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Walking out of time – SOLO ADOPTION
Page 1 sur 1
Alexei Kireïev
Alexei Kireïev
Pas de compétence
Walking out of time – SOLO ADOPTION Feunar11Walking out of time – SOLO ADOPTION Farfur11Walking out of time – SOLO ADOPTION Ponyta11Walking out of time – SOLO ADOPTION Fourbe10Walking out of time – SOLO ADOPTION Croqui10

Pokédollars : 105
Walking out of time – SOLO ADOPTION Badge_31
Inventaire : - 1 Potion
- 1 Total-Soin
- 4 repousses
- 1 pokéball
- 5 dés d'or
- 4 super repousses

– Charme Chroma
Walking out of time – SOLO ADOPTION Miniature_Badge_Roche_RFVF
Alexei Kireïev
Dresseur arrogant ♥
Lun 3 Aoû - 17:52   
Walking out of time
septrion - venyys
ft. Adoption Fourbelin
Alexei avait des impressions de nuit blanche, avec toutes les terreurs et les souffrances que cela impliquait. De cette solitude nocturne, de ce temps qui semblait s’écouler grain de sable par grain de sable, on ne sortait jamais vraiment indemne. Il y avait bien là un épisode traumatisant que l’esprit tentait d’oublier au plus vite… Ne plus faire cas, occulter. Voilà bien un des plus grands stratagèmes de l’être humain pour continuer d’avancer.
Les bras de Syrius avaient d’abord été très agréables. De délicieuses flaques d’eau tiède s’étaient étendues dans le corps transi du Venyysien en ce début de nuit de liesse. Le fluide, qui n’était autre qu’une marée étrange d’impressions et de sentiments, avait très vite submergé le blond dont les tremblements de froid et d’appréhension s’étaient éteints comme la neige fond au soleil d’été. La chaleur de Syrius, réconfortante, vent de ce sud imaginé et idéalisé par un jeune septrionien qui n’avait encore jamais quitté sa terre natale, avait réussi à calmer les battements trop vifs, trop lourds de son cœur pour établir un rythme bien plus lent, bien plus opportun à une telle situation.
Ses pulsations s’étaient calées sur celles de l’austréen, faible écho de cet organe brûlant d’amour et d’adrénaline qu’Alexei, par il ne savait quel miracle, avait su toucher. De là, l’enlacement des corps, des bras, des jambes, doux et fluide. Une exploration silencieuse, yeux dans les yeux, jumelage de deux âmes compatibles. Le blond, qui avait d’abord eu froid au point de sentir ses dents s’entrechoquer alors que sa mâchoire tremblait de terreur, s’était ensuite laissé surprendre par un brasier terrible. Les premières fois étaient souvent celles qui demeuraient à tout jamais ancrées dans l’esprit de tout un chacun ; de celle-ci, Alexei se rappellerait une chaleur étouffante, à la fois douce, tendre et horrifique ; meurtrière.
Car il avait senti une partie de lui s’effacer, disparaître, sombrer dans un océan de ténèbres dont elle ne reviendrait sans doute jamais vraiment. Il avait fait sauter une barrière, une limite qu’il s’était toujours imposée et qui, en un instant, en une caresse, s’était brisée en mille morceaux tranchants, s’amoncelant dans les draps, se plantant profondément dans sa peau dénudée.
Bientôt, les vêtements ne seraient plus qu’une masse sombre et difforme au pied du lit… Alexei ne s’était encore jamais autant dévoilé devant quelqu’un d’autre que lui-même. C’était une épreuve, une lutte qu’il avait rondement menée, sans baisser les yeux, résistant tant bien que mal à ce désir ravageur de fuite et de retour en arrière. Non, il avait soutenu le regard tendre de son partenaire, s’était perdu dans cette belle couleur émeraude et avait bu à grande lampée la multitude de sentiments qu’il avait pu y trouver.
Pour la première fois de sa vie, Alexei s’était senti unique. Il s’était senti aimé, à sa juste valeur. L’absence de vêtements, de carapace qui le dérobait habituellement au jugement d’autrui était pour une fois assez positive. Elle était même plutôt agréable. Il n’y avait aucun mensonge entre eux ; des sentiments, la chair découverte, les corps enlacés. Rien de plus. Rien de moins. Plus rien pour les séparer…
Avec ces habits, Alexei avait un temps laissé filer ses craintes pour s’adonner entièrement à ses désirs et lorsque ses lèvres avaient timidement effleuré celles de Syrius, il s’était senti fondre dans ses bras. Une nuée de papillusions s’était envolée dans son bas-ventre… Un moment extraordinaire s’annonçait.

Jusqu’à la rechute.

Alexei hésita. Souffrant de cette étreinte qu’il avait au début savourée et par la suite haïe, il se tira de ces bras chauds et pourtant consolateurs. Dans son dos, la respiration apaisée de Syrius caressait sa peau avec une délicatesse qui le faisait soudainement frissonner de dégoût. Lâche-moi, murmura-t-il dans l’épaisseur de son oreiller. C’était un ordre adressé au silence plus qu’à l’austréen lui-même, qui, plongé dans les plumes de Cresselia, ne devait entendre que les éclats de rire d’un rêve lointain. La réalité était tout autre.
Alors, se dégageant de cette embrassade amoureuse, le blond roula à l’autre bout du lit, le cœur au bord les lèvres, pris d’une terrible nausée.
Horreur. Tout lui revenait ; les caresses, l’exploration des recoins intimes de son corps, les mots doux, les souffles saccadés… Ces sensations inconnues, craintes mais appréciées… La main baladeuse de Syrius qui avait tracé son doux chemin jusqu’à son bas-ventre, effleurant d’abord son nombril, puis ses cuisses striées de marques indélébiles, et était enfin remontée vers une partie bien plus sensible, inaccessible… Plaisir abject.
Et lui, qu’avait-il fait…? Il s’était contenté de se blottir contre ce torse brûlant, étouffant ses éclats de voix timide contre sa peau mate, craquelée par le froid sec de ce pays gelé.

Ainsi tiré de ce sommeil fiévreux, de cette léthargie malade, sa peau claire, fantomatique se détachant dans l’obscurité de la chambre, Alexei fut pris d’un vertige. Après quelques secondes de lutte intense, il eut une légère convulsion et sentit la bile remonter le long de son tube digestif, s’arrêtant aux portes de sa gorge. Il déglutit. Son estomac émit un bruit guttural qui n’annonçait rien de bon. La terreur étreignant ses entrailles, le garçon se débarrassa non sans mal des draps qui l’entouraient, l’étranglaient presque, et se précipita hors de la chambre pour ouvrir à la volée la porte de la salle de bain. D’épouvantables frissons coulaient le long de sa colonne vertébrale alors que son estomac semblait se déchirer, se distordre dans tous les sens… Une deuxième convulsion ébranla tout son corps et il tomba presque à genoux devant les les toilettes, y vomissant toutes ses tripes, c’est à dire pas grand chose.
La crise ne prit pas fin tout de suite. À plusieurs reprises, l’estomac du garçon fut passé au rouleau compresseur, le forçant à réitérer cette même entreprise… Finalement, pâle comme la mort, défaillant, les jambes flageolantes, il se releva tant bien que mal et tira la chasse d’eau en lui lançant un regard vide. Il abandonna les WC et se laissa aller contre le lavabo, s’y effondrant presque. Il alluma le robinet pour se mettre un peu d’eau fraîche sur le visage. Alexei était désormais hanté par la peur de devoir recommencer et déglutissait lentement, craignant que la moindre goutte de salive ne relance ce système d’élimination radicale.

Finalement, après quelques minutes comateuses, appuyé sur la faïence du lavabo, Alexei revint à pas de loup dans la chambre et chercha en silence ses affaires. Il était soudainement pris d’une idée folle : partir. Fuir ce lit, fuir ce garçon, fuir cette erreur. Il mit précipitamment la main sur son t-shirt, son pull, négligemment étendus sur la moquette. Il revêtit le tout avec fureur et fit de même avec son sous-vêtement, retrouvé perdu dans les draps et couvertures. Son jean n’était pas loin, sa veste reposait sur le dossier d’une chaise, à côté de son gros sac de voyage… Toutes ses pokéball était dans un autre sac en bandoulière, laissé sur un petit buffet. En quelques minutes à peine, il serait parti. Pour aller où ? Il ne savait pas encore. Mais il était sûr d’une chose : il fallait fuir. Il était déjà allé trop loin, cela ne pouvait plus durer…
Muré dans cette décision, plus rien ni personne ne pouvait l’arrêter. Du moins, c’était qu’il pensait. Pourtant, lorsque quelques froissements de draps se firent entendre derrière lui, lorsque des doigts cherchèrent ses hanches, sa taille pour doucement s’y agripper, toute détermination s’envola pour laisser place à un profond désarroi et une honte mordante :

– Qu’est-ce que tu fais…?

C’était la voix pesante et encore ensommeillée de Syrius. Alexei retint sa respiration, le souffle coupé. Que devait-il faire, maintenant…? Il était trop tard pour s’éclipser. Syrius le sentirait, s’alarmerait… Un soupir tremblant s’échappa de ses lèvres alors que que de grosses larmes brûlantes vinrent troubler sa vision. Doucement, d’une main tressaillante, il effleura les doigts de son amant et caressa ses jointures :

– R-Rien. Je vais juste fumer une cigarette, ne t’inquiète pas…

L’Austréen, encore écrasé par la fatigue, émit un petit grognement approbateur et fit glisser sa main le long de la taille d’Alexei avant de la laisser retomber sur le matelas. Le blond demeura un instant figé, droit comme un “i” sur le lit, puis céda une nouvelle fois à son cœur qui lui criait de ne pas ployer sous son impitoyable raison. Il se tourna vers sa belle aux bois dormant et déposa un baiser mouillé sur son front avant de ramener des couvertures sur son corps dénudé. Quelques larmes maculaient déjà ses joues ; il les essuya rageusement.
Alors, la mort dans l’âme, il se leva enfin, acheva de s’habiller, enfila sa veste en cuir doublée de laine et prit son petit sac à bandoulière pour quitter la chambre.
Il ne fuirait pas. Pas aujourd’hui.

Alexei Kireïev
Alexei Kireïev
Pas de compétence
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Pokédollars : 105
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- 1 Total-Soin
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– Charme Chroma
Walking out of time – SOLO ADOPTION Miniature_Badge_Roche_RFVF
Alexei Kireïev
Dresseur arrogant ♥
Lun 3 Aoû - 22:46   
Walking out of time
septrion - venyys
ft. Adoption Fourbelin
Il devait être aux alentours de six heures de matin. Les vieux lampadaires aux abords de l'hôtel brillaient d'une faible lueur, rivalisant avec le soleil levant. Le ciel, aquarelle encore sombre, était un harmonieux mélange de bleu nuit et de couleurs de l'aurore… Quelques étoiles piquaient encore cette tenture nacrée, où des nuages fluides, parfois translucides, filaient vers l'horizon et disparaissaient à mesure qu'ils prenaient de l'altitude.
Les joues humides, Alexei gardait ses prunelles orageuses rivées sur ce spectacle céleste, comme s'il espérait que la chaleur encore toute relative du soleil empêcherait ses larmes de couler. De temps à autres, il reniflait discrètement et essuyait les longs sillons salés qui creusaient sa peau sèche d'un revers de manche. Il lui arrivait de s'arrêter au beau milieu de la rue qu'il traversait, comme pour reprendre ses esprits.
Une légère brise soufflait sur Venyys. Discrète, elle pénétrait pourtant dans les vêtements et faisait frissonner les corps… Le froid n'avait pas pris longtemps pour remplacer la chaleur agréable du lit ; bientôt, le septrionien fut pris de tremblements incontrôlables. Il enfouit son visage dans le col de sa veste et décolla doucement les mèches blondes qui adhéraient à ses pommettes.

Petit à petit, il s'enfonçait dans les profondeurs de la ville. Les quartiers riches de Venyys étaient désormais derrière lui ; devant, les corons. Des centaines de petites maisons identiques, à quelques détails près, souvent ajoutés après coup, s'enchaînaient les unes à côté des autres à perte de vue. C'était un paysage qui lui était familier. Un paysage qui faisait automatiquement remonter quelques souvenirs, bons comme mauvais. La veille, il s'était déjà aventuré dans ce coin, sans pour autant aller jusqu'au bout de ses idées.
Les corons, c'était plus que des maisons, aux yeux d'Alexei. C'était son enfance. Une enfance passée dans la neige et le charbon. Noir, blanc… Il y avait eu peu de contraste et peu de couleur dans ses années venyysiennes. La tristesse et la solitude avait pour le jeune homme cette image : des habitations côte à côte, des rues silencieuses, aucune âme qui vive… Vide. Désertique. Morne et sordide.
Il détestait cet endroit. Y remettre les pieds tordait ses entrailles, lui donnait envie de fuir loin, très loin. Prendre ses jambes à son cou, disparaître de cette ville, disparaître de cette région… Et ne plus jamais revenir.
Les souvenirs douloureux, la nuit passée avec Syrius… Tout s'accumulait et prenait une ampleur alarmante qui accablait le garçon. Dans sa marche hors du temps, il y avait des moments où il lui semblait que l'air lui manquait. Alors, il s'arrêtait contre un mur, une façade, et inspirait profondément, expirait lentement… Qu'était-il donc en train de lui arriver…? Pourrait-il supporter cet état encore longtemps…?
Est-ce que tout cela était de la faute de Syrius…? De leur relation…?
Les larmes, plus nombreuses encore, dévalaient ses joues sans qu'il ne puisse y mettre un terme. Avoir de telles pensées l'effrayait autant que cela le blessait. Son cœur souffrait de s'entendre dire de telles choses… Syrius était assurément ce qui lui était arrivé de mieux dans sa vie… Et malgré la honte qui l'envahissait en repensant à leur nuit, à ce pas franchi ensemble, main dans la main, il éprouvait aussi une joie coupable, que sa raison s'efforçait de bâillonner.

Finalement, aux abords de cette maison tant redoutée – la sienne, celle où dormait sans doute son père – le calme revint et tarit le flot de ses larmes. Les sanglots qui secouaient jusqu'alors ses épaules s'effacèrent pour laisser place à un tremblement à peine perceptible.
Alexei demeura de longues minutes devant sa maison, fixant cette porte en bois sombre, dur, qui marquait la frontière entre son présent et son passé.
Il hésita. Allait-il la franchir…? Il avait toujours un double des clés, au cas où l'idée lui prendrait de revenir dans le foyer familial… Famille bien amoindrie néanmoins, qui se résumait désormais à son géniteur, vieux et infirme.
Un pas en arrière, puis deux. Par réflexe, il secoua la tête. Non, pas aujourd'hui. Pas maintenant. Pas après cette nuit, pas après cette soirée. Pas après ces semaines passées à flirter et embrasser un homme. Un homme.
L'idée lui vint qu'il souillerait la maison, qu'il souillerait l'honneur des Kireïev en faisant un pas à l'intérieur de cette habitation endormie, chargée de vies envolées et de souvenirs gelés. Réaliser l'absurdité d'une telle pensée enfonça un pieu dans son cœur et il fut pris du désir soudain de s'enfuir en courant et de ne plus jamais remettre les pieds dans cette horrible rue. C'était bien là tout le paradoxe qui l'animait. Le dégoût de lui-même, la honte, l'impression de tromper ce père qui avait pourtant voulu faire de lui un homme du Septrion respectable… Et, à côté de ça, cet amour affirmé, désormais consommé que son corps vomissait tout en s'accrochant à lui.

Qu'allait-il donc devenir ? Pauvre garçon, pensa-t-il.
Il ne courut pas, s'éloigna seulement d'un pas lent et grave, essayant de garder la tête haute. Pas aujourd'hui… Un jour peut-être…?

Le jeune homme prit un autre embranchement ; des escaliers menait à un vieux bâtiment, perché au-dessus de la ville. C'était là un centre de soin pour Pokémon, qui avait ouvert peu avant le départ d'Alexei de Venyys. Il franchit ses marches non sans grimacer un peu, ses articulations engourdies par le froid le faisant souffrir. Arrivé sur ce petit promontoire, il s'appuya contre la rambarde en fer peint qui sécurisait la corniche. Les toits des corons, ceux des grandes maison, un peu plus loin, et le lac, tout au fond, composaient un paysage typique et très pittoresque. Les chaînes de montagnes parfaisaient ce paysage brut et sauvage. C'était bouleversant.
Alexei laissa échapper un long soupir et après avoir lancé un regard vide au grand bâtiment derrière lui, silencieux, désert, il sortit de la poche de sa veste son paquet de tabac où se trouvaient les dernières cigarettes qu'il avait roulées avant l'arrivée de Syrius la veille. Il en prit une et la logea entre ses lèvres avant d'essayer de l'allumer avec son traditionnel briquet. Malheureusement, il eut beau répéter le même geste, aucune flamme ne vint crépiter et embraser le bout de sa cigarette. Il peste d'abord un peu, imaginant une petite panne momentané, puis, après de nombreux essais, lança rageusement le briquet derrière lui pour plonger son visage entre ses mains.
C'était l'échec de trop, la goutte qui faisait déborder le vase. Les larmes reprirent de plus belles et il s'effondra sur la ballustrade.

Pendant un long moment, seuls ses sanglots résonnèrent sur ce promontoire surplombant la ville.
Mais si Alexei était persuadé d'être seul, il s'était trompé. Depuis son arrivée, une présence l'observait dans l'ombre… Le bâtiment était fermé à double tour, les cages et jardins aussi, mais un petit malin avait su se tirer de cette prison de pierre pour embrasser la liberté qui le faisait rêver autant qu'elle l'effrayait.
À l'extérieur, il avait un instant pensé qu'il serait loin de toute présence humaine… Après tout, cela faisait plusieurs mois qu'on l'avait transféré dans ce centre pour s'occuper de lui et le dresser… Car oui, c'était cela : les hommes et les femmes de cette maison d'accueil avaient par tous les moyens essayé de le mater. Mais la créature, haineuse, colérique, n'avait à aucun moment courbé l'échine.
Désormais fugitif mais pourtant encore tout près de ses geôliers, il espérait partir loin et survivre dans la nature hostile. Malheureusement, dans son évasion, il s'était ouvert au bras et saignait abondamment. C'était une plaie impressionnante mais qui n'était sans doute pas trop grave… Elle ne l'avait en tout cas pas empêché de parvenir au bout de son dessein.

En entendant du bruit, bien sûr, il s'était tout de suite figé. Il demeura longtemps immobile, dissimulé derrière le tronc d'un arbre pour surveiller d'un œil plus que méfiant cette silhouette tremblante à quelques mètres de lui. La vision d'un énième bipède lui donna froid dans le dos. Il songea d'abord à attaquer pour se tirer d'affaire, mais son bras le faisait trop souffrir pour qu'il puisse envisager une telle option. Aussi pensa-t-il à s'enfuir discrètement, sans se faire remarquer…
Mais lorsque la silhouette jeta cette objet brillant par-dessus son épaule, la créature, attiré par cet éclat inconnu, magnifique, changea de plans.
C'était un Fourbelin. Toute sa vie, il avait voué un amour profond pour les objets brillants… C'était sa passion, son petit péché mignon. Aussi, malgré le danger, l'attraction fut trop grande…
L'objet avait roulé à quelques mètres du bipède… Avec un peu de vitesse et de discrétion, il pourrait s'en emparer sans grande difficulté. Cette pensée renforça son désir de possession et, ni une ni deux, il sauta en direction de l'objet merveilleux…
Ne résistant pas à sa curiosité, il l'examina sur place, l'ouvrit, le referma à plusieurs reprises… Puis, pris d'un éclair de génie, il joua avec le petit silex, au point de le faire rouler à plusieurs reprises. Un léger rire secoua ses épaules malingres, et il réitéra l'opération une fois de plus, se laissant surprendre par la petite flamme qui lui brûla le bout du doigt. Un petit cri de douleur l'anima et fit sursauter Alexei qui ne s'était rendu compte de rien jusqu'à cet instant précis.

Le jeune homme se retourna presque aussitôt et leurs regards se croisèrent, tout deux stupéfaits. Le blond demeura immobile, bouche-bée, le visage maculé de larmes. Le Fourbelin, figé, s'inquiéta de la suite, réfléchissant à toute vitesse au comportement qu'il devait adopter.
Finalement, après avoir analysé la situation, ce fut Alexei qui brisa le silence. Il avisa la créature, son bras sanguinolent, sa main crispée, son rictus douloureux, le briquet à ses pattes… Et après avoir reniflé et essuyé ses joues, il demanda :

– Tu t'es brûlé…?
Ce n'était certainement pas la question qui serait venue à un esprit clair et sain. Mais Alexei était bouleversé et réfléchissait simplement… Voire pas du tout. Cette interrogation s'était faite spontanément, et, étonné par une telle intervention, le Fourbelin, bras ballants, le dévisagea d'un œil perplexe.
Reniflant à nouveau, le blond passa une main tremblant dans ses cheveux et laissa échapper un pauvre soupir. Il s'approcha de la créature avec lassitude, ce qui eut pour effet de troubler cette dernière et la laisser figée dans un état de torpeur peu commun.
Le jeune homme récupéra finalement le briquet et s'accroupit devant le Pokémon, examinant de son regard, rouge, injecté de fatigue et de chagrin, son bras puis son brûlure.
– Tu t'es pas arrangé, toi, dis donc. Il plissa les yeux en remarquant un bague perçant son oreille. C'est quoi, ça…?
Il approcha sa main, par pure curiosité, mais le Fourbelin fit mine de s'enfuir et montra les crocs. Alexei s'écarta aussitôt, craignant une offensive de la part du Pokémon. Pour autant, ce dernier ne bougea plus, continuant de le fixer avec méfiance.
Le blond laissa traîner son regard sur l'étrange boucle d'oreille et la reconnut comme une bague que beaucoup d'éleveurs professionnels et soigneurs fixaient sur leurs petits protégés. Il leva les yeux sur le bâtiment en arrière-plan et s'adressa de nouveau au Fourbelin, l'air suspicieux :
– Dis-moi toi. Tu ne devrais pas plutôt être là-bas…? Le Pokémon montra à nouveau les dents, bandant ses muscles fins et prenant un air menaçant. Alexei leva les mains pour calmer les tensions. Ok, ok. Peu importe… Mais… Tu sais que tu ne peux pas rester comme ça…? Il faut te soigner. Tu t'es enfui, c'est ça ?
L'air troublé de la créature décrocha un petit sourire au garçon. Décidément, il n'y avait bien que les Pokémon pour lui faire oublier ses problèmes… Bien sûr, c'était temporaire. Mais pour l'instant, Alexei était préoccupé par l'état de ce petit gars.
Il pensa qu'au vu de la gravité de sa plaie, le mieux serait sans doute de l'amener au centre pokémon. Malheureusement, cette bague fichée dans son oreille serait sans appel. L'infirmièr.e du contacterait sans doute l'organisation pour s'assurait de sa libération, peu importe ce qu'il pourrait lui rencontrer.
Le blond fit une petite moue embêtée ; ce Pokémon ne semblait pas motivé à revenir dans cette pension… Mais il ne pouvait pas le laisser dans cet état. Ce n'était pas son genre. La seule solution était de le ramener à l'hôtel avec lui et de le soigner avec les moyens du bord… Mais la créature accepterait-elle ? Elle n'avait pas l'air commode.
Aussi le garçon fouilla-t-il quelques secondes dans son sac pour en sortir un gâteau qu'il ouvrit pour lui tendre :
– T'en veux ?
Le Fourbelin, qui gardait son regard fixé sur le briquet d'Alexei signifia d'un simple grognement qu'un tel cadeau ne l'intéressait pas le moins du monde. Le blond tenta alors le tout pour le tout et lui tendit l'objet argenté avec une petite moue ennuyée :
– Ça c'est plus intéressant, par contre, non ? Tiens. Il est à toi, si tu veux. Mais tu ne joues plus avec… Sinon, tu vas te brûler. De toute façon, il ne marche presque plus.
Oubliant un instant sa méfiance, le Pokémon saisit le briquet et l'ouvrit pour le refermer à plusieurs reprises. Le sourire d'Alexei s'élargit et il s'avança un peu plus encore pour prendre la main de la créature dans la sienne. Cette dernière sursauta mais ne grogna pas, fasciné par l'objet qui venait de lui être offert.
– Je ne vais pas te ramener dans ce bâtiment, c'est promis. Mais il faut soigner ton bras, d'accord ? Tu m'as l'air très fatigué, et ça continue de saigner.
Le blond fixa son regard dans les yeux du Fourbelin, mais ce dernier ne réagit pas, subjugué par le silex qui roulait sous ses doigts. Alexei laissa échapper un petit soupir et profita de ce manque d'attention pour prendre le petit Pokémon dans ses bras. Il faisait son poids, mais ce n'était rien de terrible… De toute façon, il n'avait pas trop le choix : il lui fallait soigner ce petit gars…
Le reste, il verrait plus tard.
En attendant, le Fourbelin ne semblait plus vraiment manifester une quelconque méfiance vis à vis du Venyysien. Peut-être avait-il cru à sa promesse ? Alexei comptait bien la tenir… Mais quelque chose lui disait que le briquet y était pour beaucoup.


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