Chaque pas était un supplice. Monter cette pente avec un mal de tête carabiné était vraiment la pire idée qui soit. Et pourtant, ahanant à n'en plus finir, Alexei s'obstinait.
Il était encore tôt, et la capitale du Septrion était silencieuse. D'un calme absolu. Cinq heures du matin, tout au plus ? À l'horizon, de pâles rayons de soleil commençaient à faire leur apparition, teintant d'une couleur rosée les sombres nuages qui s'accumulaient au pied du ciel.
Il faisait froid. Vraiment très froid. Un de ces froids mordants qui parvenaient même à passer à travers les vêtements les plus épais. Grelottant, le blond laissait échapper à chaque expiration un incroyable panache de vapeur qui s'élevait et disparaissait petit à petit. De temps à autres, il se retournait et marquait une pause pour constater son ascension. Bientôt, les maisons devant lesquelles il était passées en partant du centre pokémon, deviendraient de petits carrés d'ardoise qu'on pourrait tenir dans le creux de sa main.
Alors, admirant ce paysage qui s'offrait à lui à mesure qu'il montait, le jeune homme ne pouvait que ressentir une certaine tranquillité d'âme. L'altitude, le froid glacial de la contrée qui l'avait vu naître, avait le don de lui vider l'esprit et de purifier ses pensées.
Il marcha encore un peu et trouva une murette où s'asseoir quelque minutes pour contempler plus longuement l'entrelacement des rues de Belagora qui se traçaient sous son regard fatigué.
Son souffle était court, le sang pulsait contre ses tempes et ses maux de tête n'en finissaient plus. Peut-être aurait-il été préférable de rester tranquillement au chaud pour attendre que ça passe…?
Mais à peine le garçon s'était-il éveillé qu'il avait éprouvé le besoin quasi vital de quitter cette chambre, de quitter cet établissement pour aller prendre l'air.
Sans doute l'effet des souvenirs qui étaient revenus les uns après les autres. Les réminiscences de cette soirée passée au côté de son compagnon de route ; normalement la dernière… Du moins, sur le papier.

C'était le deal, mais Alexei se souvenait l'avoir déchiré, déchiqueté en plusieurs morceaux.
Il avait trop bu, hier soir. Beaucoup trop bu. Sans doute pour faire passer le chagrin qui l'avait directement pris à la gorge dès qu'il avait revu Syrius ? Hmm. Très certainement. Et puis la vodka qui était offerte avait bon goût. Elle brûlait la gorge et les entrailles comme il fallait en ces périodes de grand froid.
Le blond toussa un peu avant de ramener quelques mèches gênantes derrière son oreille.
Bref. Il s'était soûlé à n'en plus finir… Et il avait parlé. L'alcool, ça libérait les mœurs, c'était bien connu. Et lui, si taciturne en temps normal, si pudique, parvenait à se libérer sous ses effets.
Rien de bien scandaleux, à y penser… Juste des vérités qu'il n'avait pas osé dire jusqu'à maintenant.
Non, il ne voulait pas le voir partir. Ces semaines passées ensemble, à progresser bras dessus bras dessous, les avaient énormément rapprochés l'un de l'autre, à tel point qu'Alexei ne savait plus trop où il en était.

Pensif, luttant contre ce mal de crâne qui n'en finissait jamais, il tira son paquet de tabac de sa poche, et après avoir pris une feuille, roula tranquillement une cigarette qui vint bien vite se trouver une place entre ses lèvres. Il sortit finalement le briquet en argent de son père et l'alluma distraitement, fumant une première pleine bouffée qui manqua de le faire tousser.
Où en était-il…? Il était à la fois heureux de lui avoir dit tout ça… Et à la fois complètement affolé. Perdu, vraiment perdu.
Qu'est-ce que Syrius avait compris de son discours décousu ? Quelles conclusions en avait-il tiré ? Car si Alexei s'était contenté de lui dire qu'il voulait continuer l'aventure avec lui, il s'en serait bien tiré… Mes ses souvenirs lui faisaient bien comprendre que ce n'était pas le cas. Que d'autres mots plus insidieux avaient franchi ses lèvres la veille. Des mots sans équivoque.
Il recracha un panache de fumée blanche, exprimant ainsi son désarroi.
Hmm… Ce n'était pas très malin tout ça. Et ce trouble qui remuait ses entrailles, cette peur-panique, elle était atténuée par sa fatigue. Toute cette fatigue accumulée qui l'endormait, l'anesthésierait encore pour quelques temps.
Il profitait de cet état léthargique. Il ne souffrait pas trop encore ; il n'angoissait pas comme un fou. Ça viendrait.

Inspirant une autre bouffée de tabac, plus longue que la précédente, il secoua doucement la tête. Ah, il était dans de beaux draps… Mais au moins… Il ressentait un semblant de satisfaction.
Syrius serait encore à ses côtés demain, après demain, des semaines entières, et la perspective de passer plus de temps avec lui l'aurait rendu fou de joie s'il n'y avait pas cette foutue culpabilité, cette foutue peur de faire quelque chose qu'il s'était toujours interdit derrière.

▬ Au moins je me sens vivant… Pensa-t-il tout haut en expirant profondément.

Il était vrai qu'il reprenait peu à peu contact avec ses corps, avec ses émotions. Avec son vrai "lui", celui que son père lui avait demandé de bâillonner toutes ces années. Et c'était en retrouvant sa sensibilité perdu, cette empathie qui faisait à la fois tant de bien et tant de mal, qu'il se rendait compte que ce dernier y était parvenu. Il avait fait de lui une autre personne. Un homme, certes, mais un homme qu'il ne voulait pas être.

Soupirant une nouvelle fois, Alexei écrasa sa cigarette consumée sous le talons de sa chaussure. Il jeta un coup d'œil derrière lui et avisa le chemin qui n'en finissait jamais de monter. Il était néanmoins près du but ; d'ici quelques minutes de marche, il rejoindrait ces vieilles bâtisses traditionnelles perchées tout en haut de la ville : les sources chaudes, ces thermes fréquentés hiver comme été par des milliers de touristes.
À cette heure-ci, ils étaient encore fermés. Le jeune homme y serait donc tranquille ; en paix pour observer Belagora de son point le plus haut en toute tranquillité.

Sautant de sa murette, il passa une main à sa ceinture, effleurant la Pokéball de Narcisse. Il avait failli la laisser dans la tente, n'embarquant que son sac avec lui, mais le petit Pokémon de type glace s'était finalement rappelé à lui par sa non-présence qui laissait un vide indéniable.
La prenant dans sa main, il finit par l'actionner et en faire sortir le Goupix qui s'étira de tout son long, apparemment tiré d'un petit somme.
Alexei lui adressa un petit sourire que le Pokémon lui rendit, et s'accroupit pour le caresser quelques instants, lui expliquant le motif de sa ballade.
Ravi, Narcisse lui emboîta le pas, paré de son dynamisme habituel.

Une fois arrivé aux sources chaudes, bien évidemment fermées à double tour, le Venyysien chercha un endroit où s'asseoir et rester un bon quart d'heure. En s'enfonçant dans un petit regroupement de pinède, il finit par trouver un banc relativement vieux et décrépi mais qui lui convint tout à fait.
À peine fut-il assis, posant son sac par terre, au pied du banc, que Narcisse se fit une place sur ses genoux, s'y lovant avec un plaisir non-dissimulé.
Alexei laissa ses doigts aller dans sa fourrure duveteuse et se perdit dans la contemplation de ce panorama extraordinaire qui s'offrait à lui.

Belagora était une ville magnifique et immense. Des centaines de quartiers s'étendaient sous ses yeux ébahis et, ça et là s'élevaient des monuments célèbres.
D'ici, Alexei pouvait discerner la plus grande place de la capitale, celle où il avait mené son combat la veille contre une jeune dresseuse du nom de Doyel. Il avait apprécié ce duel ; oui, il lui avait permis d'enfin se décider quant à l'avenir de Lyov. L'idée de le confier à Syrius avait fini par se faire entendre et pendant le festival, c'était ce qu'il avait fait, lui remettant la première pokéball qu'il eut jamais tenu dans ses mains.
Est-ce qu'il regrettait ce choix ? Pas le moins du monde. Désormais, tout un tas de possibilités s'offraient à lui. Il allait enfin pouvoir prendre sa carrière de dresseur au sérieux et trouver les meilleures partenaires possibles.

Sur ses cuisses, Narcisse s'était assoupi ; il le couva d'un regard attendri. Avec lui à ses côtés, rien de mauvais ne pourrait lui arriver, il en était certain.
Et dans cet instant de paix, de quiétude, il lui sembla presque oublier le monde alentour, profitant seulement de ce calme intérieur dont il ne bénéficiait que très rarement.

L'occasion rêvée pour les petits curieux qui habitaient les environs de chiper quelque chose dans son sac…

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Les ronronnements apaisés de Narcisse encouragèrent Alexei à se laisser aller à sa fatigue. Il s'adossa confortablement au banc et contempla en silence Belagora qui s'étendait sous ses yeux.
Au loin, il pouvait encore apercevoir les sculptures de glace qui devaient peu à peu fondre au timide soleil du nord.
S'il n'avait pas apprécié leur beauté la veille, même en tout petit, elles semblaient aujourd'hui extraordinaires. Il s'en voulait de ne pas avoir plus profité de cette extraordinaire soirée. Il avait tout gâché en s'enfermant dans sa morosité… Mais au moins, tout n'était pas perdu. Une sensation ardente retourna son estomac et remonta dans le haut de son corps pour venir empourprer ses joues.
Il se surprit à sourire béatement et secoue doucement la tête : il était complètement perdu. Le droit chemin, ça faisait déjà une bonne semaine qu'il l'avait quittée, et il n'était pas prêt de le retrouver. Un petit soupir las franchit ses lèvres : est-ce qu'il ne pouvait oublier cette réalité quelques instants ? Ou du moins… S'en contenter ?
Au fond… Même s'il la refoulait, cette joie de pouvoir continuer son voyage avec Syrius était bel et bien réelle. Il la sentait, là, dans sa poitrine, qui se retenait d'éclater. Inspirant profondément, Alexei se sentit soudain bien léger.
Oublier toutes ces prérogatives, finalement, c'était parfois bien agréable. Pourquoi ne se laissait-il tout simplement pas aller à ses sentiments…? Jamais il ne se l'était autorisé. N'était-il pas temps de le faire ?

Il haussa machinalement les épaules, le doute s'immisçant dans ses réflexions… Et s'il serait allé plus loin dans la réponse à ses propres questions, des grattements peu discrets le tirèrent brutalement de ses pensées.
Narcisse avait levé une oreille, aux aguets, et une fois qu'Alexei eut cessé ses caresses, il se dressa sur ses pattes et sauta à terre, se mettant à trembler et grogner.
Si le Venyysien ne compris pas dans un premier temps cette réaction soudaine, les glapissement courroucé d'un autre pokémon attirèrent son attention : là, au pied du banc, la main dans son sac, se trouvait une créature sombre, affublé de deux fières plumes pourpres.
Alexei se redressa et vint s'accroupir tout près de son Pokémon plongeant son regard dans celui de la créature sauvage. Cette dernière, prise sur le fait, s'était figée et observait le jeune dresseur d'un œil inquiet.
Si le blond aurait pu se fâcher quelques semaines plus tôt, il pensa au contraire qu'il était préférable de ne pas braquer le Pokémon sauvage. Aussi attrapa-t-il Narcisse, tremblant, en colère, prêt à lui sauter dessus, pour l'apaiser :

▬ Narcisse, voyons. Il n'a rien fait de mal, regarde. Il ne nous attaque même pas. Le renard polaire glapit pour montrer son désaccord et Alexei lui fit les gros yeux, l'asseyant sur le banc, en hauteur. Ça suffit, maintenant. Tu restes là et tu bouges pas, sinon je te rappelle dans ta pokéball !

Si la créature sauvage sembla étonné par la réaction du blond, Narcisse, quant à lui, se roula en boule et tourna le dos à son dresseur, vexé. Ce dernier laissa échapper un sourire amusé et se tourna de nouveau vers le Pokémon sauvage.
Ce dernier n'avait pas cessé de fouiller dans le sac, recherchant désespérément quelque chose et profitant de tout le temps que le Septrionien lui offrait en discutant avec son Goupix.
Un sourire bienveillant étira les lèvres du garçon qui, accroupit, pencha la tête sur le côté, lui lançant un regard interrogateur :

▬ Eh bien ? Qu'est-ce que tu cherches, comme ça ? T'es vraiment pas discret ! La créature sauvage couina pour toute réponse, ne le quittant pas des yeux. Je crois avoir déjà vu des petits gars dans ton genre… Tu as vraiment de belles couleurs. Tu as faim, c'est ça ?

Surpris par tant de calme de la part de cet humain qu'il était en train de piller, la créature finit par lui tendre son propre sac. Alexei secoua la tête, incrédule, et s'approcha doucement, pour fouiller lui-même dans son bagage. De la nourriture ? Est-ce qu'il avait encore ça dans toutes ces poches…? Il comptait aller se ravitailler dans l'après-midi.
Il mit une longue minute à mettre la main sur un biscuit, le Pokémon sauvage s'étant sensiblement rapproché de lui, observant l'avancée de la recherche. Alexei fut presque surpris par tant de proximité lorsqu'il releva la tête. L'intensité du regard de cette créature et son petit air curieux le firent tout de même rire, et il lui tendit le gâteau avec une moue désolée :

▬ Tiens. Je n'ai que ça sur moi, malheureusement.

Le grognement indigné de Narcisse se fit entendre, et le Venyysien darda un regard dur sur son Pokémon.

▬  Et toi, je t'ai trop gâté ! Narcisse, il va falloir que tu t'habitues à la présence d'autres Pokémon que toi dans l'équipe. L'œuf ne va pas tarder à éclore, et je compte monter un petit groupe efficace.

Têtu, le Goupix piailla de mécontentement et soutint le regard courroucé de son dresseur avant de bouder en plongeant son museau entre ses pattes.
Lorsque Alexei concentra à nouveau tout son attention sur le pokémon sauvage, il le surprit à se pourlécher les babines en détaillant le renard polaire au lieu de manger son gâteau. Riant un peu, le blond lui donna une petite tape sur le museau, le tirant de sa contemplation alléchante :

▬  Mange ton biscuit ! Narcisse ne fera pas office de repas, je peux te le promettre ! Il sembla réfléchir quelques instants avant de reprendre. Ça y est ! Je me souviens de ton espèce. Tu es un Farfuret. Le Pokémon qui fait habituellement qu'une seule bouchée des Goupix d'Alola.

Le furet au pelage sombre s'était remis à grignoter silencieusement la friandise, ne quittant pas le jeune homme des yeux. Narcisse glapit à la positive et sauta pas terre pour venir se frotter nerveusement contre les jambes de son dresseur. Ce dernier, soupirant, le flatta de quelques caresses avant d'un peu le pousser vers le farfuret.

▬ Allez ! Vous n'êtes pas des sauvages, quand même ! On va aller au-delà de l'instinct animal, non ? Le Goupix d'Alola se figea, grognant plus fort lorsque son prédateur naturel se pencha vers lui pour le sentir. Alexei les laissa faire, observant la scène avec beaucoup de curiosité, prêt à intervenir au moindre faux pas. Narcisse, détends-toi. Je suis derrière toi, il ne va pas te manger.

Le Farfuret sembla effectivement réclamer une paix toute relative, cassant son biscuit en deux et en tendant un bout au Goupix qui le prit dans sa gueule avec beaucoup de méfiance. Quelques crocs plus tard, le renard polaire sembla un peu s'apaiser et ils grignotèrent ensemble le biscuit sec.
Alexei, rassuré, se rassit sur le banc et bâilla à s'en décrocher la mâchoire. Ce fut le pokémon sauvage qui l'interpela à nouveau, lui offrant à son tour un tout petit morceau de gâteau. Un rire franc secoua les épaules du blond qui se permit de caresser ses délicates oreilles, faisant "non" en secouant la tête :

▬ C'est pour toi, garde-le. Déjà que c'est pas grand chose…

Le Farfuret en convint, engloutissant le reste de la nourriture avec un plaisir non-dissimulé.
Dès lors que Narcisse eut fini son morceau, il revint se coller contre les jambes de son dresseur, craintif, surveillant son prédateur naturel du coin de l'œil.
Alexei se leva finalement et récupéra son sac après l'avoir refermé. Il jeta un coup d'œil à sa montre : déjà neuf heures. Syrius ne tarderait pas à se réveiller, et il préférait être dans leur chambre commune lorsque ce serait le cas. Manière de pas avoir l'air d'être parti comme un voleur… 
Certes, il avait vraiment honte de tout ce qu'il lui avait dit la veille… Mais ce n'était pas une raison pour s'éclipser sans rien laisser derrière. Du moins, à cet instant précis, c'était ce qu'il pensait. Peut-être que dans un avenir proche, il ne réfléchirait pas de la même façon.

Bref : il était plus que temps de redescendre.
Narcisse parut comprendre et s'engagea déjà en courant sur le chemin du retour. Alexei, quant à lui, fit un petit signe de tête au Farfuret sauvage :

▬ Bon… Nous on va y aller. On a des courses à faire. Et une navette un taxi volant à prendre en fin d'après-midi. Le Farfuret parut étonné par ce départ prématuré. Il sembla demander un autre gâteau et Alexei eut un petit sourire désolé. Non, désolé. Il n'y en a plus. Je vais aller en chercher après… Mais là, je n'ai plus rien à te donner.

Si le Pokémon sauvage sembla déçu, il hocha pourtant la tête, compréhensif. Le sourire du blond s'accentua et il s'accroupit de nouveau, tendant une main amicale. La créature sauvage lui jeta un regard interrogateur et le jeune homme vint caresser tout doucement sa fourrure. Il se laissa faire gentiment, ronronnant presque.
Le Goupix, quant à lui, bien ennuyé, observa la scène avec un certain désespoir et glapit pour appeler son dresseur.

▬ Attends Narcisse ! On n'est pas pressé, si ? Plongeant son regard dans les prunelles sanguines du Farfuret, le jeune homme fit un petit signe du menton en direction de son pokémon. Je vais vraiment devoir y aller… Mais, comme je t'ai dit, cette après-midi, j'aurais de la nourriture. De quoi manger.

Un sourire énigmatique vint sensiblement étirer les lèvres du blond. Ce petit gars-là, malgré l'intérêt vorace qu'il portait pour Narcisse, avait l'air sympathique et assez malin. Pile le genre de Pokémon qu'aimait le garçon. Il pensa un instant que désormais, son équipe se résumait à son œuf et Narcisse, qui ne pourrait jamais assumer tous les combats tout seul, malgré sa force et sa technique qui ne cessaient de s'améliorer.
Solliciter l'aide de ce jeune Farfuret n'était pas une mauvaise idée. Certes, il devrait sans doute le surveiller et règlementer ses rapports avec Narcisse, mais ce duo pouvait se montrer surprenant et efficace.
Aussi décida-t-il de tenter le tout pour le tout, lançant une promesse pour appât :

▬ Tu ne veux pas nous accompagner, par hasard ? Tu pourrais manger à ta faim, avec nous. Et tu m'as l'air d'un petit Farfuret solide, avec un beau potentiel. Ça te dirait de rejoindre l'équipe et de combattre avec moi ? Regardant le pokémon droit dans les yeux, Alexei lui tendit sa main gauche, conciliatrice. Moi c'est Alexei, et je suis un dresseur. Je combats avec Narcisse… Et je cherche un autre partenaire. Ça t'intéresse ?  

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Un léger rougissement vint donner de la couleur aux joues pâles d'Alexei ; le glapissement ravi du petit Farfuret était particulièrement communicateur, et un petit rire cristallin franchit la barrière de ses lèvres. Il serra les petites pattes de la créature dans ses mains et afficha un immense sourire :

▬ Très bon choix ! Je vais faire en sorte que tu ne le regrettes pas. Il caressa doucement le sommet de son crâne. Merci de ta confiance.

Narcisse, qui était revenu sur ses pas, ne semblait pas vraiment apprécier la nouvelle. Il grogna de déplaisir et se mit à bouder, le museau levé au ciel, tournant le dos à son dresseur.
Le Venyysien, amusé par ce comportement précieux, pinça doucement le flanc de son pokémon qui couina fort, outré. Il éclata alors de rire et attrapa le Goupix dans ses bras avant qu'il ne se carapate :

▬ Hé ! Dis donc, petit jaloux ! La créature lui lança un regard noir et pointa le nez ailleurs, vexé. Tu sais que c'est pas parce que j'adopte un nouveau compagnon que je vais te délaisser ? J'ai assez d'attention et d'affection à donner à tout le monde… Et puis… Si c'est le fait que ce soit un Farfuret qui te dérange, promis, je ne le laissera pas te croquer !

La nouvelle recrue se mit à rire, se rapprochant d'Alexei et du Goupix qui se serra, craintif, contre son torse. Déposant un petit baiser sur son front, le jeune homme le reposa à terre et lui donna quelques caresses pour le rassurer.

Ce ne fut qu'après avoir tout à fait réconforté Narcisse, qui demeura tout de même collé contre lui, que le Venyysien s'autorisa à fouiller de nouveau dans son sac pour mettre la main sur une des deux pokéball qu'il avait récemment achetées en ville. Toute neuve, elle brillait à la faible lumière du soleil, et les yeux du Farfuret s'élargirent à la vue de cet objet :

▬ Si tu veux devenir mon Pokémon, il faut qu'on utilise ça. Enfin, c'est plus pratique, tu ne penses pas ? Il accompagna ses paroles d'un petit sourire rassurant. Promis, ça fait pas mal ni quoi que ce soit. Il paraît même que c'est plutôt confortable !

La créature pencha la tête sur le côté, dévisageant Alexei d'un œil perplexe.
Narcisse, qui attendait toujours, fébrile, glapit pour lui demander de se dépêcher, mais le Farfuret préféra finalement venir se coller contre le jeune dresseur qui le serra dans ses bras, soupirant un peu.

▬ Bon. On verra ça plus tard, d'accord ? En attendant, il faudrait te trouver un nom… Dardant son regard rubis sur le visage du Venyysien, il piailla, curieux. Hmm… Pas loin de chez moi, il y a une petite rivière, toujours gelée. On l'appelle Kama. Kama, ça te plairait, comme surnom ?

Souriant gentiment, le Farfuret haussa les épaules avant d'opiner doucement du chef, un peu perplexe mais pas forcément opposé à ce nom auquel il devrait sans doute s'habituer.
Alexei laisse échapper un petit rire, étonné par cette réaction particulière et, après avoir refermé son sac, proposa à la créature de monter sur son épaule pour redescendre jusqu'au centre pokémon.
Narcisse, jaloux, partit devant après avoir reçu une petite caresse désolée de son dresseur, et tout ce beau monde reprit le chemin en sens inverse… Avec un compagnon de plus.

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