Cette histoire a commencé plutôt normalement maintenant que j’y pense. Il y a une semaine, alors qu’Ester et moi étions de garde au centre pokemon –oui, j’adore être en service avec elle, pour raison ‘personnelle’-, deux bénévoles du SPP d’Edelsten sont arrivés avec un lot d’affiche. C’est assez rare pour que je m’en souvienne car que le SPP perde une de ses pupilles ?  Ils nous ont accosté, et expliqué la situation. Ils sont inquiets concernant la disparition de ‘Rosie’, une mucuscule qui a de gros problème de mémoire et donc, aucun moyen de rentrer au centre par ses propres moyens. Ils sont donc venus pour pouvoir poser une affiche et également vérifier si aucun pokemon correspondant à cette description n’a été aperçu. Malheureusement, non. Cette espèce étant assez exotique, surtout avec une telle particularité aurait frappé un collègue ou nous-même. Sans pouvoir les aider plus que cela, Ester a accepté de poser l’affiche et de faire passer le mot parmi les autres équipes de garde du Centre.

Et l’histoire s’arrête là.

Non, pas vraiment.

Le lendemain, je pose le décor. Le laboratoire, une journée de recherche qui s’offre à moi, en compagnie de Winston et Lumila. Rien de particulier dans ma vie. Je ne passe pas mon temps à courir les chimères ou à parcourir le monde, loin de là. Très loin de là. La majorité de mes journées s’articule autour de mes recherches après tout... peut-être parce que je suis une scientifique ? Yep, semble être une bonne excuse. Après avoir préparé un petit-déj’ pour mes deux adorables pokemon –qui jouaient à ‘rester immobile et imiter une pomme et un champignon’-, j’ai décidé d’aller faire un tour dans la serre. Pourquoi ? Parce que posséder une serre remplie d’espèces souvent exotiques est un travail littéralement quotidien d’arrosage et de soin. Un petit prix à payer pour avoir les la main autant d’espèces différentes.
J’avoue que ce matin-là, je ne m’attendais pas à ce que l’un de mes bulbes pousse un large cri amusé suite à se douche. Je ne m’attendais pas à ce que ce bulbe se déplante de son pot et rebondisse, renversant un sac entier de terreau, deux céramiques et pratiquement une table à roulette. Puis se mette à danser... jusqu’à ce qu’un petit crachin s’occupe de l’arrosage à ma place. Et ruine mon pyjama aussi. Puis me donne une douche trop tôt.
Comment cette mucuscule a réussi à entrer ? J’aimerai vraiment le savoir, mais le fait est qu’elle était là, la fameuse Rosie recherchée par le SPP.
La surprise passée, j’ai ramassé cette boule visqueuse –elle a l’air d’aimer l’eau- pour mieux appeler le numéro que le SPP m’avait laissé la veille. Les deux mêmes bénévoles arrivent dans l’heure, récupèrent Rosie et me remercie.

L’histoire se termine et je peux retourner à mes occupations pour la journée.

Faux.

Le lendemain, nouvelle journée de recherche, sauf que cette fois, j’embarque tout le monde pour un petit tour en forêt. Wins’ est bien content que somnolé tranquillement dans ma poche alors que Lumila donne des nouvelles à sa famille restée dans le sous-bois. Je suis plutôt contente qu’elle garde le contact, vu la large colonie de Spododo que compte la forêt des Sycomores. Toujours, elle finit par me revenir. Au bout de quelques heures, une espèce de plante que je n’avais encore jamais vue attire mon attention. Ce n’était qu’une simple tige ? Une double tige blanche, un peu grisâtre. Une plus courte que l’autre mais semblant provenir du même point d’émergence. Pas de feuilles, pas de fleurs, j’ai même cru à une espèce de champignon. J’ai donc fait comme d’habitude : sortir mon kit de prélèvement, saisir la tige –la plus courte-, tirer dessus doucement –élastique ?- pour mieux la couper et... elle s’est mise à protester.

Puis à rire.

Et un bulbe a émergé de terre, un sourire visqueux sur le visage. Une petite danse et la journée sèche s’est transformée en un crachin qui ruine une nouvelle fois mes cheveux. Et mes vêtements.
La mucuscule était de retour, une sacrée coïncidence que je tombe dessus une seconde fois. J’ai donc ramassé cette balle gluante –et mouillée-, récupéré Lumila, rassuré les protestations d’un Wins’ et suis rentrée au laboratoire pour appeler le SPP. Une heure plus tard, les deux mêmes bénévoles, étonnés, s’excusant platement d’avoir perdu une seconde fois leur protégée. Rien de grave, rien qui ne me dérange en soi, juste une drôle d’histoire que je vais pouvoir raconter à Père ou à une conquête, surtout parce qu’elle se termine bien.

...Six fois.

J’ai retrouvé six fois Rosie sur la semaine. Tous les jours. Tous les jours, où que j’aille, quoique je fasse, j’ai fini par tombé nez à nez avec cette mucuscule et sa danse pluie. Je l’ai retrouvé dans la salle de repos du centre pokemon, sur le chemin pour aller faire les courses, dans une armoire de l’appartement de Père et même au vieux refuge !

Je n’ai rien contre elle, elle est littéralement adorable. Rosie a cette habitude de sourire pratiquement tout le temps, puis son attention est attirée vers un point dans le vague qu’elle observe pendant une ou deux minutes avant de se remettre à sourire et à pousser des petits cris de bienvenue. Oui, elle oublie juste ma présence à intervalles réguliers... par contre, elle n’a jamais oublié sa capacité danse-pluie, ça, c’est clair. Elle semble aimer les étrangers aussi... et est une as de l’évasion. J’ai cru que le SPP avait des problèmes avec leurs enclos ou quoique ce soit, mais après ma visite d’aujourd’hui, je peux confirmer que tout est mis en œuvre pour qu’elle reste au SPP assez longtemps pour qu’elle soit adoptée. Mais Rosie s’échappe et finit inexplicablement par me retrouver. Cette fois-ci, l’histoire est bien finie. Le SPP a décidé de la garder dans sa pokeball le temps de pouvoir comprendre le comportement de ce pokemon.

Je vais pouvoir me poser tranquillement dans mon lit avec Wins’, prendre un bon livre, lire tranquillement et m’endormir, comme prévu.

Finalement, toutes les histoires ont une fin, et celle-ci aussi.

Je raccroche le téléphone après avoir fini de raconter ce qui s’est passé à Père. Il est en droit de savoir, puisque Rosie a ruiné sa moquette pour deux jours. Je m’étire et soulève un Winston qui somnolait sur la commode où je garde le téléphone fixe. Au final, même s’il prend conscience, il aime toujours être près de moi quand la soir tombe. Je grimpe les marches de l’escalier, direction la chambre. Après cette semaine, je rêve de me caler sous la couette pendant trois jours. Je dépose délicatement Winston sur son coussin avant de soulever les couvertures et de m’y glisser tranquillement. Je prends le bouquin qui m’attendais sur la table de nuit et l’ouvre, reprenant ma lecture.

Je termine la deuxième page quand un petit cri étouffé retenti. Alertée, je regarde partout, prête à réagir à... à peu près tout.

Tout sauf une boule qui soulève la couette, me grimpe dessus et finit par révéler ses quatre antennes à dix centimètres de mon visage. Un large sourire. Immédiatement, j’attrape Rosie avant qu’elle se mette à danser, et surtout, à réveiller Wins’ avec une douche pas très agréable.

« Encore toi ?! »

Elle acquiesce en riant, gigotant entre mes mains. Je soupire, résignée, quittant la chaleur de mon lit pour descendre et appeler le SPP pour la septième fois en sept jours. De l’autre côté du fil, un des deux bénévoles habituels.

« Oui, ici Lucie Helm.... Oui, j’ai trouvé Rosie, encore. Hm... hm, carrément dans mon lit, oui. Elle s’est échappée de sa pokeball ? J’ai cru de deviner, ouais. »

Un petit silence s’installe.

« ... Sinon, la procédure d’adoption, tu peux m’expliquer ? »

Puisqu’elle a décidé de vivre ici, autant que ça devienne officiel.