Aaah ! Quel génie j'ai été, encore une fois ! Réussir à traîner Rohann aussi loin de l'Académie. Après tout, ça fait partie de notre fameux programme de… Refamiliarisation, non ? Je vais pas dire plan drague, parce que ça ferait un peu prédateur. Ouais. Vaut mieux éviter.

Mais c'est pour la bonne cause, après tout, non ? On nous a envoyé en mission. C'est une sorte… de Projet de fin d'année, si on peut appeler ça comme ça. L'Académie veut tester nos duos de choc en nous envoyant aux quatre coins de la région pour étudier un écosystème différent de celui de la jungle. On pouvait choisir une destination pour une semaine de voyage et d'exploration… Et comme Rohann voulait que je m'implique, il m'a laissé faire la sélection ! Quelle aubaine.

Pourquoi j'ai choisi la chaîne australe ? Nan, c'est pas pour son climat. Le soleil est de plomb, par ici, et Tokorico sait ô combien je suffoque sous la chaleur étouffante de l'Austrée. Pas non plus pour ses paysages, qui sont néanmoins magnifiques… Mais plutôt pour une évènement qui a lieu dans un de ses sites les plus touristiques : la clairière brumeuse !

Une association lance tout les ans un grand jeu dans ce coin de Salva. C'est une sorte… De concours immersif. Et cette fois, un immense labyrinthe a été dressé, avec en son centre, un superbe trésor à remporter ! Hmm ~  Alléchant, n'est-ce pas ? Je trouve aussi.
J'ai lu ça dans les journaux, et je nous y ai inscrits avec l'approbation de Rohann – que j'ai néanmoins dû tanner un moment avant qu'il accepte –. Une petite distraction au beau milieu de cette semaine de travail acharné… On ne crache pas dessus, n'est-ce pas ?

Hmm. En plus, cet endroit est super creepy. Je ne m'en rends compte que lorsqu'on y met les pieds au crépuscule. Une jeune femme nous accueille tous – il me semble que nous sommes six au total – et nous fait un petit speech sur ce qui nous attend. Des équipes de deux, différentes routes… Parfait ! Je sens l'excitation monter en même temps qu'une petite pointe d'appréhension.
J'espère que je vais tomber avec Rohann… Mais étrangement, je n'y crois pas. Enfin, ça, c'est pas bien grave. L'important c'est de s'amuser.

Lorsque les résultats tombent, je me retrouve… Avec une charmante jeune femme ! C'est presque mieux, non ? Hm. Je devrais pas dire ça. Mon cœur est normalement pris, je vous rappelle (enfin, rien de très officiel, encore… Faudrait-il que le parti adverse soit au courant).
Mais ça ne m'empêche pas d'adresser un sourire tout à fait charmeur à ma coéquipière, non sans m'attirer un regard exaspéré de la part de Rohann, et éventuellement un couinement outré de Moe, perchée sur mon épaule :

– Enchanté ! Moi c'est Arutua, mais tu peux m'appeler Aru, ce sera plus simple. Et toi, c'est quoi ton petit nom ? Motivée pour décrocher le gros lot ? ~

Un petit clin d'œil pour parfaire le tout ! Autant jouer le grand jeu. Il faut que la demoiselle se sente à l'aise, après tout.
Pourtant, mon sourire s'efface bien vite lorsque j'apprends que nous écopons du chemin le plus long. Rhaa, mais c'est pas possible d'être aussi malchanceux !

– Oh, c'est vraiment naze ça par contre. On va pouvoir aller deux fois plus vite, tiens !

Depuis quelques jours, Salva toute entière était animée de festivités en tout genre, allant de simples décorations à des animations et des jeux bien plus complexes. Lumière ignorait si ces traditions étaient uniques à cette région ou si elle avait juste été trop couvée pour découvrir qu'elles étaient similaires à celles de Galar. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle comptait en profiter un maximum, quitte à s'écrouler de fatigue à la fin de la semaine.
C'est à force de lire les prospectus dans la rue qu'elle s'était intéressée à l'exploration d'un mystérieux labyrinthe en Austrée. La prison de haie était sombre, plongée dans la brume, dite hantée par tous types de Pokémon Spectre et le jeu se déroulerait la nuit, rien de plus terrifiant pour la blonde. Quoi de plus parfait pour mettre son courage à l'épreuve. Si elle voulait prouver à Sirius mais surtout à elle-même qu'elle était capable de surmonter sa peur, plus rien ne l'arrêterait, songeait-elle.

Le jour en question vint. Elle arriva à l'heure, en avance même, tremblant dans ses belles bottines d'un blanc immaculé qui ne le seraient sûrement pas longtemps à force de tasser la boue sous ses pieds. Son angoisse liée à l'anticipation se voyait sûrement à son visage, puisque Julio vint se coller contre elle, la rassurant par sa présence. Elle soupira et flatta la tête de l'oiseau.

Merci Julio...

Les autres joueurs ne tardèrent pas à arriver. Il y en avait cinq autres, des hommes comme des femmes, ayant l'air plus ou moins sûrs d'eux. L'organisatrice annonça les groupes et la Galarienne se retrouva en binôme avec un jeun homme au teint hâlé, accompagné d'une souris noire. Il n'avait pas l'air vieux, il devait avoir le même âge que la Solano, peut-être un peu plus, mais elle faisait elle-même si jeune qu'elle ne savait pas très bien jauger autrui. Il s'approcha d'elle avec un sourire en coin, ce qui l'inquiéta... elle n'était tout de même pas coincée avec un colossal gros beauf, si ?

Finalement, ses mots furent plus innocents qu'elle ne l'avait craint, malgré son ton suave. Son agacement suite  à sa façon de lui demander son nom s'effaça assez vite lorsqu'il lui fit part de son envie de gagner. Alors, la détermination de Lumière lui revint. Elle bomba le torse et répondit avec un peut trop d'entrain :

Et comment ! Je suis née pour gagner !

Mouais, peut-être pas à ce point. Réalisant qu'elle s'était laissée emporter, la jeune fille s'excusa.

Pardon, je stresse un peu alors j'essaie de me motiver moi-même. Je me nomme Lumière, enchantée, "Aru". Elle n'avait pas l'habitude de désigner les gens par leur surnom, mais si l'étranger le souhaitait, elle n'aller pas aller contre sa volonté.

Le sort tomba : le duo irait par le chemin le plus long, mais aussi le plus calme. La blondine fut autant déçue que rassurée. Il lui faudrait marcher plus longtemps, voire courir, vu l'entrain du garçon qui l'accompagnait, mais elle risquerait moins de se faire tomber dessus par un quelconque fantôme ou intermittent du spectacle déguisé en l'un d'eux.

Bien, nous n'avons pas de temps à perdre, effectivement. Je vous suis.

Pas qu'elle n'ait pas les tripes de guider le groupe, bien sûr.

Vous ne m'avez pas présenté votre Pokémon, il est adorable ! Ou alors elle ? Lui, c'est Julio, il est aussi enchanté. Et comme pour confirmer les dires de sa maîtresse, le canard salua Arutua d'un hochement de tête distingué.
Ah, qu'elle était contente d'avoir la volaille avec elle. Entre son garde du corps de toujours et un jeune homme bien bâti, elle se sentait presque en sécurité.

SCORE : 1/35

Vraiment charmante, cette petite demoiselle ! Mon âge ? Ou un peu plus jeune peut-être. Peu importe après tout ! Toujours est-il que sa chevelure a une couleur magnifique. J'aime beaucoup les cheveux clairs pour une fille. Peut-être parce que ce n'est pas une chose commune chez moi ? Hmm, c'est bien possible. En fait, à Alola, il y a plus de décolorées jusqu'à la racine – et parfois même jusqu'au cerveau – que de vraies blondes. Dommage.

En tout cas, si j'ai pu craindre d'être tombé sur une mijorée et une peureuse au début, on dirait bien que je me suis trompé ! Elle a l'air motivée, et ça, c'est exactement l'état d'esprit qu'il faut avoir pour ce genre de jeu ! La récompense finale a l'air fort intéressante. Il ne faut pas lésiner : je donnerai tout pour l'obtenir.

Le petit accent qui se fait entendre dans les phrases de Lumière me fait dire qu'elle n'est pas d'ici. Mais serait-ce… Encore une galarienne ? Enfin ! Il leur prend quoi, à tous ? C'est nul Galar, ou bien ? J'ai l'impression que l'Austrée est envahi par ce peuple fier aux mœurs particulières ! Eh, c'est pas pour me déplaire. J'aime bien les gens qui viennent de cette région. Ils sont pas super bavards en général, et un peu particuliers… Mais tout de même bien sympathiques.
Je lui souris grandement, lorsqu'elle m'encourage à prendre les devants. Pas de souci, Princesse ! C'est ce qu'on va faire, tout les deux. On va pas traîner et on va gagner. Quant au Pokémon qui l'accompagne, il est tout à fait adorable. Je ne connais pas vraiment cet espèce… Mais il ressemble terriblement à un Canarticho. Espèce rare, dans le coin – peut-être même inexistante à Salva ? –, je me sens chanceux d'en avoir rencontré un.

Julio, donc ? Et Moe, sur mon épaule, s'agite. Elle a l'air de bien apprécier la jeune femme ; en même temps, Lumière est une jolie fille, bien apprêtée, et la Rattata une demoiselle raffinée, il ne faut pas l'oublier. Coquette, elle a pris l'habitude de caqueter lorsqu'elle aperçoit une fille qui lui plaît bien. Ou plutôt, reformulons : une fille avec un look à son goût.
Je prends mon ami dans mes mains et la présente à ma coéquipière du jours ; la créature, d'une modestie remarquable, se pavane et fait les yeux doux :

– Oh, oui ! Pardon. Grave erreur de ne pas t'avoir présenté la demoiselle ! Elle s'appelle Moe, c'est une Rattata d'Alola. Et Julio ? C'est… Un Canarticho ? J'adresse un petit clin d'œil au Pokémon de Lumière avec une sourire désolé. Pardon mon grand, si j'me trompe ! J'ai jamais vu de gars comme toi dans le coin.

Je sais au combien un pokémon peut être susceptible, alors je prends mes précautions. D'autant que le Canarticho me semble assez fier, à en voir sa petite courbette pour me saluer.

Je n'attends pas plus longtemps pour m'engager dans l'immense labyrinthe qui se tient devant nous. Rejoindre notre entrée a été assez rapide, et maintenant, il faut avancer !
Les premiers pas… Sont particuliers. À mon avis, ils ont fait appel à des pokémon spectre, psy et plante pour dresser un terrain pareil. Le sol est jonché de racines claires qui s'entortillent entre elles et soulèvent le sol terreux de temps à autres. Il y a aussi des zones herbues, plus agréables pour progresser, et les murs végétaux sont piquées de jolies fleurs rouges. Dans la pénombre, on ne peut pas entièrement profiter du spectacle, mais c'est déjà très joli.
Une douce odeur imprègne les lieus… Oui, nous sommes bel et bien tombés sur le chemin le plus calme. On croirait faire une petite promenade de santé.

Pour casser le silence – que je déteste comme à mon habitude –, je décide d'engager un nouveau sujet de conversation. Si on parle un peu, l'appréhension se dissipera et nous nous sentirons sans doute beaucoup mieux :

– C'est vraiment super joli, t'as vu ? Ils ont bien bossé. À mon avis, si on presse un peu le pas, on peut arriver en premier ! Je lui fais signe d'accélérer un peu et me tais quelques instants pour détailler les alentours et surtout les quelques passages qui se profilent au loin. Les ennuis commencent… Lequel va-t-on prendre…? Nous verrons sur le moment. En attendant, faisons connaissance. Alors, Lumière. Tu viens de Galar, ou je me trompe ? T'as un fort accent. Hey, vous êtes nombreux. Le gars qui m'a accompagné est de là-bas aussi. C'est la mode de venir à Salva, chez vous, ou quoi ?

Je ris un peu ; vrai que c'est fort, tout ces galariens que je croise ! À croire qu'ils colonisent à nouveau notre bonne vieille région. J'espère au moins ne pas l'avoir incommodée avec cette question plus curieuse que particulièrement moqueuse. Je trouve ça étrange de croiser autant d'habitants d'une même région à l'étranger… Je crois que depuis que j'ai aménagé dans l'Austrée, je n'ai jamais rencontré un seul alolien. Dommage.

Nous arrivons enfin devant un embranchement qui me dit rien qui vaille. J'interroge Lumière du regard et Moe, qui décide de descendre de mon épaule, s'élance sur le sol herbu pour choisir la voie droite. Je hausse les épaules et m'engage en premier dans ce chemin plus étroit…
Après quelques minutes de marche en ligne droite puis en zigzag, il me semble entendre un bruit étrange.
Serait-ce… Un pokémon ? Mon cœur se met à battre plus fort ; tout le monde s'immobilise :

– T'as entendu…? Je jette quelques regards inquiets autour de nous et… Le mur ne serait-il pas en train de… S'ouvrir ?! Wow ! Regarde ça ! C'est… Un autre chemin…? On dirait qu'on nous invite à y entrer… Peut-être que c'est un raccourci ?

Moe acquiesce vivement et n'attend pas notre avis pour avancer. Je me mets à rire : on dirait qu'elle se prend au jeu, la petite friponne ! Un léger soupire s'échappe de mes lèvres et je fais un sourire désolé à la jeune femme qui me suit.

– Bon… On a qu'à essayer, non ? De toute façon, ça nous mènera bien quelque part !

SCORE : 6/35

Entendant les compliments, le rongeur couina de joie. Il ne tarda pas à se faire remarquer de son maître, qui le présenta, sûrement un peu fier de sa bestiole lui aussi. Lumière n'avait jamais vu de Rattata d'Alola. Ni de Rattata en général : il n'y en avait pas à Galar. On aurait pu comparer le rat avec un Rongourmand un peu maigrichon, mais à part leurs incisives, la ressemblance n'était pas flagrante. Ironiquement, si la blonde avait vécu dans une région où les congénères de Moe semaient la terreur dans les rues et les égouts, elle ne l'aurait sûrement pas trouvée mignonne un instant.
Heureusement, la jeune fille ne se sentit pas trop inculte. Son duo demanda de quelle espèce était Julio. Elle se sentait rassurée de ne pas être la seule personne sur cette planète à ne pas tout connaître sur le bout des doigts en matière de Pokémon. Elle avait peut-être du retard par rapport à la moyenne mais ça ne la rendait pas plus stupide.

Non, ce n'est un Palarticho, vous n'étiez pas loin du compte, c'est son évolution. affirma fougueusement la demoiselle, fière de pouvoir apprendre un fait à quelqu'un, pour une fois, Il n'y a qu'à Galar qu'on en trouve. affirma-t-elle aussi fière de ses origines que de son savoir. En même temps, elle se devait de connaître par cœur son compagnon de toujours.

Elle lança un regard vers ce dernier. Le jeune homme avait craint de l'offenser en se trompant sur son compte et si l'oiseau lui avait d'abord répondu d'un air offusqué, il accepta ses excuses, finalement apaisé par le sourire de sa dresseuse qui semblait lui dire "ne t'inquiète pas, il n'a pas dit ça méchamment".

Le chemin serait long. Il ne serait pas étonnant que les discussions soient entrecoupés de silences parfois longs. Lumière tenta de ne pas y prêter attention, se méfiant surtout de ce sur quoi elle risquait de marcher (on eut vite fait de trébucher sur une racine). Le sol cabossé était heureusement parfois plus plat et meuble. Voyant comme elle craignait le simple fait de chuter, la Solano se sentait bien contente d'avoir écopé du chemin le plus facile. Cela valait bien les moments gênants sans que personne ne dise un mot. C'était lorsque la trajectoire était la plus calme que la conversation reprenait, généralement lancée à Arutua. Ce dernier semblait très motivé à gagner. Peut-être plus que la Galarienne, à qui il pressait un peu le pas. Elle eût envie de grommeler qu'avec ses petites pattes, elle ne pouvait pas aller aussi vite que lui mais se tut, elle commençait à avoir l'habitude de ce genre d'attitudes à cause d'un certain Noctis.
Avant qu'elle ne puisse répondre plus poliment qu'elle n'y avait songé, le jeune homme enchaîna sur une question. Lorsqu'il l'interpella sur son accent, elle rougit fortement, un peu honteuse de se faire remarquer si facilement à chaque fois - pas qu'elle ait eu une bonne raison de s'en cacher, elle voulait juste être un peu plus qu'une simple touriste, d'autant qu'elle et sa bande pourraient rester un sacré temps dans cette région tant qu'on ne l'y trouvait pas.

Hum, oui, je suppose que c'est le soleil qui nous manque, haha, mima-t-elle avec un faux rire qui se substituait à un "ça ne vous regarde pas". Qu'est-ce qu'elle y pouvait si toute la région avait décidé de faire un tour à Salva ? Jusqu'à il y a quelques mois, elle ignorait jusqu'à l'existence de cette île.

Son amertume fut interrompue lorsqu'Arutua stoppa net sa trajectoire. Il avait entendu un bruit. Lumière, qui au premier abord n'avait rien remarqué, trop occupée à lutter pour faire d'aussi grands pas que son guide, finit par s'accorder avec ce dernier. C'était comme un bruissement de feuille mais en bien plus puissant. Le duo et leurs Pokémon tournèrent la tête pour trouver l'origine de ce son et découvrirent, stupéfaits, un chemin en train de se créer sous leurs yeux. Cela n'inspirait rien de bon à l'héritière, qui n'eut pas le temps de faire part de ses inquiétudes, Moe se jeta à l'intérieur du passage étroit, pleine d'énergie.

Bien, je ne m'y serais pas aventurée mais faisons confiance à Moe. On dit que les Pokémon ont un sixième sens, après tout.

Tout en s'aventurant dans le nouveau chemin, la jeune fille souffla un coup, espérant vraiment ne pas finir dans une impasse, ou pire, un piège. Elle ne pourrait même pas en vouloir à la Rattata ou son propriétaire, tous deux aussi perdus qu'elle dans ce labyrinthe. Espérons juste que ça n'arrivera pas.

Score : 7/35

Un manque de Soleil, hein ? Oh, peut-être, après tout. Personnellement, je ne comprends pas comment on peut vivre sans beau temps. Alola est une région ensoleillée ; les jours de pluie sont rares et se situent dans une période particulière, en général. Chez moi, les nuages noirs, les averses, c'est un évènement, peut-être même une aubaine.  C'était donc habitué à cette chaleur torride que j'ai mis les pieds à Salva… Mais je crois que la région de tous les paradoxes est pire encore : l'Austrée est un four ; il n'y a que la nuit où il est agréable de s'y promener. Quant au Septrion… Ce sera pour plus tard. Je n'ai pas encore le courage d'y faire un tour… Et je pense que le choc sera terrible. Et Thacie… Thacie est une île étonnante ; le climat est différent que sur l'archipel d'Alola. On pourrait parler d'une chaleur moite mais pas moins agréable. J'aime beaucoup Thacie ; peut-être irais-je y vivre un jour ? Je suis idiot. J'aurais dû postuler là-bas… Mais en Austrée, il y a un petit Galarien qui m'intéresse. Autant dire que les heures de train que je devrais faire de Woestan pour venir lui rendre visite seront bien suffisantes.
C'est, en quelque sorte, un pari sur l'avenir. Avenir qui est loin d'être tout tracé. Je prends des risques.

Nous suivons donc Moe dans cet étrange chemin qui s'est lui-même créé entre les branches tortueuses du mur végétal. J'hausse les épaules à la remarque de Lumière : très franchement… Je suis bien de son avis. Ce passage ne m'inspire pas plus que ça. Je dirais même mieux : je ne lui fais pas du tout confiance. Mais la Rattata est déjà partie en courant ; j'ai beau la rappeler, rien n'y fait. Je laisse entendre un léger soupir et prend les devants, m'engageant sur ce sentier étrangement bruyant. C'est comme si… Les haies bruissaient en permanence. Un murmure s'élève autour de nous, avec l'impression d'être observés… Moe, inquiète, finit par revenir vers nous, se pressant pour retrouver le confort et la sécurité de mon épaule que je lui offre sans rechigner :

– Eh bien…? Tu nous précipites là-dedans et tu reviens vers moi en courant ? ~ Je lui fais les gros yeux. Tu sais, je suis pas sûr que tu aies eu une bonne idée de nous faire prendre ce chemin, on ferait mieux de revenir sur nos p…

Oups. Mauvais plan. Un simple coup d'œil derrière nous me permet de constater que l'entrée s'est malencontreusement refermée. Je dois devenir un peu livide car Moe tapote gentiment ma joue pour me demander si tout va bien. Au lieu de lui accorder l'attention qu'elle mériterait, je dévisage plutôt Lumière avec un petit air désolé :

– Booon… J'imagine qu'on n'a plus qu'à espérer de ne pas s'être perdus…? Nerveux, je passe un mains dans mes cheveux sans quitter la Galarienne des yeux. Je suis super désolé ! Mais t'inquiètes. Il doit bien y avoir une sortie… Par contre, on va accélérer un peu, si tu veux bien… Ce chemin m'inspire zéro confiance !

Moe semble vexée. Peut-être aussi un peu honteuse de nous avoir tout droit dirigés sur une mauvaise piste…? Je la câline tendrement pour la rassurer. C'est pas sa faute ; nous n'avions qu'à pas la suivre !
Je repars de plus belle, sans guide cette fois, et enjambe les racines qui troublent notre avancée d'un pas décidé. Plus vite nous serons sortis de cette fausse-route, mieux ce sera !
Le pire, c'est que je me dis qu'on pourrait y rester bloqués ! Il suffit d'imaginer que dans quelques minutes, nous déboucherons sur un cul-de-sac… Si c'est le cas, nous allons être bien embêtés !
Je garde pourtant ces terribles pensées pour moi. Mieux vaut ne pas effrayer la demoiselle et son… Palarticho, c'est ça ? Oui, il ne serait pas utile de se faire peur et d'alimenter notre crainte commune. Alors, je décide de relancer la conversation, nos deux voix s'élevant dans le silence étrange du labyrinthe :

– Du coup Lumière, excuse-moi, je t'ai interrompue. Outre le soleil, tu fais quoi de beau à Salva ? T'es sur l'Austrée ou ailleurs ? Je lui fais un joli sourire pour la rassurer et la mettre à l'aise. Tu sais, j'me moque gentiment, mais je suis pas de Salva non plus. Tu connais Alola ?

A peine le temps d'écouter sa réponse… J'aperçois à quelques mètres devant nous une autre ouverture : oui ! Coup de Chance ! Je me met à trottiner pour vite m'y engouffrer. Hors de question que celle-ci se referme ! Je veux vite partir de cet endroit. De toute façon, cette route semble se termine bientôt ; on peut voir un mur feuillu qui la bouche au loin. C'est donc soulagé que je remets les pieds sur le chemin principal… Qui… Ressemble étrangement à celui de l'entrée…?
Oups. On dirait qu'on a un peu tourné en rond. Si on plisse un peu les yeux, on peut voir la sortie du labyrinthe à deux cent mètre. Je soupire, désespéré :

– Ah bah génial ! On a perdu notre temps… Hey, il est pas si simple que ça ce parcours, en fait. Un petit sourire désolé à la demoiselle. Tu sais quoi ? À partir de maintenant, c'est toi qui nous guide ! Ce sera peut-être mieux comme ça ; mes choix ne sont pas les bons… Et ceux de Moe, non plus.

SCORE : 4/35

Au départ, Arutua suivit assez serein son Pokémon, pas de raison de s'inquiéter après tout. Même si la Galarienne n'appréciait guère le chemin étriqué, ses épaules se faisant occasion griffer par le lierre, alors qu'elle n'était pas bien épaisse. Elle se tut néanmoins, ne comptant pas paraître faible par rapport à son binôme. Elle était demoiselle, mais pas en détresse. Cependant, la mine du garçon changea bien vite. La route devenait de plus en plus impraticable, autant le mur de lianes que le sol jonché de pierres et de racines en tout genre, clairement pas prévu pour accueillir les pieds des participants. Cela ressemblait de plus en plus à un piège...
Le jeune homme semblait du même avis. Il voulut implorer son Rattata de s'arrêter mais avant que celle-ci ne puisse lui obéir, les humains entendirent un son similaire au précédent dans leur dos. Lumière laissa échapper un cri de souvenir, tandis qu'elle observait, impuissante, la haie se refermer derrière elle. Elle n'eut d'autre choix que d'acquiescer les dires du basané. Pourvu que leur chemin tortueux mène quelque part...

Ce n'est pas moi qui vais chercher à nous ralentir... bredouilla-t-elle, sentant déjà les fantômes la traquer dans l'ombre.
La blonde tenait bon, mais elle craignait de n'avoir d'autre choix que de fondre en larmes s'ils devaient se retrouver dans un cul-de-sac, tout en étant incapable de faire demi-tour. Elle s'efforça de ne pas y penser. Plus elle avancerait sans y penser, moins elle s'en soucierait. Sûrement dans la même optique, Aru continua à bavarder.

Eh bien je n'avais jamais entendu parler de la région, j'avais besoin d'exotisme, je pense. Je séjourne à Mésoé mais je compte voir toutes les régions un de ces jours ! répondit-elle à sa question, avant d'enchaîner à la seconde : Oui, je ne m'y suis jamais rendue moi-même, malheureusement, mais des amis de la famille nous ont raconté le voyage. J'avoue avoir eu des étoiles dans les yeux, peut-être qui j'y ferai escale quand j'aurai fait le tour de Salva... se permit-elle de rêver.

La rêvasserie prit néanmoins fin assez vite : le "raccourci" déboucha enfin. Premièrement, elle fut ravie de pouvoir respirer librement, se sentant presque danser dans ce couloir assez large pour écarter les bras sans toucher la moindre molécule de branche.Cependant, elle réalise assez vite le souci : l'entrée du labyrinthe était visible, elle n'était pas bien loin. Ils n'avaient effectué qu'une maigre volte qui les avait fait reculer tout en perdant de nombreuses minutes. Elle soupira. L'Alolien aussi était considérablement déçu. Les Pokémon, à leur tour, montrèrent leur mécontentement. Julio lança un regard mauvais à Moe, qu'il détourna immédiatement lorsque sa dresseuse posa l’œil sur lui.

Quelque part, c'est presque une chance d'être malchanceux sur le terrain le plus facile... tenta de plaisanter Lumière, incapable de se convaincre elle-même, Raison de plus pour trainer le pas ! cria-t-elle presque dans le but de se motiver à un moment où elle serait tentée de tout laisser tomber.

L'offre d'Arutua la surprit.

Qu-qu-que quoi ? Je ne suis pas sûre que... je ne suis pas très... bégaya la jeune fille, interrompue par son oiseau.
Il secoua un pan de sa robe pour obtenir son attention, puis la fixa intensément. Finalement, elle céda. Il avait raison, c'était juste dur de prendre les décisions alors que son duo semblait bien plus apte à tout qu'elle. Après tout, si elle voulait montrer qu'elle était femme indépendante, elle devrait accepter ce genre d'opportunités.

Bien, si vous le souhaitez... Autant prendre le sentier le plus large, non ? Ce n'est peut-être pas le plus rapide mais nous pouvons compenser en avançant plus vite.

La demoiselle se sentait presque coupable d'avancer ceci. Elle savait qu'elle avait raison mais elle savait surtout que ses chevilles lui en voudraient plus tard.

8/35

Eh, on va pas se mentir… Je suis venu pour gagner. C'est pile le genre de jeu où je peux briller, et je vais tout faire pour remporter la victoire. Hors de question qu'on perde avec le chemin le plus simple ! Je veux dire… C'est juste inconcevable. Nous allons donc faire de notre mieux pour garder notre sang froid et faire les choses bien.
Le premier chemin n'a pas marché ? Bon, en même temps, on n'y croyait pas beaucoup. C'est peut-être là, notre erreur, d'ailleurs. M'étonnerait que la voute végétale s'ouvre toute seule comme par magie. Il y a un pokémon et donc un humain derrière ce phénomène… Peut-être que si on avait montré plus d'espoir et de confiance aveugle… Ça aurait marché ? Hmpf. Trop tard maintenant. Nous voilà revenu à la case départ. Il ne nous reste plus qu'une seule chose à faire : repartir. Et tâcher de choisir la bonne route, cette fois-ci.
C'est sans doute pour ça d'ailleurs que je confie à Lumière les rênes de l'opération. La première erreur, c'est clairement de ma faute… Alors je me décharge de cette responsabilité. Si on fait encore fausse-route, alors je reprendrai la tête de notre petit escadron, et ainsi de suite. Pas envie d'être tombé sur une nana qui me reprocha de lui avoir fait perdre son temps.
Simple précaution, évidemment : sincèrement, elle m'a l'air plutôt très gentille, Lumière. Pas trop coincée comme j'ai pu le croire au début ; juste ce qu'il faut. Pour ça que j'essaie de faire bonne figure, de rester poli. Je veux pas passer pour un rustre ; ce ne serait pas à mon honneur.

Loin de moi l'idée de la draguer, attention. Elle est très jolie, très correcte, mais je suis déjà en opération conquête de Galar. Un par région, ce sera déjà très bien. Puis faut dire qu'ils ont un sacré caractère, les galariens. C'est aussi pour ça que je fais de mon mieux pour me tenir à carreaux. Si la demoiselle ressemble à Rohann, elle ne me ratera pas.

En attendant, indécis au beau milieu de notre allée, je me contente de rire à sa remarque : elle n'a pas tort. On était… Censé avancer sans encombre, je crois ? Décidément, nous sommes vraiment chanceux d'être malchanceux… À croire que le sort s'acharne.
Je laisse échapper un petit soupire exaspéré et acquiesce à sa proposition. Son Palarticho a d'ailleurs l'air d'approuver chacun de ses mots, et c'est plutôt drôle à voir. Un Pokémon fidèle : Moe l'est aussi, mais quand je dis des bêtises, elle sait me le faire comprendre.
J'opine donc du chef et lui fait signe de s'engager dans l'allée qu'elle nous propose. La Rattata sur mon épaule s'est mise à trembler : vrai qu'il commence à faire un peu froid avec la nuit qui tombe.

– Sincèrement j'ai bien envie qu'on en finisse vite… On commence à se les geler. C'est quand même fou ce pays ! À Alola, il fait bon tout le temps, même la nuit !

Le nouveau sentier, cerné par deux hauts murs végétaux, est d'ailleurs particulièrement sombre. On n'y voit pas grand chose, si ce n'est les racines qui jonchent le sol à n'en plus finir. Je ralentis un peu le pas pour faire attention où je mets les pieds : vraiment aucune envie de m'étaler face contre terre devant une demoiselle aussi raffinée. Ce serait la honte intergalactique.
Petit à petit, je me mets à frissonner aussi et claquer des dents : c'est bien connu, nous, les aloliens, on est super frileux. Cette région aura ma peau, je le sais.
Je ne quitte pour autant pas Lumière des yeux une seule seconde : sa chevelure clair, dans la pénombre ambiante, m'aide à suivre sa trace même lorsque notre écart se creuse… Et puis, de toute façon, ce chemin alambiqué n'offre aucune autre possibilité d'embranchement. Droit, avec quelques tournants… Il ne semble jamais finir et je ne peux m'empêcher de râler un peu :

– En fait, j'crois qu'on a chopé le pire chemin. C'est fou comme on est poisseux quand même !Je souffle pour évacuer mon impatience et reprend sur un ton blagueur. Heureusement que t'es là, en fait. Ça relève le niveau.

Je finis par bâiller, Moe m'imitant sur mon épaule. Dernier tournant et… Oh ! Une sortie au bout. Yes, enfin ! Eh ben ! Espérons qu'on ait avancé ! Avec un peu de chance, on vient de faire un quart du parcours. Sérieux, j'y crois dur comme fer.
J'ai une petite pensée pour Rohann qui a écopé du parcours le plus balancé. Je suis certain qu'il s'amuse bien… J'aurais aimé vivre cette petite aventure avec lui, mais en attendant, le mieux est de constituer un adversaire de taille ! Je ne vais pas lui laisser la victoire aussi facilement.
J'essaie de me souvenir de la tête du mec qui l'accompagnait… Hum… Un peu louche, non ? Du genre genderfluid ou je ne sais quel autre bêtise. Hey, faut pas croire que je suis transphobe ou je ne sais quoi. Mais c'est surprenant, quand même, non ?
Enfin, je trouve…

– Hé, dis. Peut-être qu'on est sur la bonne voie ! J'espère qu'on n'est pas revenu en arrière, encore une fois.

Lumière n'était pas très étonnée des dires d'Arutua. Alors que le jour disparaissait peu à peu, avec lui s'en allait la chaleur habituelle de la région. Si elle connaissait la météo peu clémente de Galar, l'Alolien ne faisait pas le fier. Armée d'un simple gilet par dessus sa robe, elle ne ressentait pas le froid autant que lui. Pourtant, elle se voyait mal lui donner son vêtement. Pas forcément parce que c'est à l'homme d'aider la femme qui a froid, surtout parce qu'elle voyait mal un grand gaillard passer ne serait-ce que l'index à travers les minuscules manches de son cardigan (une pensée qui l'amusa grandement, d'ailleurs).

Et s'amuser, cela ne lui déplairait pas. Plus elle faisait de pas dans le chemin qu'elle avait choisi, plus elle le regrettait. Il ne semblait guère plus sympathique que celui à travers lequel Moe les avait menés une dizaine de minutes plus tôt. Il était plus praticable, étant plus large et moins cabossé, mais également plus sombre. Comme si le coucher du soleil ne suffisait pas aveugler les participants, une sorte de voute feuillue venait avaler les derniers rayons lumineux. La Galarienne préféra se taire sans cette quasi-obscurité. Elle ne pouvait pas avouer à son binôme à quelle point elle était terrifiée par le noir. Premièrement parce que ce n'était pas une peur très raisonnable pour une adulte, secondement parce qu'elle sentait venir les blagues sur son nom. Arutua n'avait pas l'air méchant mais Ô qu'il avait l'air prêt à bondir sur une telle occasion de taquiner. Seulement, la blonde n'était déjà pas loin de pleurer de culpabilité en réalisant que sa route n'avait mené nulle part.

Désolée, il semblerait que je n'ai pas eu de meilleur instinct que toi, Moe. adressa-t-elle au Rattata ainsi qu'à son dresseur, indirectement.

Mais le jeune homme voyait visiblement les choses d'un meilleur œil. En effet, en tournant en rond, le duo avait au moins retrouvé un sentier plus lumineux. La nuit était presque tombée, mais les organisateurs avaient eu le bon sens d'ajouter de quoi éclairer les joueurs avant qu'ils ne s'emmêlent tous dans une tonne de ronces. Elle s'efforça à garder le sourire en pensant comme lui.

Tout de même, après deux ratés, on va fatalement trouver le bon chemin... imaginez si on apprenait qu'on avait accidentellement inversé les groupes ! se laissa-t-elle plaisanter. Si elle espérait une réaction positive de son compère, quelque part, elle aimait croire à sa blague. Elle aurait au moins eu une bonne excuse de patiner à ce point. Elle avait comme le sale pressentiment qu'ils seraient les derniers arrivés.

6/35

Un soupir exaspéré m'échappe lorsque je réalise que non, nous n'avons pas avancé. C'est toujours le même chemin, et sérieusement… Très sérieusement, je commence à perdre patience.
Bon. Faut dire que j'ai jamais été d'une patience exemplaire. Je suis même… Tout le contraire ? Hyperactif, toujours à vouloir avancer plus vite que les autres… Mais pour le coup, c'est raté, et je n'ai pas envie d'agir comme un enfant. J'ai dix-huit ans, dix-neuf l'année prochaine… Plus trop l'âge de piquer une crise parce que je sens la victoire nous échapper.
Donc autant sourire ? C'est ce que je fais. Un grand sourire. Tout pour rassurer ma partenaire de galère qui a l'air toute désolée de nous avoir fait prendre un mauvais chemin.
Moe couine d'ailleurs à son attention, faisant un petit non de la tête pour lui signifier que son erreur était tout naturelle. C'est vrai : nous n'avons pas de carte en tête. Nous faisons au feeling, et il semblerait que notre instinct nous mène en bateau !
La chance n'est pas avec nous, mais quoi ? C'est pas bien grave… Et je la vois se décomposer. Faut pas le prendre comme ça, c'est vraiment pas la fin du monde. Doucement, je pose une main amicale sur son épaule :

– T'inquiètes Lumière. C'est pas grave, hein. Ce qui est cool, c'est que maintenant on peut plus se tromper : obligé que ce soit le dernier passage.

Lumière confirme mes dires et nous nous engageons sur le chemin principal pour rejoindre le dernier embranchement possible. Quelques lanternes nous accueillent, fermement plantées dans le sol, illuminant la route qui s'offre à nous.
J'accélère un peu le pas, sûr de ne pas nous tromper cette fois-ci, et rit à sa blague : ce serait assez cocasse, en effet. Vrai que j'aurais pu tomber sur le mec rose bonbon qui accompagne Rohann. Ou… Ce grand type qui est parti avec la petite demoiselle ? Mais c'est avec Lumière que je suis, et c'est pas plus mal. Elle est gentille, cette fille. Un peu timide, mais agréable.

J'admire silencieusement le sentier où nous progressons. Bordé de haies plus claires parsemées de quelques fleurs, on peut dire qu'il est vraiment joli. Au crépuscule, on a l'impression d'être dans un lieu féérique.

En marchant encore sur quelques mètres, Moe finit par s'agiter sur mon épaule. De bout de sa queue, elle semble montrer quelque chose sur une des lanternes qui bordent le chemin. Haussant un sourcil interrogateur, je décide de lui accorder mon attention et me concentre un instant sur le luminaire… Qui a une étiquette collée…? Ah ? Intéressant.
Je me penche devant et attire l'attention de Lumière.

– Oh, regarde. Je rêve ou…? Je plisse un peu les yeux et esquisse un petit sourire amusé. Sérieusement ? Regarde, y'a des indications ! D'après le papier… Faut prendre soit l'allée centrale, soit celle à droite. Une préférence ? ~

Je laisse échapper un petit rire et hausse les épaules. Perdu pour perdu… Autant faire confiance à cette fichue note, non ?

– En fait, on n'a vraiment pas de chance du tout. Parce que tout est fait pour nous aider, sur ce chemin… Hrm, enfin, c'est peut-être une blague ? Qui sait ? Je te suis. On prend le chemin que tu veux… De toute façon, on a dû perdre depuis un moment.

SCORE : 9/35

Etait-ce uniquement son expérience des dernières heures qui parlaient, ou le paysage avait-il drastiquement changé au fil des pas du duo ? Tandis qu'elle écoutait Arutua, la Galarienne n'avait pas particulièrement porté attention à son environnement, occupée à regarder ses chaussures autant par préoccupation de là où elles pourraient se coincer que honteuse de sa récente erreur. Elle finit pourtant par lever les yeux, constatant que la route sombre et malaisante avait laissé place à une bien plus paisible, comparable à une petite marche à la campagne, sans obstacles stupides pour faire ralentir spécifiquement votre groupe. L'Alolien aussi semblait plus optimiste à présent, observant lui aussi les fleurs doucement colorées.

Il s'arrêta soudain, net. Lumière fit de même intriguée, et son regard se posa sur Moe, qui cherchait à attirer l'attention de son dresseur. Du haut de son épaule, elle avait remarqué une note en papier. Un indice bien caché ? Oh que l'équipe Skélénox en avait désespérément besoin. La blonde se tut, accrochée aux mots que lisait le jeune homme.

Ah là là, soupira la Solano, même quand on trouve des indices, ils peuvent pas être direct... à ce niveau là c'est pile ou face. Eh, Julio ? interpella-t-elle.

Le canard se retourna, un peu surpris qu'on lui demande soudain son avis, lui qui était resté si calme, laissant sa maîtresse s'amuser sans lui courir dans les pattes. Ainsi, il avança sans grande incertitude vers le chemin à sa droite, probablement un instinct lui venant de l'aile d'où il tenait autrefois son épée.

A droite alors. Il est vrai qu'il y a peu de chance pour que nous gagnions, mais je ne compte pas non plus m'attarder dans ce labyrinthe, marmonna Lumière, d'un air décidé.

S'ils devaient être secourus, incapable de trouver la sortie par eux même, elle aurait ressenti tant de honte qu'elle n'aurait sûrement pas dit un mot pendant des semaines.

10/35

J'entre vraiment dans un comportement de perdant. Pas mauvais perdant, mais un peu dégoûté quand même. En plus j'ai chaud, je pue sans doute la sueur… On n'y voit rien. Enfin, rien qui va, en soit. C'est vraiment désespérant. Au moins, Lumière est agréable. Un peu timide, mais sympathique. Et son Canarticho m'intrigue ; il y a une grande complicité, entre eux. Parfois, on croirait presque que le Pokémon a l'ascendant sur la demoiselle. Comme s'il lui servait de chaperon. Marrant ; c'est pas commun.
Ceci étant dit… Je jette un coup d'œil à Moe, fièrement perchée sur mon épaule : ma partenaire est un peu du même genre. Toujours à me tirer les cheveux quand je dis une bêtises, à me montrer ouvertement son désarroi… Hrm. Bon, après, y'a souvent de quoi, faut l'avouer.

Bref. Je me redresse donc après avoir déchiqueté le papier entre mes doigts avec une mine déconfite et la suis sans rechigner. À droite ? Eh bien soit. Allons à droite. Et si c'est la plus longue, tant pis. De toute façon, on a déjà perdu ; c'est certain.
Étrangement, les routes sombres, tortueuses, ont fait place à des allées éclairées par de petites lanternes et agrémentées de piquets directionnels. Nous suivons un chemin balisé, sécurisant. C'est quelque part… Assez rassurant. Surtout vu notre fatigue. Nous en avons assez de tourner en rond, et se savoir entre les mains des organisateurs, suivre leurs traces nous redonne un peu espoir.
Actuellement, nous désirons autant l'un que l'autre trouver la sortie de ce foutu labyrinthe et rentrer chez nous. Je pensais que ça allait être marrant, cette affaire, mais au final, c'est plus une prise de tête qu'autre chose.

Finalement, nous arrivons plutôt rapidement à un autre embranchement… Et cette fois, ce sont des ronces particulièrement chargées d'épines qui barricadent le chemin de droite. Plus qu'un choix : cap à gauche ! Je soupire et m'engage sans plus réfléchir :

En fait, je crois qu'ils ont compris qu'on était super poisseux, parce que maintenant c'est presque une visite guidée ! Je laisse échapper un petit rire amer et adresse tout de même un gentil sourire à Lumière.Désolé si je râle beaucoup, Lumière. Je suis juste… Un peu mauvais perdant. Mais bon ! L'important c'est de sortir, maintenant. Les indications semble bonnes, laissons-nous porter.

SCORE : 13/35