Leçon de survie : aujourd'hui, c'est toi que je vais apprendre à supporter
I'm prepare for the worst, but hope for the best
Assis au bord de mon lit, il me semble être au bord du précipice. Il y a quoi ? Un mètre cinquante qui me sépare du sol ? Ouais, tout au plus. Mais l'effort pour descendre me semble surhumain. Depuis tout à l'heure, je bâille à m'en décrocher la mâchoire. Sans doute ai-je un peu forcé sur l'ordinateur, hier soir. Tapi sous mon coussin, j'ai siphonné toute sa batterie ; il ne faut pas que je me perde sur Pokétube… Ça finira par me ruiner la santé. Je soupire et plonge ma tête entre mes mains, frottant vivement mon visage pour tenter de me réveiller. Il faut dire que le retour à la réalité n'a pas été très agréable. Je le vois s'activer de tous les côtés : il est revenu des douches et, torse nu, porte encore sa serviette humide sur son épaule. Il range ses fringues dans son placard, prépare son sac… Est-ce que ce mec sait s'arrêter ? Ne serait-ce que quelques instants…? Je bâille de plus belle : ça m'étonnerait. Et après, ils disent que c'est moi, l'hyperactif. Il y a vraiment des torgnoles qui se perdent…
C'est quoi qu'il m'a dit, pour que je me réveille ? "Fainéant", "Branleur", ou un truc du style. Je lui aurais bien répondu que j'étais les deux, mais je crois que j'étais encore trop ensommeillé. Et maintenant, j'arrive plus à m'arrêter de bâiller ; mes yeux pleurent sans fin et je les essuie toutes les minutes avant de soupirer avec toujours plus de lassitude. Je sens son regard qui pèse sur mes épaules. Je suis certain que je vais pas tarder à me faire engueuler… Mais soyons franc : j'ai la flemme. Plus que jamais. Survivalisme ? Je connais déjà. Mon père m'a appris quelques notions, je ne pense pas avoir besoin de plus. Et puis, si c'est pour nous répéter toujours les même choses… Comme quoi la technologie c'est pas bien, comme quoi je devrais apprendre à lâcher mon Holokit… Waw. J'ai vraiment, vraiment bien la flemme.
J'ai pas le temps de bâiller pour la centième fois qu'un magnifique coussin m'arrive en pleine figure. J'avoue, c'est un beau lancer. Je ne l'ai pas vu venir. Voilà que suspendu au bord de mon lit, je manque de tomber en avant ; in extremis, je m'agrippe à la rambarde en laissant échapper un petit cri de surprise. Le lit s'ébranle sous mon poids, Moe qui dormait encore parmi les couvertures se réveille en sursaut et couine d'effroi. Il est sérieux, ce petit intello emo ? Vraiment, nous deux, ça va très, très mal finir si ça continue :
▬ Mais t'es décidément très con, en fait, toi ! Putain, lâche-moi ce matin sérieux !
Si je fais peur quand je lui dis ça avec mon ton courroucé ? Hmm, pas le moins du monde. Tout juste peut-il se sentir attaqué. Pourtant, je vois bien sa mine qui s'assombrit. Mes sourcils se froncent, mes yeux lui lancent des éclairs : lui, il a décidé de déclarer la guerre. Bon, c'est vrai que je l'ai cherché. Je suis loin d'être tout blanc… Je dirais même que je suis bien noir. Mais ça n'explique pas son comportement puéril ! Ok, ça va être un travail en binôme – et je maudis tous les jours l'administration d'avoir eu cette idée ô combien stupide –, mais ça va, je vais venir. Faut juste pas me brusquer, le matin. Qu'est-ce qu'il va me lancer à la figure, la prochaine fois ? Son capstick ? Intérieurement, je jure que le prochain objet qu'il me jette ne survivra pas à cette matinée. Elle commence trop mal pour que je fasse preuve de mansuétude.
Moe s'étire et vient rejoindre sa place habituelle, m'adressant un petit glapissement interrogateur. Je la secoue en haussant mes épaules. Elle veut sans doute savoir pourquoi je m'énerve et quel est l'origine de tout ce vacarme.
▬ C'est pas moi ! C'est ce débile, là. Il me lance des coussins, maintenant. Je jette un regard noir à mon cher colocataire et reprend sur un ton menaçant. Fais gaffe. Je pourrais bien me prendre au jeu, moi aussi.
Je me décide finalement à descendre après avoir un peu arrangé mon lit. Les barreaux de l'échelle me scient les pieds, comme tous les matins. Un coup d'œil à mon Holokit qui charge ; il est sept heure quarante. On doit être dans la jungle dans vingt minutes. Tranquille ; j'ai tout mon temps. Fouillant dans mon placard, je décide d'ignorer Rohann et de faire tranquillement ma petite vie. Je met du temps à mettre la main sur notre tenue de sport ; je ne suis pas un as du rangement, et mon étagère est des plus brouillonnes. Finalement, je trouve mon tee-shirt et cet horrible short vert foncé que j'enfile rapidement. Un petit tour de dix minutes dans la salle d'eau de notre chambre et me voilà prêt. Moe m'a suivi tout le long de cette petite aventure, comme elle le fait tous les jours depuis trois ans ; heureusement que je l'ai avec moi, sinon dans ce dortoir, avec ce colocataire, je ne serais pas rendu.
Rohann tape d'ailleurs du pied sur notre parquet synthétique ; il me fait bien comprendre que je suis en retard. Je ne lui accorde même pas un regard et me dirige vers la sortie. Pestant, il me suit d'un pas décidé… Jusqu'à ce que je me rende compte que j'ai peut-être oublié un élément essentiel :
▬ Oups ! Mon sac ! Attends-moi !
@feat Siam & Rohann Et c'est parti pour une petite guéguerre arbitrée par notre professeure de survivalisme préférée ! J'espère que cette ouverture conviendra ~
Aujourd'hui, c'est toi que je vais apprendre à supporter
feat. Aru & Siam
Bip, bip, bip, bip, bi-
La main de Rohann s'écrase mollement sur le cadran de son radio réveil. Les yeux encore plein de sommeil, l'adolescent se redresse lentement dans son lit, s'étirant longuement et bâillant à s'en décrocher la mâchoire. Six heure trente. Une heure habituelle pour Rohann, qui n'a aucun mal à quitter tranquillement le lit. Cynder, elle, se permet de gratter encore quelques minutes de sommeil, roulée en boule au pied du matelas. Si elle a levé la tête pour regarder Rohann, elle l'a reposé aussitôt sur ses pattes avants pour allonger un petit peu sa nuit. La Galarien ne lui en veut pas : après tout, elle n'a absolument pas besoin de se préparer, elle. A la limite, elle donnera un petit coup sur son pelage histoire de lisser quelques poils rebelles et le tour sera joué. Alors que le Galarien, lui, a programmé sa matinée à la minute près. Il doit d'abord relire la consigne du jour et s'assurer être suffisamment préparé. Ensuite, il doit prendre une douche et faire son sac à dos. Pas de petit-déjeuner prévu ce matin : ils mangeront sur le terrain. Heureusement, Rohann garde toujours quelques gâteaux dans le tiroir de sa table de chevet … il se permet donc de grignoter une barre chocolatée tout en relisant le papier reçu quelques jours auparavant.
Un cours de survivalisme. Sur le coup, Rohann a trouvé cette entreprise fort intéressante. Ce n'est absolument pas quelque chose qu'il connaît, si ce n'est quelques bases connues de la majorité des gens, comme savoir faire un feu ou monter une cabane. Mais ce ne sont que deux exemples parmi tant d'autres et c'est justement tout ces « autres » qui intéresse tant le jeune garçon. Curieux comme pas deux et friand de nouvelles connaissances, toute occasion est bonne pour apprendre. Et si pour cela il doit rejoindre la forêt de Derwoud à huit heure du matin, qu'il en soit ainsi ! Cependant … il y a une ombre au tableau. Arutua, son charmant colocataire et la grande andouille qui a trouvé vraiment drôle de le draguer pendant quelques semaines. Tout ça pour faire marrer ces crétins de copains. Un bon Moumouton sans personnalité prêt à écraser les autres pour conserver l'attention de personnes qui n'en valent même pas la peine. Un comportement que Rohann déteste au plus haut point. Déjà que leur relation était conflictuelle suite à tout cela … mais c'est ainsi pire depuis qu'ils doivent partager la même chambre. Voir sa tronche au lever comme au coucher, c'est vraiment la pire chose au monde.
D'ailleurs, Arutua dort encore. Rohann devine sa silhouette dans le lit au-dessus du sien. Qu'il soit en train de dormir l'agace sincèrement. Ne prend-t-il donc jamais le temps de s'organiser un minimum ? De toute évidence, non. De ce que Rohann a pu entendre à droite à gauche, môsieur Manaharii n'est pas une grande tronche. Les cours, ce n'est pas sa tasse de thé – il préfère faire l'idiot. Et dire qu'il veut devenir Ranger … N'a-t-il pas conscience que la rigueur est un élément essentiel ? A moins qu'il ne soit dans cette école que pour amuser la galerie. En soi, vu le personnage, ça ne serait pas si étonnant. Néanmoins, Rohann lui a des projets, de grands projets. Et il ne laissera pas Aru lui mettre davantage de bâtons dans les roues. Il n'a cependant pas le choix que de se le coltiner pour ce stage de survivalisme. Décidément, l'administration a un humour bien à elle. Si ce n'était pas suffisant de devoir partager son devoir avec lui, voilà qu'il a le droit de passer une journée entière en sa compagnie … En espérant qu'il sera faire preuve d'un minimum de respect et de sérieux, au moins pour l'intervenante qui les prendra en charge.
Une fois sa note relue et sa barre chocolatée englouti, Rohann se lève et jette un œil en direction du lit du dessus. Aru n'a toujours pas montrer le moindre signe de vie. Agacé, le Galarien allume la lumière dans la chambre sans le moindre remord.
Eh, espèce de feignasse. Lève-toi, c'est l'heure.
Et sans plus de cérémonie, il se dirige vers la salle d'eau attenante à la chambre, veillant bien à verrouiller la porte derrière lui. Là, il se débarrasse de son pyjama qu'il prend au crochet qui lui est attribué puis s'engouffre dans la cabine de douche. Les installations ne sont pas de premières jeunesses mais elles suffisent largement. Rohann se savonne tranquillement, profitant de la sérénité du moment. Il sent ses muscles tendus se relâcher un peu sous l'effet du jet d'eau chaude fouettant ses épaules. Parfois, il a l'impression que son seul instant de tranquillité se résume à cette toilette quotidienne. Le reste du temps, tout est stress, angoisse, terreur. Et ce n'est pas facile tous les jours de supporter autant d'émotions négatives. Rohann aimerait des fois que le monde se mette en pause, juste pour souffler un peu. Pour se libérer l'esprit et penser à autre chose. Malheureusement, tant qu'il demeurera dans cette académie, ce sera peine perdue. Il pourrait en partir, certes. Mais il y a investi trop d'énergie pour s'y résoudre. Il ira au bout de sa formation, décrochera son diplôme et ne reverra plus jamais un seul de ces idiots. Malheureusement, il lui reste encore un an et demi à faire avant de pouvoir prétendre à cette liberté tant désirée …
Un long soupir secoue ses épaules lorsqu'il éteint enfin l'eau et attrape sa serviette pour sécher son visage, puis son corps. Il enfile ensuite un sous-vêtement puis son pantalon de sport noir et sort de la salle de bain, serviette sur l'épaule. Tiens, Aru a bougé. S'il est encore dans son lit, il est désormais assit : quel effort en quinze minutes. Rohann choisit cependant de l'ignorer, se dirigeant vers son placard pour attraper un tshirt noir qu'il enfile aussitôt, puis sa veste floquée de l'académie. Un essentiel lorsqu'ils sortent en extérieur, afin que quiconque les identifient. Une fois cela fait, le Galarien se saisit de son sac à dos et commence à le remplir d'un peu tout et n'importe quoi. De quoi prendre des notes, sa gourde et d'autres affaires qu'il attrape sans vraiment s'en rendre compte. La note ne précise pas qu'ils doivent emmener du matériel en particulier … sûrement l'intervenante a-t-il déjà tout ce qu'il faut. Sa besogne terminée, il réalise que Aru n'a toujours pas bougé. Sérieux, il compte rester planter là-haut combien de temps encore ? Rohann ne veut pas prendre le risque d'être en retard à cause de lui ! La ponctualité, c'est une notion très importante à ses yeux. Et ce n'est pas ce crétin qui va mettre ses principes à la poubelle.
Alors pour passer sa colère, Rohann attrape un coussin dans son lit et le jette en plein dans la tête de Aru. Un magnifique lancer, il faut le dire. Et bien sûr, cela réveille la colère de sa cible. Si le Galarien entend ses insultes, il préfère les ignorer royalement, comme s'il ne l'avait tout simplement pas entendu. Il concentre plutôt son attention sur son sac, qu'il referme après en avoir étudié le contenu. C'est le moment que Cynder choisi pour se lever, s'étirant de tout son long pour réveiller son corps tout ankylosé par sa nuit de sommeil. Elle prend néanmoins le temps pour une petite toilette – madame tient toujours à être présentable, ce n'est pas nouveau. Au dessus, Aru peste en s'adressant à son Rattata d'Alola. Ses yeux lancent des éclairs et Rohann lui répond par une oeillade courroucée : s'ils avaient eu des revolvers à la place de leurs pupilles, ils se seraient déjà entretués. Finalement, Aru se décide à descendre de son lit. Enfin ! Ce n'est pas comme s'ils devaient être dans la forêt pour huit heure pile. Sérieux, quel grand idiot. Tandis qu'il disparaît dans la salle de bain, Rohann se penche pour attraper ses baskets de sport. Il noue ses lacets en veillant à bien les serrer. Ce n'est pas aujourd'hui qu'il doit prendre le risque de trébucher sur des lacets défaits.
Finalement, Rohann charge son sac sur son dos et … attend. Aru n'est pas pressé le moins du monde et cela agace fortement le Galarien. Il a presque envie de frapper à la porte de la salle de bain pour lui demander s'il ne s'est pas noyé dans la cuvette des wc. Finalement, l'Alolien ressort, en tenue et prêt à partir. Il se dirige d'ailleurs vers la sortie, Rohann sur ses talons, lorsqu'il s'exclame :
Oups ! Mon sac ! Attends-moi ! Sérieux ?! Bordel mais t'es un vrai boulet !
Avec ses conneries, il est sûr et certain qu'ils ne seront pas à l'heure au rendez-vous. Pendant une demi-seconde, Rohann est tenté de partir sans lui. Cependant, ce serait enfreindre l'une des règles essentielles de la Fédération … ne jamais laisser son partenaire tout seul. Alors l'adolescent s'adosse au mur en attendant que Arutua le rejoigne. Ce dernier réapparaît au bout de quelques minutes et Rohann peste en reprenant sa route vers la sortie. S'il ne pleut pas, il plane dans l'air de Derwoud un brouillard humide. Rohann sent un frisson glacé lui secouer les épaules – la matinée va vraiment être longue. Attrapant Cynder dans ses bras pour profiter de la chaleur naturelle de son petit corps, il marche droit vers la forêt sans adresser un traître regard à Aru. Il sait que son colocataire le suit, et c'est bien suffisamment. Distraitement, il jette un regard à sa montre. Huit heure une. Rohann accélère le pas, manquant presque de partir en courant. Il module néanmoins son rythme pour ne pas s'épuiser inutilement et pénètre finalement dans la forêt, où le brouillard est un petit peu plus épais. Lorsqu'ils rejoignent enfin le lieu de rendez-vous, Rohann se hâte de s'excuser auprès de leur intervenante :
Navré pour le retard, vraiment ! Disons que … mon cher binôme n'était pas pressé de se lever !
Un regard courroucé à l'attention de Aru plus tard, Rohann sourit à l'intervenante et lui adresse un léger signe de tête poli :
Je suis Rohann Brooke, enchanté. Et j'ai vraiment hâte de commencer ce stage de survivalisme !
Les rayons du Soleil pénétraient dans la chambre de Siam et venaient en nombre colorer les parties nues de son corps. À moitié découverte, ce fut un courant d’air plutôt désagréable qui la fit émerger, les maîtres de maison ne faisaient jamais suffisamment de bruit pour la déranger. L’horloge murale indiquait cinq heures du matin, peut-être serait-elle seule pour déjeuner, peut-être pas.
Il faut dire que les propriétaires de l’habitation travaillaient dans le secteur médical et leurs deux enfants, eux, étudiaient à la fédération ranger. Elle occupait la chambre d’ami contre des pokédollars, particulièrement chanceuse ce lieu qu’elle occupait à présent depuis quelques jours à peine ne manquait de rien pour son confort. De ce fait, elle n’hésitait pas à donner quotidiennement un coup de main à ses occupants pour les remercier.
Derwoud lui changeait de Rykaarde et lui rappelait énormément de bons souvenirs en lien avec sa famille. Cette verdure enveloppait littéralement la ville, de sorte à la rendre difficilement accessible. Ce qui poussa Siam à y séjourner fut naturellement la présence de la première arène de Salva. Un défi qu’elle devait se résoudre à affronter dans très peu si elle voulait suivre son emploi du temps mental.
Néanmoins, ce beau tableau parfait en apparence dissimulait quelques vilaines taches éparses. Alma s’en était allé loin, pour rejoindre une certaine scientifique qui habitait dans le nord. Siam le prit comme un abandon, certes elle avait été mise au courant depuis le début du but de son amie, mais tout de même elle pensait faire un plus long bout de chemin à ses côtés. Enfin, pour éviter de se laisser abattre et inquiéter une nouvelle fois ses compagnons elle se prépara pour le cours qu’elle devait donner dans quelques heures.
Après une toilette rapide : douche, débarbouillage, cheveux séchés et coiffés en queue de ponyta, elle alla farfouiller dans une commode pour s’habiller. Le stage durait une journée entière, de plus la jungle semblait bien humide puisqu’il y avait déjà du brouillard dehors. Son choix fut simple : un short près du corps vert, un tee-shirt de la même couleur, mais d’une matière qui permettait de retenir la sueur et des chaussures de randonnée en cuir marron, sans oublier ses lunettes.
Quand notre dresseuse descendit les escaliers, après vingt minutes de préparation, tout le monde l’attendait à table. Ils lui avaient préparé tout spécialement un repas digne de combattant et ce qu’il fallait pour le repas du midi qu’elle emporterait dans son sac. Éclat, Monsieur Zinzolin et Badaboom lui apportèrent les sandwich et un thermos de thé. Les larmes faillirent lui monter tant elle ne s’y attendait pas. Elle les remercia chaleureusement et engloutit le contenu de son assiette en un rien de temps.
Accompagnée de son Branette, elle quitta la joyeuse chaumière. Pourquoi tant d’empressement ? Pour la simple et bonne raison qu’elle devait préparer pour les deux étudiants un petit parcours sportif. Notre professeure ne connaissait pas leur niveau et elle refusait de décevoir ses employeurs en ayant surestimé des petits jeunes. Arrivée au point de rendez-vous elle confia son sac à dos à son pokémon et se mit au travail.
Rien de bien compliqué, il lui fallait rassembler des branches, tresser quelques mètres de cordes et effectuer par elle-même au moins une fois l’épreuve. S’ils ne le réussissaient pas elle les ramènerait tous les deux dans leur chambre, fin du stage pour eux. Les épreuves furent les suivantes : pour commencer, ils devaient sprinter sur dix mètres, puis à plat ventre ramper dans une souche creuse, se relever le plus vite possible pour prendre de l’élan et à l’aide d’une corde traverser un petit ravin et pour finir grimper au sommet d’un arbre de leur choix et revenir jusqu’à elle.
Vraiment, quelle épreuve de génie venait-elle de mettre en place, et ce, sans réelle préparation en amont. Le petit bémol serait Monsieur Zinzolin à qui elle demanda de les surprendre quand il le voulait pour les déséquilibrer, histoire de pimenter la matinée. Il ne lui restait plus qu’à les attendre, assise sur de la mousse, Branette déjà envolé, elle attendait les apprentis rangers.
Ils arrivèrent en retard au grand dam de Siam, chaque minute qu’elle passa immobile la rendit toujours plus irritable, alors quand elle les vit, elle se promit de les épuiser. Tous les deux plus grands qu’elle et accompagné pour l’un d’un Rattata d’Alola et pour l’autre d’un Flamiaou. Deux pokémons beaucoup plus adorables que leurs dresseurs, au moins la tenue de chacun correspondait à la nature du stage de survivalisme. Elle ne leur accorda pas uns regard et répondit sèchement au blondinet :
“En retard, on ne vous apprend pas la ponctualité à la fédération des rangers ? J’espère que je n’ai pas à redresser les plus mauvais élèves de l’établissement. Posez vos sacs à côtés de moi et laissez également vos pokémons, c’est à vous de vous bouger pour le début de ce stage. Je vous préviens, je ne fais pas de cadeaux à ceux qui se moquent de moi. Bref, vous voyez les différentes installations végétales devant vous ? Vous allez suivre le parcours que j’ai balisé à l’aide de baies, il n’est pas très long, de ce fait, je vous demande de le finir en moins de dix minutes. Si l’un d’entre vous n’y parvient pas vous retournerez tous les deux dans votre dortoir. Au et moi c’est Siam, sur ce…”
Et elle siffla afin de marquer le début de l’épreuve.
Leçon de survie : aujourd'hui, c'est toi que je vais apprendre à supporter
I'm prepare for the worst, but hope for the best
Autant dire que lorsque je reviens avec mon sac sur le dos, je ne fais pas mon fier. Le sourire que j'affiche a même tout d'une excuse silencieuse. Je vois dans le regard de Rohann qu'il éprouve une envie soudaine – et tout à fait compréhensible – de me crucifier sur place. Pas que je sois contre un peu de violence lorsqu'elle est nécessaire, mais j'ai bien peur de ne pas être fan du concept. Devant le visage furibond de mon cher binôme, Moe glousse doucement. J'attends que Rohann ouvre la marche pour pouffer un peu avec elle : quoi ? On va peut-être avoir un retard de cinq minutes, tout au plus. C'est pas non plus la mort. À cet heure-ci, le dortoir est absolument désert. Tous sont déjà partis en cours : parmi les quatrième et les cinquième années, il me semble que nous sommes le premier groupe à passer. En soit, ça ne me dérange pas. Au moins, ce sera fait, et j'aurais tout le reste de la journée pour flemmarder. Ma nuit a été bien trop courte pour que je me permette d'assister à un cours d'élimination de cible sans pioncer un peu : faut pas déconner non plus. Les murs d'un blanc sale me donnent l'impression d'être dans un hôpital ou autre bâtiment public un peu déprimant. C'est bête, parce qu'en soit, l'Académie a une architecture sympathique et une décoration relativement correcte. Enfin, j'imagine qu'on n'est pas là pour en prendre plein les yeux tous les matins ? Quand bien même, un peu plus de verdure dans ces couloirs morbides ne ferait pas de mal. Je pense d'ailleurs qu'il faut que j'arrose mes plantes grasses, toutes stockées sur le rebord de la fenêtre. Rohann râle à chaque fois qu'il pose les yeux dessus ; je crois qu'il ne les aime pas. Il va devoir pourtant faire avec ; mes cactus, c'est ma petite famille et je ne m'en séparerai pour rien au monde.
Dehors, le temps semble ne pas être en notre faveur. Une brume étrange et collante rend nos peaux moites en un rien de temps et couvre la jungle d'un linceul fumeux. C'est joli, ça fait un peu mystérieux, mais pas forcément pratique pour faire du sport. Je marche à mon rythme – c'est à dire à celui d'un touriste qui visite cette immense réserve naturelle qui m'éblouit toujours autant – et autorise Moe à aller faire un petit tour dans les parages. Tout guillerette, la Rattata descend de mon épaule et disparaît en courant dans les fourrés. Le nez levé, j'observe les arbres qui s'élèvent haut dans le ciel et étendent leurs ramures de façon à former une voûte végétale avec leurs congénères. Un beau travail d'équipe qui crée une ambiance et un climat propice à la cohabitation de nombreuses espèces. Ce que j'aime observer la nature ! Je connais des tas de choses, maintenant, et à quiconque accepterait de m'écouter, je ferais volontiers un exposé d'une heure. Guide touristique. C'est sans doute ce que j'aurais dû faire. Les rangers, c'est vraiment surcôté.
Il y en a un qui ne semble pas apprécier ce rythme de croisière : Rohann fonce entre les arbres, sa terrible flamiaou dans les bras : il est bien décidé à ne pas arriver en retard, mais j'ai un peu envie de lui crier que c'est raté. C'est vrai quoi : un coup d'œil à mon holokit suffit à me dire qu'il est huit heures passées. Huit heures… Trois, très exactement. Je secoue la tête, riant un peu : il est trop mignon à se secouer les puces, comme ça. Quelle petite pile électrique. Dire que c'est moi qui suis censé être le plus actif des deux… En un sens, c'est pas faux. Depuis tout à l'heure, je saute d'un sujet de réflexion à un autre sans jamais m'arrêter. Si quelqu'un se retrouvait coincé dans ma tête, je pense qu'il n'y comprendrait rien.
C'est finalement dans une petite clairière que notre petit groupe arrive. Moe, qui nous avait suivis de loin, réclame de revenir sur mon épaule : je me baisse pour la prendre dans ma main et, rapide, elle fait son ascension pour se lover contre mon cou. J'avise d'un œil curieux les infrastructures qui ont été visiblement installées pour nous. Serait-ce donc un parcours du combattant qui nous attend ? Pour l'instant, une souche creuse est positionnée à une dizaine de mètre ; je crois que je rentre à peine dedans. Super : moi qui n'aime pas les petits espaces… Quant au reste, plus loin, je sais de mémoire qu'il y a un petit ravin. Rien de bien méchant, en soit, mais si on tombe, ça peut mouiller très fort : une rivière coule entre les deux rives. Un léger sourire vient décorer mon visage : je suis plutôt content ; j'aime bien les parcours de ce genre. C'est toujours assez amusant.
Pourtant, ma bonne humeur s'efface vite lorsque Rohann prend la parole pour saluer la jeune femme qui nous attend, et accessoirement me casser du sucre sur le dos :
▬ Navré pour le retard, vraiment ! Disons que … mon cher binôme n'était pas pressé de se lever ! Je lui rends son regard noir : non mais quel fayot celui-là ! Ah, il peut se la jouer gothique, ça lui réussit ! Je suis Rohann Brooke, enchanté. Et j'ai vraiment hâte de commencer ce stage de survivalisme !
▬ Non mais ça va ? Tranquille ? Tu veux pas me lapider sur la place publique non pl…
Ouais, je sais, j'avais bien commencé. Car il me tape vraiment sur les nerfs, le bonhomme. Bon, je sais que je ne suis pas un exemple ou une pointure dans ma promo. Je suis même le petit branleur qui dort toujours au fond de la classe. Il n'empêche que j'aurais mon diplôme, comme les autres, car moi, au moins, lorsqu'il s'agit de ramper dans la boue ou d'écrire un rapport de vingt pages sur l'état de notre environnement, je ne rechigne pas. Et c'est bien là toute l'âme du Pokémon Ranger, non ? Être vaillant, ne pas se plaindre, et en savoir un minimum sur le monde vivant. M'étonnerait que l'autre peigne-cul en fasse autant. Plutôt du genre bcbg, celui-là, à se donner un style d'emo-rockeur pour faire genre qu'il a une personnalité.
Bref. J'aurais bien fini ma tirade, mais il semblerait que la demie-portion qui nous sert d'institutrice ne soit pas du même avis. Son regard dur s'est posé sur nous. Je m'interromps de moi-même, un peu intimidé : c'est qu'elle ferait presque peur, la paysanne, avec ses lunettes ovales et ses yeux de Abo. Est-ce qu'on peut dire qu'elle est jolie ? Hmm. Trop petite, trop banale. Mais au moins, y'a de muscle. On peut pas lui enlever ça. En fait, je pense qu'avec un brin de relooking, elle serait tout à fait passable. Mais c'est pas le style à se maquiller, si ? Il me semble pas. Sa voix, en tous cas, porte bien. Et il semble qu'elle a un bon caractère.
▬ En retard, on ne vous apprend pas la ponctualité à la fédération des rangers ? J’espère que je n’ai pas à redresser les plus mauvais élèves de l’établissement. Posez vos sacs à côtés de moi et laissez également vos pokémons, c’est à vous de vous bouger pour le début de ce stage. Je vous préviens, je ne fais pas de cadeaux à ceux qui se moquent de moi. Bref, vous voyez les différentes installations végétales devant vous ? Vous allez suivre le parcours que j’ai balisé à l’aide de baies, il n’est pas très long, de ce fait, je vous demande de le finir en moins de dix minutes. Si l’un d’entre vous n’y parvient pas vous retournerez tous les deux dans votre dortoir. Au et moi c’est Siam, sur ce…
Gnagnagna. Ponctualité. Ranger. Mauvais élèves. J'essaie de me retenir mais j'éclate de rire bien malgré moi : c'est qui, cette bouffonne ? Elle se prend pour qui, en fait ? Je la regarde bien : elle doit avoir trois ans de plus que nous, tout au plus, à moins que son allure de petite souris ne la rajeunisse. Bref. Clairement pas le droit de nous faire la morale. Je ne suis pas venu ici pour bénéficier d'un cours à la militaire : d'ailleurs, ce stage de survivalisme était complètement optionnel. Rohann nous y a inscrit pour avoir ses foutus points.
Me voilà donc qui vient poser mon sac à côté de notre délicate demoiselle, Moe se juchant sur le bagage en couinant d'enthousiasme ; je sens que Siam n'apprécie pas vraiment qu'on se moque d'elle… Alors, je lui adresse un regard un peu plus sérieux et décide d'entrer dans le vif du sujet :
▬ T'as quel âge ? La vingtaine ? Faudrait apprendre à se détendre, le stress, c'est mauvais pour la santé. Tu sais, je serais ravi de rentrer, moi. C'est Rohann qui voulait faire ce stage : alors me tente pas, ok ? ~
Je m'écarte un peu, craignant de recevoir une réponse un peu trop musclée à mon goût – on ne sait jamais avec ce genre d'allumées – et m'étire pour me mettre en condition. Visiblement, le parcours qui nous attend ne va pas être aussi facile que prévu. Une fois prêt, je reviens vers Rohann et lui fais un petit clin d'œil.
▬ Allez princesse ~ T'es prêt, on peut y aller ? Et n'oublie pas que c'est un travail à deux, et non pas tout seul !
Sur ces belles paroles, je m'élance et ajoute :
▬ Tu m'en veux pas mais j'ouvre le bal !
Comment dire que le sprint, c'est ma spécialité ! Je me rappelle de ces longues courses de vitesse que je faisais avec mes amis sur la plage d'Ekaeka. Une simple formalité. Néanmoins, les secondes s'égrainent et il serait idiot de ne pas venir à bout de ce petit parcours dans le temps imparti. Si j'entends Rohann râler derrière moi, il me suit tout de même de près. J'avoue ne l'avoir encore jamais vu dans une performance sportive, mais il a l'air de plutôt bien s'en sortir : tant mieux. Ça m'aurait embêté qu'il traîne.
Quand j'arrive à la souche, je m'arrête quelques seconde, le cœur battant, et examine l'intérieur. Mon binôme ne tarde pas à me rejoindre et me fait signe d'accélérer :
▬ Mais c'est vachement étroit, quand même !
Dis-je, lui jetant un petit regard inquiet.
Il ne semble pas partager mon avis et me fait plus ou moins comprendre qu'il serait bon que je me dépêche. C'est donc avec un soupir ennuyé que je me glisse dans la souche, me cognant la tête à la paroi et râlant un peu pour évacuer la pression. Si arriver tout au bout me prend un peu de temps, je finis tout de même par en sortir. Vraiment, je déteste me sentir autant à l'étroit : il n'y a rien de pire. À chaque fois, une angoisse terrible me prend à la gorge et fait battre mon cœur à la chamade. Je pense être un peu claustrophobe… Du moins, ce n'est pas impossible.
C'est donc plus que livide que je sors de cette foutue souche, reprenant mon souffle et attendant que Rohann me rejoigne. Je sens que je vais me prendre une réflexion sympathique. Ça ne m'étonnerait pas.
Du reste, c'est un petit saut à la tarzan qui nous attend. Un léger sourire étire mes lèvres : une formalité. Finalement, il va peut-être être agréable, ce parcours ! Sans doute me suis-je réjoui trop vite, car j'aperçois une ombre spectrale qui s'élève dans le ravin. Une petite surprise que nous réserve notre professeure du jour ?
@feat Siam & Rohann Et voilààà ~ désolée pour la longueur
Aujourd'hui, c'est toi que je vais apprendre à supporter
feat. Aru & Siam
Un frisson glacé dégringole dans le dos de Rohann, alors qu'il se met à se frénétiquement frictionner les bras. Le brouillard ambiant rend l'atmosphère presque poisseuse : il a l'impression que l'humidité imprègne ses vêtements et sa peau, comme s'il avait enfilé des fringues trempées. Une sensation désagréable qui, couplée à son humeur de Caninos, ne lui promet pas une journée sympathique. Ajoutez à cela le manque d'entrain d'Arutua et voilà un beau cocktail explosif ! Pourtant, ce stage de survivalisme l'intéresse sincèrement et il avait hâte de s'y tremper. Mais maintenant, Rohann regrette la chaleur de son lit et le moelleux de son matelas. Vraiment, il est tenté de tourner les talons et tout abandonner. Mais cette promesse de points supplémentaires dans sa moyenne générale le force à garder la tête haute, l'air déterminé et le pas rapide. Au pire, ce ne seront que quelques mauvaises heures à passer. Après, il validera le stage auprès de l'administration et tout ceci ne sera qu'un mauvais souvenir … Ouai, c'est ce qu'il doit se dire. Même si collaborer avec Aru toute la journée durant lui promet de belles crises de nerf !
Comme Rohann s'y attendait, ils arrivent en retard. De trois longues, horribles minutes. Et si son réflexe est de s'excuser auprès de leur maître de stage, se justifiant en accusant Aru, le Galarien se sent bien plus coupable qu'il ne le devrait. C'est à peine s'il entend la complainte de son colocataire, n'appréciant certainement pas d'être ainsi lapidé sur la place public. Par contre, les remarques cinglantes de leur responsable du jour, il les entend comme si elles résonnaient dans sa tête. Honteux, Rohann baisse la tête, les joues cramoisies. Il déteste tellement être ainsi reprit, comme un enfant ayant fait une bêtise. Le garçon sait pertinemment que la ponctualités est l'une des bases de la politesse mais … trois petites minutes méritent donc autant de reproches ? Pincant les lèvres pour retenir quelques mots fleuris, Rohann obéit aux ordres de la fameuse Siam et dépose son sac à dos à ses côtés, intimant à Cynder de rester sage le temps qu'il revienne. Si la Flamiaou lorgne un instant sur la Rattata de Aru, elle finit par s'asseoir gentiment en enroulant sa queue autour de ses pattes avants.
Dans son dos, Aru éclate de rire, insolent comme à son habitude. Rohann lui lance un regard noir : il est sérieux, là ?! Il ne peut pas se retenir, genre pendant une journée ? Pourquoi faut-il toujours qu'il ramène sa fraise ? Le pire, c'est qu'il ose manquer de respect à Siam. Bouillonnant de colère, le Galarien est tenté de lui donner un coup dans les genoux, histoire de lui remettre les idées en place. Mais si Aru veut compromettre son stage, c'est son problème : Rohann compte bien se montrer exemplaire pour se mettre dans les petits papiers de la survivaliste – en espérant lui faire oublier ce retard duquel il n'est même pas responsable. Il préfère donc s'adonner à quelques étirements pour réchauffer les muscles et les préparer à l'effort à venir. Ce parcours du combattant qui les attend ne l'effraie pas le moins du monde : Rohann a toujours aimé se dépenser et repousser ses limites physiques. Il n'est peut-être pas le gars le plus endurant qui soit, mais ce parcours à travers la forêt ne lui fait pas peur : il a même plutôt hâte de s'y mettre.
Allez princesse ~ T'es prêt, on peut y aller ? Et n'oublie pas que c'est un travail à deux, et non pas tout seul ! Tu m'en veux pas mais j'ouvre le bal ! Oh mais la ferme !
Sa voix se perd dans la forêt tandis que Arutua file comme une flèche à travers les arbres. Rohann se hâte de se lancer à sa poursuite, veillant sur sa respiration pour ne pas s'essouffler trop vite. Le terrain est bien évidemment tortueux et le Galarien ne peut retenir quelques bougonnements agacés. Un peu en avance sur lui, Aru semble parfaitement à l'aise et avance à un rythme régulier. Pourtant, au moment d'arriver auprès de la souche, il reste bêtement debout devant, comme s'il hésitait. Rohann le rejoint et le presse sans ménagement : ils n'ont que dix minutes, pas le temps de réfléchir ! Les soucis de claustrophobie de Aru, ce n'est pas son souci. Heureusement, le garçon finit par se décider et le voilà qui s'abaisse pour ramper dans la souche – Rohann observe sa progression, ne surprenant à se rincer l'oeil sans ménagement. Après une bonne gifle mentale, le Galarien s'engouffre dans la souche. Vraiment, ce n'est pas le moment d'admirer le fessier musclé de Aru ! Et puis d'abord, il ne mérite même pas autant d'attention. Pas après ce qu'il a osé lui faire. Fulminant contre lui-même, Rohann arrive au bout de l'obstacle et se hâte de se redresser, époussetant sa tenue pour se débarrasser de quelques feuilles mortes.
A côté de lui, Aru semble livide. De toute évidence, cette petite expérience ne lui a pas plu. Mais loin de lui l'idée de le juger : chacun ses phobies, après tout. Ce n'est pas parce qu'il est un ingrat malpoli que Rohann a des raisons de se foutre ouvertement de sa gueule. Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse, comme lui répétait si souvent sa mère.
Ca va aller ? Rohann ne le regarde pas, s'intéressant plus à la corde en face de lui. Allez, on enchaîne.
Ni une ni deux, le Galarien s'approche du prochain obstacle : super, ils vont devoir se la jouer Tarzan. Rohann n'a pas vraiment le vertige mais ce n'est pas non plus une activité qui le botte énormément. Cependant, il s'accroche à la corde sans réfléchir et prend de l'élan, bondissant par dessus le ravin sans relâcher sa prise. Rohann arrive de l'autre côté sans encombre, le cœur battant sous l'adrénaline. Avant de reprendre sa course, il s'assure que Arutua arrive à franchir l'obstacle sans le moindre mal. Mais le temps que le Galarien fasse volte-face, il entend un cri de terreur dans son dos, suivi d'un « plouf » significatif. Ni une ni deux, le garçon court jusqu'au ravin et lance un regard en contrebas. Ce qu'il y voit lui tire un rire incontrolable : Aru est bêtement assit dans l'eau, trempé de la tête au pied, une feuille morte collée au milieu du front. Il ne s'est pas fait mal de toute évidence mais … par Arceus, tout ça est beaucoup trop comique ! N'est-ce pas là ce qu'on appelle le karma ? Arutua n'a que ce qu'il mérite !
Néanmoins, Rohann n'est pas le dernier des salopards pour autant : son hilarité passé, le garçon se penche au dessus du ravin, tendant une main solidaire à son colocataire. Dans une autre situation, il l'aurait très certainement laissé se débrouiller tout seul mais puisque le but est qu'il coopère … autant lui venir en aide.
Je donne un vingt sur vingt au magnifique cri de fillette. Du grand art.
Leçon de survie : aujourd'hui, c'est toi que je vais apprendre à supporter
I'm prepare for the worst, but hope for the best
Étonnamment les mots de Rohann se font plutôt doux. Sans même m'en rendre compte, je hausse un sourcil mi étonné, mi appréciateur : il m'a vraiment demandé si ça allait ? Dites donc, c'est qu'on s'améliore ! J'opine doucement du chef après avoir un peu secoué la tête pour me remettre de mes émotions. Je m'apprête à lui répondre clairement quand je me rends compte qu'il n'attend pas forcément que je réagisse à sa question : oh. J'ai été trop optimiste. Zut. Un léger soupire s'échappe de mes lèvres ; je regarde mon cher binôme s'emparer de la corde installée par les soins de Siam et s'élancer dans le vide. Un saut maîtrisé et effectué en beauté : je me retiendrais presque d'applaudir. À vrai dire, je pense faire mieux : je me suis entraîné toute mon enfance, avec mes frères. Il y avait une petit crique près de chez moi, encadrée de rochers assez haut. Pas de plage, pas la moindre trace de sable. L'eau atteignait directement une profondeur adéquate pour y tenter quelques plongeons. À la branche solide d'un arbre, mon aîné avait accroché une corde particulièrement résistante. C'était lui qui avait montré l'exemple : prendre son élan, sauter suspendu à la liane… Et faire le plongeon du siècle ! Le choc était toujours délicieusement violent. Je pense que lorsque je reviendrai à mele-Mele ce sera l'une des premières choses qui j'irai faire. Cette sensation de danger et d'aventure me manque terriblement.
De l'autre côté du petit ravin, Rohann me lance la corde qui emprunte un mouvement de balancier avant que je ne puisse l'attraper. Il y a quoi ? Trois mètres, à peine ? On pourrait presque le faire sans liane. Un peu d'élan et un bon saut pourraient suffire. Mais bon : ce n'est pas moi qui ai fait les règles n'est-ce pas ? Corde en main, je m'approche du bord de ma rive et j'observe plus attentivement l'obstacle. Hmm. Quatre ou cinq mètres serait plus exact. D'un geste connaisseur, je fais un nœud solide au bas de la corde ; assez pour que je puisse y coincer mes pieds : Rohann doit avoir une sacrée force dans les bras pour qu'il ait pu s'en passer ! De ce que je vois, il s'intéresse déjà à l'obstacle suivant et ne m'attend pas. Alors… Autant y aller ? Tant pis, je n'aurais pas de spectateur pour ce saut de l'ange. Hmm, c'est bien dommage. Je suis sûr que je vais être absolument ma-gni-fi-que.
Franchement, sur le coup, je l'ai bien senti ce petit saut de Tarzan. Mais c'était sans oublier l'ombre menaçante qui avait filé devant mes yeux avant que Rohann ne s'élance. Pris dans le jeu, je l'ai complètement éclipsée… Et voilà qu'en plein transit, la corde semble changer violemment de trajectoire, effectuant un mouvement sec sur le côté comme si elle était animée par une force obscure ! Tout juste le temps d'entendre un petit rire ténébreux, satisfait de son méfait et… SPLASH !
Pour le coup, j'ai vraiment l'impression d'être à Alola et d'avoir plongé dans l'océan. L'eau, contrairement à ce que j'aurai pu penser, est gelée. Le choc parcourt tout mon squelette et je sombre au fond de cette rivière au courant heureusement très doux… Le temps de reprendre mes esprit, je bois bien évidemment la tasse : le retour à la surface n'est vraiment pas glorieux. Trempé jusqu'aux os et suffocant, je me tiens difficilement à flot et nage sans attendre jusqu'à la rive que j'étais sensé atteindre. Une douleur très désagréable remonte dans mon nez que je me mouche dans mes doigts pour évacuer l'eau qui s'y est infiltrée. Assis sur la berge, les pieds dans l'eau et en proie à une incompréhension tout à fait naturelle, le rire de Rohann me fait littéralement l'effet d'une douche froide : franchement, j'aurais pu me faire mal ! C'est pas la mer, ici ! Il y a des rochers qui jonchent le lit de rivière. Je tousse un peu et rejette mes cheveux trempes en arrière. Si un soupir las gonfle et vide successivement mes poumons, je me rappelle finalement du temps qui défile et me relève non sans mal, bien décidé à poursuivre.
Est-ce que j'ai honte ? Pas tant que ça. Au contraire, je cherche le responsable de cette situation pour la moins cocasse. Je sais que ce n'est pas moi qui ai fait dévier la corde ! Il y a une autre explication… Serait-ce Siam qui rend la tâche plus compliquée ? Ah ! Ça ne m'étonnerait pas ! Mais qu'on soit clair : cette grognasse m'a eu une fois, elle ne m'aura pas deux !
J'attrape non sans une certaine envie de le précipiter à son tour dans la rivière la main de Rohann qui m'aide à me hisser jusqu'à lui. Il ne rit plus, mais son regard est encore hilare, luisant de petites larmes amusées. Je finis par sourire aussi en m'apercevant de la feuille collée à mon front : je dois puer l'eau croupie à dix kilomètres à la ronde : un plaisir.
▬ Merci, tu es bien aimable. Fais-je d'une voix un tantinet moqueuse. T'aurais préféré que je me fracasse le crâne sur un rocher, non ?
Évidemment, mon cher partenaire ignore la question et retourne à son analyse d'obstacle non sans me glisser une petite pique croustillante. Je ris jaune : j'ai vraiment crié ? Génial. Un bon point du côté de ma légendaire virilité : c'est pas comme ça que je vais finir par lui plaire. Si un petit grognement mécontent manque de se faire entendre, je préfère faire semblant de ne pas réagir à cette provocation ridicule et le rejoint au pied des deux arbres que nous sommes censés escalader. À leur sommet, ce qui s'apparente de près ou de loin à un cerceau coloré. Parfait. Je jette quelques coups d'œil plein de méfiance autour de moi avant de me rapprocher du tronc pour l'observer avec plus de sérieux : il est relativement lisse. Pas simple à monter. D'ailleurs, Rohann semble bien embêté :
▬ Bah alors ? T'as jamais joué au Chimpanfeu, chez toi, Môsieur l'Aventurier ? Est-ce que je suis désagréable ? Ouais, sans doute. Mais il l'a été aussi, et pas qu'une fois. Plutôt du genre à rester dans sa chambre pour lire des manga pas très nets, hein ?
Ouais. C'est bas et gratuit… Mais par Tokorico, ce que ça fait du bien ! Un léger rire secoue mes épaules, alors que je reprends la parole :
▬Ok, plus sérieusement. Il nous reste quoi ? Cinq minutes ? J'espère que t'apprends vite. Regarde, je te montre.
Monter aux arbres, c'est mon père qui me l'a appris : à Alola, on est nombreux à savoir le faire… Mais il paraît que passé un certain âge, il est plus difficile d'apprendre la technique. En fait, il n'y en a pas qu'une… Mais la plus simple semble être celle du Grenousse. Je suis sûr qu'il va me prendre pour un fou quand je vais lui expliquer tout ça.
Me voilà donc qui enlève mes chaussures et prends position contre le tronc : jambes écartées de chaque côté de l'arbre, on dirait un Amphinobi au comble de la grâce :
▬ Chez moi, on appelle ça "monter comme un Grenousse" ! Tu places tes jambes comme ça, tu exerces une pression sur le tronc avec tes pieds et tu t'y tiens avec tes bras… Et… Tu sautes !
Si je lui montre tout en parlant, les yeux ronds de Rohann manquent de me faire éclater de rire et lâcher prise. S'il n'arrive pas à ça, je ne peux vraiment plus rien pour lui. D'ailleurs… Il semblerait qu'on me laisse tranquille, cette fois ! Ni une ni deux, j'en profite pour monter tout en haut non sans ahaner un peu, et décrocher mon anneau avant de désescalader prudemment l'arbre : inutile de faire du zèle en sautant du sommet. Ce n'est pas le moment de se blesser.
De retour par terre, l'anneau à mes côtés, je remets rapidement mes baskets et lance un regard interrogateur à mon partenaire. Le pauvre a l'air complètement perdu. Un sourire bienveillant étire mes lèvres ; je suis un connard, mais je vais pas le laisser galérer comme ça… D'autant que les minutes s'égrènent :
▬ Allez. Je te remontre ? T'inquiètes, tu vas y arriver. Enlève tes chaussures, et vite. Pas besoin de me faire un strip-tease ~
Un petit clin d'œil moqueur accompagne mes paroles ; mes vêtements, encore trempés, me collent à la peau. Remettre mes chaussettes n'a pas été une partie de plaisir… J'ai bien peur qu'on soit un peu short niveau timing. Et qui sait ce dont Siam est capable si on ne parvient pas à tout finir dans les deux ? Elle me semble particulièrement imprévisible… Alors, lorsque Rohann essaye de reproduire mes gestes, je viens le prendre par la taille sans aucun complexe, le soutenant du mieux que je peux pour lui éviter de tomber à la renverse et pour que les choses avancent plus vite.
▬ Voilà. Comme ça. Et maintenant que tu te tiens bien à l'arbre, tu tentes un premier saut. Il faut que tu projettes le poids de ton corps vers le haut, en fait. Ça va, t'es mince et pas très grand ; ça ne va pas être trop difficile normalement. Au pire, je suis là pour te rattraper.
Aujourd'hui, c'est toi que je vais apprendre à supporter
feat. Aru & Siam
Jamais de sa vie Rohann n'oubliera le tableau ridicule que lui offre Arutua. A le voir patauger dans cette rivière comme un Grenousse, il ne peut s'empêcher de rire. Comment diable a-t-il pu tomber, d'ailleurs ? Il a l'air d'être le genre de mec à aimer se lancer dans ce type de parcours du combattant. S'il peut comprendre sa réserve vis-à-vis de la souche, le Galarien ne voit pas comment il a pu tomber pendant son saut. La corde est solidement attaché et en s'agrippant bien, traverser ce ravin n'a rien de sorcier. Ils auraient même pu le franchir en sautant, en prenant un peu d'élan. Il doit y avoir une autre explication … mais Rohann sèche. En tout cas, le plus important reste que Aru ne semble pas s'être fait mal. Il n'aurait jamais osé rire si son camarade s'était blessé – ou pire. Bien que Aru ne soit pas des plus tendres avec lui, Rohann ne souhaite de mal à personnes. Mais à voir so colocataire nager comme un gracieux Couaneton jusqu'à la berge, il comprend que tout va bien pour lui. Des petites courbatures demain matin, peut-être. Ou une bonne douleur au derrière pour le reste de la journée, tout au plus. Enfin, tant qu'il n'a rien de cassé … c'est le plus important.
Finalement, Aru rejoint la berge et s'y assoit, rejetant ses cheveux trempés en arrière. Il n'a vraiment pas fait semblant … il est mouillé de la tête aux pieds. Ses chaussures doivent être pleine d'eau … brr, quelle horreur. Et la sensation des vêtements humides qui collent à la peau … ! Rohann ne lui envie absolument pas sa situation, c'est certain. Pour peu, il serait tenter de lui proposer de laisser tomber ce stage de survivalisme et de rentrer se mettre au chaud, histoire qu'il n'attrape pas la mort. Parce qu'ainsi trempé en cette matinée fraîche, c'est un véritable appel aux microbes. Et hors de question qu'il ramène quelque maladie que ce soit dans la chambre … Rohann ne tient pas à l'attraper à son tour et risquer d'être cloué au lit plusieurs jours, à rater des cours. S'il reste dans cette académie malgré tout ce qui peut lui arriver chaque jour, c'est pour obtenir de bonnes notes et décrocher son diplôme avec la meilleure moyenne possible. Louper une classe n'est donc absolument pas permit.
Acceptant finalement la main tendue de Rohann, Arutua se hisse à ses côtés, non sans une petite réflexion dont il a le secret. S'il aurait aimé le voir se fracasser le crâne ? Evidemment que non ! Ca aurait été un spectacle horrible. En fait, le voir patauger dans cette eau croupie s'est révélée être la vengeance parfaite. Néanmoins, Rohann ne peut s'empêcher de se moquer du cri viril ayant accompagné sa chute. Jamais il n'aurait pensé que Arutua puisse monter si haut dans les aigües … Comme quoi, nous en apprenons tous les jours ! Enfin, ils ont perdu suffisamment de temps comme ça : le Galarien s'approche donc de leur prochain obstacle, qu'il dévisage avec une certaine appréhension. Grimper dans les arbres, ce n'est pas vraiment son truc. Il l'a bien fait, enfant, quand il s'amusait avec ses cousins mais voilà bien longtemps qu'il n'a pas réitérer l'expérience. Et il doit bien avouer que ça l'impressionne un petit peu, surtout vu la hauteur des arbres en question. Pas qu'il ait le vertige, mais il doute être seulement capable de se hisser jusqu'au cerceau coloré qu'il est censé attraper …
Bah alors ? T'as jamais joué au Chimpanfeu, chez toi, Môsieur l'Aventurier ? Plutôt du genre à rester dans sa chambre pour lire des manga pas très nets, hein ? Mais va bien te faire f-... Ok, plus sérieusement. Il nous reste quoi ? Cinq minutes ? J'espère que t'apprends vite. Regarde, je te montre.
Malgré la colère qui agite ses entrailles, Rohann observe Arutua tandis que ce dernier enlève ses chaussures et se colle au tronc, comme pour l'enlacer. Si le Galarien pouffe en le voyant prendre une pose aussi ridicule, il est impressionné de le voir grimper avec une telle facilité ! Monter comme un Grenousse … ? Ouai, Rohann comprend plus ou moins pourquoi, même si Aru ressemble davantage à un Crapuscule hors de sa mare qu'à un Grenousse à l'heure actuelle … Cela dit, il atteint le sommet de l'arbre sans réelle difficulté apparente et redescend souplement, son cerceau dans les mains. Un peu dépassé, Rohann avise son arbre comme s'il s'agissait d'un mur infranchissable. Il s'imagine mal réussir à grimper tout là-haut, même avec la fameuse technique de Aru … Et pendant qu'il hésite, les secondes défilent. S'il ne se décide pas vite, il est certain qu'ils seront renvoyés dans leur chambre sans plus de cérémonie. Mais le tronc paraît si lisse … ! Et les branches les plus bassent paraissent trop fragiles pour qu'il s'y accroche. Pour Rohann, une chose est sûre : ils vont rater ce stage par sa faute, alors qu'il a tant insisté pour y participer …
Mais c'est sans compter sur Arutua qui lui propose son aide, non sans une petite réflexion de sa composition. Pendant un instant, Rohann songe à refuser … mais se décide finalement à retirer ses chaussures puis à s'approcher du tronc. Les joues cramoisies de honte, il entoure le tronc de ses bras et essaie de reproduire la technique de son colocataire. Cependant, ses pieds glissent sur le tronc lisse et il ne parvient absolument pas à se hisser, ne serait-ce que d'un centimètre. C'est alors qu'il sent les mains de Aru sur ses côtes. Un frisson dégringole dans son dos et il manque presque de lâcher le tronc – heureusement, il se rattrape à temps et, guidé par les directives de son compagnon de galère, il tente un premier saut. Si un petit cri de surprise lui échappe, son action est un succès. Encouragé par cette réussite, il recommence jusqu'à atteindre le sommet. Là, Rohann se hâte d'attraper son cerceau et s'aide de quelques branches pour redescendre, attendant le meilleur moment pour bondir au sol. Si la réception secoue désagréablement ses jambes, il n'a pas le temps de s'en préoccuper. Il se hâte plutôt de remettre ses chaussures, puis de se tourner vers Aru :
M-Merci. Mais vite, dépêchons-nous de rejoindre Siam avant la fin du chrono !
Sans atteindre sa réponse, Rohann s'élance dans les bois. Bien malgré lui, la sensation des mains de Arutua autour de sa taille ne quitte pas son esprit. Il a beau essayer de penser à autre chose, c'est mission impossible. Des idées peu catholiques tourmentent son esprit et l'empêche de se concentrer sur sa course. Il manque même de se vautrer lamentablement en trébuchant sur une racine épaisse … Heureusement, Rohann se rattrape in extremis et termine son sprint en arrivant auprès de Siam, le souffle court et le visage rouge vif. Est-ce seulement du à l'effort … ? Evidemment que non. Mais au moins, personne ne lui posera la moindre question. En le voyant arrivé, Cynder l'accueille d'un miaulement ravi et vient se frotter contre ses jambes. Attendri, Rohann se penche pour flatter son pelage doux et chaud, avant de se tourner vers Siam. Ont-ils réussi à finir le parcours à temps … ? Un peu angoissé, il coule un regard en direction d'Arutua, debout à quelques pas de lui. Sans son aide, jamais Rohann n'aurait été capable de grimper à cette arbre. Il lui doit une fière chandelle … mais ça, le Galarien est trop fier pour se l'avouer !
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