Soleil, glorieux soleil. Astre solaire qui réchauffe les cœurs et les pieds. Après avoir traversé le froid mordant des plaines de cristal jamais Doyel ne s'attendait à tant apprécié la douce chaleur matinale d'Edelsten. Son énorme polaire, sa cagoule, ses moufles et ses chaussures de ski avaient repris leur place dans son sac de voyage, troqué, en ce début d'été, par un simple pull à col roulé et une doudoune. Après avoir quitté Venyys en début de semaine, elle avait décidé de continuer son voyage dans les terres du nord par ses propres moyens, en traversant les plaines de crystal, avant de contourner la chaîne des mille sommets. Doyel ne comptait plus le nombre de nuits qu'elle avait passé dans sa tente, sous ses nombreuses couvertures et blottit contre ses pokémons, afin de se protéger du froid mordant du Septrion. Même si quelques gîtes sur son trajet lui avaient permis de se reposer, le voyage avait été des plus ardus.

En effet, jusqu'alors la demoiselle avait privilégié le taxi. Faire ce voyage de ses propres forces avait été pour elle une épreuve, mais aussi une preuve de son indépendance, de sa débrouillardise. Chaque journée lui apportait son lot de surprises et de peur, surtout dans l'isolement des grandes plaines enneigé du Nord. Plus que jamais, la présence de ses pokémons lui avait été vitale. Les Pokémon sauvages qui avaient essayé de l'attaquer durant son trajet, n'avaient pas fait long feu sous les cornes et le poison de Spikes son nidorino. Ce dernier avait passé tout le trajet à ses côtés, tout aussi emmitouflé que sa dresseuse. Shield et Fang ses autres pokémons avaient passé le plus gros du trajet dans leur pokéball. Le carvanha, plus habitué aux mers chaudes du Sud et le Sovkipou nouveau-né, n'étant de sortit qu'à l'abri sous la tente ou dans les gîtes où ils avaient logé.

Leur arrivé à Edelsten en fin de journée releva, à la fin, plus du miracle, tellement elle et ses pokémon étaient épuisé. Doyel réserva juste un chambre dans un petit gîte de la ville avant de se faufiler sous les draps propres de son lit, entourer de ses pokémons, propre et repus. Ce n'est que le sur lendemain, après avoir lavé ses affaires à la laverie la plus proche, s'être reposé toute la journée et laisser ses pokémon au centre pokémon de la ville par sécurité, que Doyel avait enfin pu profité de la ville. Tout ses pokémons étaient en bonne santé, et même si la fatigue un voyage pesait encore sur elle, ses cernes étaient bien moins visible.

La demoiselle avait aussi acheté un guide de la ville à l'office de tourisme de la ville. Son premier arrêt était certainement le centre-ville. Doyel comptait en effet acheter quelques souvenirs pour ses amis et surtout ses parents. Ces dernières semaines, elle n'avait pas pu appeler ses parents. Venyys, le désert de neige des plaines de cristal, où même le gîte du café gourmand n'offrait pas une bonne réception. Ses parents avaient donc été sans nouvelles pendant plusieurs semaines. Son père semblait s'être fait un sang d'encre pour elle, sa mère aussi d'ailleurs, tout deux ayant toujours essayé de la mettre sous cloche, et cela, depuis son plus jeune âge. En fait, il semblerait que le syndrome du « nid vide » se fasse sentir chez eux. Doyel espérait juste ne pas avoir de petit frère ou de petite sœur, surtout quand ses parents approchaient la quarantaine bien passée.

Les rues d'Edelsten avaient tout d'un petit village médiéval et pittoresque malgré son activité importante. La rue principale était pavée et en grande partit piétonne, Doyel pu donc papillonné en faisant du lèche vitrine. Achetant un magnet par ci, une écharpe par là, des spécialité régionales aussi. Elle les enverrait par colis dans la semaine. Ne souhaitant pas s'encombrer avec pendant son voyage. Finalement, la demoiselle finit sa promenade assise sur les marches de la place de la cathédrale. Shield somnolait emmitouflé dans sa doudoune, une écharpe autour du cou, alors que Spikes s'était étalé sur le sol, se prélassant au soleil.

C’est un gobelet de café encore tout chaud à la main que Syrius quitte le Centre Pokémon d’Edelsten, accueilli par la douce brise matinale. Le soleil, timide, est déjà haut dans le ciel et pourtant, il règne sur la ville une pâleur digne du petit matin. Quelques nuages blancs défilent lentement dans le ciel et pendant un instant, l’Austréen se demande si une pluie n’est pas à prévoir. Néanmoins, leur blancheur est plutôt annonciateur de beau temps - tant qu’ils ne se pareront pas d’une toison grise, il n’aurait aucun souci à se faire. De toute façon, il a prévu un veste de pluie au cas où. Syrius a appris à se méfier du temps capricieux du Septrion qui rien à voir avec celui, plus clément, de sa terre natale. En Austrée, et plus particulièrement à Solem, il est bien rare que le ciel ne soit pas parfaitement bleu. Mais quand la pluie a décidé de tomber … cela peut durer des jours entiers. De quoi convaincre les Austréens de demeurer cloîtré dans leur demeure, bien que ça ne soit généralement pas leur habitude. Difficile, pour les Solemiens, de ne pas pouvoir flâner au Marché comme chaque jour que Arceus fait !

En tout cas, pour l’instant, il fait plutôt beau et cela arrange bien Syrius. En effet, il compte déambuler en ville quelques heures, histoire non seulement de passer le temps mais également de mettre la main sur du tabac. Ses réserves de tabac solemien commencent sérieusement à baisser et s’il ne veut pas tomber radicalement en panne d’ici son retour en Austrée, il doit trouver autre chose à fumer. Il prendrait bien les mêmes cigarettes qu’Alexei mais … Syrius n’est pas particulièrement fan de ces petits tubes en papier. Il leur préfère largement la belle pipe que son grand-père lui a légué. Et puis au moins, ça fait beaucoup moins de gâchis - quand il voit certains fumeurs jeter leurs mégots au sol et les écraser négligemment sous leur talon sans même les laisser dans une poubelle ensuite, ça a le mérite de l’agacer profondément. Sans être un exemple d’écologie, il essaie du mieux qu’il lui peut de faire attention à ses déchets - d’autant plus depuis qu’il a vu cette affiche d’un Passerouge s’étouffant avec un mégot. Les jeter par terre, c’est mettre des vies Pokémon en péril et ça, l’Austréen ne peut l’accepter.

Enfin bref ! Telle est la quête du jour pour Syrius. Alexei étant parti s’entraîner très tôt, c’est seul qu’il va explorer les petites boutiques d’Edelsten, espérant mettre la main sur du bon tabac mais aussi d’autres produits. Peut-être de la nourriture locale ? En grand gourmand qu’il est, l’Austréen ne rechigne jamais à se mettre des petites douceurs sous la dent … surtout si c’est sucré. La veille au soir, en allant s’acheter une boisson au distributeur dans la salle de repos du Centre Pokémon, il a entendu une jeune femme vanter le goût délicieux des loukoums vendus tout près de la cathédrale de la ville. Et ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, puisque Syrius compte bel et bien mettre la main sur cette friandise qu’il ne connaît absolument pas. Le nom lui dit vaguement quelque chose … il espère simplement ne pas être déçu. Enfin, il verra bien ! Tout en prenant une gorgée de café, il avise les cinq Pokéballs accrochées à sa ceinture. Ses compagnons de voyage auraient sûrement apprécié se balader un peu mais … ils risquent de faire un peu trop les andouilles. Ils sont tous très gentils, ce n’est pas la question, mais ensemble … ça fait beaucoup trop à gérer pour Syrius ! Surtout Seth et Lyov qui sont lancés dans leur “je t’aime moi non plus” depuis le premier jour …

Par réflexe d’ailleurs, l’Austréen caresse l’écharpe autour de son cou. La même sensation d’absence étrange l’envahit. Il y a quelques jours encore, Khensit était perchée sur ses épaules, comme elle l’a toujours fait depuis son éclosion. Mais maintenant qu’elle a évolué en Arbok … elle est bien trop lourde pour qu’il puisse continuer à l’accepter autour de son cou. Il y laisserait ses épaules et Arceus sait à quel point son sac à dos est déjà bien lourd pour lui. Et puisqu’il refuse de faire la moindre différence entre ses Pokémon, alors il garde tout ce beau monde dans leur Pokéball. Sûrement trouvera-t-il un coin tranquille un peu plus tard pour tous les inviter à se dégourdir les pattes mais, pour l’heure, Syrius estime qu’il a le droit de prendre un peu de temps pour lui, et lui seulement. Alors il quitte les abords du Centre Pokémon et se dirige dans la rue commerçante, où il croise quelques regards tantôt curieux, tantôt haineux. Tout le monde n’apprécie pas forcément de croiser quelqu’un du Sud dans une ville du Nord mais Syrius n’y prête aucune attention - il ne fait rien de mal, après tout. Ainsi s’engouffre-t-il dans la première boutique qu’il croise, flânant tranquillement dans les rayons malgré le regard suspicieux du propriétaire. Que craint-il, que Syrius subtilise quelque chose ? Le fils Al’Shams n’a jamais été un voleur, et ce n’est pas ici que ça commencera.

L’Austréen visite ainsi quelques petites échoppes, appréciant sincèrement s’imprégner ainsi de la culture septrionienne. Si elle ressemble à la sienne sur quelques aspects, elle a également quelques particularités bien à elle - et c’est tout ce que cherchait Syrius en venant visiter le Nord. Il se permet même de bavarder avec un tavernier, qui ne semblait pas vraiment farouche en avisant un austréen. Parler aussi librement avec un étranger a le mérite de mettre le garçon de très bonne humeur, d’autant que le tavernier lui a recommandé un vendeur de tabac un peu plus bas dans le rue, qui semble détenir de quoi le ravir … C’est donc fort de cette idée que l’Austréen rejoint la boutique, proposant diverses sortes de tabac. Un vrai petit paradis pour les fumeurs, Syrius ne peut le nier. Il lui a bien fallu une grosse heure pour faire un choix et jeter son dévolu sur quelques boîtes de tabac. Voilà de quoi lui refaire le stock pour quelques semaines, du moins jusqu’à ce qu’il puisse remettre la main sur du tabac solemien. Ses notes épicées, à l’image de sa ville natale, lui manquent un peu mais il préfère préserver le peu qu’il lui reste plutôt que le consommer bêtement.

Le voilà donc qui ressort de la boutique, un sac en papier à la main, visiblement très satisfait. Il ne lui reste plus qu’à mettre la main sur ces fameux loukoums, et cette matinée pourra être déclarée comme un franc succès. Pourtant … en avisant les boutiques aux abords de la cathédrale, il ne voit strictement rien à ce qui pourrait ressembler à une confiserie ou même une boulangerie. Quelque peu désorienté, il balade son regard un peu partout, évoluant progressivement jusqu’à la cathédrale sans parvenir à accrocher ses yeux où que ce soit. C’est alors qu’il aperçoit une jeune fille assise sur les marches de la cathédrale … peut-être saurait-elle le conseiller ?

Les yeux fermés et le visage offert au soleil. Doyel sentait la fatigue quitter son corps, doucement. La chaleur de son Sovkipou contre son torse et sa respiration calme et régulière la berçait tant que si Doyel avait pu s'endormir sur les marches sans danger, elle l'aurait certainement fait. Elle bâilla à s'en décrocher la mâchoire, obstruant sa bouche avec le dos de sa main, avant de s'étirer en tendant les bras vers l'arrière, puis vers l'avant en roulant des épaules. Spikes, allongé sur la pierre chauffée par le soleil, se contenta de grogner et de se tourner prêtant son flanc à la lumière du jour. L'activité de la ville ne semblait pas le déranger, alors que les passants zigzaguaient sur la place, à gauche et à droite, parfois même entre Doyel et son pokémon.

La fatigue la rendait trop somnolente pour porter attention à ce qui l'entourait. De telles manières que lorsque Doyel entendit une voix à côté d'elle, elle ne réagit pas tout de suite, pensant que ce ne lui était pas adressé. Doyel se contenta de bâiller à nouveau, à se décrocher la mâchoire, et à frotter ses yeux humides. Elle s'étira de nouveau en attrapant son poignet droit avec sa main gauche et tirant ses bras en l'air, en même temps elle tourna sa tête vers la droite pour étirer sa nuque. C'est enfin qu'elle remarqua un jeune homme debout à côté d'elle semblant attendre une réponse.

Surprise Doyel cessa soudainement tous ses étirements, et s'excusa

« Pardon, vous me parliez ? » Lâcha-t-elle, un peu gênée.

À regarder de plus près le jeune homme lui disait quelque chose avec ses cheveux blancs et son teint halé. Il n'était évidemment pas d'ici. Tout comme elle, il s'agissait sans doute d'un étranger, ou d'un touriste. Mais elle n'arrivait pas à le replacer. Son nom lui échapper. Ne voulant pas se tromper, et créer un malaise, Doyel décida de se taire, et de lui demander :

« Vous cherchiez quoi ? Des Loukoums ? Désolé, je suis aussi touriste donc.. » Expliqua-t-elle en soulevant les épaules un peu gênées et faisant la grimace. « Je peux regarder dans mon guide, si jamais c'est indiqué, mais sinon... je ne sais pas. ».

Liant le geste à la parole, elle chercha le petit livre dans son sac. Réveillant au passage le petit Sovkipou, qui gémit d'inconfort et voulu se cacher. Malheureusement sa doudoune était trop petite pour cacher tout le corps de Shield. Doyel dut aussi sortir une petite baie oran, qu'elle donna au bébé, pour le calmer. Son livre ouvert sur les genoux, elle chercha rapidement la page, feuilletant à la recherche d'information sur les magasins de la ville.

« Excusez-moi, une seconde », dit-elle avant de tomber sur le chapitre expliquant le quartier de la cathédrale. Elle passa rapidement les pages concernant la carte, les lieux à visiter, et les magasins pour enfin tomber sur « manger et boire ». Une liste de lieux avec référence lui était donnée. Loukoum.. ; loukoum, en parcourant la liste du doigt avant de tomber sur le numéro 8. Pâtisserie Valérie - Carte L3 – 44 rue de la révolution. Un café classique d'Edelstein avec une large variété de gâteaux et de viennoiseries délicieuses et régionales : leur Loukoums en fait l'endroit parfait pour une pause sucrée.

« Ha ! Je pense avoir trouvé ! » S'exclama enfin Doyel en se retournant vers son interlocuteur.

La gourmandise est sûrement le plus grand défaut de Syrius. Cet attrait tout particulier pour le sucre, l’Austréen le possède depuis son plus son âge. Déjà petit garçon, il appréciait les pâtisseries et les confiseries - et son grand-père le gâtait très souvent de bonnes douceurs typiquement austréennes. Les pains au sucre de Solem sont un véritable régal et le jeune Syrius pouvait en engloutir cinq ou six d’affilés sans mal. Néanmoins, la pâtisserie préférée reste les malasadas, ces petits beignets originaires d’Alola. Nature ou fourré, c’est un délice comme il en existe peu sur cette terre. Autrefois, il en mangeait beaucoup lorsqu’il se rendait sur Thacie pour visiter une amie mais … depuis son escapade avec Mitch dans les rues de Solem, quelques semaines avant qu’il ne parte en voyage, Syrius a découvert un café qui en sert de délicieux. Aah, qu’est-ce qu’il aimerait remettre la main sur une malasadas saupoudrée de sucre glace … ! Rien que d’y penser, il a l’eau à la bouche. 

Néanmoins, il a tout aussi hâte de trouver ces fameux loukoums. Il est curieux d’en connaître le goût, histoire de savoir si les confiseries septrionniennes ont dans le ventre. Depuis le début de son voyage, Syrius a bien évidemment eu l’occasion de goûter à plusieurs spécialités locales et le moins que l’on puisse dire, c’est que les nordistes apprécient les plats en sauce, le genre réconfortant qui réchauffe après une bonne journée dans le froid polaire. Mention spéciale au ragoût de Tauros qu’il a pu goûter dans une auberge de Belagora … C’était un véritable délice. La nourriture septrionnienne est tellement plus douce que la cuisine austréenne, qui met des épices à outrance dès que l’occasion se présente. Pas que cela dérange Syrius, bien entendu - il est habitué à manger ainsi depuis qu’il a des dents, mais il faut avouer qu’un peu de douceur est également très appréciable. En tout cas, pour le moment, la cuisine du Nord plaît énormément au fils Al’Shams.

Bref. Ces loukoums. Puisqu’il est incapable de trouver par lui-même, il s’adresse à la première personne qu’il voit … et de ce fait, à cette jeune fille qui prend le soleil sur les marches de la cathédrale. Son visage lui rappelle vaguement quelque chose mais … Syrius ne parvient pas à comprendre pourquoi. Sûrement l’a-t-il déjà croisé quelque part mais … où et quand, bonne question. Il serait bien incapable de le dire. Enfin, de toute façon, la jeune fille ne semble même pas l’avoir entendu. Si bien que le fils Al’Shams s’apprête à réitérer sa question quand elle tourne finalement sa tête dans sa direction. Syrius lui sert un petit sourire désolé, conscient de la déranger en plein étirement, mais la demoiselle ne semble pas si embarrassée que ça par son interruption. Malheureusement … elle est une touriste, aussi. Le garçon s’en doutait un peu vu le teint de sa peau mais … sait-on jamais, elle pouvait avoir consommé des loukoums par ici. Syrius s’apprête à la remercier et à passer son chemin lorsqu’elle propose de jeter un oeil à son guide …

Curieux, Syrius la regarde donc fouiller dans son sac - ses mouvements semblent d’ailleurs déranger son Sovkipou, qui essaie en vain de se dissimuler dans sa chemise. Finalement, la jeune fille met la main sur un livret - ainsi qu’une baie, qu’elle cède à son Pokémon - qu’elle ouvre aussitôt sur ses genoux. Elle parcourt rapidement l’index des yeux et après quelques feuilletages, elle arrête son doigt sur une adresse. Bingo ! Pâtisserie Valérie, donc …? Bizarre, ce nom ne dit absolument rien à Syrius, alors qu’il a fait trois fois le tour de la place avant de quémander l’aide de la jeune fille. Bon, peut-être l’établissement est-il un peu en retrait, ou bien caché par de plus grands édifices. Avec l’adresse, il devrait pouvoir s’en sortir … du moins, en théorie. Il devrait vraiment se fournir le même livret, ça lui retirerait une grosse épine du pied et rendrait ses balades bien plus agréables ! Mine de rien, Edelsten est grande et Syrius n’a pas le sens de l’orientation le plus affûté qui soit …

La capitale a beau être grande, elle est suffisamment bien faite pour permettre à chacun de s’y repérer sans trop de mal. Concrètement à Solem, elle est bien structurée. Parce qu’il faut bien admettre que la capitale du Sud n’est qu’un dédale de petites rues étroites où il est très facile de perdre son chemin - d’autant que beaucoup terminent dans des culs de sac. Si Syrius s’y repère avec facilité, c’est simplement parce qu’il y a grandi - et encore, il est persuadé que la ville lui cache encore bien des mystères. Enfin bref ! Maintenant que Syrius a une destination … il n’y a plus qu’à. Néanmoins, le visage de son interlocutrice lui est beaucoup trop familier pour qu’il se contente de passer son chemin en la remerciant. Forcément, il l’a déjà vu quelque part … il y a longtemps. Mais où ? Quand ? Comment ? Il a beau se creuser la cervelle … rien. Bon … ! Essayons de demander directement à la concernée. Elle a peut-être une meilleure mémoire que lui - et ça ne serait pas difficile, parfois Syrius a vraiment une cervelle de Minisange.

En se retournant après avoir trouvé le salon de thé qui faisait les Loukoum, Doyel Lu à haute voix les références donner par son livre, s'aidant de la carte, elle lui indiqua le chemin. Il s'agissait de la ruelle derrière l'église. Il fallait contourner l'édifice par la gauche, et suivre une petite ruelle, avant de tourner à la première à gauche. Le salon de thé se trouvait carrément dans le centre historique d'Edelsten, mais dans les petites ruelles médiévales qui était caractéristique de la ville. Sans guide, le jeune homme aurait certainement cherché encore longtemps.
Levant enfin les yeux de sa carte, Doyel fut surprise par le regard insistant de son interlocuteur ; le jeune homme semblait la regarder avec détail, presque à plissé les yeux. Dubitative, Doyel, jeta un coup d'œil à ses pokémon pour voir s'ils étaient en mesure d'intervenir. Malheureusement pour elle. Spike se contenta de se retourner sur le dos et de se frotter contre les pavets de la place.

Hrm, excusez-moi, mais … On se connaît, non ? Je ne veux pas paraître impoli, mais je suis persuadé d’avoir déjà vu votre visage quelque part… Il y a longtemps.

Doyel étonnée, haussa les sourcils, un moment avant de lui dire que pour elle aussi, son visage lui semblait vaguement familier, comme une impression de déjà-vu.

« Oui, de même pour moi, mais... sincèrement, je ne sais pas du tout où est-ce qu'on aurait pu se croiser. Vous venez d'où ? »

Doyel essaya de se remémorer : premièrement, ce n'était pas récent. Il pouvait être un vieux camarade de classe. Mais l'école de Mésoé était une simple école de quartier à l'époque, et elle se souvenait de tous les noms de sa promo, puisqu'il n'était qu’une dizaine. Peut-être était-il le grand frère d'un camarade, un élève plus âgé ? L'autre option possible: un ami de vacance. Il y a encore quelques années elle passait ses vacances d'été à Rykaarde, chez ses grands-parents. Elle passait son temps à jouer dans l'air de jeu au bout de la rue, avec les balançoires, le tourniquet, et le bac à sable. Peut-être était-ce un gamin du quartier ? Elle avait croisé tellement de monde là-bas que c'était fort possible. À quel autre endroit aurait-elle pu rencontrer le jeune homme ? A Mésoé même, mais la plupart de ses amis y vivaient encore, exception faites de certains qui vivaient en Austrée.

De plus, aucun nom ne lui venait à l'esprit. Déjà qu'elle n'avait pas une bonne mémoire pour cela, la situation n'arrangeait rien.

Soupirant, et un peu débitée ; Doyel haussa les épaules avant de finalement lui dire, « Je suis désolé, mais je n'arrive pas à vous remettre. On ne se serait pas croisée à Mésoé par hasard ? Je viens de Thacie donc, je ne vois que cela. Mais vous venez d'où, d'ailleurs ?  »

Jamais encore la mémoire de Syrius n’a autant tourné à plein régime. Bel et bien décidé à ce souvenir, il se creuse la cervelle et procède à un réel tri de ses souvenirs. Il étudie toutes les possibilités qui se proposent à lui : amie d’enfance, camarade de classe, connaissance lointaine, demoiselle de la noblesse solemienne … Depuis sa naissance, le garçon a rencontré tellement de personne qu’il est bien difficile pour lui de ce souvenir de tout le monde. Juste avant son départ pour le Septrion, il a croisé une jeune fille dans les rues de la capitale Austréenne, qui s’était présentée comme une amie dans leur petite enfance. Si elle semblait se souvenir parfaitement de lui, ce n’était absolument pas le cas de Syrius. Ça lui a fait un peu mal au cœur de l’avouer, mais il ne pouvait définitivement pas lui mentir. Heureusement, la demoiselle ne l’a pas mal pris et ils ont pu discuter sans dépendre d’un quelconque malaise. Sans vouloir vraiment s’en vanter, un garçon tel de lui, appartenant à une famille aussi estimée, multiplie les rencontres au cours de sa vie, au point d’en oublier d’autres. Il se rappelle du prénom de chacune de ses petites amies, mais pour le reste … il doit bien avouer que c’est bien plus compliqué.

Néanmoins, lorsqu’un visage lui paraît familier, c’est rarement pour rien. Et il est sûr et certain de connaître cette jeune fille, assise sur les marches. Syrius l’a rencontré, il y a très longtemps. Il suffit de se rappeler dans quelles circonstances … mais là encore, il est bien difficile pour lui de s’en souvenir. S’il n’a pas particulièrement mené une vie de globe-trotteur, il a eu l’occasion de voyager assez régulièrement dans l’Austrée et en Thacie. Seul le Septrion échappait à sa connaissance, autrefois. Ce n’est donc pas dans ce nord glacial qu’il a pu rencontrer la demoiselle. De toute façon, à en juger par le teint de sa peau, il l’imagine davantage native des îles que des neiges. Bon, il sait très bien qu’il ne faut absolument pas se fier aux apparences mais bon – c’est ce qui lui paraît le plus probable, pour l’instant. La demoiselle semble d’ailleurs tout aussi circonspecte que lui. Peut-être même le prend-t-elle pour un gars un peu étrange. Loin de Syrius l’idée de l’incommoder ! Si elle en formule la demande, il s’en ira sans demander son reste. Ce n’est absolument pas dans ses habitudes de causer du tord à ces demoiselles …

Heureusement, plutôt que de le chasser, la voilà qui confirme ses doutes. Elle aussi, elle est certaine de le connaître ! Ce qui est déjà un très bon point. Ça veut dire que Syrius n’est pas totalement à côté de ses chaussettes et, il faut bien le dire, ça le rassure un peu. Cependant, pour elle aussi, c’est le flou total. Bon, ça aurait été beaucoup trop beau qu’ils se remettent en deux temps trois mouvements. Il va leur falloir cogiter un peu pour enfin refaire émerger ces souvenirs d’antan. En tout cas, Syrius refuse de se laisser abattre ! Il est sûr et certain qu’en discutant, ils parviendront à se souvenir de quelque chose. Ce serait dommage d’abandonner si vite. Songeur, il passe sa main dans sa chevelure blanche, entortillant quelques mèches autour de son index. Vraiment, il sèche. Et cela l’agace de plus en plus. L’Austréen sait que sa mémoire est quelque fois un peu capricieuse mais à ce point ! Elle paraît aussi trouée qu’un gruyère. Heureusement, la jeune fille reprend la parole et commence à explorer quelques pistes. Notamment l’endroit où ils auraient pu se rencontrer.

Peut-être qu’en connaissant son prénom, tout s’éclaircira. C’est d’ailleurs ce qu’il aurait du demander en premier mais … Syrius n’est pas toujours une flèche, il faut bien dire ce qu’il est. En tout cas, il est persuadé qu’il n’a pas rencontré la jeune fille en Thacie. Lorsqu’il s’y rendait, c’était pour visiter une amie d’enfance, qui tenait un café typiquement Alolien aux abords de Mésoé. Puisqu’ils n’avaient pas l’occasion de se voir souvent, il venait sur l’île seulement pour la visiter elle – il n’a donc pas fait énormément de rencontre par là-bas. De ce fait, c’est soit en Austrée, soit nulle part. Et puisqu’ils sont tous les deux persuadés de se connaître, ça ne peut être que la première option. Mais où, quand et comment … il est encore bien difficile de le savoir.

▬ Mésoé … ? J’y suis allé quelquefois, mais seulement pour y voir une vieille amie. Sinon, je n’allais pas si souvent que ça sur Thacie. Par contre, moi, je suis originaire de Solem. Je m’appelle Syrius d’ailleurs, et vous ? Je peux te tutoyer, d’ailleurs ? J’ai l’impression que nous sommes du même âge, pas besoin de s’embarrasser de formules pompeuses !

Doyel sourit face à l’entrain du jeune homme. Au moins elle n'était pas la seule à avoir un véritable trou de mémoire en ce qui concernait leur rencontre. Le visage du jeune homme lui était vraiment familier, mais elle n'arrivait pas à la replacer. Grand aux cheveux banc, ce n'était pourtant pas un physique commun. Il aurait dû lui taper dans l'œil. Fronçant les sourcils, Doyel essaya de se remémorer de lointains souvenirs. Si ce n'était pas en Thacie, la seule solution était donc Rykaarde, elle ne voyait pas d'autre alternative.

Ce n'était pas des amis actuels de ses grands-parents, sinon elle aurait eu de ses nouvelles. Elle savait toujours ce que Damien et Hugo était devenu, l'un était devenu maître de conférences à Unys et l'autre était enseignant. Elle avait toujours contact avec les grand-parents de Sarah-Line, et Julie était bien plus jeune qu'elle. Il restait la famille d'Aymeric et Garance, avec leurs trois cousins, mais encore une fois, ils étaient plus jeunes qu'elle. Et tous étaient blonds comme les blés. Peut-être une personne décédée, alors ? Simone les avait quittées, il y a bien longtemps, les Debuisson aussi. Monsieur Mahdi aussi. C'était donc forcément parmi eux. Mais très peu avaient des petits enfants de son âge. Elle n'avait pas non plus connu les petites enfants de la plupart, elle avait juste passé du temps avec le petit-fils de Monsieur Mahdi quand sa grand-mère l'invitait. C'était un vieux Monsieur qui venait pendant une semaine, sur Rykaarde pendant les vacances. Il était toujours accompagné de son petit-fils. D'après ce qu'il disait, il avait trois petits-fils, mais elle n'avait vu que le cadet, qui était un peu plus âgés qu'elle, de 4 ans. Cela ne parait pas beaucoup à 21 ans, mais quand on n'a même pas la dizaine, cette différence paraît énorme. Elle n'avait plus eu contact avec lui depuis une éternité, le pauvre homme étant décédé de vieillesse dans son sommeil.

« Vous ne seriez pas un des petits-fils de Monsieur Mahdi, par hasard ? Je ne sais même pas si ce nom vous dit quelque chose, mais c'est la seule idée qui me vient à l'esprit. »

Si son trou de mémoire l’agace de plus en plus, Syrius refuse de se laisser abattre. A force de se creuser la cervelle encore et encore, il va bien finir par se souvenir ! Ou alors, il est bon pour noter ses moindres faits et gestes pour un bon de papier, pour être sûr de toujours se rappeler de tout. A son âge, il serait bien dommage qu’on lui découvre des prédispositions à Alzheimer. Peut-être que le prénom de la jeune fille l’aiderait à avoir un déclic, sait-on jamais. Bon, en vérité, Syrius a un peu du mal à retenir les prénoms en règle générale. La faute à son éducation princière qui a fait qu’il rencontrait tellement de gens en peu de temps qu’il a fini par ne même plus essayer de retenir le patronyme de tout le monde. Et puis bon, à quoi bon remplir sa mémoire de personne qu’il ne reverra jamais ? Il estimait avoir plus important à retenir de quelques prénoms de personnes de passage. Même ses camarades de classe, lorsqu’il était au collège ou bien au lycée, il ne les connaissait pas toutes. Il reconnaissait leurs visages, oui. Les prénoms … s’il retrouvait une vieille photo de classe, il n’en retrouverait pas un tiers, c’est quasiment sûr. Ah, par contre, il se souvient de toutes ses ex-petites copines ! Elles ont fait parti de sa vie après tout. Heureusement qu’il s’en souvient.

Enfin bref. Il est certain que cette demoiselle n’est pas l’une de ses anciennes conquêtes. Surtout si elle pense qu’ils se sont vu en Thacie – elle n’a pas été scolarisé à Solem si elle habitait sur l’île. Et puis quand bien même, Syrius s’en serait souvenu. Leur rencontre doit remonter à plus loin encore. A une époque où sa mémoire était encore trop jeune pour tout enregistrer rapidement efficacement. A un âge où les choses vont et viennent trop vite pour que le cerveau sauvegarde les souvenirs. Donc, ça remontrait à sa petite enfance ? Quand il était petit, son grand-père l’emmenait souvent se promener hors de Solem. Madhi tenait à le faire régulièrement changer de décor pour ne pas que Syrius se lasse et tombe dans une certaine morosité routinière. S’il ne se souvient pas de tous les petits voyages qu’ils ont fait, le prince sait néanmoins qu’il adorait vraiment ça. Puis l’école est devenue trop sérieuse pour que ses parents acceptent qu’il aille crapahuter n’importe où. Il devait étudier, s’assurer d’avoir de bons résultats. Il en allait de la réputation des Al’Shams après tout : la réussite est importante. Même à six ans.

Les yeux de Syrius s’illuminent. Madhi ! Elle connaît son grand-père ! Il ne s’était donc pas trompé, ils se connaissent forcément ! Reste à savoir où et comment ils ont pu se rencontrer. Peut-être justement lors de vacances avec son grand-père … et alors, Syrius a enfin le déclic. Mais oui ! Rykaarde ! Il se souvient à présent. Ils y allaient toujours au moins une petite semaine pendant les vacances d’été. Son grand-père était très amis avec un couple là-bas et, la plupart du temps, il y avait leur petite-fille avec eux. Ils étaient relativement jeunes, avec un écart d’âge, mais ça ne les empêchait pas de s’amuser dans les champs. Syrius se rappelle notamment de cette fois où il a essayer de grimper sur un Cabriolaine et que ce dernier l’a envoyé paître avec une belle ruade. Le garçon était revenu auprès de son grand-père avec le menton écorché. Mais malgré ce petit accident, le prince en garde un souvenir attendrissant. Il n’avait peur de rien, à cet âge-là. Intrépide et casse-cou, il n’avait conscience d’aucun danger et ne pensait qu’à s’amuser. Aaah, le doux temps de l’enfance …

Ravi d’enfin mettre le doigt sur ses souvenirs, Syrius esquisse un grand sourire et hoche vivement la tête. La demoiselle ne se souvenait pas de son prénom mais lui … il se souvient du sien maintenant. Et il se demande comment il a pu un jour l’oublier. Après tout, même s’ils étaient tout jeunes, ils se sont beaucoup amusés tous les deux, autrefois.

Décidément, ils n'y arriveraient jamais. Tous les deux étaient encore en train de se triturer les méninges en cherchant d'autres idées possibles, mais rien ne venait à l'esprit. Le jeune homme, cependant, commença à la regarder avec des yeux écarquillés, comme si la lumière venait d'être mise sur l'énigme de ses dernières minutes. Un grand sourire se dessina bientôt sur son visage, et il se mit à hocher vivement de la tête. Interdite, Doyel le regarda faire l'air un peu gêner, ne comprenant pas le changement de comportement soudain de son interlocuteur, avant que ce dernier ne s'exclame presque jubile :

▬ Doyel ! Tu es Doyel n’est-ce pas ? Nous jouions ensemble quand mon grand-père rendait visite à tes grands-parents, à Rykaarde ! Tu t’en souviens ?

Doyel fut surprise à l'entente de son nom, Oui, ils se connaissaient donc bien, et il serait le petit-fils de Monsieur Mahdi ? Elle se souvenait encore des commentaires de sa grand-mère, comme quoi Monsieur Mahdi était un bon grand-père, qui avait la charge du plus jeune de ses petits-enfants, les parents étant absents. Elle se souvenait aussi des commentaires parfois déplacés sur le comportement, selon eux, parfois singulier de l'enfant. Mais ils ne fallait pas leur en vouloir, leur petite fille étant une froussarde invertébrée, elle n'avait jamais cherché les bouffés d'adrénalines que les enfants de son âge recherchaient à l'époque, elle était en effet plutôt là pour ramasser les pots cassés. Elle se souvenait presque de son nom. Sy... Syrienne ? Syrien ? Non ce n'était pas cela, Syri ? Les noms n'étant pas son fort. Fronçant les sourcils, et plissant les yeux, Doyel essaya de remettre un nom sur le jeune homme. Puis comme sur un éclair de génie et articulant doucement pour être certaine du nom elle s'exclama à son tour riant à moitié :

« Vous êtes Syrius ? Le garçon avec qui je jouais dans les champs près de Rykaarde gamine ? Ça fait une éternité, pas étonnant que nous ayons mit tant de temps à se souvenir ! Ça me fait vraiment plaisir de vous voir ! »

Doyel se penchant vers son sac pour ranger rapidement son guide (Les loukoums seront pour plus tard) pour enfin se tourner pleinement vers le jeune homme. Le bruit de leur conversation semblait enfin avoir réveillé Spikes de son sommeil. Le pokémon qui jusqu'alors roupillait sur la dalle chauffé par le soleil, se donna enfin la peine de se lever et d'un pas lourd, il alla s'affaler à côté du sac de sa dresseuse, trop pataud et ne voyant en le jeune homme aucune menace à la vue du sourire radieux qui illuminait le visage de Doyel. Cette dernière prit enfin la peine de se lever, dérangeant le petit Sovkipou qui se lovait toujours contre son torse, si bien que Doyel dû le serrer contre elle pour éviter qu'il ne glisse. Debout sur les marches de la place de la cathédrale, deux amies de longues dates, se faisait enfin face. La brume des années passées, s'étant enfin levée entre les deux jeunes gens.

Lever les brumes de sa mémoire n’a pas été évident, mais Syrius est sincèrement ravi d’avoir enfin fait la lumière sur toute cette affaire. Il se disait bien aussi, que cette jeune fille ne pouvait pas lui être inconnu. Malgré sa mémoire capricieuse, il y a des choses qui ne s’oublient pas, mais qui restent profondément enfouie dans la mémoire. Après tout, il était tout gamin lorsqu’il jouait avec Doyel. Pas étonnant que ses souvenirs aient mit du temps à refaire surface. Il a fallu aller fouiller loin, très loin au plus profond de sa mémoire. Ce qui n’est pas un travail anodin pour le cerveau. Généralement, Syrius essaie de ne pas trop se souvenir de sa petite enfance, parce que cela lui rappelle son grand-père et la terrible fatalité. Madhi l’a quitté bien trop tôt à son goût, épuisé par la maladie et l’âge. Il aurait été très heureux de revoir Doyel, de constater à quel point elle a grandi. Malheureusement, il n’est plus là pour cela. Et cette seule pensée lève un voile de tristesse devant les yeux de Syrius. Son grand-père lui manque tellement … il n’y a pas une minute sans que son absence ne lui crève pas le coeur.

Néanmoins, Syrius essaie de ne pas trop y penser pour savourer les retrouvailles. Doyel aussi, de son côté, semble enfin se souvenir de lui, maintenant que le prince lui a posé le contexte de leur rencontre. Finalement, elle se rappelle de son prénom et de tout le reste. En effet, tout cela remonte à si longtemps…! Syrius ne saurait même pas définir une année. En tout cas, ils étaient jeunes, c’est une certitude. Sûrement … entre cinq et sept ans. Les années les plus insouciantes en somme, pendant lesquelles il est permis de s’amuser du matin au soir sans penser à toutes les responsabilités qu’écopent les adultes. Le bon temps, en somme. Doyel et Syrius ne sont plus des enfants désormais, mais ça ne les empêche pas de savourer leurs retrouvailles en s’échangeant des sourires surpris et ravis à la fois. Quelle drôle de coïncidence de se retrouver dans le Septrion, quand même ! Ni l’un ni l’autre ne sont originaires de ces contrées enneigées. Parfois, le hasard fait vraiment bien les choses.

Doyel finit par ranger son guide dans son sac et, serrant son Sovkipou contre sa poitrine, elle se redresse pour lui faire face. Tout sourire, Syrius observe la petite créature rouge. De souvenir, les Sokvipou sont plutôt violets … il estime donc qu’il s’agit-là d’un spécimen chromatique. En tout cas, c’est la première fois qu’il en voit un de si près. Généralement, ces Pokémon sont de vrais froussards qui prennent la poudre d’escampette à la moindre occasion. En plus du Sovkipou, Doyel est accompagnée d’un Nidorino, qui a troqué sa place au soleil contre les marches de la cathédrale, se blottissant contre le sac de sa dresseuse. Là voilà plutôt bien entourée ! Néanmoins, Syrius se demande sérieusement ce qu’elle fait dans le Septrion. Est-elle devenue dresseuse ? Ou est-elle seulement en visite dans le coin ? Curieux, il ne parvient pas à conserver ses questions pour lui-même plus longtemps, préférant les poser directement à la concernée :

Depuis son arrivée dans le Nord il y a quelques mois de ça, Syrius n’a croisé que très peu d’austréens. Il faut croire que le comportement hostiles de nombreux septrionniens découragent de nombreux sudistes. Pour autant, le garçon essaie au maximum de fait fit de tout cela, afin de compléter son voyage dans les meilleures conditions possibles. D’autant qu’il n’est pas seul : s’il n’évoluait pas aux côtés d’Alexei, sûrement aurait-il jeté l’éponge depuis un moment déjà. Mais le venyysien est devenu sa source de motivation, sa raison de toujours avancée sans faillir. Bien évidemment, Syrius n’est pas toujours cent pour cent positif mais … en compagnie d’Alexei, il a l’impression de pouvoir atteindre tous les objectifs qu’il pourrait se fixer. Il est toujours agréable d’être bien accompagné … surtout de celui ou celle qui fait battre notre coeur !

Syrius semblait aussi content de la voir. Son regard était pétillant et malgré la mélancolie douce-amère qu'avait toujours l'enfance, il semblait avoir gardé des bons souvenirs de leurs vacances ensemble. Doyel n'en était pas en reste, Rykaarde restait pour elle, un lieu de vacance, où même aujourd'hui elle passait une semaine, ou un week-end, même sans voir ses grands-parents. La ville en était devenu, une deuxième maison, et cela, même si Doyel se considérait presque uniquement Thacienne.

▬ Quel bon vent t’amène dans le Septrion ? Il est plutôt rare d’y croiser des thaciens ou des austréens et crois-moi, je sais de quoi je parle !

Demanda alors Syrius. Il paraissait assez surpris de la voir aussi loin de son île natale, Doyel n'ayant jamais été la plus aventureuse. Sans hésiter Doyel se lança alors dans le roman de ses derniers moins, elle avait fini ses études et avait décider de faire un an sabbatique à l'étranger en austrée d'abord et ensuite monter en septrion, mais elle a eu des soucis avec son pokémon, et l'occasion unique de la visite des mines irisée la poussée à voyager en Septrion. Finalement, le Hasard fait bien les choses. Si elle avait commencé comme prévue par l'Austrée, peut-être ne serait -il jamais rencontrer. Tant mieux, en somme.

Mais quant à lui, où en était t-il ? Doyel se posait bien la question. Syrius avait toujours été un garçon plein de surprise. Elle ne connaissait pas vraiment sa famille, que son grand-père et encore, il était plus une ancienne connaissance de sa propre grand-mère. Doyel se souvenait du respect immense qu'avait sa mamie pour le vieil homme. Elle avait travaillé pour lui de son temps, Domestique dans une des grandes maisons de Rykaarde, avant de prendre sa retraite. Il ne lui restait aujourd'hui que des petites pépites de souvenir, la sénilité ayant eu presque raison de sa mémoire.

Mais certaines histoires revenaient toujours. L'attention qu'il portait à son personnel, sa rigueur, son caractère très doux, et surtout la manière dont il corrigeait le patois parfois prononcer de ses employées. Même Doyel qui n'avait pas vécu à Rykaarde avait eu en grandissant les mêmes tiques de langages que ses grands-parents et que sa mère. L'expression locale que l'étranger ne peut pas comprendre. Plein lui en venait déjà à l'esprit. Mais là n'était plus le sujet.

A son tour Doyel lui posa la question fatidique, « Et toi ? Au fait, je peux te tutoyer ? » Avec le temps,elle n'était jamais certaine, mais il valait mieux demander, le temps pouvait énormément changer les gens. Car m=^me s'il était ami d'enfance, le Syrius qu'elle connaissait avait certainement beaucoup changer, elle-même n'était plus l'enfant de l'époque, et bien heureusement.