L'été avait été bien agité jusqu'ici pour la Galarienne. D'abord, la course à travers le labyrinthe l'avait marquée comme une réelle aventure, de son point de vue de gamine surprotégée tout du moins. Bien que déçue d'avoir perdu, elle gardait un souvenir positif du jeu et de l'Alolien avait qui elle avait fait équipe. Malgré ses airs de dragueur des bacs à sable, il avait été tout à fait correct en sa compagnie, et la demoiselle n'en demandait pas moins de tout homme.

Ce jour-ci, c'était à un feu d'artifice qu'elle allait assister. Elle était autant joyeuse à l'idée d'observer un tel spectacle, bien qu'elle en ait déjà vu dans sa région d'origine, qu'anxieuse au sujet de la personne qui ferait le voyage avec eux. Sirius avait réussi, on ne sait par quel miracle, à faire ami-ami avec Arwen del Drago, la top-model que Lumière avait aperçu plus d'une fois dans des magasines ou sur des publicités. Elle avait même taquiné son ami lorsqu'il s'était noyé dans les yeux d'un poster à son effigie.
Cependant, maintenant qu'elle fréquentait le gardien pour de vrai, la blonde avait bien moins l'esprit à rire, sentant son seul ami humain s'éloigner d'elle. Qu'on ne le lui répète pas, mais sans Sirius à ses côtés, elle se sentait déjà paniquer. Pas question de le lui montrer bien sûr. Et en tant que jeune fille bien élevée, elle se comporterait comme un ange avec la nouvelle venue, ignorant la jalousie qui la dévorait pourtant.

Elle s'était faite toute belle pour l'occasion : pas question d'être habillée en clocharde lors d'une soirée à laquelle toute l'Austrée assisterait. Ce n'était pas un gala, certes, mais elle ne ferait pas moins d'effort que ci ça avait été le cas. Elle revêtit une superbe robe blanche aux bordures en dentelle. Elle avait rarement l'occasion de la porter à Galar, alors elle comptait bien lui faire vivre sa meilleure vie dans une région à la météo plus clémente. Must du must, dès qu'elle vrillait, la robe la suivait dans son mouvement, tournant avec l'élégance d'une ballerine. La Solano s'amusa pendant quelques minutes à faire voler sa jupe en pirouettant.

Sirius l'interrompit néanmoins lorsque l'heure vint de rejoindre Arwen. Heureusement, elle s'était déjà maquillée et avait noué sa crinière d'or en un chignon tressé. Elle se hâta donc, se regarda une énième fois dans le miroir au cas où un bouton aurait malencontreusement poussé dans les trente dernières secondes.

Arrivés sur les lieux du rendez-vous, le duo ne trouva pas immédiatement leur trio. Intérieurement, la coordinatrice se réjouissait à l'idée qu'elle leur pose un Lockpin. Après tout, Sirius ? Avec une mannequin ? C'était trop beau pour être vrai, enfin pour lui. Mais avant qu'elle ne puisse sourire discrètement, elle vit une silhouette se coller contre son gardien. Elle sursauta et se yeux se posèrent sur une magnifique jeune fille aux cheveux blanc et au visage apparemment parfait. Pas de doute, elle reconnaissait bien là la modèle. Un sentiment de déception prit Lumière de la tête aux pieds, ou plutôt des pieds à la tête tandis qu'elle sentait cette dernière chauffer. Tout à coup, elle n'était plus sûre d'avoir bien fait de venir. Elle n'avait aucune chance de surpasser... ça !

La charmante demoiselle s'appelle Lumière. répondit sèchement la Galarienne lorsqu'Arwen interrogea Sirius à son sujet. Quoi ? Avait-elle tellement l'air d'une gamine qu'elle ne pouvait pas lui adresser la parole directement ? Pfiou. Après une grande expiration, la blonde se calma et réalisa sa faute. Elle chercha à se rattraper : Enchantée de vous rencontrer, Arwen. ajouta-t-elle après un silence gênant, mais avec le plus beau des sourires. Peut-être avait-elle un peu forcé sur ce dernier, mais il le fallait bien, parce qu'intérieurement, elle se sentait couler.

Elle suivit ensuite sagement la caravane. Quatre Pokémon au total les suivaient : Jupiter et Earl, que Sirius laissait toujours en liberté, Julio, évidemment, dont la présence était quasi-indispensable à l'héritière, et un Pyrobut, celui de leur compagne. Le lapin était un monstre originaire de la même région que le Palarticho, était-ce pour ça qu'il le regardait intensément ? Ou par rivalité entre deux gardes du corps ? Lumière s'était également interrogée sur l'origine de la dresseuse du type Feu, mais réalisa bien vite qu'elle n'avait pas le fameux accent dont, elle, ne pouvait pas se débarrasser.

La demoiselle aux cheveux d'argent mena la marche. Elle gambadait de stand en stand, attirée par la chaleur des fourneaux et les loupiottes comme un Aéromite vers un lampadaire. D'habitude, la blonde était de ce genre aussi, s'extasier de tout, courir dans tous les sens lorsque son intérêt était piqué. Elle n'avait pourtant pas envie de montrer ce côté émerveillé ce soir-là. Elle regardait ses pieds, blasée, un peu honteuse aussi. Il lui semblait avoir pas mal de points communs avec la mannequin. Enfin, elle était bien moins belle, qu'Arwen, mais il y avait moyen qu'elles s'entende, si elle faisait l'effort de s'ouvrir à elle.

Soudain, l'Austréenne s'exclama. Elle avait apparemment reconnu une tête familière dans la foule. Elle s'empressa de le saluer et de filer à sa rencontre. "Aru ?", ce nom rappelait quelque chose : c'était ainsi que l'Alolien avec qui elle avait joué se surnommait. Était-il aussi dans les parages ?
Le doute se dissipa lorsque deux garçons arrivèrent, suivant leur amie. On ne pouvait pas rater cette chevelure rouge, et même si elle ne connaissait pas le nom du blondinet, c'était peut-être le camarade qu'avait mentionné Arutua lors de leur balade dans le labyrinthe. Elle observa le jeune homme un instant, stupéfaite de cette coïncidence, mais reprit vite ses esprits.

Arutua, vous ici ? Vous souvenez-vous de moi ? Lumière ? Du labyrinthe ! La blondinette sourit. Elle aurait bien besoin d'une personne un peu familière pour tenir la soirée.

Il faisait chaud, Sirius détestait ça. Il fallait sortir, Sirius détestait ça. Il devait attendre que Lumière s'apprêta, il détestait ça. Le gardien inspira longuement avant de bloquer sa respiration pour une bonne minute. Il relacha ensuite la pression et expira le peu d'oxygène qu'il lui restait. Les sourcils toujours froncés, il commença à faire les cents pas afin d'attendre Lumière.

On l'avait invité à participer à ces fameux feux de Woestan. Refuser fut la première idée qui naquit en lui mais il fallait admettre qu'Arwen était un argument de taille pour se persuader d'accepter. Lumière aussi, elle adorait ce genre d’événement, après tout. Hors de question, cependant, de s'apprêter pour lui. Sirius avait besoin d'être efficace et mobile, pas d'être gracieux et beau. En fait, s'apprêter ne lui vint même pas à l'esprit. Il se contenta de remplir son sac d'objets utiles et de thé, comme s'il partait à l'aventure, et de revêtir son habituelle chemise blanc cassé et son fameux pantalon bordeaux. Les vêtements sortaient tout juste de la laverie et une délicate odeur s'en échappait.

Quand enfin Lumière sortit de la salle de bains, Sirius sentit sa frustration s'envoler un peu. Enfin ils allaient pouvoir se mettre en route. Le gardien inspecta sa compère de la tête au pied. S'il eut été Orphée, il l'aurait complimentée et félicitée pour ses choix car, il était vrai, Lumière était une jolie femme. Raffinée et élégante, elle resplendissait d'avantage quand elle faisait l'effort de s'apprêter, même si Sirius la préférait au quotidien. Mais tout cela, il se garderait bien de lui dire. Premièrement car elle faisait ce qu'elle voulait, deuxièmement car il refusait de gonfler son égo et troisièmement car ce n'était pas à lui de dire ce genre de chose à sa protégée.

Ils parvinrent rapidement au lieu de rendez-vous, leur escorte pokemonesque à leurs côtés. Sirius regarda sa montre à gousset, pile à l'heure. Il s'employa à un exercice de scruttage afin de repérer la belle Arwen au milieu de cette foule. Un exercice qui devrait s'avérer simple. D'abord parce que Sirius possédait une excellente vue et savait épier avec méthode, ensuite car Arwen se distinguait facilement, même au milieu d'une foule. Grande, jolie et originalement chevelue, il faudrait être aveugle pour la rater. A moins qu'elle n'eut été derrière vous.

La pression sur les épaules de Sirius provoqua un mouvement réflexe. Il se tourna vivement et vint attraper le poignet de la main restante sur son épaule à l'aide de la sienne, la seconde ayant été effacée par son mouvement. La mine agressive, sa façade habituelle revint rapidement quand il vit puis entendit qu'il s'agissait d'Arwen. Le gardien retira sa main du poignet de la demoiselle et il lui fit un signe de tête pour la saluer. Il répondit à sa question par l'affirmative puis, avant qu'il n'ait le temps de présenter sa protégée, la voix de celle-ci fusa tel un javelot lancé à pleine vitesse.

Sirius espérait secrètement que Lumière et Arwen s'entendrait. Il appréciait les deux femmes et leur mésentente pourrait être un problème pour le futur. Mais ça, il ne l'avouerait jamais car il n'en était probablement même pas conscient. Il avait bien sentit que Lumière semblait jalouse, il était vrai qu'il s'agissait d'une réaction assez banale et typique chez les femmes de son âge et chez les vieilles commères de Galar, mais il continuait de croire en une bonne entente et, pourquoi pas, une future amitié entre ces deux demoiselles, ses amies.

Le groupe débuta son tour du festival. Arwen débordait de joie et furetait à quasiment tous les stands là où Lumière, étonnamment sur la réserve, se contentait d'user du regard. Sirius soupira assez bruyamment mais il décida de laisser sa protégée à sa petite crise. Concentré sur la protection de sa petite Lulu, le gardien observait et mémorisait les stands, les visages et la disposition des rues. Sirius sourit intérieurement en remarquant que les deux femmes de sa vie portaient des couleurs opposées, comme si une puissante force extérieure tentait d'appuyer la dualité et la jalousie possible entre cette jolie paire. Enfin, il ne croyait pas en toutes ces fables, il s'agissait là d'un pur hasard et des goûts de chacune. La Lumière et l'Obscurité portaient à merveille leurs teintes, c'était l'essentiel.

Une nouvelle interaction vint briser la monotonie naissante de la visite de stands. La voix d'Arwen s’éleva, signifiant à Sirius que son autre ami était là, puis elle fonça vers le dit ami.

Un ami... Sirius espérait que ce fameux ami serait quelqu'un de bien, sans quoi Lumière et Arwen pourrait être en danger. Si le fait qu'Arwen ait d'autres amis que lui ne fit rien à Sirius, le gardien fut surpris quand il entendit sa protégée scander le nom du fameux ami, qui revenait, accompagné d'un autre homme, aux côtés de la belle mannequin. Les yeux perçants, Sirius resta en retrait, analysant les deux nouveaux venus qu'il salua tout de même:

-Sirius.

Présentation courte, directe et efficace. Il préférait rester secret pour l'instant, on n'était jamais trop prudents. L'un ressemblait à un vacancier, l'autre semblait plus habillé, même si son style s'avéra original. Original mais pas laid pensa le gardien, même s'il avait tendance à réprouver les piercings et autres bijoux pour des raisons purement pratiques. Peut-être était-ce lui aussi un mannequin ? Le temps lui apporterait les réponses.

Il faisait moins chaud, Sirius appréciait cela. Il y avait du monde mais les rues restaient accessibles, Sirius préférait cela. Lumière semblait enfin revivre, Sirius en fut soulagé. Arwen resplendissait vraiment dans cette tenue, Sirius aimait cette vue. Peut-être que cette soirée serait agréable.

Arutua n'était pas venu seul, le blond à ses côtés était effectivement venu avec lui. Il ne tarda pas à se présenter, bien que l'Alolien le précéda pour cela. Lumière resta confuse un instant lorsqu'il ne désigna comme "son copain". Elle devait avoir l'esprit mal placé pour avoir compris cela dans le sens romantique après tout, quoiqu'il était bizarre de tenir un ami comme ç-... oh. La Galarienne rougit de honte d'avoir mis aussi longtemps à comprendre. C'était que, dans sa famille d'arriérés, on ne parlait pas trop de ces choses-là. Elle-même luttait pour ne pas avoir les mêmes idées rétrogrades que tonton-vin-rouge, mais c'était difficile d'aller à l'encontre des dix-sept années de conditionnement. Heureusement, elle connaissait déjà un peu le rouquin, assez pour savoir qu'il était plus digne de confiance qu'on n'aurait voulu lui faire croire autre fois.

D'ailleurs, il s'avéra que le compagnon d'Aru venait de la même région qu'elle. Même s'il l'affirma clairement, elle l'avait déjà soupçonné en l'entendant parler. Il n'y avait pas d'accents comparable au leur. Plutôt cocasse qu'il y ait davantage de Galariens que de Salviens dans le groupe. Quoique le roux non plus n'était pas d'ici. Arwen devait se sentir soit seule, soit étrangement bien entourée par cette bande hétéroclite.

Eh bien, enchantée de faire votre connaissance, Rohann. C'est toujours une surprise et un plaisir de rencontrer d'autres Galariens. Moi, c'est Lumière, et voici Julio. elle avait déjà été présentée par le petit ami de son interlocuteur, mais trop de politesse valait mieux que pas assez. Et puis, sa région n'était pas connue que pour ses buveurs de thé et les scones fades, elle brillait de par son peuple, autant de gentilshommes que de gente-dames.

Arwen prit la parole, rappelant sa fichue présence à Lumière. Elle se retourna tout de même pour l'écouter. Elle avait décidément de l'énergie à revendre. Comme si sa cavalcade entre les stands n'avait pas suffi, elle proposait d'en faire une nouvelle. C'était ça ou la promenade au parc. La blonde n'avait pas prévu de daigner lui répondre, jusqu'à ce qu'elle entende un mot familier.

Oh ! Oui, je connais ce Pokémon ! s'exclama-t-elle avant de réaliser qu'elle avait ouvert la bouche. Elle avait même levé la main pour être vue, comme le chouchou du prof à l'école. Pour une fois qu'elle avait l'occasion de montrer ses connaissances en Pokémon... merci encore Marguerite ! On ne risque pas d'en trouver entre les stands, il doit y avoir trop de monde pour qu'ils osent y aller. De plus, la poudre de ses écailles est hautement inflammable, c'est peu probable de le trouver près des lampions, ou alors nous ferions mieux de ne pas nous y trouver quand cela arrivera. Commençant à craindre de trop monopoliser la conversation - c'était indigne d'une jeune fille bien élevé, la coordinatrice conclut timidement : Bref, je propose d'aller visiter le parc d'abord [size=6]enfin si vous êtes tous d'accord...