HISTOIRE - Sans aller jusqu'à dire que la naissance d'Alisya était une erreur, il est vrai que pour les membres de la famille Kozanov, cette petite dernière n'aspirait à rien de prestigieux. Déjà, le couple avait deux enfants plus âgés dont l'avenir ne laissait place a aucun doute sur leur futur rôle dans la haute noblesse du Septrion.

Le premier né, un fils intelligent et ambitieux, voyait les portes du succès de l'entreprise familiale s'ouvrir devant lui sans aucun effort apparent puisqu'il était tout naturel que cela lui revienne en succession. Cette firme spécialisée dans la confection artisanale de cristaux et pierres précieuses extraites des mines de la région, œuvrait également dans la fabrication des capsules techniques et autres objets d'évolution. Les affaires prospéraient admirablement bien. Fonctionnaires modèles et impitoyables en affaire, n'acceptant aucun compris ou médiocrité, les Kozanov c'était élevé de génération en génération jusqu'aux plus hautes sphères d'une société assailli par le froid et des traditions austère. Tirant profit de leur position avantageuse, autant dans la politique que sur le marché économique de la région, ils s'étaient attribué une place de choix dans la seconde capitale de Salva. Pour sécuriser davantage leur emprise au sein de l'élite du Septrion, la deuxième née était l'arme secrète.

Belle et élégante, elle n'avait eu que les meilleurs tuteurs du pays depuis sa prime jeunesse. Aux yeux de leur mère, sa sœur aînée était l'exemple vivant de ce que devrait être une parfaite dame du nord. Respectueuse des traditions et conventions, Madame Kozanov était indéniablement une conformiste. Manifestant toujours une méfiance à l'égard de tout changement et de toute innovation à Belagora, elle répète sans cesse les louanges du passé et déplore la dégradation des mœurs d'aujourd'hui. Elle mène d'une main de fer et d'un regard glacial son royaume domestique, insistant pour qu'on tienne compte de ses exigences et qu'on les respecte. La conscience de classe étant primordiale, elle attache une importance exagérée aux caractéristiques et aux attributs de chacune des couches sociales et tend à les considérer comme des stigmates immuables. Voilà pourquoi l'éducation parfaite de sa fille aînée à frôler l'obsession. Avec le temps, cette attention soutenue a fini par monter à la tête de sa sœur, se complaisant dans cette supériorité qu'on lui a tant offerte, d'où son snobisme imbuvable qui irrite immanquablement Alisya à chacune de leur rencontre. Impossible d'échapper à une remarque mesquine ou à une moue dédaigneuse. Ce qui, par chance n'arrive pas fréquemment. Mariée très tôt à un noble gravitant près des Azarov, sa détestable sœur n'habitait plus dans le manoir familial.

Vous l'aurez deviné, notre petite Alisya est le Moumouton noir de la lignée respectable des Kozanov. Trop occupé à former le prochain héritier, son père ne lui accorde aucune attention. De par sa situation de femme, sa cadette ne représente aucun investissement intéressant sur le long terme. Cet homme est prompt à avoir des opinions tranchées sur ce sujet et il serait impossible de lui faire changer, grand bien même vous seriez Arceus en personne. Du côté de sa mère, l'instinct maternel reste à l'état embryonnaire. Cette femme ne s'intéresse à ses enfants que modérément et dans la mesure où quelqu'un d'autre se charge de toutes les tâches matérielles. Comme la majeure partie de son énergie est accaparée à sa première fille, la deuxième ne l'intéresse que modérément. Une sorte de garantie si quelque chose devait arriver à sa sœur... Oh bien sûr, Alisya fut choyée et protégée, elle n'avait pas à s'inquiéter de l'argent ou du manque de nourriture. Elle avait également les meilleurs maîtres-d'études ainsi que domestiques à son service. Vraiment, la fillette ne manquant de rien.

Elle n'a jamais remis en cause l'éducation de ses parents, de toute évidence trop jeune pour se rendre compte du chemin qu'ils cherchaient à lui faire prendre. À dire vrai, Alisya était beaucoup plus focalisée sur les multiples disciplines qu'elle se devait de maîtriser plutôt que de chercher à forger son propre caractère. Entre le piano, le dessin, le chant, la danse et les langues, la petite n'avait pas de temps pour développer un avis critique ou une quelconque opposition sur leur manière de faire. Intérieurement, la fillette se répétait que si elle récitait bien son poème, qu'elle arrivait à jouer sa partition de piano sans fausses notes ou alors qu'elle enchaînait les pas de danse sans trébucher, elle prouverait sa juste place dans la famille. Alisya s'investissait à fond dans ses leçons afin d'obtenir l'approbation de ses géniteurs.


Ce n'est qu'à l'âge de cinq ans qu'elle découvrit sa véritable passion. Chaque jour, après le repas du soir, les Kozanov se réunissaient dans le grand salon du rez de chaussé pour regarder la télévision. Aux yeux d'une enfant, il n'y avait pas grand-chose d'intéressant : la qualité d'image laissait à désirer, les voix étaient à peine audible et la bande-sonore beaucoup trop criarde. Hors de question de s'en plaindre, car cela offrait à Alisya une occasion de partager un moment presque normal avec ses parents. Assise sagement sur son banc, les jambes croisées à la hauteur des chevilles, elle incarnait la petite fille modèle. Sans le battement de ses paupières pour chasser le picotement désagréable de la fumée du cigare de son père, on aurait pu la prendre pour une poupée de porcelaine. Sa mère aurait dû en être fière. Malheureusement toute son attention était dirigée sur le vin qu'elle faisait lentement tourner contre les parois de verre dans la paume de sa main. Soudainement, une musique douce s'éleva dans le silence oppressant de la pièce. Alisya retint son souffle, hypnotisée par la danse de la dame derrière l'écran. Jamais elle n'avait vu quelque chose d'aussi magnifique, d'élégant et de gracieux. C'était magique, comme si la patineuse volait sur la surface glacée du Grand Complexe avec une aisance divine. Incapable de détacher son regard, la fillette sentait son cœur battre à toute vitesse. Voilà ce à quoi elle aspirait. La cadette des Kozanov, celle qui n'avait aucune possibilité d'avenir, deviendrait la championne du Septrion en patinage artistique.

Convaincre sa mère ne fut pas aussi terrible qu'Alisya l'avait cru au départ. Principalement parce que ce sport était très populaire dans la portion nord de Salva, mais aussi parce que cette discipline reprenait plusieurs critères d'éducation digne d'une « future Noble du Septrion » auquel sa génitrice refusait le moindre compromis. En une semaine à peine, la blondinette se vit octroyer son entraîneur personnel et tout le matériel nécessaire pour ses leçons. Et elle s'y investi cœur et âme. Il lui fallut apprendre les mouvements de base sur la glace telle que le déplacement avant et arrière, les arrêts, les virages et les sauts, mais également renforcer ses habilités motrices. Durant quatre ans, en plus de ses cours réguliers, Alisya travailla à améliorer son agilité, son équilibre, sa coordination, sa vitesse, son rythme, sa dextérité et son endurance. Bien vite, il fut évident pour tous que la gamine possédait un réel talent. Voyant une bonne occasion d'étendre leur influence et leur puissance, ses parents ne ménagèrent pas leurs efforts pour contribuer à sa réussite. À ses neufs ans, lorsqu'elle remporta sa première compétition de patinage artistique, l'espérance inattendu des Kozanov s'avéra fondé : pour une fois, Alisya promettait à un bel avenir.


Pour seule compagnie, la jolie blonde ne pouvait compter que sur son cher pokémon, Blue. Avec son horaire surchargé, il lui aurait été impossible de créer de nouvelle amitié et on ne pouvait certainement pas compter sur l'esprit de camaraderie au sein des patineuses. Tel des Sharpedo attiré par l'odeur du sang, leur sourire hypocrite cherchait inlassablement la moindre faiblesse chez leur adversaire, prête à en tirer le plus infime avantage. Si l'orgueil et la vanité dominait à chacune des compétitions, Alisya éprouvait néanmoins un réel plaisir à patiner. Malgré l'équipement hors de prix et les costumes plus luxueux que la garde-robe complète des habitants du nord, ce n'était pas pour ces raisons que la jeune fille performait si bien sûr la glace. C'était de nature beaucoup plus personnel, car lorsque la musique s'élevait dans l'air givré en résonnant sur la surface de la patinoire et que tous les regards braqués dans sa direction attendaient avec curiosité, Alisya se sentait libre. Libre de laisser paraître ses émotions au grand jour. Libérée de cette famille qui ne cherchait que le pouvoir et la richesse par-dessus tout. Il lui était enfin possible d'être elle-même, sans étiquette ni faux semblant. Ce n'était que pur plaisir et cela aurait pu durer des années. Malheureusement, l'adolescente sous-estima la force des principes ancrés dans la personnalité de Madame Kozanov.

Lorsqu'elle fêta ses seize ans, on lui annonça ses prochaines fiançailles. Cette fois, son masque stoïque ne réussit pas à contenir ses sentiments et craqua brutalement sous le choc. N'était-elle pas censée devenir une championne ? Sa mère balaya d'un geste las du poignet la remarque de sa fille : « bien entendu qu'elle pourrait continuer à patiner. Seulement, pour cela elle devait obligatoirement se marier ». C'était le prix à payer pour conserver cette liberté déjà si fragile. À contre-coeur, Alisya accepta son mariage si cela lui permettait d'exercer sa passion. Contrairement à sa soeur aînée ou le choix du futur mari fut presque instantané, peu d'hommes semblaient intéressés par cette chère patineuse. Malgré sa beauté et sa noblesse, rare furent les candidats à aller jusqu'à une deuxième audience auprès de la maitresse de maison. Le plus étrange, c'était que ces époux potentiels partageaient tous les mêmes idéaux rétrograde que sa mère. Certain allant même jusqu'à verbalement accuser l'Austrée de tous les maux qui accablaient la région et douter de l'autorité des Azarovs, élu depuis peu à la tête du Septrion. Ces quelques nobles se considéraient bafoués par l'accord de paix et le nouveau régime mis en place. Tous n'aspiraient qu'à une seule chose : que le nord recouvre sa juste force d'antan. Cette mascarade de rencontre et de discussion politique ennuyait profondément l'adolescente, croyant fermement que tout ceci n'était qu'une perte de temps. Sans compter que ces moments perdu à discuter inutilement se faisait sur ses heures de pratique. Alisya avait beau essayer d'oublier la pression que sa famille exerçait sur elle pour la marier, la pauvre n'arrivait pas à lâcher prise. Son sommeil s'en retrouva agité, son appétit coupé et ses performances chutèrent inévitablement.

Lors des qualifications pour l'année 2017, son manque de pratique sur la glace eut raison de ses performances. Alisya se hissa de justesse au prochain niveau, ce qui ne manqua pas d'ennuyer ses parents. Pas question toutefois d'annuler la recherche de son futur époux, l'adolescente devrait donc prendre sur elle-même et étouffer ses caprices. Ses états d'âme n'intéressaient personne, encore moins si cela venait à entacher leur précieuse réputation. Au lieu de rassurer la jeune fille, cela ne fit qu'accentuer encore plus son angoisse. Orgueilleuse, elle se refusait de perdre dans ce dont elle avait toujours excellé. Négligeant ses heures de repos, la jolie blonde s'entraînait jusqu'à l'épuisement. Blue tenta bien de la raisonner, mais Alisya était beaucoup trop bornée. L'accident tragique arriva lors de la finale des sélections. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle exécutait cette chorégraphie. Elle s'était entraînée durant de longues heures afin de parfaire sa technique. Malheureusement, son corps était à bout de force et lorsqu'elle prit son élan afin d'effectuer son double axel, la lame extérieure du patin d'Alisya grippa sur la surface glacée. La chute fut brutale. Étendue sur le sol, la seule douleur qu'elle ressentait était la déchirure dans son égo. Jamais elle n'avait échouée de la sorte. Le sang de sa blessure se mêlait à celle de ses larmes amères.

Elle goûtait pour la première fois à la défaite, mais aussi à la déception. Relevant la tête, Alisya dévisagea de son oeil valide l'espace vide qui, juste avant son humiliation, était occupé par ses parents. Immobile, l'adolescente laissa l'équipe de secouriste prendre le relais, n'ayant plus une once d'énergie en réserve. Ne pouvant terminer sa performance, Alisya Kozanov ce retrouva bien malgré elle disqualifiée. Même si la jeune femme pleurait cet échec, rien n'était comparable au déshonneur vécu ce jour-là par Monsieur et Madame Kozanov.



Trois ans... Voilà maintenant trois longues années qu'Alisya n'avait pas reparlé avec ses parents. Depuis qu'elle s'était discréditée auprès de sa famille, elle avait cessé d'exister. Les offres de mariage avaient disparu, tout comme l'engouement pour sa futur carrière de patineuse. Il n'avait suffi que d'une seule défaite, pour que la cadette se retrouve au rang d'incapable. Après une longue convalescence où elle crue sincèrement perdre son œil gauche, la blessure cicatrisa sans trop de gâchis. Pas une seule fois ces parents ne virent la voir pour s'enquérir de son état. Il n'y avait que son cher Blue pour lui tenir compagnie. La plupart du temps, sa mère partait rendre visite à son aînée, délaissant totalement son autre fille. Son père et son frère avaient leur propre appartement près de la firme, d'où ils travaillaient sans relâche. Ce qui lui laissait l'entièreté du manoir à elle seule. Loin de s'en plaindre, Alisya ne redoutait pas la solitude. Publiquement, elle faisait toujours partie des Kozanov, troisième héritière directe de la lignée. Sur papier par contre, elle n'y était plus. Quelle quitte ou qu'elle reste, peu importait puisqu'au fond, cette petite dernière n'avait jamais aspiré à rien de prestigieux.

QUI ES-TU DERRIÈRE TON ÉCRAN ?-

Un joli sobriquet ? Juliette.

Combien de printemps ?  

Comment as-tu trouvé notre cher forum ? En cherchant sur Google un forum pokémon.

T'en penses quoi ? Magnifique (je l'ai dit plusieurs fois je crois) ! J'ai hâte de pouvoir vous rejoindre officiellement !  

Ton poké préféré ? Évoli, mais....   <- Ce gif est juste trop mimi !! *-*

Dis-moi, n'as-tu pas trouvé quelque chose de bizarre dans le règlement ? Validé par Sysy !