_037_Alola_SL
Pokédollars : 161
Dépoussiérer les habitudes  ▬ ft. Andrea Miniature_Badge_Roche_RFVF
Inventaire : - 2 Potions
- 1 Total-Soin
- 2 repousses
- 6 super-repousses
- 1 jeton famille
- 4 dés d'or
(- 1 Masterball)
- 3 Superballs
- 1 Charme Chroma
- Pokédex
- Portable
- Jeton DC
Dépoussiérer les habitudes  ▬ ft. Andrea Ruban_11
Sarah Dusk
Apprentie Scientifique
Sam 15 Aoû - 23:06   

Dépoussiérer les habitudes

Bibliothèque d'Edelsten



Sarah avait le laboratoire pour elle seule le temps d'une journée. Elle en avait profité pour ouvrir toutes les fenêtres et arroser consciencieusement les plantes vertes. Puis elle avait joué avec ses pokémon pendant une bonne partie de la matinée, jusqu'à ce que Soie et Eidel finissent par faire la sieste sur le perron ensoleillé et qu'Ariane parte pour une des ses promenades en solitaire dont elle avait le secret.
Maintenant, assise sur le tabouret de l'entrée avec son carnet de dessin sur les genoux, la demoiselle faisait tourner son crayon entre ses doigts depuis presque une demi-heure, incapable de tracer quoi que ce soit.

Elle s'ennuyait.

Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes : elle n'avait normalement aucun mal à s'occuper. Lorsque Lucie était là, elle l'assistait pendant ses expérience et l'accompagnait dans ses expéditions au fin fond de la forêt de Sycomores. Le plus gros de son travail consistait à s'occuper des différentes serres : vérifier que les températures et le taux d'humidité étaient idéales pour chaque variété de baie, rempoter et planter, récolter... Et quand elle avait fini toutes ses tâches, l'étudiante mémorisait les cours que la fac lui envoyait toutes les semaines par la poste. Sarah était un bourreau de travail : étudier lui fournissait une excellente excuse pour ne pas trop penser. Mais en pleine période de vacances, elle n'avait hélas plus grand chose à faire pour se distraire. Elle était allée quelques semaines à Isslot pour voir sa sœur et sa mère, mais était rapidement revenu à Edelsten : c'était encore là qu'elle respirait le mieux. La blonde ne supportait plus d'être couvée comme une gamine dès qu'elle remettait les pieds dans la maison familiale : Stella et Isabelle la noyait sous des recommandations et des questions qui dissimulaient mal leur inquiétude étouffante. Le plus embêtant était que Sarah nageait elle aussi dans l’incertitude, et que leurs peurs rejoignaient souvent les siennes... insupportable.
Elle devait beaucoup à Mme Helm, qui lui permettait de rester l'assister même hors période scolaire. La demoiselle soupçonnait la chercheuse de profiter de sa maniaquerie pathologique pour garder le laboratoire dans un état à peu près décent -chose qui s'avérait toujours plus compliqué, puisqu'à elles deux, elles cumulaient sept pokémon pour qui l’état des sols n'avait aucune espèce d'importance- mais après tout, elle était justement là pour ça. Seulement, il n'y avait désormais plus grande chose à nettoyer, et la journée promettait d'être encore longue.

Avec un aussi beau soleil, l'étudiante aurait pu emmener sa petite troupe pique-niquer, et trouver enfin le courage d'aller jusqu'au cimetière. Elle mordillait sa lèvre inférieure en y pensant, en n'étant même plus sûre que cela en vaille la peine. Pourquoi se faire du mal ? En voyant la pierre tombale, la blonde avait peur d'être submergée par un chagrin insoutenable, qu'elle associerait immédiatement à cette ville. Elle était terrifiée à l'idée que tout lui fasse soudain mal, alors même qu'elle avait réussi à apprivoiser ses souvenirs d'Edelsten et de son père plus où moins sereinement jusqu'à présent. Il était hors de question qu'elle fuit une nouvelle fois comme elle avait fui Belagora. Où irait-elle, ensuite ? Elle commençait tout juste à prendre ses marques Edelsten, elle ne voulait pas repartir de zéro. Malgré les réticences de sa famille qui trouvait sa décision macabre, la ville lui plaisait vraiment. Elle comprenait pourquoi ses parents s'y était installés avant leur naissance, à sa sœur et elle. Les habitants y étaient plus vivants, plus avenants que dans les villes du Grand Nord. La demoiselle aimait toute la diversité qu'on pouvait y trouver, la musique à toute heure, et puis la verdure omniprésente, qui lui avait fait un peu bizarre au début mais à laquelle elle avait fini par s'habituer. Seul la neige lui manquait un peu... Mais il lui suffirait d'attendre l'hiver pour la revoir.
Non, elle ne voulait pas être forcée de partir à cause de ses états d'âmes. Alors elle évitait du mieux qu'elle pouvait le cimetière, en priant pour que tout continue de se passer à peu près bien. Elle allait mieux, s'était certain. Elle avait moins mal à la tête, n'angoissait plus vraiment au contact d'autres personnes... Il ne fallait pas qu'elle s'arrête en si bon chemin.

La demoiselle finit par s'avouer vaincu et laissa rageusement son carnet et son crayon au pied du tabouret en se levant. Elle en avait plus qu'assez des pensées moroses que suscitaient son inactivité : il était plus que temps qu'elle se change les idées, et elle savait parfaitement où aller pour ça. Dans l'entrée, elle attrapa la vieille blouse blanche que Lucie lui avait prêtée, tellement longue qu'elle frôlait le sol. Elle avait beau être tâchée de café et brûlée par endroit, Sarah l'aimait bien. Elle lui procurait la même sensation rassurante que son lourd manteau en toile beige, mais en bien plus léger. Et elle était bien pratique pour légitimer sa présence dans des endroits où on l'aurait normalement regardé bizarrement...

En descendant les marches du perron, Sarah s'accroupit à côté de ses pokémon endormit et caressa Soie pour le réveiller.

« Je vais me balader. Vous voulez venir ? » Devant l'évident désintérêt du petit serpent, l'étudiante se résolut à partir seule. Elle pourrait bien se débrouiller sans eux, non ? « Vous restez sage et vous ne sortez pas du terrain, d'accord ? Surveille bien Eidel et Ariane pour moi. » Le Minidraco lui répondit par un long bâillement avant de replacer sa tête sur ses anneaux pour reprendre sa sieste. Cela équivalait sans doute à un oui.
Sarah leur faisait assez confiance pour les laisser seuls pendant une petite heure : depuis qu'elle travaillait au laboratoire, ils avaient d'avantage d'espaces pour se défouler, et étaient bien plus obéissant. Bien sûr, Ariane restait un peu craintive, et à l'inverse, Eidel semblait enclin à donner sa confiance à n'importe qui. Mais il s'agissait d'avantage de leur caractère respectif que de problèmes à proprement parler, et Sarah était persuadée que cela finirait pas s'améliorer avec le temps.

Il ne fallait que quelques minutes de marches dans le village pour rallier la bibliothèque depuis le laboratoire. Ce grand bâtiment détonait au milieu de la vieille ville : une bâtisse moderne avec de grandes verrières, dont les briques rouges juraient avec les jolies pierres qui composaient les habitations du centre historique. De loin, on aurait même pu la prendre pour un hangar agricole, si l'immense enseigne qui en surplombait l'entrée ne dissipait pas immédiatement les doutes : Grande bibliothèque régionale d'Edelsten. Là-dedans s'entassait tous le savoir de Salva, une mine d'or pour tous les chercheur en herbe. Sarah y avait déjà passé de longs après-midis mais ne se lassait pas d'y revenir : il lui faudrait sans doute des années avant d'en connaître les rayons pas coeur.

Elle salua rapidement la dame de l'accueil, qui, habituée à ses visites incessantes, connaissait son nom et ses centres d’intérêts sur le bout des doigts, pour pousser les doubles-portes et déboucher dans le grand hall. Une pièce démesurément grande, brillamment éclairée par le haut plafond de verre, où de nombreuses tables en bois ouvragées accueillaient les lecteurs. Un silence studieux régnait dans l'endroit, seulement troublé par le bruit des pages et quelques chuchotis. Sarah aimait cette ambiance calme couplée à l'odeur du papier et à la lumière dorée qui faisait étinceler les poussières dans l'air. Ici, plus de raisons de se sentir angoissée : toutes les questions trouvaient une réponse. Et pour la demoiselle qui ne demandait qu'à apprendre, c'était une véritable aubaine.

Ses pieds la conduisirent tous droit au rayon scientifique, devant l'étagère dédiée aux évolutions. Le jeu était très simple : prendre trois ouvrages au hasard, et les feuilleter en lisant tous ce qui l’intéresserait. Pour bien faire, il ne fallait pas lire les titres : la blonde choisit d’abord un gros pavé avec une belle couverture en cuir relié, puis un tout petit fascicule avec une couverture plastifiée rose bonbon, et enfin un grand album de schéma illustré qui promettait de l'occuper une bonne demi-heure. Avec ça, elle était prête à se changer les idées : ne lui restait plus qu'à trouver un fauteuil bien confortable pour s'installer. Elle n'avait pas à s’inquiéter d'être dérangée : très peu de curieux s’aventurait jusqu'au fond du rayon scientifique.


Andrea Saadauri
Andrea Saadauri
Pas de compétences
Dépoussiérer les habitudes  ▬ ft. Andrea Miniature_677_XYDépoussiérer les habitudes  ▬ ft. Andrea Miniature_774_Orange_SL
Pokédollars : 61
Dépoussiérer les habitudes  ▬ ft. Andrea Miniature_Badge_Roche_RFVF
Inventaire : - 1 Pokéball
- 2 Potions
- 1 Total Soin
Dépoussiérer les habitudes  ▬ ft. Andrea Miniature_Badge_Roche_RFVF
Andrea Saadauri
Étudiant en Astrophysique
Jeu 20 Aoû - 19:49   
Dépoussiérer les habitudes…
septrion - edelsten
ft. Sarah
Être admis à la prestigieuse université de sciences de Solem, c'était aussi bénéficier de certains avantages, et si pour la plupart des élèves inscrits cela semblait naturel, Andrea, lui, s'estimait terriblement chanceux. En acceptant cette proposition, on lui avait d'ailleurs répété plusieurs fois que le choix qu'il faisait privait un autre étudiant de cette orientation sélective. Il devait donc s'en montrer digne et faire de son mieux pour réussir. Les pleurnicheries et autres lamentations n'étaient pas les bienvenues. Certes, ce n'était pas quelque chose qu'on avait exprimé clairement devant lui, mais le jeune woestanais n'avait eu aucun mal à le comprendre. En réalité, il avait tiré cette conclusion assez naturellement. Tous les professeurs dont il viendrait à croiser la route l'attendaient sans doute au tournant. Cette université était habituellement fréquentée par des élèves surentraînés, bénéficiant depuis toujours de cours particuliers et d'une prospérité qui facilitait bien souvent leur apprentissage. En d'autres termes, sa classe serait sans doute composée de fils et filles à papa. Et lui, petit paysan, arriverait au milieu de tout ce beau monde comme un intrus. Celui qu'on observerait dans l'ombre avec une curiosité malsaine. Cèderait-il à la pression ? Résisterait-il à cet univers si différent de ce qu'il avait pu connaître jusqu'à présent…? Avait-il les épaules pour une telle filière ?
Ces questions, il se les posait en boucle. C'était un ballet incessant d'interrogations idiotes et de remises en question qui puisaient dans son énergie et tuait son moral à petit feu. À force de craindre l'échec, il le percevait comme un fait inexorable, un résultat évident qu'il ne pourrait éviter. Bien sûr, ce n'était qu'une illusion, fruit de son manque dévorant de confiance en lui.

Alors, tout ce qu'on lui avait dit ajouté aux idées qu'il se faisait de l'année qui l'attendait le laissait de façon permanente dans un état d'angoisse avancé. Encore en vacances, il avait déjà l'impression d'être à deux doigts d'exploser, et ce n'était pas une bonne chose… Un cercle vicieux des plus pervers s'installait, et Andrea finissait par craindre sa propre anxiété. En continuant de stresser autant, il finirait par ne plus pouvoir agir et par retomber dans cet échec qu'il redoutait tant. Il n'y avait pas vraiment d'échappatoire, et ce qui fonctionnait encore le mieux était de s'occuper la tête et le corps par tous les moyens.

Les soirées qu'il enchaînait depuis maintenant plus de trois semaines n'étaient autre qu'un moyen de ne pas rester seul dans son studio à ruminer des pensées négatives. Éviter au maximum l'introspection et les moments de calme plat qui le ramèneraient à ses angoisses, c'était là son objectif principal. La mission qu'il s'était fixé pour ses derniers instants de vacances.
Ce n'était pas simple, évidemment. Et il y avait toujours ces soirs où le mal revenait et le hantait sans cesse, comme un esprit frappeur qui ne le laisserait jamais tranquille. Heureusement, Nour et Asra étaient là pour le soutenir et illuminer ces terribles moments de solitude. Ils le raccrochaient à une réalité rassurante qu'Andrea chérissait, souffrant plus que jamais de son déménagement et de la distance qui le séparait désormais de sa famille et de sa meilleure amie. C'était comme recommencer à zéro en ayant conscience qu'il avait eu le choix de rester auprès de ceux qu'il aimait. Un dilemme cornélien qui, dans les deux cas, aurait présenté quelques regrets et surtout une part de souffrance. S'il avait refusé cette admission, il s'en serait sans doute voulu pour le restant de ses jours. C'était d'ailleurs cette certitude qui l'avait aidé à trancher et à se décider. Ses parents, ses sœurs, Faten, ils pourraient tous les revoir pour les vacances ou au terme de son année. Au bout des deux ans d'études, il serait libre de revenir vivre à Woestan. Ce n'était donc qu'une question de temps ; il devrait prendre son mal en patience, voilà tout.  

Difficile néanmoins à imaginer pour un garçon aussi angoissé à l'idée de réussir. Il craignait d'avoir dérangé tout le monde pour rien, d'occuper une place qu'il ne méritait guère… Mais ça, bien sûr, il le gardait pour lui, comme à son habitude. Sans doute cette peur panique exploserait-elle à un moment. Il ne pourrait pas stocker cette montagne de pessimisme et de terreur aussi longtemps qu'il le désirerait. Alors peut-être pleurerait-il un soir de désespoir, serait-il pris d'une méchante crise de panique. Il appellerait alors Faten, lui conterait ses tourments, et celle-ci le rassurerait, au point même de venir passer un week-end à Solem pour veiller sur lui. Il se rétablirait, jusqu'à la prochaine fois… Mais combien de temps pourrait encore durerait ce ménage…? Pourrait-il se reconstruire à chaque fois, sans complètement se briser sous le poids de la pression…?

Ça, Andrea préférait ne pas y songer. C'était une sorte de Carpe Diem sombre et négatif qu'il avait instauré pour mener une vie instable mais en constante évolution. Au cœur de ce système reposait plusieurs méthodes qui l'aidaient à avancer et tenir la route : se forcer à voir du monde, coucher avec des garçons de passage pour satisfaire ses désirs et sa libido délaissés, travailler et de temps à autre partir ailleurs pour se ressourcer. Il vivait de sa bourse et du peu d'argent que pouvaient lui offrir ses parents. Suffisant pour payer le loyer de son studio et quelques virées en boîte ou à travers Salva.

Par ailleurs, son école lui payait désormais quelques trajets pour Edelsten, la ville la plus au sud du Septrion. Cité traditionnelle, bercée par un climat prospère et agréable, elle abritait le cœur culturel de Salva : la grande bibliothèque régionale. Une source de connaissance intarissable pour un grand scientifique en devenir. Tout étudiant digne de ce nom s'y rendait régulièrement pour effectuer quelques recherches et rapporter avec lui des fragments de ce savoir intemporel.
Andrea avait déjà fait le chemin une fois, peu avant son déménagement. En quête d'un exemplaire qui n'existait pas à Woestan, il avait usé de ses nombreux crédits pour réserver un train en route pour Edelsten. Le voyage était long mais valait le coup… Quant au logement, le Centre Pokémon accueillait bien souvent les étudiants en transit. Il suffisait de présenter sa carte, et une couchette vous était offerte pour la nuit à tarif très réduit.
Aussi, dans un désir d'évasion, l'idée de repartir pour la cité septrionienne avait pris le jeune homme la veille de sa quatrième semaine passée à Solem. Les évènements des derniers jours, notamment la rencontre d'un homme avec lequel il avait passé une nuit très agréable, avait semé dans son esprit un trouble profond. Comme un manque, un sentiment incongru et étrange. Allongé sur son lit double perché tout au fond de son studio, Andrea avait longtemps réfléchi à l'origine de cette désagréable sensation… Avait-il pu tomber aussi facilement amoureux d'un simple coup d'un soir…? Ah, habituellement, c'était impossible. Mais lui… Lui il était particulier. Il avait quelque chose en plus… Et puis, il y avait comme eu une alchimie entre leurs deux corps, leurs personnalités pourtant contrastées. Un coup de foudre discret qui n'avait sans doute pas dû les laisser indifférents.

Le lendemain, sa décision était prise.

Prendre ses distances, voyager, partir quelques jours et laisser cette nuit de liesse derrière lui. Il craignait de se faire des films… Films qui ne pourraient le rendre que malheureux. Le jeune homme lui avait donné son numéro, mais Andrea savait parfaitement qu'ils demeureraient sexfriends. Lui-même avait bien su l'avertir au terme de leur petit rendez-vous. Pourtant, ils s'étaient depuis peu lancés dans de nombreuses conversations, appréciant échanger sur toute sorte de sujets et ainsi apprendre à se connaître. Une drôle de situation dont il devait à tout prix se détacher pour ne plus se prendre la tête.

Aussi, le Mercredi matin, à treize heures pile, son train arriva pour Edelsten en un grincement qui fit trembler d'effroi son corps entier. Un gros sac sous le bras, ses longs cheveux attachés en une queue de cheval basse, il descendit de son wagon l'air ensommeillé. Connaissant bien les températures de la ville, il s'était équipé d'une grosse veste en jean noir molletonné. Le pantalon qu'il avait rapidement revêtu avant de partir était néanmoins criblé de trous et l'air frais de la région pénétra bien vite sous ses vêtements, lui décrochant de longs frissons par manque d'habitude. Il faisait néanmoins soleil, et les Pokémon oiseaux, nombreux dans ce coin, chantaient déjà à tue-tête.
Connaissant désormais le chemin, il se dirigea sans souci vers le Centre Pokémon, ignorant au passage les regards lourds de sens qui se posèrent successivement sur lui. En se levant tôt le matin, il avait pourtant veillé à se maquiller discrètement. Simple précaution lorsqu'il s'aventurait aux portes du Septrion. Edelsten n'était pas la ville la plus extrême, certes, mais ses habitants étaient encore un peu touchy à ce sujet… Au fond, les mentalités étaient semblables à celles de l'Austrée, mais par ici, la population n'avait aucune gêne à laisser paraître son hostilité.

Il grignota rapidement un en-cas qu'il commanda au restaurant du centre, défit ses maigres bagages et se décida finalement à partir pour la bibliothèque, les ouvrages empruntés deux mois plus tôt sous le bras. Nour et Asra était bien évidemment de la partie. Le Météno, ravi de cette sortie dans un nouvel endroit, lévitait joyeusement autour du garçon dans les rues d'Edelsten. Au moins, pensa Andrea, il arrive à attirer l'attention des passants sur autre chose que mon jean et mon visage… C'était effectivement un point positif. Enfin, les habitants d'Edelsten souriaient sur son passage. les enfants désignaient Nour d'un air émerveillé, les parents demandaient quelques informations au garçon… Une attitude normale et agréable dont il sut se délecter non sans un brin de timidité. Asra, quant à elle, sauvageonne, demeura cachée sur les épaules de son maître, se dissimulant sans grande efficacité derrière quelques mèches de cheveux brun.

La grande bibliothèque d'Edelsten avait des allures galariennes. Ses briques rouges, criardes, créaient un joli contraste avec l'admirable verrière et ses fondations en acier argenté qui lui donnaient des airs modernes. Du lierre avait aussi été planté devant une grille qui remontait tout le long de la façade est… Avec le temps, la plante vivace s'était étendue et avait grignoté ce support pour former un mur végétal absolument époustouflant.
Le calme qui régnait à l'intérieur du bâtiment apaisa Andrea à peine y eut-il mis les pieds… Il salua poliment la réceptionniste et n'attendit pas plus longtemps pour effectuer le retour des livres qu'il avait empruntés lors de sa première visite. Elle ne semblait pas se souvenir de lui, et cela rassura un peu le garçon qui, malgré son apparence extravagante, n'appréciait guère marquer la mémoire des gens…
Une fois l'opération faite, il prit un temps pour parcourir tranquillement les différents rayons, sans pour autant chercher le département des sciences…
Voguer parmi les étagères croulantes de bouquins avait quelque chose de jouissif, pour Andrea. L'odeur des vieux livres était enivrante. Le silence, assourdissant par sa majesté. Il avait d'ailleurs demandé à ses pokémon de rester les plus discrets possibles et chacun d'eux obéissait docilement.

Finalement, l'étudiant en astrophysique revint sur ses pas pour rejoindre le rayon des sciences. Il était à la recherche d'un ouvrage qui relatait les différentes chutes de corps célestes qui avaient été répertoriées dans le passé. Le tout, évidemment, pour écrire un petit essai qu'il devrait rendre à la rentrée. Un manuel ou deux sur les propriétés et la composition des météorites les plus célèbres seraient sans doute d'une grande aide également.
Malheureusement, et malgré l'aide innocente d'un Nour qui ne savait pourtant pas lire – évidemment –, Andrea ne parvint pas à trouver le rayon astronomie. Il tourna plusieurs fois en rond, grommelant doucement et tirant quelques livres des étagères pour examiner leurs titres absents de la tranche sans grand succès. Finalement, il se décida à revenir à l'accueil pour poser la question… Mais, comme par miracle, la vue d'une blouse blanche flottant sur les pas d'une jeune femme lui sauta aux yeux. Sans doute une spécialiste du rayon. Elle devait  travailler ici et elle saurait très certainement lui indiquer la spécialisation qu'il recherchait inlassablement.
Il l'examina un moment du coin de l'œil, feignant de s'intéresser à un album qu'il avait pioché au hasard parmi d'autres petits livres rabougris.
Elle avait l'air très jeune… Peut-être même plus jeune que lui. Le nez dans son bouquin, Andrea mordilla doucement sa lèvre inférieure. Lui parler lui était difficile. Il avait beaucoup de mal à aller au devant des autres ; c'était une épreuve à laquelle il s'exposait pourtant souvent afin de combattre ses angoisses et surtout apprendre à changer… Néanmoins, interpeler une scientifique sans doute surdouée pour avoir été embauchée à un âge aussi peu avancé l'effrayait plus qu'à son habitude.
Nour piailla pour témoigner son impatience et, laissant échapper un petit soupir, le jeune homme prit son courage à deux mains. Il remit l'album à sa place et s'avança à pas de Lougaroc vers la jeune femme qui était visiblement absorbée dans la recherche du livre idéal.
Évidemment, il ne fit pas attention aux tâches qui maculaient la blouse, l'imaginant immaculée tant elle l'impressionnait. Évidemment, pris d'un fort sentiment d'infériorité et aveuglé par sa timidité, il ne se douta pas un seul instant de la véritable nature de cette jeune fille au visage d'ange.
Doucement, il éclaircit sa gorge et laissa sa voix plus claire que la norme masculine s'élever dans le rayon jusqu'à présent très silencieux :
– H-Hmm… Bonjour, e-excusez-moi… Je suis à la recherche d'un livre en particulier… E-Et il se situerait dans la rubrique astronomie, mais je n'arrive pas à la trouver… Vous pourriez me l'indiquer…?
Très embarrassé, Andrea passa une main fébrile dans sa chevelure, replaçant une mèche rebelle agrémentée d'une jolie perle bleu nuit derrière son oreille. Il osa à peine soutenir le drôle de regard que lui lança la jeune femme et bredouilla finalement, sentant que quelque chose clochait :
– Euh… Si je vous dérange, c'est pas grave. Je suis désolé, je vais aller demander à l'accueil…!

Page 1 sur 1