Tales of Salva

Nos prédéfinis

Civils
Coordinateurs
Rangers
Chercheurs
Éleveur
Valys
Uth
Queen Lapras

Forums à l'affiche

A consulter

En manque d'interaction sociale- sujet demande : www
- sujet demande : www
- sujet demande : wwwDernières news immanquables- sujet demande : www
- sujet demande : www
- sujet demande : www

Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex
Alexei Kireïev
Alexei Kireïev
Pas de compétence
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Feunar11It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Farfur11It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Ponyta11It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Fourbe10It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Croqui10

Pokédollars : 105
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Badge_31
Inventaire : - 1 Potion
- 1 Total-Soin
- 4 repousses
- 1 pokéball
- 5 dés d'or
- 4 super repousses

– Charme Chroma
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Miniature_Badge_Roche_RFVF
Alexei Kireïev
Dresseur arrogant ♥
Jeu 5 Déc - 23:47   



Alexei Kireïev

Nom :
Kireïev

Prénom :
Alexei

Âge :
19 ans

Orientation :
Homosexuel

Région natale :
Salva

Activité :
Dresseur Pokémon

Lieu actuel :
Venyys

Avatar :
Yuri Plisetsky - YuriOnIce!!!

Équipe Pokémon :

It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Sprite_447_XY Lyov ♂ - niv. 10 Ce petit Riolu d'un naturel doux et craintif a été offert à Alexei par son modèle de toujours, Ioann. Ce dernier lui avait promis de lui ramener un Pokémon suite à son voyage de deux mois dans les Terres Sauvages.
Chose promise, chose due : Alex a reçu le Riolu pour ses dix-neuf ans et l'a adopté avec un certain enthousiasme… Avant de se rendre compte que le Pokémon n'a pas l'âme d'un combattant, et encore moins d'un voyageur. Douillet et peureux, Lyov pleurniche lorsque Alexei l'envoie au combat. Leur relation n'a jamais été très bonne, et il apparaît que, désormais, ils se détestent profondément. Pourtant, le garçon ne se décourage pas et est certain d'un jour parvenir à plier son petit compagnon à ses exigences. Aussi ne le ménage-t-il pas et lui mène-t-il la vie dure. Nombreux ont été les dresseurs qui l'ont accusé de maltraitance.

It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex 68px-Miniature_Type_Normal_EB Vive-Attaque
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex 68px-Miniature_Type_Normal_EB Ruse
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex 68px-Miniature_Type_Ténèbres_EB Représailles

Inventaire :


Bien décidé à devenir un dresseur hors pair, Alexei a acheté à Belagora tout le matériel nécessaire pour partir à l'aventure. Aussi s'est-il paré d'un gros sac à dos, d'une tente pliable et d'un sac de couchage. Il a aussi de quoi cuisiner dans son sac ; pas grand chose, mais le strict minimum.
Le jeune homme a aussi pris avec lui du matériel de premier secours ; on n'est jamais à l'abri d'une bonne chute.
Ioann lui a également confié une poche à baie, parfaitement hermétique, qui lui permet de conserver quelques fruits utiles en combat. Trois quatre potions figurent aussi dans son sac, aux côtés d'Antidotes, d'Anti-Para et d'une belle collection d'Antigel, toujours utiles dans le Septrion.

It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Potion x4
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Antidote x2 It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Anti-Para x2 It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Antigel x4

Choose between what is right and what is easy.

CARACTÈRE - Alexei, c'est un amas de réactions à la chaîne. De petits changements accumulés au fil du temps, résultats de remarques faites par sa famille, ses proches, des inconnus. Toutes ces petits reproches qui lui ont un jour fait mal et ont laissé derrière eux ces cicatrices à peine visibles, mais jamais complètement guéries.
Car Alexei, au fond, est un gentil garçon. Quelqu'un de sensible, et de véritablement bienveillant. Mais ça, on lui a souvent dit de le cacher, de le refouler, car un homme ne doit pas être doux. Un homme ne doit pas pleurer.
Sur ce dernier point, Alex n'a pas réussi à se corriger. Malgré les airs de gros dur qu'il peut se donner, il pleure souvent. C'est une façon de décharger toutes les craintes et les émotions négatives qui s'accumulent en lui et qu'il retient prisonnières longtemps. Alexei, il rumine, il rabâche, et surtout, il essaye de tout garder pour lui. C'est bien ce qu'on lui a appris, non ? Ne pas se plaindre, se taire quand on a mal… Prendre sur soi.
Prendre sur lui, il l'a longtemps fait, et d'ailleurs, c'est encore d'actualité. Ce n'est jamais de la faute des autres ; c'est toujours de la sienne. Bien sûr, c'est évident. Et il se déteste pour ça. Il se hait ; cette colère qu'il éprouve pour lui même, il l'a exprimée en traçant des stries indélébiles sur ses poignets, sur ses cuisses. Des marques éternelles de ce chagrin qu'il a longtemps ressenti, de cette peur qui l'assaille toujours et le met dans des états d'angoisse terrible.
Peur de quoi, me diriez-vous ? Sans doute de décevoir. Alexei est très fier, et a en même temps beaucoup de considération pour le regard des autres. L'avis que la population peut avoir de lui lui importe beaucoup. En soit, il se voit dans l'œil de son voisin. Il s'est vu déprécié par son père, moqué par son ami, et ça, il en a gardé une amertume profonde. Il a tout fait pour changer, pour être mieux, pour leur plaire. Et au fond, il n'en a pas tiré grand chose… Son père ne le considère sans doute pas comme un fils à la hauteur, et cette simple idée lui fait beaucoup de mal. Il ressasse, il tourne le problème dans tous les sens… Mais rien n'y fait.
Et puis… S'il savait. S'il savait ce qu'il était, tout serait perdu. Jamais il ne pourrait le rendre fier… N'est-ce pas ? Car Alexei se voit comme un monstre, une créature contre-nature. Lui-même est particulièrement fermé d'esprit. On a bourré son crâne de préjugés, d'horreurs qui se transmettent de père en fils dans le nord, et plus particulièrement à Venyys. Les femmes, elles sont faibles, et pas forcément intelligentes… À part ses sœurs, bien sûr. Les hommes, eux, ils doivent être grands, forts, capables de subvenir aux besoins de leur famille, de la protéger. Et un homme, évidemment, doit aimer une femme. Il doit être fou d'elle, la gâter, la chérir, et lui faire des enfants.
Alex ne correspond pas à ce stéréotype, et ce depuis tout petit. Tout sa vie il a été malingre, et pas vraiment grand. Pas de quoi être un mineur typique du nord ; son corps de poids plume ne le supporterait pas. Première déception pour un père qui avait espérer voir son fils reprendre le flambeau. Au-delà de ça, son comportement maniéré, trop délicat, qu'il essaye tant bien que mal de cacher, n'annonce rien de bon. Alexei est assez efféminé. Oui, bien sûr, on pourrait prendre cela pour une certaine élégance – dont il n'est pas dénué –, mais ce n'est que la marque d'une différence qui devient un péché dans le nord. Une faute grave, méprisable de tous.
Alexei aime les hommes. Et ce depuis toujours. Rien ne pourra y changer ; c'est ancré en lui, cela fait partie de lui. Mais ça, son père ne pourrait pas le comprendre. Ses sœurs non plus d'ailleurs… Ou du moins, c'est ce qu'il croit, ce qu'il se met en tête. Et lui non plus, d'ailleurs, il ne comprend pas. Il désirerait aimer les femmes. Être attiré par sa jolie voisine… Mais rien. Par contre, Ioann, il l'a reluqué plus d'une fois. Il l'a imaginé dans ses bras, le câlinant, l'embrassant… Et toutes ces images, ces désirs sont à l'origine d'une terrible souffrance. C'est ça qu'il déteste chez lui. Ça et le fait qu'il n'arrive pas à faire une croix sur ses sentiments, à s'efforcer d'obéir aux volontés de son père qui veut le marier et faire de lui un homme décent. C'est assez paradoxal, mais Alexei, malgré la haine qu'il éprouve pour ses préférences amoureuses, refuse de se plier à ce mode de vie. Il sait qu'il ne pourra pas vivre en allant à contre-sens de ses envies. Ses émotions, il peut les museler, mais pas éternellement.
Et c'est d'ailleurs pour cela qu'il leur arrive d'éclater, d'un seul coup, sans prévenir, surtout depuis qu'il a décidé de ne plus se faire du mal. Ce trop plein de sentiments et de pensées négatives se manifestent le plus souvent par des crises de stress violentes, des cascades de larmes et de chagrin. Ça, il essaye de le faire tout seul. Personne ne doit jamais le voir dans cet état, ce serait trop humiliant.
Du reste, Alexei demeure froid, mordant. Il aurait tendance à être trop gentil et doux s'il s'écoutait. Bien sûr, ce ne doit pas être le cas : il se ferait bouffer. Alors, il est bien souvent imbuvable avec les autres : un vrai snobbull ! Il est d'ailleurs bien rare de le voir sourire. La plupart du temps, il est de mauvaise humeur ; se lever du mauvais pied, c'est son quotidien. Bien sûr, il faut admettre que le garçon n'a jamais été trop calme. Son tempérament a toujours été ardent, explosif. Petit, cela se traduisait par des crises de jalousie, de colère ; aujourd'hui, plutôt par des piques, des remarques blessantes. Alexei est grossier, et cela contraste avec son apparence de petit angelot. Les gros mots, il en connaît un plein dictionnaire, et il sait quelles insultes utiliser pour blesser l'autre. Vexer, il sait faire. C'est sa spécialité et sa meilleure arme, ce qu'il maîtrise le mieux. C'est sans doute ce trait de personnalité qui le rend arrogant, exécrable. Un petit roquet, fier et grande gueule, qui aime se pavaner en assénant quelques coups bas à force de piques tranchantes.
Évicemment, ce n'est qu'un moyen parmi tant d'autre de se donner une contenance, d'avoir un tant soit peu confiance en lui… Ou du moins, de faire comme si. Car, Alex ne s'aimant pas, il n'est pas non plus en pleine connaissance de ses capacités. C'est pourtant un garçon intelligent, qui apprend vite, mais il ne saurait l'admettre. Son rêve de devenir maître puis champion d'arène, il le nourrit depuis tout petit, mais en réalité, il n'y a jamais vraiment cru. Cet espoir le fait pourtant vivre ; c'est sans doute sa seule réjouissance… Mais il voit en Lyov son amour impossible, contre-nature, et n'arrive donc pas à avancer avec lui, sa rancœur et déception se manifestant sans qu'il ne le veuille vraiment.
Au fond, le blond n'est pas vraiment cruel. Il aime profondément les Pokémons, et d'ailleurs, il a toujours été gentil avec eux. Il n'y a qu'avec Lyov que cela ne passe pas… Il espère qu'avec le temps, cette haine qu'il éprouve à son encontre s'atténuera. Après tout, le pauvre Riolu n'y peut rien.
Ce schéma se reproduit dans nombreuses de ses relations. Ses sentiments, qui souvent ne lui plaisent pas car trop bienveillants, se retournent contre la personne, qui peut se sentir agressée, méprisée. Alexei ne peut pas s'en empêcher ; c'est sa façon de se défendre, de faire croire à lui-même qu'il ne ressent pas ces choses-là pour telle ou telle connaissance.
Néanmoins, sa gentillesse est bel et bien existante ; elle se manifeste dans de petits moments de douceurs, plutôt rares. Le garçon se montre souvent généreux et attentionné. Il ne laissera jamais quelqu'un dans le pétrin : et puis quoi encore, il aurait sa mort sur la conscience !
Aussi, s'il ne se lie pas facilement d'amitié avec quelqu'un, lorsque qu'il fait confiance en une personne, c'est pour toute la vie, à moins d'une grosse affaire qui le fasse changer d'avis. Il n'est pas fidèle et dévoué pour autant, mais la plupart du temps, on peut compter sur lui.
Quant à l'amour, il n'en connaît rien. Que ces vilaines émotions qui l'ont longtemps torturé. À vrai dire, il crève d'envie de rencontrer l'âme sœur même si cette perspective l'effraie. Il sait que ce sera un homme, et que cette réalité le chamboulera. Il sait aussi qu'au fond, il sera heureux. Que ça aura au moins le mérite de soulager ses désirs, fort nombreux… Car, malgré sa pudeur, Alexei est hanté par ses envies, ses fantasmes. Il aime séduire, voir l'admiration dans les yeux des autres. Et s'il a peur de faire l'amour avec un homme, c'est seulement par fierté : n'est-il pas connu que les hommes aiment se dominer ? Oh… L'idée de se donner à l'être aimé le tente énormément… Mais sa fierté en prend un coup. Et ça, il aura du mal à passer outre.
PHYSIQUE - Élégance et charisme. Ce sont deux qualificatifs qui collent à la peau d’Alexei. Ses gestes, d’un naturel fluide et doux, font de lui une personne remarquable, que l’on n’oublie pas facilement. Il y a quelque chose de très féminin dans sa façon de se mouvoir, de toiser, de parler. Bien sûr, ce n’est pas frappant. C’est une impression subtile, qui se mêle à ses habitudes et attitudes profondément masculines. Un petit plus, sans doute, qui le différencie des autres, qui le rend, d’une certaine façon, plutôt intriguant. Son père y voyait une délicatesse et sensibilité dangereuses. Quelque chose qui le détournerait du droit chemin. Alex a toujours été d’accord avec lui, et avec le temps, il a appris à masquer cette particularité ; se comporter comme un homme ; avoir l’air viril. Bien sûr, ce n’est pas facile. Il reste des vestiges de cette part féminine, comme ce regard parfois moqueur, brillant de malice qui a quelque chose de très rafraichissant… Ou ce port de tête, toujours très recherché, pourtant inné. Avec le temps, le jeune homme a réussi à transformer cette apparente féminité en raffinement. Désormais, lorsque il allume une cigarette, les gens ne voient qu’un garçon élégant, délicat, soucieux de son apparence extérieure. La façon dont il place l’objet entre ses lèvres laisse une image très glamour et intemporelle dans la tête des gens ; quelque chose que l'on ne voit que dans les films.
Avec le temps, Alexei a appris que cette image fonctionnait bien auprès de son entourage. On se souvenait plus facilement de lui ; aussi a-t-il utilisé cette sensibilité féminine comme un atout majeur, une marque de fabrique dont il n'a gardé que le meilleur.
Désormais, chacun de ses gestes semble être calculé, recherché. Une sorte d'automate ; un petit gars très artificiel mais qui plaît pourtant par son manque de naturel.
Sa voix, il a aussi appris à la moduler. À l'époque un peu chantante, il en a fait une petite mélodie grave et monocorde. Avec ce petit grain irrésistible, ce côté enroué, cassé, qui plaît beaucoup aux gens. Sa façon de s'exprimer, au-delà des grossièretés et horreurs qu'il peut dire, est aussi porteuse d'une élégance singulière ; un petit côté rebelle dont il ne se départirait pour rien au monde.

Du reste, sa stature élancée et fine a quelque chose d'attirant. Ne mesurant pas plus d'un mètre soixante dix, Alexei est plutôt androgyne, sans pour autant franchir la frontière de l'incertitude. On sait que c'est un homme… Mais il ne ressemble pas aux armoires à glace du nord. Là-bas, d'ailleurs, on le qualifiait souvent de crevette. Il faut dire qu'à côté de ses camarades baraqués, le garçon paraissait un peu fragile. N'importe qui aurait pu le briser en une étreinte… Mais il est né comme ça ; mince, presque maigre, et très pâle comme le veut la tradition du Septrion. Car Alex porte ses origines sur son visage : ses traits fins, sa peau laiteuse, de porcelaine, lui donnent un air poupon traditionnel du nord. Ses lèvres discrètes, souvent gercées et couleur pastel, semblent tout droit sorties d'un conte de fée un peu trop édulcoré.
Le jeune homme a d'ailleurs souvent regardé cette figure trop délicate comme une véritable malédiction, et s'est entraîné à prendre un air méchant pour pallier à cette beauté innocente. Ses sourcils clairs et peu fournis se retrouvent donc souvent tordus en un rictus boudeur ; mais cela ne fait que rendre son minois plus adorable.
Il est donc rare de voir Alexei sourire. En général, ses grands yeux bleu acier, surmontés de longs cils dorés, lancent plutôt des éclairs. Passé maître en l'art du regard froid, le garçon en abuse et dissuade ainsi tous ceux qui le croisent de venir lui adresser la parole. Mais, lorsqu'il est de bonne humeur et qui se laisse aller à sa joie, chacun de ses sourires vaut de l'or ; son visage se pare alors d'un éclat qu'il est rare de lui voir mais qui lui va pourtant à ravir. Son regard, habituellement dénué de sentiment, devient alors particulièrement expressif… Peut-être même trop.

Le bleu-vert clair de ses yeux et la couleur blonde de ses cheveux lui donne une petit air d'angelot auquel il ne faut pas se fier. Sa tignasse, brillante aux rayons du soleil, encadre son visage rond de poupée. Il a toujours eu une coupe au carré qui fait ressortir ses pommettes saillantes et anguleuses et son menton fin ; ce look a néanmoins varié au fils des ans, passant d'un carré bien défini à une coupe plus décoiffée, méchée, rebelle, s'affublant d'une longue mèche qui lui retombe souvent devant les yeux. Il n'est donc pas rare de voir Alexei se débarrasser de ses cheveux en les rejetant prestement en arrière ou en les attachant en une queue de cheval serrée. Son père lui a longtemps demandé de couper cette tignasse blonde pour adopter une coupe plus masculine, mais le garçon a toujours refusé d'y toucher, trop attaché à ces mèches claires pour accepter de s'en débarrasser. C'est pourquoi il se contente de les attacher à la maison, pour ne pas déranger son paternel et éviter toute réflexion désagréable.

Les commentaires, Alexei y a toujours eu droit, que ce soit sur sa façon de parler, de se tenir ou de s'habiller. Ses vêtements sont pourtant souvent très simples, se résumant en un gros pull ou une veste, et un jean agrémenté de grosse bottes en cuir de tauros. Dans le nord, il est difficile de suivre la mode : le confort et la chaleur passent avant tout. Aussi Alexei a-t-il l'habitude de ne pas se tracasser, revêtant beaucoup de couleurs sombres et des matières douces, rembourrées. Ses vestes ont souvent une doublure en laine de Moumouton et ses bottes à lacets sont lourdes et hermétiques. Il fait également attention à porter des hauts à manches longues pour cacher ses avant-bras couverts de cicatrices, et évite les pantalons troués au niveau des cuisses pour les même raisons.
Il est très rare de le voir porter de la couleur ; les teintes les plus classiques sont celles qui, en son sens, lui vont le mieux. Et puis, il faut dire que le garçon n'aime pas trop se faire remarquer et a le préjugé facile…
HISTOIRE -

▬ Ici, c’est le nord, avait déclaré Grisha autour d’un verre partagé avec l’étranger qui deviendrait plus tard son meilleur ami.

L’homme avait voyagé jusqu’à Venyys dans le but de faire des recherches sur les pierres précieuses que la mines abritait. Il était gemmologue, un métier qui avait fait gentiment sourire l’armoire à glace qu’était le jeune Kireïev, déjà engagé comme Hercheur et Abatteur. Des gemmologues, il n’en avait pas vu beaucoup, et rien que le nom de cette curieuse profession le portait à rire. Les spécialistes des pierres et métaux, c’étaient ceux qui les extrayaient, personne d’autre. Et qu’un petit homme de laboratoire vienne jusqu’ici pour vérifier la qualité de ses trouvailles avait l’art de l’énerver.
Aussi, comme pour se venger de cet homme qui le prenait de haut, Grisha ne manquait pas de lui rappeler qu’ici, il était chez lui. Et que chez lui, ce n’était pas adapté aux petits fainéants de l’Austrée. Car le Septrion était impitoyable. Soit on apprenait à y survivre, soit on se laissait lentement mourir, à petit feu. Rares étaient les familles de ce village qui n’avaient perdu aucun enfant dans les hivers rudes de la montagne. Ici, dans le nord, on était confronté à la dure réalité de la vie : fragile, et surtout passagère. Et ça, Grisha comptait bien le lui mettre dans le crâne. Cet homme n’était pas dans leur noble pays comme à la maison. Cet homme n’était pas leur supérieur. Seulement une fourmi, nouvelle venue de la fourmilière, qui ramperait comme les autres. Qui souffrirait comme les autres, car la nature ne pardonnait pas et ne faisait pas de différence entre les riches et les pauvres. Elle réduisait tout le monde à la même misère.
C'était la justice de la montagne, comme le jeune Kireïev aimait l'appeler. Elle ne trompait personne. Les plus forts survivaient, les autres, ils étaient bien vite réduits au néant. Et il lui tardait de voir combien de jour tiendrait cette demie-portion qui buvait tranquillement sa cervoise à ses côtés, insouciant.

Il ne se rendait pas compte.

Et c'était aussi ce que semblait penser sa jeune épouse de dix-huit ans. Une femme aux longs cheveux blond platine et aux grands yeux bleu. La pâleur de sa peau était presque maladive ; ses membres, très fins, parlaient d'eux-même. Dans un état de maigreur évident, elle portait pourtant un enfant qui arrondissait son ventre. Se déplacer était de plus en plus difficile à mesure qu'approchait le terme. Doucement, elle s'était approchée de la table à manger, pour finalement se laisser tomber dans un fauteuil un peu à l'écart.
L'homme, dont la peau brune contrastait considérablement avec la blancheur livide de sa figure d'ange décharné, parut un instant apitoyé. Il prit une énième gorgée de bière, et la désigna d'un petit signe du menton :

▬ Elle a quel âge ?

Grisha demeura silencieux, avant de jeter un regard inquisiteur à sa femme. Cette dernière sembla quelque peu effrayée, mais après s'être redressée, elle répondit d'une voix fluette :

▬ Dix-huit ans, Monsieur. Bientôt dix-neuf.

Le gemmologue hocha doucement la tête, avant de reporter son attention sur son ventre, démesurément grand et gonflé par rapport au reste de son corps.

▬ Vous n'êtes pas loin du terme, non ?

La jeune femme esquissa un léger sourire, mélange de pudeur et de fierté.

▬ Le bébé est prévu pour dans trois semaines.

Répondant timidement à son sourire, l'homme baissa vite les yeux sur sa chope, comme pour taire ce malaise qui venait d'envahir son visage. Même à Salva, il était rare de croiser une femme mariée aussi jeune. Et à voir le climat glacial qui régnait dans la maison, il se doutait bien que cette union ne s'était pas faite par amour. Aussi préféra-t-il finir sa boisson plutôt que de poursuivre la conversation. Sa femme, lui, il s'était mariée avec elle à ses vingt-trois ans. Ils avaient tous les deux le même âge et se connaissaient depuis longtemps. Mais au fond, il n'était pas vraiment étonné. On l'avait prévenu que Venyys n'était pas un village avant-gardiste ; au contraire, tous ceux qui y mettaient les pieds avaient l'impression d'être ramené vingt ans en arrière.
Que penserait Laïka de cet endroit lorsqu'elle le rejoindrait dans quelques mois ? Sans doute serait-elle frigorifiée par tant de misère. Chez eux, ils n'étaient pas habitués à cette vie sévère… Et savoir qu'il resterait ici un peu plus d'un an lui donnait la nausée.
Grisha parut se rendre compte de son trouble. Il aurait pu s'en délecter, mais il fut plutôt touché en plein ego. Fronçant légèrement les sourcils, il trouve bon de se justifier :

▬ J'ai demandé la main d'Irina il y a deux ans. On s'est marié l'année dernière une fois qu'elle a eu donné son accord. Nous n'avons que cinq ans d'écart. Il s'interrompit quelques secondes, se tournant vers son épouse. C'est notre premier enfant. On espère que tout ira bien. Il est difficile de protéger un nourrisson du froid par ici.

Irina baissa les yeux, un peu rouge. Elle acquiesçait doucement, partageant les même craintes que son mari. L'homme s'autorisa à sourire de nouveau ; il s'était peut-être trompé. Même si une pudeur étranges séparait encore ces deux-là, il percevait une certaine complicité. Ou du moins un fort attachement.
Aussi essaya-t-il de paraître le plus à l'aise possible, proposant une nouvelle approche, plus pacifique et amicale :

▬ J'espère voir votre enfant grandir dans les prochains mois. Ma femme aussi attend un bébé, mais c'est encore tout récent. Il tendit la main à son hôte d'un soir, celui qui l'avait accueilli un peu par hasard, ne se départant pas de sa rudesse et de ses préjugés sur le sud. Je m'appelle Baal, au fait. Enchanté.

Répondant à sa poignée de main avec force et conviction, désireux de lui montrer qui était le chef de la famille, le jeune Kireïev s'exclama à son tour :

▬ Grisha Kireïev. Je pense que nous avons encore beaucoup de choses à nous dire… J'avoue ne pas être partant pour qu'un type de l'Austrée mette son nez dans nos affaires, mais vous me semblez tout de même… Intéressant. Un rire gras et grinçant secoua ses épaules. Nous verrons, nous verrons…

***
~ 20 ans plus tard ~
▬ Hé ! C'est pas juste ! Tu as triché, rends-moi mon épée !

Le rire clair de Ioann résonna dans le hangar des Kireïev. Les joues rouges à cause du froid, l'enfant faisait tournoyer une lame en bois dans sa main gauche, tenant fermement la sienne dans l'autre.
D'un pas assuré, il s'avança au devant de son petit adversaire et pointa l'arme fièrement gagnée sous son menton.

▬ Pff… Arrête de pleurnicher ! T'as pas été assez rapide, c'est tout.

Négligemment, il laissa tomber l'épée à ses pieds, lui accordant une seconde chance, un petit sourire narquois étirant ses lèvres.

▬ Ton père a raison quand il dit que t'es trop faible et trop petit. Je n'ai pas eu de mal à te mettre par terre et à te désarmer ! Fais un effort, un peu.

Des larmes brûlantes perlant aux coins des yeux, Alexei lança un regard noir à son camarade de jeu, se relevant doucement et reprenant d'une main fébrile son arme, gisant dans la poussière de l'abri. Il épousseta son pantalon, rageur, et renifla avec colère.

▬ Pourquoi t'es méchant…? Tu me laisses jamais vraiment jouer avec toi… Sanglotant bruyamment, il laissa de nouveau tomber son jouet et vint cacher son visage entre ses mains. J-J'ai plus envie d'me b-battre maintenant… T-T'as t-tout gâché !

Ioann leva les yeux au ciel ; c'était à chaque fois la même chose. Ils jouaient à la demande d'Alex, et ce dernier, à la moindre contradiction, s'effondrait en larmes et criait au scandale. Soupirant, il posa à son tour son épée sur un tas de bois coupé, prêt à l'emploi, et rejoignit son camarade, caressant doucement ses cheveux.
Ils n'avaient que trois ans d'écart, tous les deux, mais il semblait au garçon de neuf ans qu'une montagne d'année les séparait. Alexei était tellement… Sensible, pleurnichard et douillet. Ce n'était pas pour autant qu'il détestait jouer avec lui, mais… Disons que c'était compliqué.

▬ Hé… C'est pas bien grave, d'accord ? Faut pas te mettre dans des états pareil. Je suis désolé de t'avoir fait tomber.

Pleurant plus fort encore, le jeune Kireïev repoussa violemment le bras de Ioann ; les larmes dévalant ses joues, il le fusilla du regard, poings et mâchoire serrés. La colère, et surtout l'orgueil blessé luisaient dans ses yeux gris perle, chose étonnante à son âge. On sentait dans son regard toute la douleur que lui infligeait cet affront, et bien d'autres encore : de petites blessures accumulées avec le temps. Autant de cicatrices, pour certaines encore fraîches, qui lui forgeraient ce caractère dur et difficile au fil des ans.

▬ Laisse-moi tranquille ! Je te déteste ! Finit-il par s'écrier, le visage de plus en plus humide et déformé par la haine.

Ioann l'observa s'enfuir en courant, secouant doucement la tête.

▬ Aah… Soupira-t-il. C'est toujours comme ça que ça se termine…

À présent – et il connaissait la chanson par cœur – Alexei irait pleurer dans les jupons de sa mère, lui contant sa mésaventure. Irina Kireïev, toujours très douce et pédagogue, essaierait tant bien que mal de le réconforter et de le faire relativiser. Puis, alerté par les sanglots stridents de son fils, Grisha arriverait en boitant dans la salle à manger, se laissant tomber dans le fauteuil devant la cheminée. Il grognerait un peu, et demanderait à son épouse de le faire taire. Comme rien ne fonctionnerait, il tirerait violemment Alexei à lui et l'accablerait de reproches. Le petit garçon se cacherait derrière sa chevelure blonde, baissant les yeux, honteux. Les larmes ne s'arrêteraient pas de couler pour autant, et son père, désormais de très mauvaise humeur, répèterait le refrain habituel, celui qui mettrait fin une bonne fois pour toute à ce dialogue sans intérêt :

▬ Alexei ! Qu'allons-nous faire de toi ? Tu couines tout le temps comme une petite fille ! J'ai assez de tes sœurs, crois-moi ! Grognement mécontent. Je ferai de toi un homme, que tu le veuilles ou non ! Regarde le fils de Baal : si seulement nous avions pu avoir le même, ça nous aurait épargné ces scènes ridicules ! Va dans ta chambre. Je t'ai assez vu pour aujourd'hui.

Souvent, Alexei protestait quelques instants avant de céder et de disparaître à l'étage, allant pleurer dans ses draps. Ce n'était pas rare que sa petite sœur de quatre ans vienne le réconforter à coup de câlins et de mimiques amusantes. Il n'y avait qu'Alina pour lui remonter le moral : c'était sa petite princesse, il l'avait toujours surprotégée. Un lien fort les liait désormais : dès que l'un des deux se sentait mal, l'autre accourait pour le réconforter. C'était une règle d'or. Mais la tâche était plus ardue pour la petite fille : Alex demeurait souvent de longues minutes inconsolable et il lui était même déjà arrivé de ne pas parvenir à lui redonner le sourire. Alors, l'enfant se mettait elle aussi à pleurer à chaudes larmes. Son frère la prenait finalement dans ses bras, les yeux encore humides, et la câlinait doucement jusqu'à ce que les deux se sentent mieux.

Mais Alina n'était pas la seule confidente d'Alexei. Il lui était déjà arrivé de venir trouver Ioann pour lui demander quelques conseils et se plaindre de son père, trop dur avec lui. Gentiment, le garçon aux cheveux bruns et à la peau mate l'écoutait d'une oreille attentive et le rassurait tant bien que mal. Lui-même craignait Monsieur Kireïev. Ses attentes étaient élevées, ses punitions parfois cruelles. Même s'il ne l'avouait jamais devant son petit camarade, il le plaignait beaucoup. Aussi, en gage de son amitié et de son soutien, il lui était arrivé de lui offrir quelques-uns de ses jouets pour lui remonter le moral. Une fois, il lui avait même donné une Pokéball ; c'était sa mère qui le lui avait confiée quelques mois plus tôt. Très abîmée, l'objet de capture ne fonctionnait plus depuis longtemps, mais il était toujours agréable de le prendre dans sa main et de rêver être un dresseur de talent. Un grand sourire avait alors illuminé le visage d'Alex : Ioann savait que le blondinet adorait les histoires de dresseurs. Dès que l'un d'entre eux mettait les pieds dans Venyys, il avait des étoiles pleins les yeux et l'observait de loin, enviant sa liberté et le lien qui le liait à ses fidèles pokémons. Aussi s'était-il jeté dans ses bras pour le remercier. Le garçon avait eu un petit mouvement de recul, étonné par tant d'affection venant de son camarade. Alexei avait souvent plus l'air d'un Medhyèna grognon que d'un gentil Nounourson.

***

Les Kireïev étaient bien connus des habitants de Venyys. D'aussi loin que les gens se souviennent, la famille avait toujours vécu dans cette petite ville malmenée quotidiennement par de puissantes tempêtes de neige. En soit, ils n'avaient pas volé leur petite célébrité. Yuri Kireïev, cinquante ans plus tôt, avait aidé à ouvrir une troisième mine, au nord de Venyys. C'était sans doute celle qui rapportait le plus d'argent à ce jour. Ses fils, Alexei, Grisha et Mikhail avaient à sa mort repris les affaires et contribué à faire tourner le commerce. Ils ne s'étaient pas plus enrichis que les autres, mais leur travail acharné leur avait valu bien vite la reconnaissance de tous. Malgré ces évidentes qualités, cette fratrie n'en restait pas moins accrochée aux vieilles traditions du nord. Les Kireïev étaient connus pour leur sens de l'honneur et leur fierté surdimensionnée. Ils ne juraient que par la force de l'homme et le courage des habitants du nord. Par ailleurs, leur père avait connu la guerre civile et leur avait de nombreuse fois conté de terribles histoires qui étaient restées ancrées dans leur mémoire. Dès lors, les trois frères avaient voué une haine à peine dissimulée pour tous les voyageurs originaires de l'Austrée. Néanmoins, Grisha avait surpris tout le monde en se liant d'une forte amitié avec un chercheur originaire de Solem, du nom de Baal. Ce dernier, forcé de s'installer à Venyys pour ses recherches, avait aménagé un peu à l'écart du village avec sa femme et leur nourrisson. Se révélant attentif et généreux, le cadet des Kireïev leur était plusieurs fois venu en aide, leur apportant souvent de quoi survivre au froid polaire du Septrion.
Ses deux frères avaient dans un premier temps vu cette relation d'un mauvais œil, mais ils s'en étaient finalement accommodé, invitant même de temps à autre cet homme au teint ensoleillé à leurs repas de fin d'année.

Troublant cette harmonie qui s'était installée au sein de la famille, Alexei, l'aîné, était mort quelques semaines avant la naissance du troisième enfant de son petit frère, Grisha, écrasé par une avalanche alors qu'il partait au travail. Cette nouvelle dramatique avait ébranlé tout Venyys ; d'énormes funérailles avaient été organisées en son honneur. Irina, la femme de Grisha, touchée par la disparition de ce beau-frère qu'elle appréciait malgré son fort caractère, avait promis à son mari de lui rendre hommage en donnant son nom à leur futur enfant. Le jeune Kireïev, né au début du printemps, fut ainsi nommé Alexei sans plus d'hésitation.
Si Mikhail n'avait jamais trouvé femme à son goût, Grisha avait déjà deux grandes filles, de vingt et quinze ans : Lara et Masha. Il les aimait comme la prunelle de ses yeux, mais les années passaient et il avait dû se confronter au mariage de l'aînée, à contre-cœur. Malheureusement, c'était une règle d'or dans le nord. On ne pouvait pas garder ses filles éternellement à la maison : on n'avait pas les moyens de subvenir à leur besoins. C'était donc par nécessité qu'il avait cédé sa main à un jeune homme tout droit venu de Belagora, duquel sa grande fille s'était visiblement amourachée. Lara était donc partie vivre dans la capitale du Septrion, bien contente de quitter le triste quotidien de Venyys. Alexei n'avait que deux ans à cette époque, et Masha, attristée par le départ de sa grande sœur, s'était attachée à cet enfant dont elle s'occupait avec beaucoup d'amour tous les jours. Malgré les nombreuses protestations d'Irina qui était désormais âgée de quarante ans, Grisha avait refusé d'inscrire leur petite fille au lycée d'Edelsten. Il ne voyait pas d'intérêt à ce qu'une femme aille aussi loin dans ses études, tant qu'elle savait lire et écrire. Aussi s'était-il mis en tête de la marier à son tour. Son épouse, bien décidée à repousser cette échéance, avait trouvé un petit travail d'épicière à sa fille, qui eu tôt fait d'écouter ses conseils et de s'éclipser tous les jours pour apporter son aide financière à la maison.
Elle ne fut pas de trop.
Trois ans après la naissance d'Alexei, une petite fille vit le jour un matin d'hiver. Arborant les traditionnels cheveux platine de la famille, elle rejoignit les rangs des Kireïev, au grand damn de son père qui avait espéré un deuxième fils… Grisha n'était pas dupe : il savait bien qu'Alina serait leur dernier enfant. Aussi plaça-t-il à compter de ce jour tous ses espoirs en Alexei, qui devrait, plus tard, perpétuer son nom et reprendre les affaires de la maison.

Mais le petit garçon n'avait cessé de décevoir son père.
À côté, les enfants de son ami Baal, tous des petits bonhommes, se montraient bien plus dignes de travailler à la mine et d'extraire les pierres précieuses qui permettraient au Septrion entier de subvenir à leur besoin. Irina lui répétait souvent que leur fils était trop jeune pour tirer des conclusions hâtives. En effet, à peine âgé de six ans, l'enfant était tous les jours persécuté par son père qui le noyait sous les reproches. Ses sanglots résonnaient dans toute la ville et attristaient profondément Masha qui ne cessait d'offrir de petits cadeaux à son frère pour lui remonter le moral.
Elle lui répétait souvent de ne pas tenir cas de Grisha ; ses sautes d'humeur étaient de plus en plus fréquentes à mesure que son âge avançait. Désormais, quarante-six longues années de vie dans le nord pesaient sur ses épaules rouillées. Travailler à la mine devenait de plus en plus compliqué : ses articulations le faisaient souffrir, et il s'était mis à boiter depuis peu. Le médecin, suite à une visite mensuelle, avait diagnostiqué un cas d'arthrose au genou droit et avait tenté de convaincre Grisha de prendre sa retraite. Ce dernier avait catégoriquement refusé : qui gagnerait l'argent pour manger, si ce n'était lui ? Masha et Irina l'avaient longtemps raisonné, assurant qu'à elles seules, elles pourraient à subvenir à leurs besoins, en vain. Même Baal, qui avait désormais la cinquantaine, avait proposé à son ami de lui verser une petite pension tous les mois… Mais quel Kireïev aurait accepté l'aide de ses femmes et d'un étranger ? Ce ne serait certainement pas lui. Jamais de la vie.
Ici, c'était l'honneur avant tout.

***

L'honneur, l'honneur…
Désormais âgé de neuf ans, Alexei en avait jusque là, de l'honneur. En trois ans, il s'était déjà endurci. Mais ce comportement beaucoup plus mesuré qu'il avait fini par adopter ne lui convenait pas et lui pesait énormément. C'était comme porter perpétuellement un sac de charbon sur ses frêles épaules. Alexei n'était encore qu'un enfant… Mais son père lui demandait de se conduire en adulte. Bien sûr, ce n'était pas possible. Le garçon avait des coups de mou, des coups de blues, et sa nature sensible revenait toujours à la charge, déclenchant le courroux du père Kireïev qui effrayait jusqu'à ses petits camarades de l'école primaire. Personne n'osait contester les paroles de Grisha. Aussi, tout le monde allait dans son sens et reprenait Alexei ; on lui reprochait ses larmes, ses craintes, ses caprices. Rien ne lui était facilement cédé ; seule sa grande sœur, Masha, prenait soin de lui et lui permettait d'être un enfant de neuf ans. Il y avait aussi et toujours Ioann, qui, désormais âgé de douze ans, revenait de temps à autre vers lui pour s'amuser un peu. Malheureusement, leurs trois ans d'écart se faisaient de plus en plus ressentir. Le fils de Baal entrait peu à peu dans l'adolescence et avait bien mieux à faire que de s'occuper du petit Kireïev. Et ça, il n'hésitait pas à le lui dire. À chaque fois, Alexei lui jetait un regard triste et haineux. Peu à peu, une profonde blessure transparaissait au fond de ses yeux bleu clair. Parfois, on ne voyait plus que ça.

▬ Je suis pas ton frère, tu sais. Lui répétait alors le préadolescent sur un ton supérieur et quelque peu méprisant, sans doute uniquement du à son âge. Tu n'as pas des amis, à l'école ?
▬ Tu sais très bien qu'ils ne veulent jamais venir à la maison ! Râlait son camarade, les larmes aux yeux, profondément blessé par ses paroles.
▬ C'est peut-être parce que tu pleures tout le temps comme un bébé ?
▬ C'est à cause de mon père ! Ils ont peur de lui !
▬ Tu sais, Alexei. Un jour faudra que t'arrêtes de rejeter la faute sur ton père. En plus, il n'a pas tord : tu agis toujours comme un enfant. C'est pas avec toi que ton nom pourra être bien défendu.

Alex n'était peut-être pas celui que Grisha attendait… Mais il avait pourtant hérité de la fierté naturelle des Kireïev. Aussi décida-t-il à compter de ce jour d'être le plus exemplaire possible. S'il avait un peu masqué sa sensibilité jusqu'à maintenant, sans même forcément s'en rendre compte, ce n'était que le début. Et ça, Alexei venait de se le promettre ; il ferait tout pour devenir le petit gars dur qu'attendait son père, que tout le monde lui reprochait de ne pas être. Il refusait d'entendre une fois de plus ces paroles qui lui faisaient si mal.
Sa grande sœur fut la première à s'apercevoir du changement ; elle s'en alarma dans un premier temps, et en toucha quelques mots à leur mère qui garda un œil attentif sur lui. Puis, au fil du temps, elle accepta de croire à une transformation naturelle : son petit frère grandissait. Il approchait les dix ans et prenait du plomb dans la cervelle.
Peu à peu, Alexei s'éloigna aussi d'Alina, qui comptait pourtant beaucoup à ses yeux et avec laquelle il avait pris l'habitude de passer du temps. Seulement, jouer avec une petite fille ne l'aiderait pas à devenir l'homme qu'attendait son père. À présent, il ferait tout pour être le plus masculin possible. Ou du moins, tout pour correspondre aux modèles virils de Venyys, et Arceus savait au combien ils étaient nombreux dans cette ville minière.

Cette décision changea sa vie le temps de quelques mois. Travaillant sur ses sentiments toujours à fleur de peau, Alexei parvint à s'attirer les faveurs de son père. Grisha s'adoucit considérablement à son égard, et lui accorda une attention qu'il n'avait jamais eue jusqu'à présent. Il partagea avec lui ses rêves de jeunesse et ses objectifs futurs. Il lui parla de ce Pokémon qui l'avait accompagné les trente premières années de sa vie et qui était finalement parti rejoindre Arceus. Avec lui, il avait un jour pensé partir à l'aventure, mais son devoir l'avait appelé à Venyys, et, à l'époque, les dresseurs Pokémons étaient beaucoup moins nombreux et moins soutenus.
Bientôt, Alexei perçut son nouveau comportement comme la clé d'un quotidien meilleur. Bien qu'agir de cette façon lui coutât bien des efforts, il accepta de faire ce sacrifice pour profiter de l'amour de son père auquel, jusqu'ici, il n'avait jamais eu droit.
Irina, bien que sceptique au début, vit ce changement d'un bon œil et y trouva une grande paix qui lui convint parfaitement. Depuis quelques temps, elle se sentait un peu faible, mais elle ne s'en inquiéta pas. Après tout, l'hiver revenait à grand pas et était épuisant pour tous les habitants de Venyys, chaque jour confrontés aux caprices de la nature. L'épouse de Grisha avait toujours été d'une santé fragile. Aussi était-elle certaine que tout s'arrangeait d'ici quelques semaines.

***

Peu avant les fêtes de fin d'année, Lara revint visiter sa famille avec son mari. Enceinte de deux mois, elle annonça la bonne nouvelle à ses parents qui la felicitèrent chaudement. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas vu Alexei. Si longtemps que le garçon se contenta de l'embrasser à la demande d'Irina, sans plus d'effusion. Sans doute écrasée par la culpabilité, l'aînée de la fratrie proposa à Masha et à son petit frère de passer la voir chez elle, à Belagora. Si Grisha mit directement fin à tout espoir de quitter Venyys, son épouse parvint à négocier pour ses enfants.
L'excitation s'empara du garçon qui eut du mal à contenir un grand sourire. Il n'avait jamais visité le Septrion, et se rendre à Belagora était un rêve qu'il n'avait espéré réaliser un jour. Son père lui avait conté les beautés de cette immense capitale, mais aussi la technologie qui s'y développait. Les habitants de Venyys ne bénéficiaient pas de ces améliorations : le signal ne passait pas, par ici. Lui proposer un voyage pour Belagora, c'était comme lui promettre le Graal. Une nouvelle ouverture sur ce monde dont il ignorait tout.
Bien sûr, quitter Venyys avait un coût : si Masha et lui désiraient rejoindre l'extrême nord sans l'ombre d'une dépense, ils devraient traverser les plaines cristal qui s'étendaient sur plusieurs kilomètres à la ronde. Des tempêtes de neige saupoudraient le pays tous les jours, et Masha n'avait qu'un Pokémon pour se protéger. Grisha décida donc de ne pas prendre le risque et autorisa à contre cœur l'achat d'un vol pour Belagora.
Il y avait toujours un Corvaillus de disponible, à Venyys. C'était le seul oiseau capable de résister au froid polaire de la région ; transportant une petite cabine, la créature transportait ses passagers à travers toute la région à la force de ses ailes, aiguillé par son pilote, couvert de la tête aux pieds.
Alexei eut des étoiles dans les yeux lorsqu'il fit la rencontre de ce dernier. Âgé d'une trentaine d'année, l'homme qui assurerait leur vol pour le nord du Septrion était un grand gaillard solide, habitué aux froids glacials de Venyys. Il avoua avoir été ranger quelques années plus tôt et s'être reconverti dans le transport aérien par passion. Rudement équipé, il les fit monter dans sa cabine matelassée, et le Corvaillus décolla pour s'envoler dans le ciel immaculé de ce début d'hiver.

Masha était partie inquiète. L'état de leur mère empirait de jour en jour ; une toux sèche s'était ajoutée à des migraines interminables qui la forçaient à rester à l'intérieur toute la journée, dans la pénombre. Lara s'était également rendue compte de la situation, et en parla à demie-voix avec sa sœur durant le trajet. Se faisant tout petit et discret, Alexei écouta attentivement la discussion de ses sœurs ; il ne comprit qu'un mot sur deux, mais ce qu'il entendit eut don de l'angoisser. On redoutait qu'Irina ait attrapé une maladie incurable qui sévissait dans le Septrion. Une grippe qui durait plusieurs semaines et épuisait le malade.
Le garçon se mordilla un moment la lèvre inférieur, sentant la culpabilité et le regret le prendre à la gorge : il aurait peut-être dû rester…? Ne pas partir et veiller sur sa petit sœur ? Il l'avait laissée seule avec leur mère malade et leur père éreinté par le travail. Certes, Alina approchait désormais les huit ans, mais c'était encore une petite fille.
Sa petite princesse. Il n'aurait pas dû la laisser seule, confrontée à cette nouvelle épreuve.
Il hésita un instant à partager ses doutes avec Masha, mais il se rappela sa promesse : non, ce n'était pas maintenant qu'il allait renouer avec ses peurs incessantes et sa sensibilité sans limite. Il resterait fort, inébranlable. C'était ce que ses parents voulaient après tout, non ?

Les deux semaines passées à Belagora firent office de révélation pour Alexei. À peine atterrirent-ils qu'il eut des étoiles plein les yeux : tout était immense et clair. Absolument magnifique. Les bâtiments, d'un blanc pur, étaient admirablement construits, dans cette architecture traditionnelle qui faisait tout le charme de la capitale du Septrion. Cela changeait des vieilles maisons de mineur de Venyys, toutes grises et rabougries, écrasées sous des mètres et des mètres de neige. Et puis, au-delà de cette différence physique, l'ambiance était en tout point différente. On ressentait une étonnante joie de vivre, par ici. Les rues étaient constamment animées, les passants se promenaient dans la ville à toute heure… Il y avait beaucoup de monde, et ce changement brutal laissa le garçon complètement groggy. Inconsciemment, il se colla contre sa grand sœur, presque effrayé par tout ce remu-ménage. Masha sourit tendrement et passa un bras autour de ses épaules. Elle retrouvait bien là son petit frère d'autrefois. Elle ne fit aucune réflexion ; à vrai dire, elle l'avait toujours préféré comme ça.
Lara, elle, pendue au bras de son mari, l'observait du coin de l'œil. La dernière fois qu'elle avait bu son seul et unique petit frère, il devait avoir huit ans. C'était un petit gaillard, tout fin, mais au visage d'ange. Ses cheveux blonds platine étaient les même que ceux de toute la famille ; ses yeux, d'un bleu acier, étaient sans doute les plus froids et perçants d'entre eux. De temps à autre, Alexei la dévisageait à son tour, le regard méfiant. Elle lui souriait pour tenter de dissiper le malaise qu'il y avait entre eux, en vain.

▬ Tu ne m'aimes pas. Avait-elle dit au terme du second jour passé dans son appartement familial.

Alexei avait lancé un coup d'œil à Masha, désarçonné, mais cette dernière ne lui était pas venue en aide, le laissant se débrouiller avec leur grande sœur.
Alors, timidement, le blond avait tenté un argument, qui, au fond, ne pouvait être plus vrai.

▬ C'est surtout que je ne te connais pas. Son regard s'était fixé sur le visage de Lara, plus perçant que jamais. Il n'y avait aucune animosité au fond de ses yeux ; seulement une pointe insolente. Une petite lueur qui s'accentuerait au fil du temps.
▬ J'aurais dû revenir plus souvent, c'est vrai. Avait avancé la jeune femme, mal à l'aise. Mais tu es quand même mon petit frère. J'aimerais passer un peu de temps avec toi… D'ailleurs, j'ai été étonnée de retrouver un garçon aussi sérieux et sage. Je me souviens d'un enfant turbulent et très câlin.

Bombant légèrement le torse, Alexei prit un air quelque peu condescendant.

▬ J'ai grandi. Affirma-t-il. Je ne suis plus du tout le même.

Les deux sœurs échangèrent un petit regard amusé.
Ça oui, Alex avait grandi. Peut-être trop d'ailleurs ? Il était difficile de voir un petit garçon de presque dix ans dans ses propos. Il paraissait toujours très grave et raisonné. Retenu par une pression invisible, une censure qu'il s'auto-imposait. Masha avait expliqué à Lara les longues remontrances de leur père à l'encontre de leur petit protégé. La jeune femme avait lentement acquiescé : ça ne l'étonnait pas plus que ça. Grisha avait toujours attendu un garçon, et il ne laisserait certainement pas passer sa chance d'en faire son digne héritier. Et, à vrai dire, Alexei lui ressemblait sur bien des points. Son regard, qu'il voulait dur, abritait pourtant une grande douceur et magnanimité. D'ailleurs, le petit garçon devenait tout doux au devant des Pokémons qu'il croisait. Il jouait toujours avec le Nymphali de Masha, et faisait preuve d'une grande maturité et tendresse à son égard. Bien sûr, quand on le surprenait, il redevenait sévère et droit. Et surtout, il ne fallait pas le taquiner à ce sujet, sous peine d'être confronté à une moue de plusieurs heures.

Pour lui faire plaisir et surtout renouer avec lui, Lara eut l'idée de l'amener à un petit tournoi qui avait lieu au grand complexe, fraîchement rénové. Au summum de la modernité, ce grand stade accueillait le temps d'un court week-end des stars venant du monde entier. Ces dresseurs, pour la plupart titrés dans leur région natale, comptaient bien en découdre et décrocher une nouvelle coupe qu'ils ajouteraient plus tard à leur palmarès. Certains champions de Salva étaient montés dans le nord pour l'occasion.
Alexei fut impressionné par la quantité d'écran dans le stade qui rediffusaient en direct les combats en cours. Et il fut d'autant plus absorbé par la violence des joutes, la beauté des pokémons en action, et la maîtrise des différents dresseurs. Sans doute ce tournoi fut le déclencheur de ce rêve qu'il ne lâcherait plus tard pour rien au monde. L'idée de devenir à son tour un dresseur Pokémon, comme son père l'avait souhaité plus jeune, germa réellement dans son esprit. S'il garda ce souhait profondément enfoui en lui, il refit surface un peu plus tard, plus fort que jamais.

***

De ses dix ans, Alexei ne se souvient pas de grand chose. Beaucoup de malheur, surtout. Beaucoup de sentiments à refouler ; peut-être trop.
Au début du printemps, Irina, qui avait atteint un état de souffrance insoutenable, quitta la famille au terme d'un dernier souffle rauque et douloureux. Ce fut Alina qui découvrit sa mère inerte, sous les draps, les joues creusées par de longues semaines de calvaire. Ce fut en pleurs qu'elle vint chercher Alexei, tout juste rentré de l'école. Ce dernier ne trouva rien de mieux que de prendre sa petite sœur dans ses bras et de la bercer en silence, les larmes aux yeux. Perdre quelqu'un, ça faisait mal. Ça faisait très mal. Trop mal pour pouvoir le contenir. Il s'effondra dans contre l'épaule d'Alina, cachant son visage humide dans son cou, secoué par la honte et le chagrin.
Ce fut dans le froid que les deux enfants, après avoir séché leurs larmes, s'en allèrent cherché leur grande sœur, qui finissait sa journée à l'épicerie du coin. Sans doute Grisha était encore au fond de la mine, et personne ne pourrait aller le trouver.
Masha demeura stoïque et serra fort son frère et sa sœur contre son sein, désolée qu'ils aient eu eux-même à venir lui annoncer la triste nouvelle. Elle quitta son poste prématurément et s'occupa d'eux tout le reste de la soirée après avoir veillé quelques minutes le corps de leur défunte mère, le regard vide. Elle était consciente de l'état critique d'Irina. Sa disparition n'était pas une surprise, bien que la douleur soit grande ; elle ne la pleura pas le premier soir, désirant rester forte pour Alexei et Alina.
Sans doute fit-elle un bon choix car Grisha réagit d'une façon à laquelle personne ne s'attendait. Il tomba à genoux devant le lit de sa femme et pleura longtemps, très longtemps, tard dans la nuit. Cette situation laissa Alexei complètement désarçonné, et pourtant, pas une larme de plus ne coula sur ses joues. Du haut de ses dix petites années, il trouva son père bien faible et bien pitoyable. Alors il était comme ça, l'homme qui lui avait demandé de refouler sa sensibilité ? Une loque. Une honte. Écrasé par la colère, il se réfugia dans sa chambre, et ne dormit pas de la nuit, partagé entre rancœur et chagrin inconsolable.
Alina vint dans ses draps et s'assoupit contre lui, les joues luisantes, le visage fatigué.
En observant sa sœur dormir, le blond se demanda pourquoi il était si triste : était-ce la perte de sa mère qui le touchait, ou l'effondrement de cette figure paternelle forte, de ce pilier qu'il avait tant voulu égaler qui l'atterrait…?
Il ne sut dire. Et pourtant, cette question terrible le hanta encore des années plus tard.


Et sinon ?
QUI ES-TU DERRIÈRE TON ÉCRAN ?-

Un joli sobriquet ? Tilki ! Ou Alex, c'est comme que vous voulez  heart

Combien de printemps ? 18 patates  heart1

Comment as-tu trouvé notre cher forum ? Hmm… Il se peut que j'en sois à l'origine…?  feeling good

T'en penses quoi ? J'imagine… Qu'on a bien travaillé ? :3 ou du moins je l'espère  gêné

Ton poké préféré ? C'est une bonne question que tu me poses là jeune padawan. Je pense qu'à présent… c'est Salarsen aigüe **  yepyep

Dis-moi, n'as-tu pas trouvé quelque chose de bizarre dans le règlement ? J'y ai trouvé un Romain sauvage, me semble-t-il…  pervers

(c) Reira de Libre Graph'


Alexei Kireïev
Alexei Kireïev
Pas de compétence
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Feunar11It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Farfur11It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Ponyta11It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Fourbe10It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Croqui10

Pokédollars : 105
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Badge_31
Inventaire : - 1 Potion
- 1 Total-Soin
- 4 repousses
- 1 pokéball
- 5 dés d'or
- 4 super repousses

– Charme Chroma
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Miniature_Badge_Roche_RFVF
Alexei Kireïev
Dresseur arrogant ♥
Mar 10 Déc - 15:41   
HISTOIRE - PARTIE II
***

La mort d'Irina signa la descente aux enfers de toute la petite famille. Du jour au lendemain, tout s'écroula.
Bien sûr, ils n'avaient jamais volé bien haut ; les revenus de Grisha, de sa femme et de leur fille étaient assez modestes, mais jusqu'à maintenant, tout le monde avait pu manger à sa faim. Sans doute auraient-ils pu s'en sortir avec deux salaires, mais ça, personne n'eut su le dire, car Grisha tomba dans une profonde dépression les mois qui suivirent le décès de son épouse. Il sombra dans un chagrin terrible qui le força à arrêter son travail à la mine. Alexei, Alina et Masha assistèrent à cette dégringolade les bras ballants, complètement impuissants. La jeune femme essaya bien de faire appel à Baal pour remonter le moral de leur père, mais rien n'y fit. Le grand et solide monsieur Kireïev était juste devenu un vieil homme mâché et blessé par le temps, trahi par la vie.

Les premiers temps, tout le monde se débrouilla comme il put. Comme tiré vers le haut, à la place du chef de famille, Alexei fit de son mieux pour accompagner sa petite sœur tous les matins à l'école avant de lui même se rendre collège. Masha, quant à elle, assura son travail d'épicière ainsi que les repas à la maison, s'occupant de son père et des enfants le soir. Puis, au fil des semaines, tout le monde s'épuisa. Alexei fut plusieurs fois repris pour son comportement agité et indécent en classe, Masha ne parvint presque plus à se lever pour partir au à la boutique le matin. Tout se déréglait, tout devenait un casse-tête insoluble.
Aussi, devant l'inaction de son père, au fond du trou, la jeune femme se résolut à confier son frère et sa sœur à Baal, résignée. Alina pleura beaucoup cette décision. Alexei demeura profondément vide. Il ne réagit pas au choix de sa sœur ; en fait, tout cela lui était égal. Il ne pourrait y avoir rien de pire que ces derniers moi vécus dans cette ambiance de salle mortuaire. Tout, absolument tout était devenu gris, insipide. Et désormais, il ne devait plus s'efforcer d'être dur, solide, inébranlable. Les sentiments s'étaient d'eux-même volatilisé. La joie, la peur, la tristesse… Il ne ressentait plus rien de tout ça… Ou alors, juste de petites impression, toutes petites, comme enfouies au plus profond de son être.

Baal couvrit les enfants de son meilleur ami d'affection ; il fit tout en son pouvoir pour les faire se sentir bien, à leur place chez lui. Désormais, ses deux fils aînés étaient partis dans le sud avec leur mère à qui la chaleur du soleil avait terriblement manqué. Il n'y avait plus que Ioann, qui, du haut de ses quatorze ans, avait pris du plomb dans la cervelle. L'adolescent s'efforça de se rapprocher d'Alexei, mais ce dernier le rejeta, préférant sa solitude au soutien de son ami d'enfance. Son père s'inquiéta de ce mutisme et de ce manque de joie de vivre ; aussi força-t-il le fils de Grisha à aller voir le médecin. Ce dernier avança un trouble de stress post-traumatique après s'être entretenu avec Alexei.
Cette période de silence et d'insensibilité profonde dura quelques mois, plus ou moins marquée. Puis, un jour, l'un des frères de Ioann revint de l'Austrée et confia à son petit frère pour ses quinze ans un petit Pachirisu très affectueux. Comme apaisé par la présence de Pokémon, Alexei sembla se détendre et se relâcher. Il craqua quelques jours après, s'effondrant en larme alors qu'il était en train de jouer avec Ioann et son nouveau petit compagnon.

▬ Fallait que ça sorte, hein ? Lui murmura son camarade après l'avoir serré fort dans ses bras. Hey… C'est fini, maintenant, d'accord ? Chut, tout va bien.

Le blond sécha vite ses larmes, un peu honteux, mais profondément soulagé. D'un seul coup, il lui avait semblé que tous ses sentiments étaient revenus à la charge, plus forts que jamais. Il respira profondément, tentant de se calmer.
Oui, tout irait bien, à partir de maintenant, n'est-ce pas…? Il allait bientôt avoir douze ans : la vie lui souriait. Il allait grandir, devenir fort, beau ; il se trouverait une jolie fille, et rendrait hommage à sa mère… Et il ferait la fierté de ce père qui les avait d'un seul coup abandonnés, lui et Alina. Alors, Grisha se sentirait coupable et lui demanderait pardon. Ce serait le plus beau jour de sa vie.

Ces résolutions, qui lui parurent tout à fait plausibles et idéales sur le moment, devinrent pourtant une hantise un an plus tard.

***

Avec le temps, Grisha reprit du poil de la bête. Mais, touché dans son ego, il eut bien du mal à remercier Baal pour ses services ; ce fut Masha qui le força à se rendre chez son ami pour récupérer sa progéniture et lui offrir quelques bouteilles de vin qu'il avait jusqu'ici conservées dans la cave familiale. L'homme du sud tapota gentiment l'épaule de son vieil ami, comme pour le rassurer.
Si Alina fut ravi de revoir son père et sa grande sœur, au point de se jeter dans les bras de Grisha, Alexei, lui, demeura caché derrière Ioann, qui observait la scène de loin, avec méfiance.
Évidemment, il n'était pas des plus discrets, et Baal eut tôt fait de le remarquer :

▬ Alexei. Viens voir ton père.
▬ Alexei, nous rentrons. Reprit Grisha en echo, la voix cassée et vacillante.

S'avançant doucement, le garçon sentit les larmes lui monter aux yeux. Ce n'était pas de la joie comme sa sœur ; ce n'était pas non plus de la tristesse à la vue de ce père affaibli et vieilli. C'était de la colère. De la pure colère qui serrait violemment sa gorge et lui donnait envie de s'enfuir en courant.
Pourtant, il demeura silencieux, et adressa seulement un petit sourire à Ioann, qui le couvait d'un regard inquiet :

▬ À-À la prochaine… Merci pour tout.

Le sourire que lui rendit le garçon manqua de le faire rougir, mais il détourna vite le regard, et, reprenant un air fier, il rejoignit Alina, ignorant son père et Masha. Doucement, il entoura les épaules de sa petit sœur d'un bras tendre, et embrassa le sommet de son crâne avant de jeter un regard noir à Grisha. À présent, il ne lui ferait plus jamais confiance, et il voulait que sa petite sœur comprenne qu'il était là pour elle, peu importe ce qui pouvait arriver dans la futur.

Le retour à la maison familiale fut assez morbide. Rien n'avait changé, si ce n'était la chambre parentale qui avait été débarrassée des biens de leur mère. Alexei reprit ses quartiers, bien décidé à faire sa vie de son côté. Il était enfin tombé dans le chaudron de l'adolescence, et cela ne l'aidait pas à pardonner son paternel. Masha essaya bien de le raisonner, mais il n'y eut rien à faire. Le blondinet demeura fermé à tout dialogue, toute excuse : si Grisha était incapable d'être l'homme de cette maison, alors lui, Alexei, endosserait ce rôle. Il veillerait sur Alina.
Seulement… Seulement il avait le cœur lourd. Son départ de la maison de Baal ne l'avait pas vraiment touché ; c'était une étape comme une autre. Un retour aux choses normales… Il fallait bien que ça arrive un jour. Mais Ioann lui manquait. Il lui devait son rétablissement, cette assurance qu'il avait gagnée tout au long de cette année passée loin de sa famille. Le garçon s'était occupé de lui, l'avait considéré comme son petit frère… Et à présent, il n'avait envie que d'une seule chose : le revoir.
Au fond, c'était plutôt normal et prévisible. C'était ce qu'il aimait se répéter… Mais il savait très bien qu'il y avait autre chose.
Son corps avait commencé à changer. Il avait un peu grandi, sa musculature commençait à se développer. Mais il n'y avait pas que des transformations physiques… Des envies naissaient également dans son bas-ventre, gonflaient sa poitrine. De petites pulsions. Encore une fois, rien de surprenant. Mais ces envies-là, elles étaient différentes de celles de ses camarades d'école, Alex en était certain.

À l'approche de ses treize ans, les garçons avec qui il traînait commençaient à s'intéresser aux demoiselles de leur classe, à dresser des classements… Et lorsqu'on lui demandait son avis, le blond ne trouvait rien de mieux que de hausser les épaules. Non, il ne trouvait pas Katarina spécialement plus jolie que les autres… Et non, il ne rêvait pas de l'embrasser. Et quand on lui disait qu'il n'avait aucun goût, il haussait de nouveau les épaules, perplexe. Peut-être…? Ou était-ce autre chose…?
Un soir, il s'était allongé dans son lit, fixant le plafond grisâtre de sa chambre, et il avait longuement réfléchi. S'il n'avait pas envie d'embrasser Katarina, de la serrer dans ses bras… Qui avait sa place dans son cœur ?
La réponse lui avait fait monter le rouge aux joues.

Alina était entrée dans la chambre, à ce moment-là. Un petit sourire aux lèvres, elle lui avait posé la seule question à laquelle il ne voulait pas répondre :

▬ Bah Alex ? Tu te sens pas bien ? Pourquoi t'es tout rouge…?

Un grognement avait fait office de réponse, accompagné de quelques mots désagréables qui firent fuir la jeune fille.

▬ T'occupes. Tu veux pas aller voir ailleurs si j'y suis ?

L'enfant gonfla ses joues, vexée.

▬ Tu deviens vraiment méchant, toi aussi !

Alexei l'observa partir en trottinant, une petit moue boudeuse à la figure. Puis, complètement désemparé, il enfouit son visage dans son oreiller. Le pire, dans tout ça, c'était que ses envies s'étaient réveillées, précisées dans son bas ventre. Le blond eut les larmes aux yeux, la panique le prenant à la gorge et faisant taire toute autre sensation dans son corps : mais qu'allait-il devenir…? Ce n'était pas possible. Tout simplement pas possible.
Son père, s'il s'en rendait compte par n'importe quel moyen, l'étranglerait de colère.
Son fils ne pouvait pas aimer un homme. C'était inconcevable, honteux.
Et c'était justement pour cela qu'il allait, une fois de plus, s'efforcer de contenir ces vilains sentiments. C'était sans doute les plus dangereux de tous ; ceux qu'il ne devrait laisser transparaître pour rien au monde.

***

En un certain sens, la fortune sourit à Alexei. S'il contint ses émotions à chaque sortie avec Ioann pendant plusieurs mois, ce dernier finit par lui faire une annonce pour le moins surprenante.
C'était une après-midi d'été ; les températures avaient sensiblement augmenté, à Venyys. La neige était un peu moins épaisse et quelques rayons de soleil pointaient timidement le bout de leur nez.
Ioann avait décidé de promener son petit Pachirisu dans le village, sous les yeux envieux d'Alexei. Au fur et à mesure que le temps passait, sa volonté de devenir un jour dresseur de Pokémon revenait à la surface. Lara, lors d'une récente visite, lui avait offert un poster du nouveau vainqueur du tournoi de Salva, et il avait à plusieurs reprises rencontré le champion de Venyys. Seulement, personne ne lui offrirait de Pokémon, ou du moins pas de sitôt. Il savait que s'il venait à travailler à le mine, on lui confierait une créature pour améliorer ses rendements, mais Alex se rendait peu à peu compte qu'il n'était pas fait pour cette carrière. L'état déplorable dans lequel était son père lui faisait peur… Et mieux encore : il était tout maigrichon, quoi qu'il fasse, quoi qu'il mange. C'était sa morphologie. Au fond, elle ne le dérangeait pas trop ; il trouvait cette délicatesse quasi féminine presque séduisante… Mais les autres garçons se moquaient de lui. Même Grisha avait commencé à s'inquiéter quant à sa croissance. Il était vrai que sa petite sœur commençait à le rattraper, et ça, ce n'était pas rassurant.
Alors, la carrière de dresseur devenait de plus en plus évidente à ses yeux. À vrai dire, c'était une solution échappatoire. Elle lui permettrait de visiter la région, de se tirer des griffes de son père… S'il était moins cruel qu'autre, il le voyait observer les jeunes filles du village, jauger celle qui ferait une bonne épouse… Et Alex, décidément, ne voulait rien de tout ça. Il ne laissait rien paraître, bien sûr, mais il ne voulait pas se marier. Jamais il ne serait capable de faire semblant d'aimer une femme, et ça, à mesure que le temps passait, qu'il grandissait, ça devenait une évidence.
Sans doute Ioann dut remarquer son air jaloux et incertain, car il se mit à rire. Alexei rougit un peu, mais cacha bien vite son visage dans son écharpe :

▬ Qu'est-ce que t'as ? Tu fais une drôle de tête. S'enquit son aîné de trois ans.

Le blond reporta son attention sur le Pachirisu qui jouait plus loin dans la neige, le nez toujours enfoui dans ses vêtements.

▬ Je… Hésita-t-il un instant avant de se reprendre, secouant la tête. Je me disais juste que j'aimerais moi aussi avoir un Pokémon. Mais mon père ne m'en offrira pas un.
▬ C'est que ça ? Waw. J'ai cru que tu pensais à ta petite copine, j'te jure. Tu faisais une de ces tête…
▬ T'es vraiment débile.
▬ Raah, ça va. Le prend pas comme ça. Tu réagis toujours au quart de tour, hein ? Ça t'arrives de respirer, des fois ?

Ioann se plante devant lui et le força à sourire, riant aux éclats. Le cœur d'Alex fit un bond dans sa poitrine ; il le repoussa fermement, lui lançant un regard noir, les joues plus rouges que jamais.

▬ Arrête ! T'es chiant, là. Je t'ai rien demandé, moi.
▬ Heey, tu rougis Princesse ! Je te fais de l'effet, ou quoi ? Se moqua l'autre, hilare. Ton père serait pas content de l'apprendre !
▬ Lâche-moi, d'accord ?! Grogna Alexei, sentant la colère et la honte serrer sa gorge. J'ai pas envie de rire, là. Y'a rien de drôle.

Soupirant bruyamment, Ioann s'éloigna un peu et rappela son pachirisu qui escalada son dos pour se jucher sur son épaule. Puis, il se tourna de nouveau vers Alexei, et esquissa un petit sourire gêné.

▬ Bon, commença-t-il, hésitant. Je vais finir de plomber l'ambiance, alors. J'ai un truc à te dire, Alex. Je pense que… Ça ne va pas te faire plaisir.

De nouveau, le cœur du blond s'emballa. Est-ce que c'était… Ce à quoi il pensait…? Est-ce qu'il allait lui dire que… Lui aussi…
Non. Non, il se faisait des idées. Aussi retint-il le sourire qui était en train de se frayer un chemin sur son visage, et l'interrogea-t-il du regard, attendant la suite et respirant profondément pour tenter de calmer ses ardeurs.
Ce que Ioann lui annonça le laissa complètement désorienté.

▬ Je vais partir à la rentrée… Pour l'Austrée. Je vais faire une formation pour devenir Pokémon Ranger. Il fallait que je te le dise… Je le sais depuis quelques semaines, mais je n'arrivais pas à te l'annoncer. Je sais que je suis comme un frère pour toi, et que tu auras du mal à me pardonner.

Il y eut un silence. Deux regards. Celui inquiet et plein de culpabilité de Ioann, et celui complètement vide d'Alexei. Ce néant demeura quelques instants… Sans doute le temps de la réalisation. Et ce fut ensuite une vague de sentiments contradictoires qui se déchirèrent dans ses iris bleutés. De l'amour, beaucoup d'amour. De la colère. De la honte, mais surtout de la peine. Beaucoup de peine.
Le blond sentit les larmes arriver, mais il les ravala violemment, restant immobile, d'apparence imperturbable.

▬ C'est… C'est une blague…? Lâcha-t-il finalement d'une voix rauque et étouffée qui ne lui ressemblait pas.
▬ Alex… Tu devais bien te douter que je n'allais pas rester éternellement à Venyys. C'est un trou à ratata, ici. On peut rien y faire. Répondit l'autre, achevant de remuer le couteau dans la plaie. Et puis, en devenant ranger, je pourrais visiter la région. Je peux même te promettre de te rapporter un Pokémon pour tes dix-huit ans. Nous effectuons un stage, la dernière année.
La voix presque éteinte, Alexei effectua un petit pas en arrière, comme pour se protéger de la douleur qui ne cessait de l'assaillir et de le faire tant souffrir.

▬ Je vais… Je vais rentrer. Finit-il par dire, complètement désarçonné. La cage dans laquelle se débattaient toutes ses émotions était en train de partir en fumée. Un mal de cœur terrible rendait sa respiration saccadée. Il lui fallait disparaître. Vite. Sans attendre.

Alors, sans un mot de plus, sans un regard, il tourna les talons. Le piaillement étonné du Pachirisu acheva de le faire craquer, et ses pas mal-assurés se muèrent en une course effrénée. Il avait envie de disparaître vite, très vite de son champ de vision. De lui échapper, une bonne fois pour toute. Et pendant qu'il courait, crachant ses poumons, quelques larmes chaudes roulèrent sur ses joues rendues rouges par l'association du froid et de l'effort physique. Ce chagrin, d'abord silencieux, s'accompagna un peu plus tard de sanglot à peine étouffés, qui résonnèrent entre les murs des maisons.
Alexei accéléra encore, à en perdre haleine.
S'éloigner de cette ville maudite. S'éloigner de lui, de sa maison, de son père, de ses sœurs, de tous ces jugements qui lui tomberaient dessus aussi violemment qu'une avalanche si on le surprenait dans cet état.
Il finit par se perdre dans les landes enneigées adjacentes. Lorsqu'il fut seul, il s'arrêta de courir, et marcha quelques minutes, lentement, ses pas s'enfonçant dans l'épaisse poudreuse. Les larmes, désormais, coulaient à flot. Il ne voyait plus ce qu'il y avait devant lui, plus rien. Tout était flou, brouillé par ce chagrin, cette douleur qui le submergeaient.

//passage à caractère violent//


Respirant bruyamment, il finit par se laisser tomber dans la neige, enfouissant son visage humide entre ses bras. Là, il pleura encore longtemps, très longtemps, jusqu'à ce que sa tête lui fasse encore plus mal que ces sentiments si violemment avortés.
À vrai dire… Il n'avait pas ce chagrin à cause du départ de Ioann. Pas seulement. Il y avait tout le reste, tout ce mélange d'émotions, d'impressions, qui se mêlaient à ce puissant sentiment de trahison. D'abord, la colère. Yoann le savait déjà depuis longtemps, et il ne lui avait rien dit. Pire encore : il ne lui avait jamais parlé de son souhait de devenir pokémon ranger. Il avait tout manigancé dans son dos, sans lui demander son avis, sans se soucier de sa réaction. N'étaient-ils pas proches depuis ce qu'il leur était arrivé, à Alina et lui ? Visiblement pas. Alexei se sentait bête : il s'était trompé.
Ensuite, il y avait ce mépris, cet ego blessé. Ioann s'était moqué de lui. Il lui avait dit une chose horrible, seulement pour rire, mais qui n'était pourtant que trop vraie. Et ça, Alexei avait du mal à l'avaler. Était-ce la violence de cette blague qui lui faisait mal…? Ou le fait que son camarade ait visé juste ?
Enfin, le blond avait honte. Tellement honte qu'il aurait voulu disparaître six pieds sous terre, mourir instantanément. Quel genre de fils il était ? Quel genre de personne il allait devenir ? Ses pensées, ses envies, ses désirs… Tout était monstrueux, contre-nature, à vomir. Lui-même, il se dégoûtait. Il se dégoûtait et il ne voulait qu'une seule chose : museler ces horribles sentiments, cette horrible attirance. Pourtant, l'amour était plus fort que tout, et il était triste à l'idée que Ioann s'en aille pour trois longues années, tellement triste.
Et ce qui était le plus blessant, le plus douloureux, sans doute, c'était la non-réciprocité de ses sentiments. Car Alex le savait bien : Ioann n'était pas de ce bord. C'était une certitude.

Et lui… Il l'était, n'est-ce pas…? Plus que jamais. Et il ouvrait les yeux, aujourd'hui. Il se revoyait observer avec beaucoup d'insistance ce garçon de troisième qu'il ne connaissait que de nom. Admirer ses cheveux, la beauté de son visage, et même la cambrure de son dos. Oui, tout devenait clair, limpide. Et une terrible nausée le prenait à la gorge.
Il se laissa aller dans un buisson déplumé de toutes ses feuilles, crachant ses tripes, vomissant sa bile. Alors seulement, les larmes s'arrêtèrent. Serrant les dents, parcouru de spasmes douloureux, il se donna plusieurs coups de poing dans le ventre, l'estomac, comme pour dire à son corps d'arrêter ses bêtises.
Puis, une fois la crise passée, il se recroquevilla sur lui-même, tirant fort ses cheveux, au point de se faire mal, très mal.
Il se mit en colère, animé par une rage folle, une volonté d'aller au bout de ses limites, hurlant comme un demeuré au beau milieu de ce désert de neige, le paysage absorbant toute la force de ses cris pour les rendre inoffensifs, ridicules, étouffés. Et ce simple fait augmenta sa colère ; il s'époumona, toujours plus fort, jusqu'à se faire mal, jusqu'à en perdre la voix. Et lorsque plus aucun son ne sortit de sa gorge, ne franchit ses lèvres gercées, fendues, il demeura silencieux, le regard vide, perdu dans l'horizon.

***

Le départ de Ioann fut déchirant. Pourtant, Alexei refusa de le revoir ; se portant disparu chaque fois que le jeune homme approchait de chez lui, il parvint jusqu'à ce qu'il s'en aille. Alina, qui n'était pas dupe, se rendit bien compte que quelque chose de grave s'était passé entre eux. L'extinction de voix dont avait également souffert son frère suite à leur dernière entrevue lui avait aussi mis la puce à l'oreille. Grisha avait longtemps tanné son frère pour savoir la cause de ce mal soudain qui avait rendu son fils muet une semaine entière ; le blond était resté mutique. La jeune fille était rentrée du collège et avait découvert le vieil homme grognant dans son fauteuil, répétant que "ce gamin" le rendrait fou. D'ailleurs, Alexei refusa de se rendre à l'école pendant quelques jours, le temps que sa voix revienne. Masha lui fit plusieurs fois la morale, mais elle ne s'en tira qu'avec des regards noirs et des gestes impolis qui eurent l'art de la mettre en colère. Alina n'avait encore jamais vu leur grande sœur comme ça, et même Grisha en fut très étonné. Ce fut d'ailleurs ce qui le poussa à reparler à sa fille de mariage. Masha approchait sa vingt-neuvième année, et tout le village la considérait déjà comme une vieille fille, une viande avariée. Il était plus que temps pour elle de s'unir à un homme de Venyys ; bien sûr, le vieil homme avait déjà prospecté aux alentours, dans le dos de tout le monde : on n'arrêtait jamais les affaires. Un voisin avait accepté d'épouser sa fille, à condition que celle-ci emménage directement avec lui ; il était âgé de trente-huit ans et avait perdu sa femme deux ans plus tôt. La dote qu'il offrait était assez élevée, ce qui était assez inespéré.
Il y eut une longue et violente dispute qu'Alina décida de fuir en se réfugiant dans sa chambre, y retrouvant son grand frère, couché dans son lit, les yeux rivés au plafond.
Elle l'avait observé de longues minutes en silence, écoutant bien malgré elle ce qui se disait à côté. Les cours avaient repris depuis moins d'un mois, et Ioann devait partir le lendemain pour Woestan, tout au sud de Salva. La jeune fille était certaine que son frère n'irait pas lui dire au revoir, et, curieuse, elle se demandait quelle était la raison d'une telle décision. La voix du garçon allait mieux, bien qu'encore un peu cassée, ce qui ne faisait qu'accentuer son timbre naturel :

▬ Tu sais que Ioann part demain…? Avança-t-elle pour couper court au vacarme d'à côté et surtout au silence pesant qui régnait dans la chambre.
▬ Qu'est-ce que j'en ai à faire ? Répondit l'autre sur un ton amer après quelques secondes de réflexion.
▬ Vous n'êtes plus amis…?
▬ Je ne savais pas qu'on l'avait déjà été.
La petite soupira. L'état d'Alexei empirait de jour en jour, elle le voyait bien. Ses réponses étaient de plus en plus sardoniques, cyniques. Il n'avait pas décroché un seul sourire depuis au moins deux semaines… Et ses regards… Il n'exprimaient que mépris ou tristesse, la plupart du temps.
Venant s'asseoir à ses côtés, la jeune fille lança une nouvelle tentative, un peu plus risquée, cette fois.

▬ Tu dis n'importe quoi ! S'exclama-t-elle, feignant l'énervement. Vous vous êtes disputés, c'est ça ?

Le regard glaçant que lui lança son frère la fit frémir de la tête au pied.

▬ Et qu'est-ce qui te fait dire ça…? Demanda-t-il au bout de quelques secondes de silence pesant. Elle haussa les épaules.
▬ Tu as l'air tout le temps triste. Et puis… Ça expliquerait ton extinction de voix de la dernière fois… Non ? Il t'a dit quelque chose qui ne t'a pas plu…?

L'expression que prit Alexei la figea complètement. Cette lueur dans ses yeux pâles… Elle était tout bonnement effrayante. Comme s'il s'apprêtait à l'étrangler sur place. Mais il se contenta de se lever, la poussant pour libérer le passage et se dirigeant vers la porte.

▬ Putain ! On peut vraiment jamais être tranquille ici ! Tonna-t-il, sa voix montant de ton en ton, faisant écho aux protestations de sa sœur, de l'autre côté du mur. Vous voulez pas me lâcher ?! Juste… Me foutre la paix, une fois dans votre vie ! Merde !

Il claqua violemment la porte derrière lui, faisant trembler tous les meubles de la chambre et s'attirant les remontrances tempêtueuse de Grisha une fois à l'extérieur.
Alina demeura coite, recroquevillée sur son lit, complètement désemparée.

***

Masha fut contrainte de quitter la maison familiale dans les cinq mois qui suivirent sa discussion avec Grisha. Ce dernier la força au mariage sans qu'elle ne puisse rien y faire… Si Alina fut à cause de cette décision longtemps en froid avec son père, Alexei, lui, ne parvint pas à éprouver la moindre colère. À vrai dire, bien qu'il ne l'ait jamais avoué, il avait une dent contre sa grande sœur qui les avait abandonnés lui et Alina. Bien sûr, ce n'était pas une rancœur juste et réfléchie ; c'était une petite haine d'adolescent capricieux qui avait été balloté par une vie difficile.
D'ailleurs, il ne comprenait pas la passivité de Masha : à sa place, au lieu d'accepter de s'unir avec un inconnu, il aurait préféré s'enfuir de Venyys, partir dans Salva et s'installer ailleurs. Oui : dans ce genre de situation, il y avait toujours un plan B. Toujours un échappatoire.
Et le sien, si Arceus le voulait bien, serait de devenir dresseur Pokémon. Échapper au dictat de son père, fuir le danger, car il y en avait un. Alexei vivait désormais avec une épée de damoclès au-dessus de la tête. Si on avait le moindre doute quant à son orientation, on le rejetterait, on le moquerait, et peut-être même pire… Le blond ignorait quelle serait la réaction des gens ; s'ils se tairaient ou s'ils le harcèleraient. En tous cas, les jeunes de son âge ne laisseraient pas passer cette nouvelle comme ça. Ils lui feraient regretter d'être une créature aussi immonde. Car c'était comme cela qu'Alexei se considérait : comme un monstre, ni plus ni moins.
Il se détestait, et lorsqu'il se regardait dans un miroir, il n'avait envie que d'une seule chose : faire du mal à ce reflet qui osait ainsi le toiser.
Du moins, au début, c'était ce qu'il ressentait. Ce n'était qu'une pensée, fugitive… Puis, au fur et à mesure, cette pensée était devenue lancinante. Un désir. Le désir de souffrir. Peut-être pour oublier le temps de quelques minutes cette douleur mentale qui était désormais quotidienne.
Il haïssait cette ville, ces gens qui le descendraient au moindre écart, et ils se haïssait lui-même. Au fond, tous auraient raison de le rejeter ; il était tout ce qu'il y avait de pire. Comment disait-on, déjà ? Une pédale ? Oui, c'était bien ça. Une sale pédale. Et on lui avait appris à se moquer de ces personnes-là. À les détester. Alors oui, il méritait de souffrir. De payer pour ce qu'il était. D'autant plus qu'il comptait fuir ses obligations ; non, il ne supporterait pas de se marier avec une jeune fille qu'il connaissait à peine. C'était impossible.
Et travailler dans la mine… Ce n'était pas ce qu'il voulait. Il resterait coincé dans cette ville de malheur tout sa vie. Quelle horreur.
Et tous ces problèmes, ils se bousculaient dans sa tête, ils ne lui laissaient pas une seule seconde de tranquillité.

Tout commença comme ça. Sans plus de préméditation. Assis sur son matelas, seul dans la maison, sa sœur encore à l'école et Grisha au bar avec des collègues, il avait avisé un vieux couteau suisse, tout poussiéreux, posé sur une étagère. Il avait atterri là par erreur, au terme d'un repas qui avait mal tourné. Sans doute troublé par une dispute entre Masha et leur père ; Alexei avait pelé sa pomme de terre cuite sur son lit, avec ce couteau tout droit sorti des tiroirs de la salle à manger.
D'abord, il joua avec, le regard vide. Quand et pourquoi tout dérapa, lui-même ne pouvait pas l'expliquer. Au début, ce fut quelques entailles, pas vraiment profondes. Juste de quoi avoir mal ; car la lame était tranchante, et les plaies mettaient toujours un peu de temps à guérir, laissant de petites traces blanches et violacées sur ses avant-bras.
Puis, cette petite voix qui le poussait à se faire du mal exigea plus, exigea mieux. C'était presque addictif : voir le sang couler sur sa peau d'albâtre, ça le soulageait. Il pleurait, aussi, mais c'était de douleur, purement physique.
Ses cicatrices le grattaient, mais il faisait bien attention à les recouvrir. Personne ne devait savoir, sinon, on lui ferait la vie. Se faire du mal, c'était presque aussi tabou que d'être un homme attiré par les hommes… Et lui, il cumulait les deux, alors… 
Alors ça l'encourageait à continuer, à avoir toujours plus mal. Les plaies devinrent plus profondes encore et remontèrent le long de ses bras. Il y eut ensuite les cuisses ; quelques griffures tout au plus. Quelques marques blanches. Et un jour, Alex se fit peur ; le sang n'arrêtait plus de couler. Il tâcha de nombreux tissus pour arrêter cette petite hémorragie, et, en larmes, il décida de tout arrêter.
Mais il fut difficile de se détacher de cette lame qui lui faisait autant de mal que de bien. Ce fut comme une longue et lente désintoxication, accompagnée d'un terrible manque quotidien qui s'atténua au fil du temps.
Il se mit à courir pour se soulager, se vider la tête. Son père ne s'inquiéta pas de cette soudaine activité, imaginant que son fils désirait ressembler à ses voisin : devenir sportif et musclé.
Au fond, ce n'était pas une mauvaise supposition : courir, c'était se muscler l'esprit. Apprendre à avoir mal, mais simplement pour son bien.
Seulement pour son bien.

***

Somme toute, le temps passa. Ce fut long, ennuyeux, mais il passa.
Et à l'approche de ses dix-huit ans, Alexei fut certain d'une chose : bien qu'il fut en faute, il ne se laisserait pas faire. Il ne suivrait pas la voie toute tracée par son père. Premièrement parce qu'il n'en avait pas les épaules ; être mineur dans les mines du nord, c'était du suicide, surtout avec un corps aussi frêle que le sien. La nature l'avait fait comme ça, il n'y pouvait rien. Et malgré l'entraînement intensif qu'il avait suivi ces derniers mois, il n'aurait la force d'accomplir tout le travail qu'on attendait de sa part… Pourtant, après avoir aidé dans un café de la ville pour gagner un peu d'argent, Grisha, qui avait refusé de le laisser partir à Belagora pour ses études, lui demanda de s'engager à la mine et de prendre le flambeau. Il refusa, catégoriquement, pour la centième fois. Mais son père s'énerva plus que d'habitude, tempêtant des horreurs. Le blond ne courba pas l'échine. Il resta sur ses positions, et vit leur relation d'autant plus se dégrader.
Alina, quant à elle, était partie chez Lara. Cette dernière avait décidé de la tirer des griffes du père Kireïev en lui offrant un futur ; ses études, elle les suivrait. Jusqu'au bout. Et elle ne se marierait que lorsqu'elle aurait un bon travail. C'était une chance, une chance qu'Alexei ne pouvait s'empêcher de jalouser.
Depuis quelques temps, il économisait pour s'acheter une pokéball. Tout l'argent qu'il avait gagné partait dans les dépenses primaires… Mais il gardait quelques pokédollars dans l'espoir d'un jour pouvoir attraper son premier pokémon et fuir cette ville de malheur.

C'était sans compter une vieille promesse, énoncée du bout des lèvres des années plus tôt. Au début du printemps, une figure du passé, qu'il avait voulu oublier, en vain, refit son apparition. Il avait grandi, muri… Et le cœur d'Alexei fit quelques bonds dans sa poitrine avant de se taire, à nouveau violemment muselé. Le blond jeta un coup d'œil furtif aux cicatrices qui couvraient ses bras, et perdit tout reste d'affection pour cet homme qui revenait semer le malheur et les problèmes dans sa vie. Ce fut donc un sourire amer qu'il lui adressa lorsqu'il se présenta à lui, la mine rayonnante.
Il parlèrent, de tout et de rien. Yoann fit part de sa surprise de le voir en si bonne forme. Il se souvenait d'un garçon malingre ; bien sûr, c'était toujours le cas, mais Alexei avait pris quelques centimètres, et sa silhouette s'était dessinée. Ses compliments le firent presque revenir sur ses résolutions, mais lorsque la conversation toucha à leur dernière rencontre, la rancœur refit surface :

▬ Je m'en suis longtemps voulu, tu sais. Avait lancé Ioann au détour d'un sujet peu fructueux. C'est vrai, j'ai été injuste. J'aurais dû te parler de tout ça plutôt… Et éviter ces remarques désobligeantes. C'était bas.

À ces mots, la gorge d'Alexei s'était douloureusement serrée. Mais il était resté silencieux, aussi calme que possible, attendant la suite.

▬ Mais j'ai tenu parole, Alex. J'ai quelque chose… Qui va te faire plaisir. Normalement, j'ai pas le droit, d'ailleurs, mais j'ai pris le gauche.
▬ Q-Quoi…? Le garçon n'en croyait pas ses oreilles. Est-ce qu'il parlait de cette stupide promesse, celle qui était censée lui faire avaler la pilule trois ans plus tôt ?

Lorsque Ioann sortit une petite boule rouge de son sac, tenant dans la paume de sa main, le blond se sentit vaciller. Il s'arrêta net, fixant l'objet de ses yeux surpris. Ça, il ne s'y était pas attendu. Il ne l'avait pas prévu. Et pourtant… Pourtant c'était bien une pokéball que l'apprenti ranger lui tendait. Il ne s'en saisit pas pour autant, le dévisageant avec incrédulité.

▬ J'ai eu une mission dans les terres sauvages, au sud-est d'Edelsten. J'ai réussi à attraper ce petit gars… À vrai dire, ça n'a pas été trop difficile. Il fuyait un autre Pokémon. Ioann eut un geste insistant. Prends-le, c'est pour toi. Je connais ton rêve, et tu as le droit d'aller jusqu'au bout. Autant que moi. Autant que n'importe qui d'autre.

Il y eut une latence, au terme de laquelle Alexei recula de quelques pas, le cœur battant. Non. Il ne pouvait pas l'accepter. Pas de sa part à lui. C'était avec Ioann que tout était né. Bien sûr, Alexei savait son cas bien plus compliqué. Il n'était pas devenu homosexuel à cause d'un seul et même garçon. Mais… Mais ça s'était révélé avec lui… Et accepter cette Pokéball, c'était, quelque part, cautionner ces vilains sentiments qui tentaient encore de refaire surface.

▬ Quoi ? Demanda le ranger, très étonné par sa réaction. J'insiste. Moi, de toute façon, je ne peux pas le garder. J'ai déjà une équipe complète. On doit respecter des règles strictes, dans le métier.

Lui forçant la main, Ioann lança la petite boule rouge qui s'agrandit et percuta le sol enneigé, libérant une ombre lumineuse et revenant vers lui. Une jolie créature bleue venait de faire son apparition. Alexei sentit quelques larmes se presser contre ses paupières à la vue de ce petit Riolu, tout perdu, qui se tenait désormais devant lui. Il les ravala presque aussitôt, mais le Pokémon le dévisagea avec un drôle d'air, comme s'il avait senti sa tristesse, sa colère, et cette reconnaissance qui troublait le tout. Il recula un peu, impressionné par cet amas d'émotions contradictoires, mais Ioann se courba et le poussa gentiment vers lui.

▬ Je te présente ton nouveau dresseur, Riolu. Il s'appelle Alexei, et je suis certain qu'il s'occupera bien de toi. Alex ? Il lui lança la Pokéball, que le garçon rattrapa in extremis. Il t'appartient, désormais. C'est un Pokémon très gentil, quoi qu'un peu comédien. Je vous laisse faire connaissance, j'ai des trucs à régler au centre pokémon, tu m'excuseras.

Sans un mot de plus, Ioann tourna les talons après lui avoir souri, et s'éloigna tranquillement, les laissant là, tous les deux, l'un en face de l'autre, à se jauger mutuellement.
Alexei demeura de longues secondes immobile, complètement décontenancé. Et, voyant son Riolu peu à peu se recroqueviller sur lui-même, il s'accroupit finalement pour lui tendre la main. Il ne lui sourit pas, se contentant de ce geste qui signifiait déjà beaucoup à ses yeux ; une acceptation, un accord. Oui, il s'occuperait de lui. Mais il n'était pas heureux, loin de là. Non, il se sentait même très bizarre, presque en colère.
Ce Riolu, il avait appartenu à Ioann. Et Ioann, il ne l'aimait plus. Ou peut-être que si. Mais il détestait tous les sentiments qu'il avait de nouveau remués dans son cœur.

À cet instant précis, il se rappela d'un conte ancien du nord. Celui d'un empereur auquel rien ne faisait peur. Pour cause : il pouvait arrêter d'éprouver des émotions. C'était un pouvoir extrêmement utile, mais dont il lui arrivait d'abuser, et, au fil du temps, il avait perdu ce qui le rendait humain : son empathie.
Cet empereur dont sa mère lui récitait les exploits, Alexei se souvenait de son nom. Et aujourd'hui, avec du recul, et surtout maintenant, il le jalousait profondément.
Comme ça aurait été reposant de pouvoir faire taire tous ces vilains sentiments éternellement.

Cet empereur, il s'appelait…

▬ Lyov. Tu t'appelleras Lyov.


Alexei Kireïev
Alexei Kireïev
Pas de compétence
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Feunar11It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Farfur11It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Ponyta11It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Fourbe10It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Croqui10

Pokédollars : 105
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Badge_31
Inventaire : - 1 Potion
- 1 Total-Soin
- 4 repousses
- 1 pokéball
- 5 dés d'or
- 4 super repousses

– Charme Chroma
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Miniature_Badge_Roche_RFVF
Alexei Kireïev
Dresseur arrogant ♥
Mer 18 Déc - 14:40   
Lancer du dé shiny pour Riolu

Copie du résultat :

It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Captur13
Victini
Victini
Pas de compétences
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Miniature_494
Pokédollars : 3
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Ykz2
Inventaire : //
It does not do well to dwell on dreams and forget to live ▬ Alex Ykz2
Victini
Pokémon Légendaire
Mar 31 Déc - 18:14   

Félicitations !
tu es validé(e)~

Enfin. C'est le grand jour. La meilleure façon de mettre un point final à l'année 2019 : officiellement valider ton petit Alex sur notre forum !  blush

Tu sais déjà tout ce que je pense de lui ... Il me brise sincèrement le coeur, j'ai envie de le poupouter à l'infini pour qu'il ne soit plus malheureux.  please Tout au long de l'histoire, j'ai eu l'impression d'une longue descente aux enfers, pendant laquelle le pauvre Alex ne savait vraiment plus quoi faire. On ressent ces peurs qui le hantent et le poussent même à se blesser physiquement pour essayer de se décharger toutes ces émotions qui pèsent lourds sur son petit coeur. Même si c'est dur, je trouve que les passages concernant son homosexualité très marquant - sans doute de nombreuses personnes souffrent de la même façon, et c'est terrible de se dire qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire ... Surtout dans notre Salva aux idées arriérées !

Dans tous les cas, j'ai bien hâte de le voir partir à l'aventure ... en bonne compagnie, si tu vois ce que je veux dire.  pervers


(c) Moona Neko & Tilki
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
   
Page 1 sur 1