Histoire

Agathe Nielsen, c’est l’histoire d’une enfant née Petersen. Native du Septrion, elle ne l’a jamais quitté, même pour des vacances. C’est l’histoire d’une petite fille, dont la famille a fait fortune dans l’élevage. un seulm nom : le Blossom Deerling. Héritage transmis depuis des générations, Agathe devrait le reprendre le jour de son mariage.

Agathe a toujours eu une éducation irréprochable, dans ces maisons richissimes de Belagora. Oui, Agathe est née au bon endroit, au bon moment, une cuillère tout d’or vêtue dans la bouche. Jamais elle ne s’est plainte, et jamais elle ne s’en plaindrait.

A ses six ans, un garçon d’à peine de deux ans son aîné lui fut présenté. “Je te présente Ludwig Nielsen, il sera ton fiancé”. Certes. Agathe ne s’y opposa pas, ce garçon avait l’air mature et agréable. Qu’il en soit ainsi, il était de bonne famille, et les Nielsen avait le Golden Primarina. Un bon mariage. Mais savait-elle ce que cela signifiait ? Probablement. En attendant, elle ne vit que peu Ludwig, qui était bien trop occupé à recevoir son éducation, tout comme Agathe.

A dix ans, les parents d’Agathe estimèrent qu’il était temps. Temps qu’Agathe apprenne le métier d’éleveuse. Un oeuf lui fut offert par son père et sa mère, un oeuf d’un pokémon alors inconnu. Chaque jour, Agathe dut s’en occuper. Ce fut long, parfois stressant voire angoissant, mais la petite fille réussit. Après quelques temps, la coquille craquela puis se brisa, et un étrange pokémon en sortit. Un héricendre. Ce petit pokémon s'appelait Vulcain. Agathe pu choisir le nom, tout comme elle dut s’en occuper tous les jours : soins, repas, entraînement. Là uniquement, elle put apprendre ce qu’être éleveur signifiait. Une lourde tâche, de la création du pokémon, jusqu’à son départ de la pension ou, dans le cas de Vulcain, jusqu’à sa mort. Responsabilité, droiture, sérieux. Ce n’était pas un amusement, il s’agissait d’une vie entre les mains d’Agathe. Chaque jour fut le même schéma : repas du matin, entraînement, soins, repas, coucher. Entre deux, elle apprenait encore d’autres choses de son éducation de femme. Un planning bien chargé, duquel Agathe n’osait jamais se plaindre : elle avait de la chance d’être née ici, d’être une femme éduquée, d’avoir un rôle à jouer, d’avoir une famille riche et de pouvoir être éduquée de la meilleure des façons.

Le dur labeur d’Agathe et Vulcain paya une première fois, alors qu’Agathe avait 13 ans. Le pokémon si petit et si mignon évolua au terme d’une séance d’entraînement, et de Héricendre, passa à Feurisson. La fierté fut immense, Agathe comprit combien la vie d’un pokémon était importante. Il était gratifiant de voir son pokémon évoluer. Agathe développa une vraie passion pour l’élevage. Une chance, car l’avenir de sa famille reposait sur elle : sa mère n’arrivait pas à concevoir d’autres enfants. Les médecins étaient formels, la dame de 33 ans n’avait plus d’ovules. Impossible pour elle d’en avoir d’autres. Un phénomène que peut rare, dont on ne se soucie qu’une fois qu’il est trop tard. Ce ne serait qu’Agathe, et personne d’autre.

Ludwig présenta sa Démolosse à Agathe. Déjà évolué, cette femelle était hargneuse et visiblement jalouse envers Agathe. Pourquoi ? Car le Grand Ludwig n’avait d’yeux que pour sa fiancée, plutôt que pour la belle et terrible Vesta. Mais Vesta dut apprendre, apprendre que sa place n’était pas celle de femme, mais celle de protectrice. Un jour, elle devrait veiller sur la descendance de son maître. Et sur sa femme.

Ludwig et Agathe entraînèrent leur pokémon ensemble. A 14 ans, Vulcain évolua pour la seconde et dernière fois : il devint un magnifique Typholosion. Il faisait face à vesta, comme ultime protecteur Petersen. La protectrice Nielsen s’embrasa et rivaux, les combats s’enchaînèrent. Aucun ne pouvait gagner, mais l’essentiel n’était pas le vainqueur, mais la performance. Qui aurait le droit de veiller sur les enfants Nielsen-Petersen ? Vulcain ou Vesta ? ...

La question ne se poserait pas éternellement. Un matin, Agathe se leva en pleurs. Dans son lit, du sang. était-elle en train de mourir ? Vulcain paniqua de voir sa dresseuse dans cet état et resta près d’elle, de peur de la perdre. Oui, il eut vraiment peur. Ce n’était pas normal. Il la prit dans ses bras et ne la lâcha pas, même lorsque les domestiques arrivèrent. Il s’enflamma et en brûla plusieurs, assénant coups de crocs et de griffes pour protéger Agathe. Ce ne fut que lorsque le père Petersen arriva, que le Typhlosion se calma. Il adoucit le coeur de cette créature protectrice, et rendit la fille à son père. Là, on lui expliqua. A lui, à Agathe. A Ludwig.

Agathe venait d’avoir ses premières règles, un étrange phénomène unique aux femmes, elle pouvait désormais enfanter. Ainsi, il ne fallait plus tarder. Le mariage fut programmé pour le lendemain, le temps nécessaire pour tout organiser : ils avaient été pris de court, la mère d’Agathe avait eu ses règles à 18 ans, contrairement à sa fille, qui n’avait que quinze ans.

Le mariage fut calme et privé. Un mariage comme un autre, où la promesse d’un amour éternel fut prononcé. Ludwig et Agathe était désormais liés pour la vie, à dix-sept et quinze ans. Ainsi, Agathe reçut le titre d’éleveuse en chef de Blossom Deerling, et Ludwig devint le patron du Golden Primarina. De biens jeunes gens, pour une tâche si difficile. Agathe devint éleveuse, et se spécialisa en comportement. Elle apprit peu de temps après que Ludwig faisait affaire avec la pègre et les Queen Lapras, car il n’y avait pas de petits profits. le Golden Primarina était l’endroit rêvé pour toutes les transactions illégales, autant que les activités peu acceptées : prostitution, fighting club, drogue, etc. Mais cela ne la dérangeait pas, car chaque métier avait son revers, elle aimait bien trop Ludwig, et n’avait surtout pas son mot à dire là dessus. Elle l'accompagnait même dans ses transactions peu recommandables. Tout expérience était bonne à prendre et moins il y aurait de secret entre Ludwig et Agathe, mieux le couple se porterait.

Leur vie fut bien paisible, et si porter un enfant semblait bien compliqué à quinze ans, ce ne fut qu’à dix-sept ans qu’Agathe tomba enceinte. Et au cours de cette année, elle fit l’irréelle rencontre avec Mars, un Boumata.

Mars était un Boumata pour le moins explosif. Déposé par un dresseur peu scrupuleux au Blossom Deerling, elle ne savait pas qu’il s’agissait d’un abandon. Ce Boumata était ingérable, explosif et téméraire. Même Vulcain en fint aux crocs avec lui. Agathe passa du temps avec ce pokémon pour l’apaiser. En vain.

Un jour, alors qu’Agathe essayait de calmer une fois de plus le Boumata, ce dernier l’attaqua. Sous la panique, Agathe tomba en arrière. Une étrange douleur la traversa, et le Boumata s’arrêta lorsqu’il remarqua quelque chose d’étrange. Il n’avait pas fait attention, il ne pouvait pas savoir que cette femme portait un enfant. Et c’était trop tard. Agathe venait de perdre les os, à quelques jours du terme, à cause du choc. A cause du Boumata. Paniqué, le pokémon se mit à courir partout et à hurler pour chercher de l’attention. Le pokémon téméraire et enflammé devint un clown désemparé. Il fallait de l’aide pour cette femme ! Tout de suite !

Heureusement, Ludwig n’était pas loin. Le Boumata suivit le couple jusqu’à la maternité. Il ne voulait plus se séparer de la petite âme enflammée qu’il avait fait… Naître, en quelques sortes. Eden vint au monde, et Agathe adopta le Boumata, Mars. Mars était très protecteur envers Eden, et suivait le bébé où qu’il allait, il surveillait les domestiques qui le prenaient. Il menaçait ceux qui osaient trop l’approcher.

La vie d’Agathe reprit son cours, et à vingt ans, elle donna naissance à son second enfant : Marianne. Hors de question de subir le même sort que sa mère, et ne plus pouvoir avoir d’enfants lorsqu’elle le voudrait. Marianne et Eden s’entendaient très bien, et si Vulcain était le protecteur d’Agathe, et Vesta celle de Ludwig, Mars était le protecteur des deux petites âmes de la maison. Agathe s’entendait bien avec Vesta, qui la respectait par l’intermédiaire de Ludwig, et d’une promesse. Cette femme avait mis au monde deux enfants, et n’hésitait pas à s’exposer au danger des pokémons de sa pension… Ou sauvages. Elle méritait la considération de la Démolosse.

Hélas “tout se passa paisiblement” n’eut plus sa place, lorsque Agathe eu vingt-et-un ans. Si j’aurais aimé pouvoir l’ajouter encore une fois, ce n’est plus possible.

Une nuit, il y eut des bruits sourds. Des cris. Agathe se réveilla en sursaut. Bruit de verre brisé. Ludwig la dévisagea et se leva, il descendit. Aujourd’hui, les domestiques étaient en congé, comme le premier dimanche de chaque mois. Une règle que Ludwig avait eu à coeur de mettre en place, pour le bien-être de tous. Agathe suivit son cher mari, visiblement angoissée. A peine mit-elle un pied dans la cuisine, qu’il y eut un coup de feu.

Agathe resta figé bien plusieurs secondes. La sensation d’irréel monta en elle, tout son corps bouillonna en même temps qu’il se mit à refroidir. Le bourdonnement de ses oreilles était incessant, alors que ses yeux refusaient à voir ce qu’il se passait. L’homme, debout au dessus du corps inanimé de Ludwig, se tourna vers Agathe, un sourire malsain collé à son visage. “Cours”. Ses jambes refusaient de bouger. “Cours, bon sang”. Rien. Puis un bruit. “Maman …?” Non. Pas ça. Elle vit l’homme changer d’attitude. Non. Son instinct maternelle parla pour elle. Elle se retourna et vit Eden. Non, pas lui. Pas son enfant. Elle attrapa le bras de son fils et se mit à courir, avant d’attraper Marianne, qui arrivait. Elle devait courir. Le plus loin possible, tant pis. Elle appela ses pokémons. Vulcain. Mars. Ils ne feraient pas grande différence, mais elle paniquait. Elle ne pouvait pas abandonner. Pas elle, pas la mère.

Chaque fenêtre était fermée, comme d’habitude. Chaque porte de sortie verrouillée. Agathe ne savait pas par où cet homme était entré, et sa pensée n’était plus claire. Chaque issue qu’elle voyait condamnée augmenta sa panique. Enfin, le dernier cul-de-sac. Depuis quand connaissait-elle si mal le manoir ? Etait-ce la panique ? Le noir ? qui le rendait si… Différent ? Elle se retourna. Trop tard. L’arme tendue vers Eden, Agathe se figea. Impossible de s’interposer. La seconde d’après, ce ne fut pas seulement son mari, ni un enfant qu’elle perdit, mais bien les deux. Agathe hurla. Un hurlement que Mars et Vulcain entendirent. Un déchirement qui retentit dans l’intégralité du manoir, et qui ne se tut que sous les flammes.

Alertés par la détresse d’Agathe, Vulcain et Mars déclenchèrent un incendie de rage sur l’agresseur. Vulcain saisit Agathe et la tira des flammes, alors que Vesta se défoula comme elle n’avait jamais eu l’occasion de le faire. La Démolosse avait parcouru une bonne partie du manoir et bondit sur l’agresseur, alors déjà piégé par les flammes. Avait-elle vu le crime qui avait été commis ? La chienne était hors de contrôle. La détresse dans son regard était masqué par la rage, mais une scène comme ça, on ne peut l’oublier.

Une heure plus tard, Vesta rejoignit Agathe et les deux autres pokémons feu, devant le manoir, alors que les premiers spectateurs, choqués, se figent devant un tel incendie. Les pompiers ne tardent pas, hélas, c’est trop tard. Il ne restait plus rien de ce qu’Agathe avait toujours chéri, et seul Vesta demeurait.

Une veste d’une personne charitable sur les épaules, alors qu’elle était en robe de chambre, Agathe fixait, le regard vide, tout son passé, son présent, et son avenir, brûler. Les autres pokémons de Ludwig étaient introuvables. Avaient-ils péri ? Fui ? Personne ne saurait. Plus tard, Agathe apprit que le meurtrier était un harceleur, que Ludwig avait déjà signalé plusieurs fois, et qu’il voulait… En quelques sortes, posséder Agathe. Etait-ce une sorte de jalousie, ou le harceleur d’Agathe et non pas de Ludwig ? Ils ne savaient pas. Qu’importe.

Agathe retourna vivre chez les Nielsen, et si malgré les entraînements toujours aussi quotidien, et un peu mou du côté d'Agathe, perduraient, chacun portait des blessures qui ne se refermeraient probablement jamais. Vesta eut du mal à remonter la pente, elle qui se pensait responsable de la mort de son maître. Comme promis, elle devrait veiller sur Agathe, mais comment faire, lorsqu’il ne reste plus que la femme de celui que vous respectiez, alors que vous, vous n’estimez que peu celle qui a laissé un inconnu tout lui voler ? Il est clair que Vesta est devenue agressive, et imprévisible. Le temps aiderait peut-être…

Agathe passa deux ans dans une dépression et un deuil qu’elle n’arrivait pas à supporter. Vesta incarnait la rage qui bouillonnait en elle, et la culpabilité de n’avoir pas réagi, Mars essayait de remonter la pente en vivant “au jour le jour” et Vulcain. Aaaah, Vulcain. Il exacerba son côté protecteur. Il devint méfiant envers tout le monde, et incarna ce que Agathe serait désormais : un feu solitaire et brûlant. Sauvage. Personne n’atteindrait plus jamais son coeur. Un trio qui représentait bien Agathe. Un vestige du passé qui restait à jamais avec elle.

Les parents Nielsen demandèrent à Agathe de reprendre le Golden Primarina. Elle avait toujours eu le sens des responsabilités, et Ludwig l’avait recommandée. Elle passa devant le frère de son mari, et revint la nouvelle patronne d’un casino du passé, de l’homme qu’elle aimait. Cela lui donna une nouvelle raison de vivre, et une obligation de garder une image, une droiture. Ce fut probablement le meilleur choix qu’elle eut fait.

A 23 ans, Agathe est encore en deuil et amoché par la vie. L’incendie qu’elle a vécu ne s’effacera probablement jamais, mais elle donne l’impression d’être bien et d’être remise. Seul l’obscurité de la nuit dévoile la vraie nature de son coeur meurtri. Elle ne croit plus en l’amour et ne s’imagine plus jamais refonder une famille : on ne vit qu’une fois, et cette vie, elle l’a déjà vécue.

Vesta s’en veut toujours de ne pas avoir protéger son maître et reproche en silence à Agathe d’être une si faible femme, qui a laissé sa descendance mourir sans se sacrifier. Mais malgré tout, Vesta apprécie Agathe, par procuration et par respect pour Ludwig. Jamais elle n’oubliera cette promesse : “Si quelque chose devait m’arriver, Vesta, je veux que tu protège Agathe, elle est tout ce que j’ai de plus cher au monde”. Bien avant les enfants, le trésor de Ludwig était Agathe elle-même.


Aujourd’hui, Agathe est directrice du “Golden Primarina” et éleveuse comportementalistes au Blossom Deerling, deux emplois qu’elle arrive à gérer à la perfection, car elle ne vit plus que pour ça. Comme Ludwig avant elle, elle a appris à faire affaire avec les Queen Lapras et à s’assurer des revenus… Peu légaux : contrebande, drogue, contrefaçons, fighting club, prostitution, etc. Agathe assure son rôle de Petersen et le rôle de Nielsen, à la place de son défunt mari : Ludwig. Si ses clients peu recommandables ont encore des doutes sur sa loyauté et sa position, Vesta, Mars et Vulcain ne tardent jamais à les lever, d’un grognement sourd. Il ne fait pas énerver la reine des flammes. Surtout en ce moment.