Tales of Salva

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« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac
Ashley Li
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Inventaire : - 1 Pokéball
- 1 Master ball
- 1 Total Soin
- 2 Potions
– 1 jeton chance
- 4 repousses
- 5 dés d'or

- Oeuf mystère de Mitch
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_Badge_Roche_RFVF
Ashley Li
Civil
Dim 1 Mar - 19:19   



Identité de Léonce

Nom :
Du Lac

Prénom :
Léonce

Age :
18ans

Orientation :
Homosexuel

Région natale :
Kalos, Illumnis

Origines :
Etranger

Activité :
Coordinateur confirmé connu sous le nom de ‘Mateus’

Lieu actuel :
Euranie, réside à l’hôtel Clovis

Avatar :
Orthos de Merc Storia

Équipe Pokémon :

« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Sprite_349_XY Robert aka. Bob - niv. 23 Robert, je l’ai élevé depuis qu’il est tout jeune. Quand j’ai commencé ma carrière de coordinateur, Mère m’en a fait cadeau. Il s’agit du fils de sa propre milobellus, Emilia, reconnue pour son immense talent et sa beauté... comme elle. Bob est son digne fils. Malgré que ce soit un barpau, il fait preuve d’une grâce incroyable, rendant les entrainements avec lui extrêmement facile. Pourquoi n’a-t-il pas encore évolué ? Je lui en empêche. Je le soigne suffisamment, mais jamais assez pour le rendre si beau qu’il en évoluerait. Je sais qu’il est proche de l’évolution... je sais qu’il veut évoluer.

Je ne supporterai pas qu’il évolue. On a beaucoup de mal à s’entendre à cause ça... il est frustré, mais surtout, coincé avec moi.

+ Trempette, Attraction, Frustration, Vibraqua

« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Sprite_425_XY – Secret - niv. 20 J’ai rencontré Secret à Floraville, lors d’une tournée à Sinnoh. Lui et moi avons beaucoup souffert de la solitude... je pense que c’est pour ça qu’il a accepté que je le capture. Il est difficile à comprendre, parce qu’il s’exprime peu. Secret aime... regarder... longuement les gens. Très longuement, au point que ça en devient prendre gênant. Il est aussi étrangement fort pour sa taille et peut pratiquement me soulever. Depuis que je suis arrivé à Salva, je l’entraine à la Coordination. Il n’est pas mauvais ... mais il est très très inexpressif, ce que rend certains numéros... juste creepy avec lui. C’est amusant, je crois que j’aime beaucoup son style en fait.

+ Danse pluie, ball’météo, ball’ombre, Zénith

Inventaire :

J’ai toujours un tas de trucs sur moi... des choses dont je ne peux pas me séparer. Quand j’ai déménager à Salva, j’ai dû faire le tri dans certaines affaires. J’ai emporté ma garde-robe, un tas de produit que j’utilise quotidiennement, mon holokit, mes pokemon et c’est tout.

Okay... c’est déjà beaucoup.

Sur moi, je me balade toujours avec au minimum une brosse à cheveux, un miroir, un étui pour mes lentilles et le produit pour les nettoyer. Le tout sous une forme compacte placé dans un petit sac qui me suis un peu partout. Pourquoi ? Parce que j’ai juste du mal à me détacher de ces objets, j’en ai presque... besoin si je veux oser montrer ma face dehors.

Indispensable aussi, mon holokit. Pour que je puisse garder contact avec les réseaux sociaux... quand j’ai du réseau. C’est une condition pour que je puis m’installer à Salva, tenir à jour mes réseaux sociaux... pour mes fans. Du moment que je peux m’échapper, peu importe.

Je ne suis pas vraiment un grand amoureux de la nature, alors quand je voyage, c’est d’hôtels en hotels... avec une immense valise remplie à craquer de vêtements de produits de beauté.  
Qui es-tu ?

CARACTÈRE - De qui parle-t-on exactement ? De Mateus, de Léonce ? Je ne vais pas jouer au gars qui se croit avoir deux personnalité, ce n’est pas le cas.
Mais qui ? Je suppose que l’on n’est qu’un masque insupportable, alors que l’autre est si creux que c’en devient abyssal. Je ne dirai pas qui est qui.

Pour le public de Kalos, je suis Mateus, la coqueluche du moment qui a décidé prendre une pause dans sa carrière pour se ressourcer. Si Je suis devenu un symbole de l’importance de la santé mentale, grâce à ça. Si je ne l’avais pas fait, j’aurai juste explosé en un millier de petits papiers coupants. Je suis l’adorable angelot, si gentil, si doux, si délicat... si souriant, si positif, si charmant. Altruiste, en plus d’être talentueux. N’est-ce pas une belle blague ? N’est-ce pas un beau mensonge bien emballé ? Parfaitement, tout ça, c’est du vent. Si à un moment, j’ai été cette personne, elle est partie depuis longtemps. Maintenant, elle ne sort que pour mes représentations. Je me souviens... avant, j’étais un peu timide, un peu complexé. Je n’osais pas m’exprimer, de peur de heurter.

Comment dire que je n’en ai plus rien à foutre désormais ?

Je suis fatigué de faire plaisir, je suis fatigué de devoir tout retenir et tout contenir. Alors oui, tant pis si je ne suis pas gentil, tant pis si je suis trop franc, tant pis si mon cynisme blesse et vrille le cœur. Je suis fatigué... fatigué de faire semblant. Et pourtant, je sais si facilement le faire. Les années sur scène m’ont appris à contenir mes émotions, à ne montrer que ce que l’on attend de moi... au point de bousiller mes expressions faciales. Je peux pleurer sur commande, rire sur commande, c’en est presque amusant de voir cette pointe d’étonnement, de compassion même quand mes larmes se mettent à couler.

J’ai horreur de ça.

Je déteste ce que je suis devenu. Je déteste cette personne n’arrive plus à gérer sa frustration, qui n’arrive plus à gérer ses mots. Je suis devenu... désabusé, cynique, sarcastique, solitaire... Je suis devenu insupportable, même pour moi. Coincé dans un corps que je déteste, une apparence que j’entretiens uniquement pour plaire. N’est-ce pas pathétique ? Je crains cette solitude dans laquelle je baigne sans arrêt depuis des années. Je crains d’être devenu ingérable, au point de repousser tout le monde. Je crains de ne pas être aimé. J’ai besoin d’être aimé... surtout des hommes. J’aime les hommes, bien que ce ne soit pas un trait de personnalité en soi. J’ai... un certain type en tête, face auquel je ne peux littéralement rien faire. J’aime les hommes qui ne me ressemble pas. Grand, bien bâti, un regard perçant et une voix suave... ça m’a joué des tours, je parie que ça m’en jouera encore.

Si j’ai si peur d’être seul... pourquoi ? Pourquoi je n’arrive plus à pardonner ? Pourquoi je n’arrive plus à profiter de l’instant ? Pourquoi je n’arrive plus à calmer cette paranoïa qui me dit que si on m’approche, c’est forcément pour obtenir quelque chose de moi ?

Ou pour me blesser.

Encore me blesser.

C’est certainement le cas, alors, autant que je m’amuse un peu... je me déteste déjà, alors... tant pis ?  
PHYSIQUE - « Tu l’aimes, mon apparence ? Tant mieux, elle m’a coûté assez cher. »

Souvent, j’observe mon reflet dans ce trop grand miroir. Comme aujourd’hui, je scrute, calcule, décortique toute ma plastique. Elle est faite pour éblouir, calculée exactement pour plaire. Elle est faite pour masquer, pour cacher ce que je suis. Tout, tout ce que je montre, tout ce que je dégage, tout ce que je porte, tout ce que je suis, ce n’est qu’un vide sourd analysé, inventé, étudié pour plaire au plus grand nombre. Un clin d’œil mutin, répété encore, encore et encore devant une glace, au point d’en perdre toute sa substance. Un geste amical de la main, qui perd son sens parce que je n’en pense pas un mot.

Et puisque je n’ai jamais eu la stature d’une statue grecque bien taillée, le département marketing m’a choisi l’apparence de l’éternel et adorable angelot. Un ‘petit frère’ qui te suit partout, enthousiaste et d’une fraicheur sans pareille. Tu l’aimes ? C’est fait pour. Ce masque, il me demande un entretien gigantesque. Toutes les semaines, je dois me décolorer les racines, pour garder cette teinte parfaitement immaculée, et tous les mois, direction le coiffeur, évidemment, pour garder ma coupe courte, coiffée sans vraiment l’être... et pourtant si bien étudiée. Mes cheveux demandent un soin constant pour ne pas être abimer par la masse de produits chimiques que j’utilise au quotidien. Masque, gel, lisseur et j’en passe. Une couleur naturelle ? Ah ! Loin, très loin de là. Au naturel, mes cheveux sont d’une couleur sombre et très fade. Le genre que tu croises sans cesse dans la rue, le genre pour lequel tu ne te retournes pas le moins du monde. Aurait-elle plus ? Aurait-elle séduite ?

Non.

Alors, je l’ai changée.

Est-ce le seul travail sur mon visage ? Si seulement. Mes traits, on me les acheté aussi. A coup de bistouris bien placés. Juste de quoi souligner une pommette, juste de quoi gommer une bosse sur le nez, juste de quoi harmoniser la courbe d’une paupière... vu mon âge, mon chirurgien n’a rien voulu faire de plus. De nombreux détails ? Peut-être... le diable ne se cache-t-il pas dedans ? Mon visage n’était pas plaisant, trop rond, pas assez fin... juste pas assez. Il n’a jamais été assez, certainement pas assez pour soutenir ma carrière.

Alors, je l’ai changé.

N’est-ce pas le but ? Tout ce que je fais, n’est-ce pas pour cet unique but ? A être couvert de bandages, à sentir la peau gonflée, prisonnière, à réapprendre à se reconnaitre face à son reflet. Fini ? Loin, très loin de là. Terminons par mes yeux, avant de passer au reste de ce chantier constant.  Tout comme mes cheveux, ce bleu n’est pas naturel. Un bleu aussi profond, un bleu aussi envoutant... il existe, mais pas chez moi. Pourquoi l’aurai-je eu ? Mes yeux sont d’un gris sale et vide. D’un gris dérangeant et sans éclat. Ils ne reflètent rien à part le temps d’un jour de pluie, les nuages et la grisaille. Ce n’est pas ça que le public veut voir. Personne... personne n’a envie de voir ça. Personne ne peut avoir envie de voir ça. Personne ne peut aimer une couleur sans joie, ni celui qui la porte.

Alors, je l’ai changée.

Je descends mon regard plus bas, et analyse ce corps dont j’ai perdu le contrôle il y a si longtemps. Je le bouge, c’est donc le mien. C’est difficile à croire, mais c’est le mien. Le premier mot qui me vient à l’esprit est presque une insulte. « Trop petit ». Pour un homme, je suis trop petit. Je ne pourrai jamais le changer. Je suis trop petit, trop frêle, au point que l’on me pense toujours plus jeune que ce que je suis. Je mesure un mètre soixante-et-un exactement. D’une pâleur calculée. Ma peau réagit plutôt bien au soleil, mais je me dois de la garder immaculée. Je dois la couvrir de ces vêtements que je n’ai pas choisis. Souvent Blancs, désespérément blancs. Parfois Coloré, désespérément colorés. Ils reflètent si bien ce que ‘Mateus’ est, qu’ils couvrent entièrement tout ce que je suis. N’est-ce pas le but ?

C’est le but.

Un à un, ils s’écrasent sur le sol, que je puisse contempler ce corps qui n’est plus le mien. M’habituer à sa pâleur, m’habituer à son dessin. Quelque part, il est agréable à regarder. Toutes ces années de travail, de régime n’ont pas été pour rien. Il est fin, trop fin. Je ne suis pas musclé, je doute que ça m’irait. Je doute que c’est ce qu’ils veulent. Néanmoins, la danse m’a sculpté plus que je n’aurai jamais pu imaginer. Les privations de nourriture ont fait saillir mes côtes. Mes pieds sont déformés par mes chaussons, tout comme mes jambes par des dizaines et des dizaines d’heures d’entrainement. Pourquoi ? Pour le spectacle. Tout pour le spectacle. Tout pour rester en forme, pour pouvoir suivre l’entrainement de mes propres pokemon. Pour pouvoir être pleinement conscient de mes mouvements, pour enfin devenir gracieux.

Aussi loin que je me souvienne, on a toujours glorifié Mère pour sa beauté, son élégance, pour la pâleur de sa peau, pour la douceur d’or presque blanc de ses cheveux, pour la pétillance de ses yeux océans, la grâce de sa silhouette fine et parfaite, la douceur de miel de sa voix, ses mouvements d’une finesse délicate... avant d’ajouter que je devais ressembler à ce ‘père’ que je n’ai même jamais vu. N’est-elle pas superbe ? N’est-elle pas une grande diva ? N’est-elle pas l’image même romancée de la femme ? Celle qui séduit d’un regard, celle qui, d’un sourire, d’une main dans ses longs cheveux, envoute même le plus saint des hommes. N’est-elle pas aimée, juste à cause de ce simple fait ? Même ma venue au monde n’a pas pu totalement détruire des années de travail acharné.

Alors, j’ai tout changé. Pour ‘faire ce qu’il faut’. Pour ‘ne pas lui faire honte’

Pour enfin... enfin lui ressembler.

Pourtant, je ne me suis jamais autant détesté que depuis je suis devenu ‘parfait’.

Mais ils l’aiment, ce Mateus si rieur, si brillant, si vide. Ils l’aiment tant, qui suis-je pour leur en priver ?
HISTOIRE - Je crois que cette interview a été plus rude pour moi que ce que je croyais. Pourtant, être à une heure de grande écoute, entouré de journalistes, à répondre à des tonnes et des tonnes de questions sur qui je suis... ça doit être facile, non ? En compagnie de Mère, encore plus. Enfin, j’ai été révélé au monde. Enfin, on me reconnait comme étant son fils, n’est-ce pas ce que j’ai toujours souhaité ? D’enfin sortir de cette prison qui est ma maison. D’enfin pouvoir compléter mon rêve de monter sur le devant de la scène, Bob et moi. De montrer au monde notre talent pour la coordination.

Pourtant, je n’ai qu’un goût doux-amer en bouche, il reste coincé dans ma gorge, comme cette vérité que je n’ai pas dite.

J’ai menti. A une chaine nationale, pendant une heure de grande écoute. J’ai menti en affirmant que Mère n’a fait que me protéger des affres de sa carrière jusqu’à ce que je sois en âge, alors que j’ai été pendant si longtemps son plus grand et plus honteux secret. J’ai menti sur le pourquoi de ce rêve, sur le comment, sur qui je suis. Je n’ai fait que dire ce qu’ils ont envie d’entendre, ce que l’on m’a appris à dire. Une belle histoire pour une belle personne. Une jolie fable enchantée, relayée encore et encore. Mieux que la réalité. Mieux que tout ce que je pourrai être.

La vérité, peu la connaisse, et celui qui pourrait vraiment me défendre est parti il y a des lustres... me laissant avec un quotidien trop lourd à gérer, tout en s’attendant à trop de ma part. Juste trop.

C’est juste trop.

Voir toutes ces caméras, voir ma Mère s’extasier de toute cette attention qu’elle mérite pour ‘son’ dur travail. Le retour de la gloire pour une diva sur le déclin. Imaginer ces dizaines, ces centaines de personnes me regarder derrière leur écran, apprendre une vérité qui me retourne l’estomac. Je n’ai pas pu m’en empêcher. Je crois que je vais finir par devenir fou, je crois que je suis devenu fou. La vérité, elle est ici, entre mes mains, entre ces pages que je noircis depuis le moment où j’ai compris l’intérêt de tenir un journal. Un journal n’oublie pas. Il n’oublie pas la déception, il n’oublie pas les blessures, il n’oublie pas les brûlures. Il n’oublie pas quand moi-même j’ai parfois du mal à comprendre ce qui est vrai. A force de jouer ce rôle trop niais pour moi, trop brillant pour être réel.

Assis dans la pénombre de ma chambre, je n’ai guère envie de sortir. Et pourtant, cette fête, j’en suis l’inviter d’honneur. Une fête de lancement qui a un goût de départ. En réalité, je n’ai qu’à passer un coup d’œil par le fenêtre pour voir ma chère Mère papillonner d’invité en invité, vantant ses propres mérites un verre de trop entre les mains. Certainement agrémenté de quelques pilules aussi. Le déclin d’une Diva, jalouse et sèche au point de s’accrocher à mon ombre, voilà ce qu’elle est devenue. Cette robe trop rouge n’est plus de son âge, ces escarpins lui font mal aux pieds, mais elle est dans son élément. Tout est bon pour y rester, s’immerger dans une gloire passée.

Je crois que je vais vomir.

Mais je me rappelle bien vite que je n’ai rien à vomir, à part de la bile.

Je sais ce que j’ai à faire, mais le courage me cloue au sol. L’écrasement de mon planning de la semaine, du mois, de l’année m’étouffe et m’étourdit. Je le suis depuis si longtemps que j’en ai oublié pourquoi je suis ici.
Aujourd’hui, j’ai dix-huit ans. Dix-huit ans, je vis dans la ville la plus belle du monde, Illumnis. Ma Mère est une célèbre diva connue dans tout le pays, et moi, son bon et magnifique fils dévoué, suit ses traces dans le monde du show-business. Je suis un coordinateur depuis plusieurs années maintenant, et ma carrière n’a fait que grimper en flèche. N’est-ce pas une vie rêvée ? A ne jamais devoir se préoccuper d’avoir un toit au-dessus de la tête, A être connu, reconnu et aimé même par de parfaits inconnus ? N’est-ce pas ce que tout le monde souhaite ?

Si cela l’était, je ne serai pas cloitré dans une pièce sombre, le jour de mon anniversaire, à éviter une fête que je n’ai jamais vraiment voulue. Mais, c’est moi le problème, non ? Moi qui ne sait pas ce que je veux, moi qui ne veut pas faire les efforts nécessaires. Jamais assez, ce ne sera jamais assez.

J’en ai assez.

Ce courage, je vais le trouver dans ces pages dégoulinantes de celui que je suis réellement. Celui que j’ai été, mes peines, mes peurs, mes craintes, mes joies. Tout. Du bout du doigt, je soulève la couverture anciennement décorée. Des paillettes et le dessin d’un soleil ? Plus vraiment. A une époque, mais j’ai tout recouvert depuis d’un papier noir et sinistre. Une à une, les premières pages volent sous mes yeux. L’histoire commence à mes six ans, et ... le style ressemble à celui d’un enfant de six ans, je suppose.

Des mots simples, des expressions simples, des lettres maladroitement exécutées, une grammaire très approximative. Cette grande demeure, je l’ai toujours connue, elle est décrite avec des mots d’enfants. Un presque manoir dans un des quartiers huppés d’Illumnis. Une immense maison juste pour Mère et moi... et tout un tas d’employés qui vont et viennent. Mère se prénomme Nathalia Du Lac, elle est la grande diva de sa génération. Celle qui hante les plateaux télé et les couvertures de magasine depuis son adolescence. Mon père est un immense point d’interrogation que j’ai appris rapidement à éviter. Pour ne pas qu’elle pleure. Pour ne pas qu’elle s’énerve. A quoi bon ? Il n’a jamais été là. Tout ce que je sais, c’est que Mère m’a donné naissance en secret, prenant quelques longues vacances pour ‘se ressourcer’. Pour cacher ce corps qui se déforme. A son retour sur scène, le secret était là, un secret nommé Léonce, à cacher à tout prix.

Je me souviens de ces jours, ces semaines à attendre son retour. Je me souviens avoir sans cesse été placé devant le petit écran, excité de voir cette belle dame. Excité de voir ses films, de voir ses prestations, de voir ses interviews. Je n’en ai raté aucune. Admirant cette silhouette gracile tel un ange, pendant qu’une nounou me rappelait la chance que j’avais de l’avoir pour mère. Je ne pouvais qu’acquiescer, je n’en connaissais pas d’autre... mais des questions revenaient sans arrêt : « Pourquoi ne vient-elle pas me voir ? » « Pourquoi elle ne parle jamais de moi ? »

N’était-ce pas son fils unique ? N’était-je pas censé être important pour elle ?

Toujours, les mêmes réponses : « Madame est très occupée et elle veut te garder rien que pour elle. Elle n’aime pas partager »

Un rire léger, et j’étais rassuré.

C’est mon premier souvenir. Mêlé à des dizaines d’autres où j’attends patiemment sur les marches de l’escalier, le moment où elle passera la porte. Pour finalement m’endormir et terminer dans mon lit.
Pour moi, ma Mère était comme une déesse. Je l’ai vénérée avant de l’aimer. Je l’ai admirée sans la connaitre... parce que je ne la connaissais pas.

Ce petit monde dans lequel j’ai grandi, c’était le sien. Puisque j’en faisais partie, je lui appartenais. Aussi simplement que cela. Ah ! Quelque part, je lui appartiens toujours, non ? Mon enfance, je l’ai passée presque exclusivement entre ces murs. Je ne pouvais pas sortir au-delà du grand jardin clôturé. L’école, elle est venue à moi... parce que mon nom aurait immédiatement trahi ce lourd secret. J’ai eu une excellente éducation, donnée par des nombreux précepteurs. J’ai pu développer ma sensibilité sur beaucoup de sujets, des sciences, à l’art, aux mathématiques à l’histoire... pour mieux comprendre que ma cervelle ne s’intéresse pas vraiment aux livres, plutôt aux paillettes et à la coupe délicate des vêtements de Mère. Plutôt à cette salle d’eau remplie de produit jusqu’au plafond.

Mon premier jeu a été de me déguiser en cette déesse incroyable.

Ma première punition a été de nettoyer le désordre que j’avais mis partout, évidemment.

Il est cependant injuste de dire que mon enfance n’a été qu’entourée d’adultes plus ou moins attentionné. Pendant les moments où Mère rentrait à la maison, elle recevait des dizaines et des dizaines de personnes. Hommes ou femmes, peu importe. Les week-ends se transformaient en fête, ou, au minimum à une réunion privée entre amis. De trois à trois cent invités. Les réceptions de grande importance, je les passais dans ma chambre, à l’observer par la fenêtre comme je le fais maintenant. Mais quand il s’agissait d’un goûter intime, j’avais le droit de sortir.

Un petit lien avec la réalité.

De toutes les amies proches de ma mère, une en particulier sortait du lot : Joséphine de Congères, une actrice souvent comparée à elle. Sans doute parce qu’elle venait toujours accompagnée de son fils : Louis. Quelque part, c’était rassurant de savoir que je n’étais pas le seul enfant existant dans cet univers. Comme moi, les parents de Louis étaient... célèbres. Très célèbres, même. Pourtant, il vivait une vie plutôt différente de la mienne. Pour un enfant qui n’en avait jamais vu d’autres, lorsque je l’ai vu la première fois, la timidité m’a violemment saisi. Il est plus jeune que moi d’un an, mais Lou’ a toujours été plus fort, plus grand, plus jovial, plus avenant. S’il n’était pas venu me chercher derrière cette lourde tenture de velours rouge, je pense que j’y serai encore. Je suis content qu’il l’ait fait, malgré tout. Ce fut le début de... de beaucoup de choses. Entre ces pages, je peux lire ma joie d’avoir enfin un ami. Je peux lire mon admiration pour son talent musical. Je peux me rappeler qu’effectivement, pendant un long moment, il venait toutes les trois semaines faire nous faire un petit récital de flute. Je ne peux m’empêcher de sourire à ce souvenir. A son visage juvénile si heureux, à son courage de se produire devant cet exigeant publique.

Je n’avais rien à présenter, à part quelques pas de danse maladroits que j’ai toujours refusé de montrer, mais j’étais content d’être au premier rang, à écouter ses progrès. A attendre, impatient, qu’il termine pour qu’on puisse jouer.

Un break dans ma normalité.

Je crois que c’est ce que me manque le plus. D’avoir l’attention de mon seul et unique ami. D’avoir quelqu’un de mon âge à qui parler. Être un enfant, même pour quelques heures. La page suivante, je n’ai pas à la tourner pour savoir de quoi il s’agit. Ce souvenir est important, je me demande s’il le sait. Le jour de mon neuvième anniversaire, il y a donc neuf ans de cela. Jour pour jour. Le cadeau que Louis m’a offert, je l’ai encore. Je l’emporte même partout en tournée avec moi. Je n’ai jamais vraiment pu en jouer, de cette si jolie flute d’ébène, mais c’était le symbole de notre amitié. De ce lien si fort, peut-être trop fort. Trop fort pour deux gamins immatures. Je me souviens avoir été son confident, une oreille attentive pendant que ses deux parents se déchiraient.

Encore maintenant, je ne peux que reconnaitre la voie que Théophile, son père, a ouvert, en assumant sa sexualité. Encore maintenant, je me souviens du venin craché par sa mère et la mienne à l’encontre de l’artiste. Encore maintenant, je me souviens des moqueries blessantes, voilée sous la fausse plaisanterie, que Mère racontait à ses autres amies. La honte d’être différent, la honte d’avoir épousé un ‘pédé refoulé’, à moins qu’elle n’ait été tellement frigide qu’il se soit tourné vers les hommes...

Tout ça, je l’ai gardé pour moi. Une première fêlure dans l’image parfaite que je me faisais de ma mère. Toute belle est mielleuse à l’extérieur, complètement pourrie à l’intérieur.

Quel dommage pour elle que je fasse partie de ces ‘hommes qui n’en sont pas vraiment’.

Une autre raison de ne pas assumer mon existence je suppose.

Pourtant, elle ne l’a pas su tout de suite, même si elle l’a appris bien trop tôt à mon goût. Les pages défilent, jusqu’à ce qu’un nom en particulier m’arrache un léger sourire. Celui que l’on a quand il se rappelle quelque chose d’incroyablement stupide qu’on a pu faire ou penser durant son enfance. Pourtant, j’avais déjà... treize ans. Non, c’est le bon âge pour découvrir ce genre de chose. Emilien... je dois bien avouer, je l’avais complètement oublié. Pourtant, j’ai des dizaines et des dizaines de lignes où je m’extasie sur lui. C’était mon coach de sport à domicile. La petite vingtaine, extrêmement bien taillé, et je ne sais pas pourquoi, mais tout ce qu’il me disait devenait d’un coup très intéressant quand il enlevait son haut. Stupide, je sais, mais je n’arrivais pas à m’enlever son visage de la tête. Sans compter les quelques tentatives désastreuses ‘d’espionnage’. Trop timide pour oser lui parler en dehors de nos séances, pas assez pour manquer l’occasion de l’observer un peu plus. Je n’étais... pas discret. Vraiment pas. Mais en attendant le retour de Lou’ de ses premières vacances à Salva, c’était une jolie distraction.

Mère l’avait engagé pour ‘me remettre en forme’, après avoir découvert que j’avais pris trop de poids à son goût. Autant dire que je n’ai plus osé me mettre en maillot avant de les avoir perdu et même plus. Encore maintenant, je n’aime pas ça. Quand je suis entré dans l’adolescence, la carrière de Mère a connu un ralentissement. Plus souvent qu’elle ne l’aurait voulu, elle était à la maison. Enfin, elle était à la maison. Enfin, elle s’intéressait à moi. N’est-ce pas ce que j’ai toujours voulu ? Avoir une vraie relation avec le seul membre de ma famille ? Je l’ai souhaité, tellement, tellement, que j’ai tout fait pour qu’elle me remarque, quitte à la suivre partout, à l’écouter religieusement s’énerver sur ces producteurs qui ne savent pas ce qu’ils veulent. L’écouter, un verre de trop à la main, m’expliquer ses déboires sentimentaux avec les hommes. J’étais content de pouvoir enfin la connaitre un peu plus. Juste heureux de tout ce qu’elle me déversait sur les épaules. Heureux de recevoir ses ‘conseils’.

« Ne fais jamais pleurer une femme, ce sont les pires »

« Est-ce ma faute si je les aime grand ? Tout le monde préfère les hommes grands... peut-être que si tu t’appliquais en sport, on pourrait t’améliorer »

« Si tu me brises le cœur, je briserai le tien »

Pas question de la décevoir après ça... alors, cette amourette sur mon prof’ de sport, je lui ai cachée... honteux de découvrir que, contrairement à Lou’, je n’avais aucune attirance pour les femmes. Honteux, mais trop curieux pour m’arrêter. Peut-être n’était ce que lui ? Peut-être que ça me passerait, que je retournerai sur le droit chemin, que je deviendrai l’homme qui ne fera pas pleurer les femmes.

Mais ce n’est pas passé, j’ai eu beau essayer et essayer encore de m’intéresser aux filles... je m’extasiais plus sur ce qu’elles portaient qu’autre chose. Tout ça, je ne l’ai raconté qu’à mon seul et unique ami. Louis m’écoutait, Louis me comprenait, Louis aimait passer du temps avec moi. De mon côté, je me surprenais à attendre de ses nouvelles, ou ses visites de plus en plus impatiemment. Il avait reçu un holokit de son père et j’ai tanné Mère pour en avoir un également. Juste pour pouvoir lui parler un peu plus longtemps. Je l’ai eu, à condition que le premier numéro enregistré soit le sien. Qu’importe, je n’aurai pas pu faire sans de toute manière.

Le printemps de ma quatorzième année, un début de chaleur qui pointe le bout de son nez après un hiver bien trop long. Des vacances de printemps pour Lou’ et moi que nous passions un peu trop ensemble. Un goût de trop peu quand sa mère l’appelait pour qu’ils partent. Des parties de jeux vidéo où la distance entre nous se réduisait à chaque fois. Des conversations qui ne tournaient plus toujours autour de sujets innocents mais sur autre chose. C’était évident quand j’y repense, mais cette après-midi m’a pourtant pris par surprise. Parce que Lou’... Lou’ était un garçon qui avait déjà eu quelques petites amies, un garçon qui me connaissais depuis toujours... pour sûr, je l’aurai remarqué s’il avait un quelconque intérêt pour moi. Cette après-midi, je n’ai pas à la parcourir dans ce livre abimé pour m’en souvenir. Elle est gravée dans ma mémoire pour toujours. On n’oublie pas facilement un premier amour. On n’oublie pas facilement le plus beau et le pire jour de sa vie réuni en un seul.
Première surprise, lentement, mais surement, au détour d’une conversation apparemment banale, il m’a avoué être également attiré par les hommes. « Un peu... comme Théophile donc ? », c’est ce que j’ai répondu, c’est ce qu’il m’a confirmé, avant de me demander ce que j’en pensais. Je lui ai souri, avouant à mon tour mes quelques découvertes –qui ne l’ont pas du tout étonnées d’ailleurs- que j’avais fait concernant mon coach de sport, en avouant que son nouvel intérêt pour les garçons ne me dérangeait pas du tout. J’avais le cœur en vrac et la cervelle en ébullition, ce que j’ai mis sur le compte d’un premier coming-out à une personne très importante pour moi.

Seconde surprise, celle de se surprendre à accepter cette invitation silencieuse. Celle de se surprendre à s’avancer, sans trop comprendre pour quoi, à s’attendre à ce que l’autre recule, hypnotisé... à le surprendre réduire brusquement la distance. Un instant suspendu, cœur battant, étonnant, plaisant. Suffisamment plaisant pour recommencer une deuxième fois. Chercher à capturer ce sourire avec mes lèvres. Chercher à retrouver cette sensation de picotement. La retrouver encore... comprendre d’où elle vient, ne plus vouloir s’arrêter. Recommencer encore. Encore. Encore. Plus que de raison, mais qui est sage à quatorze ans ? Qui se contente d’un petit baiser avant de s’échapper ? Pas moi. Pas lui.

Pas nous.

Au lieu de la passer à parler de tout et de dire, au lieu d’une énième partie de jeu vidéo, on a décidé d’en apprendre un peu plus sur cette étrange sensation qui tord l’estomac, qui rend les bras, les jambes un peu cotonneuses, qui picotent le bout des doigts. A ces instants, j’aurai pu rester des jours entiers dans ses bras, oubliant bien trop vite quelles harpies rodaient encore deux étages plus bas. Pendant longtemps, ce jour a été le plus beau, mais également le pire de ma vie. Peut-être l’est-il encore... Je n’ose pas trop y penser.
Ces bruits de pas, j’aurai dû les entendre. Cette poignée de porte qui se tourne, cette porte qui s’ouvre, énervée, également. J’aurai dû l’entendre, j’aurai pu prendre le temps de nous séparer, de préserver notre secret.
C’est dans un hurlement que la mère de Lou’ a débarqué... à peu près au pire moment. Plus que ses lèvres, j’avais vaguement envie de m’aventurer un peu plus loin. Je l’aurais fait, à cet instant, si cette douce chaleur ne m’avait pas été si brusquement arrachée, et promptement giflée. Le secret, si court a-t-il été, a été révélé. Joséphine, hystérique, en a appelé ma Mère qui a une manière bien plus calme et personnelle de me faire comprendre son mécontentement. Bien sûr, pour les apparences, pour se garder l’approbation de son amie, ses larmes ont coulé, déformé ses traits, abimé son maquillage.

« Qu’ai-je fait pour mériter ça ? »

Son regard noir, il m’a brulé ce jour-là. Des yeux, de si jolis yeux remplis d’une déception immense... Et cette déception, c’est moi.

Une fois la porte refermée, son discours a changé. Ses larmes ont cessé, brusquement. Pas les miennes. Un sanglot plaidant pour une cause perdue d’avance. Elle n’a jamais vraiment été attendrie par ce genre de chose... mais en cet instant, je ne le savais pas. Lorsqu’elle m’a invité à la rejoindre sur l’immense divan, plongé dans la pénombre, je l’ai fait. Avec cette douceur collante, elle m’a enlacée, me berçant comme elle ne l’avait jamais fait auparavant. Je ne savais plus quoi penser, ni quoi faire... à part la serrer si fort, à part m’excuser un bon millier de fois. J’ai mis un temps infini à me calmer, perdu comme un enfant.

« Je ne t’en veux pas »

Ses mots coulent comme un miel réconfortant.

« Je m’inquiète, tu sais comment sont les hommes. Il ne fera pas exception. »

Au début, je n’ai pas compris de qui, ou de quoi elle parlait. J’ai acquiescé, tout était bon pour oublier la brûlure de la déception. Tant fois, elle m’avait raconté tant de fois à quel point les hommes étaient cruels avec elle...

« Une fois qu’il aura ce qu’il veut, il partira, comme les autres. Il te laissera le cœur brisé... et tu es si, si fragile. Si sensible... je ne le supporterai pas. »

J’ai fini par comprendre que ses mots étaient dirigés contre Louis. La révolte menaçait de quitter mes lèvres trop seules.

« S’il ressemble un minimum à son père, il sautera de partenaire en partenaire, sans se soucier de rien. »

J’ai protesté, pour la première fois. J’ai protesté de ma voix peu assurée, défendant celui que mon cœur avait choisi, défendant son honneur. J’ai juré qu’il l’était pas comme les autres. J’ai juré que rien ne se passerait comme avec les autres hommes de sa vie. J’ai juré qu’il ne me laisserait jamais. Une demande. J’ai formulé une seule demande : celle de pouvoir continuer à le voir.

Elle m’a pris en pitié, et a finalement accepté, à condition qu’il en soit de même pour Joséphine. Parce que nous étions encore des mineurs, parce qu’elle s’inquiète encore.

Soi-disant.

Le reste de la soirée, nous l’avons passé à discuter. Je crois que c’est la première fois que je passais plus de trois heures en sa compagnie, en tête à tête. Au final, me suis-je dit, toute cette affaire ne se terminait pas si mal. J’ai pu parler à cœur ouvert, de mes attentes, de mes envies concernant cette relation. De toute l’affection qui venait de s’épanouir au grand jour, de cette tension qui n’arrive pas trop à se dissiper. J’ai tout déballé.
Elle m’a fait promettre une chose : de toujours tout lui raconter. Que nous n’ayons plus de secret l’un pour l’autre.

N’est-ce pas ce que j’ai toujours souhaité ?

Après ça, j’ai passé plusieurs jours... étranges et incertains. Heureux de pouvoir enfin parler à cette Mère que je connaissais à peine, heureux de ce début de relation avec mon ami, mais... inquiet également. Sans nouvelle au départ, j’ai cru que Joséphine avait définitivement emprisonné son si beau fils. Je tournais en rond, sans réussir à me fixer à quoi que ce soit. Toujours, mes pensées me ramenaient à Lou’, à ce qu’il pouvait bien faire, à ce que l’on pourrait faire la prochaine fois que l’on se verrai... sans savoir la tragédie qui s’était joué derrière les murs de la demeure de sa mère. Sans savoir qu’une décision avait déjà été prise sans que l’on me consulte. Ai-je seulement déjà eu mon mot à dire dans cette histoire ? Parfois, j’en viens à en douter. Souvent, j’en viens à me dire que cela n’a été qu’une vaste blague, que j’étais juste ... présent au ‘bon’ moment. A cet instant, couchée dans ces pages piquées d’angoisse, toutes mes mots sont pour lui. Toutes mes inquiétudes. Toutes mes envies.
Il doit être occupé, voilà pourquoi il ne me contacte pas. Sa mère a dû lui prendre son holokit pour le punir, mais il reviendra bientôt nous visiter, comme d’habitude.

Quelle douce naïveté.

Je n’avais même pas encore son numéro, mais magiquement, il aurait pu me contacter ? A croire que mes sentiments m’avaient privé de toute raison. C’est peut-être encore le cas.

Parce que la vérité, elle m’a coupé le souffle. Parce que la vérité, elle m’a arrachée tous mes mots et les a bloqués dans ma gorge. Une vérité dite par surprise. Une journée sans fin, comme les autres, et pourtant, cette matinée était différente. Pour une fois, la première et la dernière, Théophile avait emmené son fils pour qu’il puisse me voir. Entre deux rendez-vous, entre deux moments plus importants. Pas le temps de s’assoir, pas le temps de s’installer, Mère m’a juste laissé le rejoindre à l’entrée avant de s’éclipser. Un baiser trop court, enlacés en s’en faire mal, quelques mots pour savoir comment l’autre va, avant que le couperet ne tombe.

« Je pars m’installer à Salva avec mon Père... on part à la fin de la semaine »

J’ai ravalé mon ‘pourquoi’, j’ai ravalé mon ‘comment’, j’ai ravalé mes larmes, j’ai ravalé cette sensation d’abandon. J’ai acquiescé, n’est-ce pas ce qu’il voulait ? Quelqu’un pour comprendre ses problèmes, quelqu’un pour le soutenir. Pourtant, le sol s’est juste dérobé sous moi. Quelle naïveté, j’ai haï mon manque d’expérience. Une naïveté de croire que quelques embrassades volées suffiraient à nous lier à vie, envers et contre tout.




Et sinon ?
QUI ES-TU DERRIÈRE TON ÉCRAN ?-

Un joli sobriquet ? Lucie ! Ceci est un DC  heart 2

Combien de printemps ? 26  bicycle

Comment as-tu trouvé notre cher forum ? Toujours la hype d’écouter Alex et Sysy en parler  grin

T'en penses quoi ? Je peux direct les donner en PV alors ça ira 8D

Ton poké préféré ? Gi-ra-ti-na ! Comment ça on ne peut pas le capturer ?  cry  

Dis-moi, n'as-tu pas trouvé quelque chose de bizarre dans le règlement ? Validé par Syrius grin

(c) Reira de Libre Graph'


Ashley Li
Ashley Li
Pas de compétences
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_758_SL« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_315_XY« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_Œuf_XY
Pokédollars : 54
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_Badge_Roche_RFVF
Inventaire : - 1 Pokéball
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- 1 Total Soin
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– 1 jeton chance
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- Oeuf mystère de Mitch
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_Badge_Roche_RFVF
Ashley Li
Civil
Dim 1 Mar - 19:20   
~ Suite de l'histoire ~

C’était voué à l’échec.

Dès le moment où la décision de partir à des milliers de kilomètres de moi a été prise.

Dès le moment où j’ai compris que Lou’ était plus occupé à se préparer une nouvelle vie dans laquelle je n’avais pas forcément ma place. Qu’aurai-je dû faire ? Tout abandonner ? Le poursuivre alors que je n’ai pratiquement jamais vu le monde au-delà des murs du jardin ? Quitte ma seule et unique famille ? Sans même savoir où j’allais atterrir. Cette nouvelle, une fois nos numéros échangés, une fois la porte refermée, je l’ai accueillie en plaquant ma main sur mes lèvres, en retenant un sanglot trop douloureux. Je l’ai accueillie en glissant pathétiquement sur le sol.

Dans l’ombre, elle jubile. De l’ombre d’où elle sort, ange immaculée en détresse face à mes larmes, un poison insidieux.

« Que t’avais-je dit ? »

A cet instant, je n’ai pas su quoi dire pour le défendre. J’aurai tant aimé. Je n’ai pas trouvé les mots. Je n’ai fait que me réfugier dans ce doux réconfort qu’elle m’offrait, sans savoir qu’il aurait un prix. Serrant cet holokit qui serait notre seul lien, je ne savais plus quoi penser... s’il m’aimait, pourquoi partir ? Encore maintenant, je n’ai pas vraiment la réponse. Je ne suis pas vraiment sûr de la vouloir. Encore maintenant, en relisant mes propres mots, ma gorge se serre. Elle se serre à cause du papier gondolé par endroit. Elle se serre du souvenir de cette incertitude qui ne s’est jamais levée entre nous. Elle se serre de cet acte manqué, alors que je ne peux plus m’empêcher de l’en blâmer. C’est lui qui est parti, loin, si loin. C’est lui qui m’a laissé derrière lui, avec mes espoirs, avec ma solitude.

Sans se retourner.

Et après, j’aurai dû accepter cette demande faite au travers d’un écran, le jour le plus long. Le jour de son départ.

« Il t’a demandé d’être son petit ami ? Pour avoir quelqu’un avec qui s’amuser quand il revient ? »

Quand elle en parlait, c’était comme une évidence. Une douloureuse évidence. Pourtant, je l’ai défendu, encore une fois. Louis m’aimait, combien de fois l’a-t-il dit ? Quelque fois, n’est-ce pas une preuve ? Il est quelqu’un de droit, quelqu’un... quelqu’un qui part.

« Il me semble que pour avoir une vraie relation, il faut au moins se voir régulièrement, non ? »

Ces évidences. Juste des évidences.

« La décision t’appartient, évidemment. C’est juste... je m’inquiète »

J’ai refusé. A peine quelques mots, envoyés, me laissant un goût acre en bouche. Un goût de ressentiment, un goût qui ne m’a plus jamais vraiment quitté. Je lui en veux. Cette désinvolture que j’adorais, que j’adore... elle fait parfois si mal. J’aurai aimé qu’il comprenne, j’aurai aimé qu’il reste... pour moi. Evidemment, à cet instant, j’ai regretté ce sms à la seconde où je l’ai envoyé, pensant être quelqu’un d’ignoble pour refuser ainsi. Pensant être trop exigeant, espérant encore trop.

Je me suis accroché à cet espoir pendant deux longues années.

Deux longues années, accroché à un petit écran, à attendre, minutes après minutes. N’importe quoi, des nouvelles, un mot, une image, une photo. Les premières semaines après son départ, tout ce qui comptait, c’était son visage pixélisé, scruter l’arrivée des trois petits points qui m’indiquerait qu’il est là, de l’autre côté, qu’il y a un lien, qu’il y a quelque chose. A rester éveillé plus que nécessaire, à être un zombie le lendemain. A dormir quand il dort, à connaitre son emploi du temps par cœur, dans l’espoir de pouvoir lui parler. A imaginer, imaginer qu’il passe la porte, imaginer qu’il me rejoint dans mon lit, imaginer que ces câlineries n’étaient pas qu’un rêve. Rêver. Rêver de ses lèvres, rêver de ses mains, rêver de sensations, de frissons quand il les poserait sur moi.
Ce fut l’été le plus long de ma vie. L’été de mes quatorze ans. L’été où j’ai découvert à quel point j’étais mordu par les hommes, qu’ils seraient toujours une pierre angulaire dans ma vie.

Un jour particulièrement chaud, insupportable, j’ai été malade d’attendre. Mère, devenu comme mon ombre, arriva au bon moment, comme toujours. S’installant à mes côtés, me proposant de sortir ce soir. Sortir... en sa compagnie. Sortir en public, avec elle. Sachant que j’ai toujours été son secret honteux, je n’en ai pas cru mes oreilles. Ni mes yeux. Et pourtant, c’était bien deux places VIP pour un grand spectacle de coordinateurs qui se jouait le soir même. Le genre de spectacle complet des mois à l’avance. Le genre de spectacle fréquenté par les bonnes personnes. Le genre de spectacle qu’elle évite habituellement, pour ne pas être submergé par les paparazzis. Je sais tout ça, j’ai même pu m’en rendre compte directement avec le début de ma carrière. J’étais... perplexe.

« Et si nous nous déguisions ? »

Un problème, une solution.

Pour la première fois, j’ai eu l’impression que Mère me comprenait vraiment, qu’elle souhaitait vraiment que j’aille mieux, qu’elle se souciait vraiment de moi. J’ai aussi appris que tout ce qu’elle donne, elle le reprend.
Nous nous sommes déguisé, rien que choisir parmi des centaines et des centaines de vêtements fut si amusant. Se balader en dehors de la propriété, dans les rues d’Illumnis, une bouffée de liberté. Une de mes plus belles soirées... non, ma plus belle soirée en sa compagnie. Il n’y en a pas eu d’autre, il n’y en aura jamais d’autre. Combien de temps s’en est-elle servi pour me prouver qu’elle est une excellente mère ? Combien de temps n’ai-je pas chéri ce souvenir pour me convaincre qu’elle a toujours raison ? En lui-même, le spectacle fut un vrai tournant pour moi. Les artistes, époustouflant, leur relation si fusionnelle avec leur pokemon... Les paillettes, les tenues, les vivats de la foule. Tout, tout m’a ébloui... c’était comme lorsque je regardais Mère à la télévision, mais en tellement plus réel. La musique qui se répercute, qui fait vibrer les os, le visage illuminé des spectateurs... Ce monde est tellement faux, mais à cet instant, j’ai voulu en faire partie.

J’en fais partie désormais.

Les semaines qui ont suivi, j’ai tout dévoré. Un bon moyen de me distraire de l’absence de Lou’, de l’idée qu’il ne reviendra vraiment pas. Il s’était inscrit à l’école des Rangers, à Derwoud... c’est une ville de Salva apparemment. Tout ce que je sais, c’est qu’elle est loin, que c’est un internat et ... que je n’y serais pas.
Autant se plonger dans l’univers de paillettes et de faux-semblant.

Des semaines durant, j’ai tout regardé, je me suis renseigné sur chaque aspect du métier de Coordinateur... Il fallait que ma demande soit solide, si je voulais en parler en Mère. A la perfection, tout doit être parfait. Je m’attendais tellement à ce qu’elle refuse, invoquant un millier de raisons que... je n’avais pas songé à ce qu’elle accepte, et propose même de m’aider à réaliser ce rêve. Peut-être aurai-je du me méfier, mais quel enfant de quatorze ans se méfie à ce point de sa propre Mère ? Après tout, elle connait cet univers, au moins indirectement. Elle connait des gens, elle sait ce qu’il faut faire. Elle est si connue... ses conseils ne peuvent être que terriblement précieux... non ?

Ils le sont, teintés également d’un cynisme qui m’a marqué. Trop marqué.

Un premier problème, une première solution. Son premier ‘cadeau’, accompagné d’un million d’attache.
Mère m’a alors offert mon compagnon, mon partenaire qui m’accompagne encore maintenant. Mon Barpau, que je me suis empressé de nommer Robert, ou plus familièrement, Bob. Bob est le propre fils du pokemon partenaire de Mère, une milobellus à la voix aussi pure et belle que la sienne. Enfin, quand elle était dans la vingtaine. Des années de martini n’ont pas amélioré son timbre.

« Je sais qu’il n’est pas aussi beau qu’Emilia, mais je trouve qu’il te va bien »

J’étais fou de joie. De quoi supporter un peu plus cette solitude un peu trop lourde. Mère voulait passer du temps avec moi, Mère voulait m’accompagner dans la réalisation de mon rêve, Mère a pris en main les choses. Mère a tout pris en main. Elle a donné son avis sur tout. Je n’ai jamais pu lui dire non, sans me sentir affreusement mal. Sans revenir sur ma parole. Après tout... elle sait comment ce monde fonctionne, non ? Avant de m’inscrire à mon premier concours, j’avais encore tant de chemin à parcourir. Tellement de choses à améliorer... mon apparence. « Trop banale ». Ma manière de marcher. « Trop grossière ». Mon style vestimentaire. « Complètement hideux ». La forme de mon visage. « A améliorer ». La courbure de mon corps. « N’as-tu pas honte ? ». Le ton de ma voix. « Trop grave »

« Si tu veux vivre ton rêve, fais-le au moins correctement »

Pour chaque problème, sa solution.

En plus de mes cours habituels, mon emploi du temps s’est vu se surcharger. Petit à petit, pour ne pas que je me brise sous trop de changement. D’abord, un rendez-vous chez le coiffeur, que ma chevelure terne se parent d’un blanc pur. Puis, une nutritionniste, qui, bien qu’étonnée de mon âge, m’a tout de même mise en régime drastique. J’ai commencé la danse classique... pour me gainer, pour apprendre à me tenir droit, pour apprendre à être gracieux. Finalement, les entrainements avec Robert. Apprendre à le connaitre. Bob, encore tout jeune, a toujours adoré ses entrainements. Il aime être un pokemon de concours, et très franchement... apprend incroyablement vite. A l’intérieur, c’est un vrai milobellus, mais temps que l’extérieur restera comme il est... il sera toujours moqué. Si nous nous sommes entendus dès le départ, les années passant...

Disons que je refuse de le faire évoluer, et qu’il commence à le remarquer.

Dans cette frénésie nouvelle, il eut quand même un break... ce break. Les premières vacances de Lou’, qu’il avait décidé de passer à Kalos. Très franchement, je ne savais pas quoi en penser. Oui, j’étais heureux, très heureux... mais en même temps, ce doute. Ce petit quelque chose qui te dit que tu vas avoir mal. Je l’ai ignoré, je voulais le revoir. Si je n’avais pas été si occupé –et accessoirement banni de la maison de Jo’-, j’aurai été immédiatement le retrouver, à sa descente de l’avion, ou même chez lui.

J’étais heureux, mais aussi incroyablement stressé.

Mère n’a rien arrangé, sous ses apparences douces et compréhensives. Me rappelant, toute cette semaine, le nombre de jour avant son arrivée. Me rappelant, dans le même souffle, les mois qui ont passé sans que je puisse le voir. Me rappelant, douloureusement, qu’il a dû faire mille et mille rencontres tellement intéressantes depuis qu’il est à l’internat. Me rappelant, à demi-mot, à quel point il peut ressembler à son père... qui venait une fois encore de changer de compagnon. J’avais beau m’hurler à moi-même que j’avais confiance en lui, toujours... ce doute. Cette distance, ce ressentis au-dessus duquel je ne suis jamais parvenu à passer. Ce ressentis, qui n’a fait que grossir, qui n’a fait que me bloquer la gorge, au point de m’en faire cracher du venin.

Jalousie.

Manque de confiance.

Sa nouvelle vie est plus intéressante que tout ce que j’aurai pu lui donner. L’heure approchant, Mère m’a annoncé quitter la maison pour la journée... et même la nuit. « Pour vous donner de l’espace » qu’elle a dit, son regard sous entendant tellement de choses que j’en ai terriblement rougi, oubliant temporairement mon stress grandissant. Comment étais-je censé l’accueillir ? Si par texte, nous étions comme une espèce de couple parfait... la réalité était tout autre. Notre dernière conversation face à face ne s’est... pas bien terminée ? En demi-teinte. Comment étais-je censé l’accueillir ? Avec un baiser, comme si de rien n’était ? Avec un reproche, pour mieux lui donner envie de repartir... ? Au final, il n’y avait pas de bonne réponse.

Alors, à cet instant, quand j’ai vu son nom apparaitre sur l’écran de mon holokit, j’ai eu pourtant une bouffée d’angoisse. Une bouffée de larmes qui ne m’ont pas empêché de me précipiter vers la porte d’entrée. Revoir son visage, voir ses cheveux plus longs –tellement plus craquant-, pouvoir le toucher... Je n’ai pas pu m’en empêcher. Je n’ai pas pu m’empêcher de rejoindre cette étreinte qui m’avait tant manqué, de me blottir dans cette chaleur douce... si douce... avant de me rappeler que de cette distance qui m’empêcha de l’emparer immédiatement de ses lèvres.

Que dire ? Que raconter ? Mon quotidien a tellement changé depuis son départ. Je ne savais pas ce qu’il voulait entendre, ou faire... je ne savais plus tellement comment me comporter avec mon meilleur ami.
Mon seul ami. Heureusement, Louis a toujours été plus doué que moi pour faire la conversation, et pour m’amener à me confier. La coordination, mon premier pokemon, j’en ai parlé avec passion, comme rarement. Une promesse fut échangée, puis s’est muée en un silence... puis s’est muée en une tension.

Ce serait mentir de dire que je ne crevais pas d’envie de le toucher. J’étais presque... déçu que rien ne se soit encore passé, presque persuadé que nous étions redevenus de simple ami... sans que nous n’ayons été plus que cela. Ses yeux... connait-il seulement le pouvoir que ses prunelles ont sur une personne réceptive à son charme ? Ils sont difficiles à ignorer... à moins que je ne sois trop accro’ pour m’en détacher. Cette invitation à m’en approcher, je l’ai saisie, guidé par ce besoin de contact, guidé par ce manque de lui.

Il m’a manqué. Il me manque encore.

La courbe et la douceur de ses lèvres avaient tant manqué.

La chaleur et la nostalgie, mêlées dans une danse qui me fait m’accrocher à son cou pour ne plus jamais les quitter.

En un instant, mes doutes se sont envolés. En une seule seconde, j’ai su qu’on ne s’arrêterait pas là, qu’on ne pouvait pas s’arrêter là. Est-ce un bon âge pour découvrir ce genre de choses ? Avec lui, je n’ai pas honte de mon corps. Avec lui, je ne redoute pas un air de dégoût. Alors... peu importe. C’est à cet instant que j’ai découvert qu’il est à la fois excitant et très angoissant de se faire déshabiller –même partiellement- pour la première fois par l’homme qu’on aime. C’est à cet instant que j’ai découvert, que nous avons découvert, que mon cou et mes clavicules sont terriblement sensibles à ses baisers. Cela m’a arraché un rire et je me suis empressé de me venger à ma manière. Se souvient-il que c’est avec moi qu’il a découvert qu’en un mordillement bien placé de son oreille, tout en murmurant quelques mots doux très bas, il se met à frémir, même à rougir ? Suis-je toujours le seul à le savoir ou pas ? Je... ne sais pas. Je doute qu’il me l’aurait dit, s’il avait partagé ce secret avec quelqu’un d’autre.

Cette après-midi fut autant pleine de découvre et de délicates caresses, que la nuit fut incroyablement solitaire. Terriblement frustrant de devoir le rendre à sa mère, terriblement frustrant de devoir attendre le lendemain pour le revoir, après des mois sans contact. Mon petit nuage blanc a toujours eu une teinte grisâtre dès l’instant où il s’échappait. Le manque, la peur de ne plus le revoir, la jalousie... penser que tout le monde doit être plus intéressant que tout ce que je pourrai dire, songer, désirer. Durant toute cette semaine, Mère m’a laissé tout l’espace nécessaire, facilitant même un peu trop nos retrouvailles. A croire qu’elle savait... que la chute serait rude. Très rude... autant que de devoir lui confier tout ce que nous avions fait, surtout ce que nous n’avions pas fait.

« Je me demande ce qui l’empêche d’aller plus loin... je veux dire, tu t’es pratiquement jeté sur lui »

Je n’avais pas envie de l’entendre. Je ne voulais pas l’entendre. Je ne voulais pas. Ai-je eu le choix ? Pas tellement. Quelque part ... nous étions si jeunes, quoi de plus normal d’attendre un peu ? Notre situation est particulière alors... Mais non. Quelle vérité amère de comprendre que nous n’étions pas ce genre de couple.

« Peut-être, tu ne lui plais pas assez ? »

Tel un couperet, ses mots sonnent toujours comme la plus simple des évidences.

Je ne voulais pas l’entendre. Je voulais croire que je lui plaisais, au moins un peu. Que quelqu’un pouvait apprécier mes efforts... ou mon manque d’effort. Je ne voulais l’entendre, cette évidence. A chacun des retours de Lou’ à Kalos, ce même manège. Ce même échec de ne jamais réussir à passer ‘ce cap’ avec lui. Une fois, deux fois, trois fois... j’ai fini par accepter, de tout faire pour réussir à lui plaire, de tout faire pour réussir à plaire. Après son départ, la même solitude. Collante, frustrante... gouter au plus doux des miels pour finalement en être privé, quelle cruauté. Combien de nuits ? Combien de nuits n’ai-je pas ressasser ces moments ? Revivre le frisson dans ma tête est plus intéressant que le sommeil. J’ai mis plus d’une semaine à fonctionner à peu près normalement... je me suis concentré sur ce rêve qui, déjà, commençait à ne plus être le mien. Mais quand ton corps est courbaturé d’avoir trop dansé, que ta peau est trop brûlée d’avoir été ainsi malmenée, que ton visage est gonflé sous le scalpel, que ton esprit est trop embrouillé de toutes ces réunions marketing, au moins, tu ne penses plus à rien. Tu ne penses plus à ce qui te manque à t’en faire mal.

Et finalement, après plusieurs mois d’entrainement, de changement, de privation, j’ai pu m’inscrire à mon premier concours. Les débuts de ‘Mateus’ sur le devant de la scène. Cet angelot adorablement gentil, qui voue envoie un baiser, souriant bêtement, avant de commencer à vous éblouir. Mais dans le parterre de gens venu pour me soutenir, il n’y avait que des amies à ma Mère, ainsi que Mère elle-même.

J’étais... persuadé qu’il viendrait. N’a-t-il pas reçu l’invitation que Mère lui a envoyé ?

Il avait promis, et cette chaise vide m’a fait plus de mal que je n’aurai cru l’imaginer. Ses pitoyables excuses qui ont suivi également. ‘Je n’ai jamais été mis au courant ! Arrête, Léonce ! Tu sais que je serai venu !
Il avait certainement mieux à faire de toute manière. Mieux à faire que d’assister à ma première victoire... et quelle victoire ! Clairement, pour un concours de débutant, ma prestation avait des airs de professionnels. Et ce ruban que Mère est venu me remettre en main propre... elle avait l’air presque fière. Presque, parce qu’à peine ai-je pu aligner deux mots de remerciement qu’elle n’a pas pu s’en empêcher... d’annoncer au monde entier notre filiation.

Je n’étais pas prêt. Pas prêt à la marée de paparazzi devant notre maison, tentant par tous les moyens d’obtenir une photo. Pas prêt de voir mon visage en une des magazines. Pas prêt à devenir d’un seul coup le centre de toute cette attention. Pas prêt. J’avais peur, j’ai toujours peur de ces gens. Les concours se sont enchainés, toujours plus intenses, toujours plus compliqués, toujours de plus en plus prenant physiquement et mentalement. Les interviews ont commencé, c’était si intéressant de savoir que la grande Diva avait un fils caché si talentueux ! Il a dû hériter de ce talent chez sa mère, évidemment.

Malgré tous ces à-côtés dérangeants, j’étais plutôt heureux de ce début de carrière. De cette carrière. D’avoir du succès. De lire les articles me concernant, d’être contacté par des fans, aussi par des détracteurs. J’étais heureux de répondre sur les réseaux sociaux, d’entretenir cette image parfaite de moi-même, de cacher tous les moments de doutes. J’ai même commencé à recevoir des cadeaux, à être contacté par des sponsors, à gagner de l’argent... ce que le monde du spectacle peut brasser de l’argent inutilement. Nous faisions sensation. Même une seconde, une troisième place était un moyen de rebondir, d’écrire un script, une histoire faussement réelle pour le public. Une image parfaite. Une diva parfaite et son fils parfait, deux talents. Mais ce n’était pas assez... je me suis pris au jeu. Cette frénésie sans fin, de toujours devoir faire mieux, de toujours devoir être mieux. Chaque détail, à chacune de mes prestations, était décortiqué. Si ce n’était pas par la presse, c’était... par moi. Je peux toujours améliorer quelque chose, non ?

Tout doit être parfait.

Personne ne doit se rendre compte de la supercherie.

Sauf que je ne suis pas parfait. La frustration de sentir son corps céder sous pression, d’avoir une patience de plus en plus réduite, de surveiller chaque détail au point d’en être malade.

« Si tu te relâches, ils vont t’oublier... ce n’est pas ce que tu veux, n’est-ce pas ? »

Ce n’est pas ce que je veux.

Illumnis n’a plus suffit. J’avais participé et même remporté la plupart des concours majeurs de Kalos. En à peine trois ans, mon ascension fut... fulgurante. J’étais la nouveauté du moment, la curiosité. Nous avons eu vent d’un super concours à Sinnoh, nous sommes allés à Sinnoh pour plusieurs semaines, même quelques mois. Des règles légèrement différentes, une ville totalement différente. Unionpolis et son unique et immense bâtiment dédié aux concours. Nous restions pourtant à Floraville entre deux prestations. Village plus secret, plus discret... Je n’avais jamais mis les pieds sur un autre continent que celui de Kalos. Je n’avais même jamais mis les pieds dans un village aussi petit et aussi fleuri. Je ne savais pas trop en penser... surtout que je n’étais pas là pour faire du tourisme. C’était cependant... apaisant. C’était rafraichissant, de pouvoir sortir sans être assaillit par une meute de photographes. Ça me manque un peu. Même si ce voyage restera teinté d’amertume pour moi. Le stress de ces ‘Super Concours’, le besoin de toujours en faire plus, le besoin d’être irréprochable, le besoin de ne pas revoir le regard rempli de déception de Mère...

J’ai éclaté. Pour une raison qui me semblait si importante sur le moment. J’ai hurlé sur ma maquilleuse et costumière. Hurlé sur son incompétence. Hurlé qu’elle devait faire exprès de littéralement tout foirer. Je n’ai pas réussi à m’arrêter, m’en prenant littéralement à tous ceux qui osaient même m’approcher. Hurlé à l’en faire pleurer. Hurlé à m’en bruler les poumons. Hurlé à m’en faire mal à la gorge. Ce n’est pas quelque chose dont je suis particulièrement fier, mais, avec les années, ma patience est devenue de plus en plus courte, mes réparties, de plus en plus tranchantes.

Je n’avais jamais vu Mère aussi fière.

Je n’ai jamais autant regretté mes paroles. Est-ce que ça m’a empêché de recommencer ? Pas... vraiment. J’ai du mal, tellement de mal à retenir mon venin quand cette boule de frustration se change en une lave brulante.

Pour me changer les idées, je suis sorti, seul, pour me calmer. Pour m’isoler.

Ce fut également le lieu de ma première transgression.

Là, au milieu de ce champ de fleurs et d’éoliennes dans lequel j’ai pris l’habitude de me rendre, une bande d’enfants hurlant leur terreur. Pourtant, le soleil était haut, la journée, délicieuse... pourquoi courir ainsi et s’enfuir dans les jupes de leurs parents ? J’ai remonté le flot à contrecourant, une brise légèrement humide guidant mes pas un peu hésitant. Solitaire, en haut de ce monticule, un unique pokemon. Un minuscule ballon coiffé d’un nuage. Un regard vide qui t’observe plus que de raison, deux appendices qui ressemblent à s’y méprendre à des ficelles. C’était ça, le terrible ‘monstre du champ de fleur’ ? Les histoires racontent que les baudrives s’emparent des enfants et les emmènent loin, très loin. Terrifiant ? Terriblement triste. Parce que dans ces deux billes noires, je n’y ai vu qu’une profonde solitude.

Était-ce stupide de tendre ma main à un pokemon sauvage ? Certainement.

Était-ce stupide de le laisser la saisir, et finalement constater que, malgré sa taille, il est pratiquement capable de me soulever ? Sans aucun doute.

Ai-je hurlé comme ces enfants en sentant mes pieds se soulever à peine du sol. Non.

Plutôt que de le laisser s’envoler, j’ai tiré sur ces ficelles, jusqu’à ce qu’il soit assez proche pour que je puisse l’enlacer.

Peut-être en avais-je plus besoin que lui.

En quoi est-ce une transgression ? Les Baudrives ne sont pas des pokemon de concours. Ils n’expriment presque rien, et les histoires terrifiantes que l’on raconte sur eux n’arrange rien. Un coordinateur ne devrait pas s’encombrer d’un tel poids, n’est-ce pas ? Pourtant, d’un commun accord, je l’ai capturé. Il est mon secret, que je garde encore aujourd’hui. Peut-être est-ce cruel de ma part de voir le garder pour moi, mais le fait est que je m’y suis attaché énormément. Sa présence silencieuse est réconfortante.

Après la tournée à Sinnoh, nous sommes rentrés à Kalos. Dans mon emploi du temps, toujours aucune pause.
Mon écriture devient de plus en plus erratique. De plus en plus hachée. Mes mots, de plus en plus tranchés.
Où était Lou’ pendant ce temps-là ? Loin, toujours trop loin. Je lui en ai voulu, je lui en veux encore. Et après les mois, les années, la pression, je n’ai plus pu m’empêcher de déverser ce venin. Ces derniers mois, chaque conversation se termine par une discute, quand conversation il y a.

Je ne te reconnais plus

Tu ne m’as jamais vraiment connu alors.

Ce quelque chose sans nom qu’on avait, il a disparu, laissant un vide amer dans mon cœur. Une brulure de l’imaginer toujours plus loin, toujours entouré de tellement de gens plus intéressant que moi. Une brulure acre de penser qu’au final, je n’ai jamais été si important que ça.

Peut-être est-il juste prompt à dire balancer des ‘Je t’aime’ à tout bout de champ... N’est-ce pas

« Ce que font les hommes pour te garder à disposition »


Que pouvais-je faire, à part me confier à Mère ? A part lui annoncer mes craintes, lui annoncer, vidé de toutes larmes, que je ne voyais pas d’issue positive avec Lou’ ? Je cherchais un réconfort, me blâmant pour mes mots si durs, ne souhaitant pourtant que lui jeter toute mon affection au visage.

« Que t’avais-je dit ? »

Je n’avais pas envie de l’entendre, cette douce évidence. Je n’avais pas envie de l’entendre, de comprendre qu’une fois encore, elle avait raison. Je suis fatigué. Fatigué de constater qu’elle a raison. Fatigué d’être déçu. Juste...

J’ai le cœur brisé.

Je me suis confié dans un espoir de réconfort.

C’était une erreur.

J’avais juste besoin de réconfort, peu importe la forme. Puisque je ne me voyais pas en recevoir de Lou après tout ce que je lui avais dit.

Elle n’a pas beaucoup attendu pour agir, et en profiter.

Un soir où j’étais étrangement libre, elle est venue dans ma chambre d’hôtel. Nous étions au beau milieu d’une tournée, je revenais d’un spectacle écrasant. Toujours, cet air avenant, cette douceur qui ne peut être que fausse. Pourtant, j’en étais encore persuadé, elle n’a que mon bien-être en tête. Quelle douce naïveté.

« Je ne supporte plus de te voir ainsi à cause de lui »

Parce que c’est forcément de sa faute. Parce que cette histoire l’impact toujours plus que moi.

« Habille-toi, tu sors ce soir... fais toi beau »

Je n’ai pas compris tout de suite de quoi elle parlait. Je pensais que nous sortions ensemble, comme nous le faisions de temps en temps. J’ai tenté de refuser.

« J’ai quelqu’un à te présenter »

Je pensais que c’était pour ma carrière, mais lorsqu’elle m’a laissé entrer seul dans ce club discret, je me suis posé... encore plus de questions. Surtout quand elle a ajouté de ne pas regarder à la dépense. Oui, je me suis laissé tenter, malgré la fatigue, mettant mon plus beau masque souriant sur le visage. Conformément à ses instructions, j’ai rejoint une table pour deux, un peu à l’écart. L’endroit était l’un de ces bars qui sert d’extravagant cocktails à la mode, qui sert également une restauration raffinée. Une lumière tamisée, c’était chic. Rapidement, j’ai été rejoint par un homme. La vingtaine, de beaux et longs cheveux d’un blond presque cendrés, de yeux bleus... à tomber. Mais ce qui m’a fait oublier à peu près toutes les règles élémentaires de politesse, c’est sa carrure, la silhouette si joliment soulignée dans costume trois pièces parfaitement négligés. Le genre qui m’a toujours fait craquer.

« Cette place est prise ? »

Je n’ai pas réussi à dire non, pour le coup.

« Je m’appelle Gabriel, j’ai l’impression que vous avez besoin d’un peu de compagnie. »

J’aurai vraiment dû dire non, surtout face à d’aussi grosses ficelles en y repensant. Mais il marquait un point, j’avais cruellement besoin de compagnie. N’importe quelle compagnie, mais surtout celle d’une personne en particulier. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai oublié. J’ai réussi à me le sortir de la tête. Ça n’a pas été facile, au départ, j’étais très fermé à la conversation... mais, avec le temps, avec quelques compliments bien placés, un cocktail pour lequel je n’avais clairement pas l’âge, j’ai fini par m’ouvrir. Je lui ai tout déballé. Mon homosexualité, mes déboires amoureux, la pression que je ressentais, ma solitude. Mon besoin de cet autre qui n’est juste pas là.

Je m’attendais à ce qu’il parte, à ce qu’il abandonne sa tentative de drague... mais il m’a écouté, il m’a pris la main, murmuré doucement à quel point il ne comprenait pas que l’on puisse me faire si mal, murmuré quelques compliments qui m’ont fait rougir.

J’avais la tête qui tourne, à la fois séduit et regrettant que cet homme n’en soit pas un autre.

Ai-je passé une bonne soirée en sa compagnie ? Définitivement, oui. J’étais persuadé de lui plaire, c’est si... si flatteur.

à la fin de notre repas, il m’a même raccompagné. Quelle était les chances pour qu’il ait pris lui-même une chambre dans le même hôtel que moi ?

J’aurai peut-être dû me dire que cette coïncidence était trop grande.

Mais très franchement, je n’avais plus suffisamment de cervelle pour réfléchir jusque-là. Lorsqu’il m’a raccompagné en face de ma chambre, glissé qu’il avait passé une excellente soirée, j’ai acquiescé. Après tout, je ne m’étais jamais senti aussi important. Quand il a déposé ses lèvres sur les miennes, si simplement, sans brusquer, je les ai acceptées, le cœur battant. Quand il a glissé la carte d’accès de sa chambre dans mes mains, annonçant que la soirée n’avait pas à se finir si vite, je n’ai pas su quoi répondre. La proposition était... évidente.

« A toi de choisir »

Très évidente.

La perspective de passer une énième nuit privé de contact humain m’a convaincu de le rejoindre. Était-ce une erreur ? J’avais juste envie de gouter à ses lèvres une fois encore.

On est entré. Lumière éteinte.

« Qu’est-ce que tu veux ? »

Je n’ai pas su quoi répondre. Mes désirs n’ont jamais eu grande importance, si ? A force de me conformer à ceux des autres, j’en oublie d’en avoir. La caresse de sa main dans mes cheveux, si douce...

« Pourquoi tu es venu ? »

N’était-ce pas évident ? Quel jeu cruel que de me faire dire ces choses honteuses. Son souffle qui se rapproche est si enivrant. La délicatesse de ses lèvres, si tentantes. Je les voulais. Je les ai prises, à cet instant.

« Je veux que tu me prennes. J’ai envie de toi »

C’est si facile à dire, et, avec lui, si facile à assumer. J’en avais besoin, de ce contact humain. J’en avais besoin, d’être désiré à ce point. J’en avais besoin, de ce moyen de me libérer de toute cette frustration. J’avais besoin de sentir des caresses fiévreuses, des baisers qui se perdent sur une peau qui se dénude peu à peu. J’en avais besoin. J’avais besoin de tout oublier, même le temps d’une soirée. Et pourtant, une pensée obsédante, perdue au milieu de cet acte avec cet homme que je connaissais à peine.

Peut-être qu’en fermant les yeux, je parviendrai à imaginer l’image de Lou’ à sa place.

J’ai fermé les yeux.

J’ai imaginé.

Et le lendemain, il était parti. J’ai rejoint mon propre lit, me demandant mille fois si je n’avais pas rêvé. Un mal de crâne me vrillait le cerveau.

Il est clair vu mon état que je n’avais pas rêvé.

Me préparer machinalement, retrouver mère pour le petit déjeuner. Avoir la tête ailleurs en essayant de comprendre ce qu’il a bien pu se passer. Vouloir tout garder pour moi le temps de... juste réfléchir.

« Tu as apprécié ma surprise ? »

Son ton remplit de sous-entendu. Comme si elle savait, comme si elle avait été là... Je ne voulais pas croire ce que je venais d’entendre.

« Vu ta tête, on dirait bien que oui... du moment que ça ne t’empêche pas de...hm... tu sais. De ce que j’ai entendu, il lui arrive d’être un peu ‘rude’, parfois »

J’ai cru hurler. Je crois que c’est ce qu’elle cherchait... j’ai cru hurler, à la place, je n’ai fait que largement lui sourire, assurant que ça ne m’empêcherait pas de fonctionner, la remerciant même largement de m’avoir permis de me reposer un peu.

A cet instant, j’ai perdu la dernière once de respect que j’avais pour elle.

Pas question de lui donner cette satisfaction... alors, je n’ai rien dit. Je n’ai plus rien dit.

« J’ai son numéro, si jamais... »

Je l’ai accepté. Je l’ai même utilisé... plusieurs fois. A chaque fois que cette frustration devenait trop grande. Gabriel est... disons doué avec ce genre de choses. Son toucher est agréable. Sa voix suave, particulièrement tentante. Ai-je été satisfait de ses prestations ? Plutôt oui, je regrette simplement que ce soit si... mécanique.

Affreusement convenu.

Il ne m’aime pas. Je ne l’aime pas.

Et pour me venger d’avoir été le pantin de ma mère, je me suis simplement servi de son corps. Je me foutais de son petit jeu de séduction qui ne mènerait de toute manière qu’à une conclusion décevante.

Est-ce que j’ai des ressentiments à son égard ? Non.

Grâce à lui, je sais que je ne dois plus me retenir. Que laisser des mots, des désirs coincés dans ma gorge ne mènera à rien.

Voilà où j’en suis, tout ça pour me mener à cette soirée, celle de mon dix-huitième anniversaire. Au loin, j’entends mère glousser comme la poule de luxe qu’elle a toujours été. La Margarita fait son petit effet, ses antidépresseurs également. Cette soirée en mon honneur, je n’en ai pas voulu. A la porte, quelques coups. La poignée se tourne, un homme se présente. Ses longs cheveux blonds presque cendré, son regard bleu, sa tenue sophistiquée et toujours négligée. Je referme mon journal, je n’ai pas à échanger quelques mots avec lui pour comprendre pourquoi il est là.

« Tu es censé être mon cadeau d’anniversaire ? »

Ma voix est froide, cassante. Je sais que Mère me l’envoie pour me distraire. Dans son esprit, j’accepte parfaitement l’idée de remplacer Lou’ par un amant beaucoup trop payé. Dans la réalité ? J’en ai assez d’être brisé.

« Je t’ai connu plus... chaleureux. Je pensais pouvoir te changer les idées... qu’est-ce que t’en penses ? »

Un léger sourire étire mes lèvres. Je ne le hais pas, au final, ce n’est qu’un patin de Mère. Il fait ce pour quoi il est payé, sans se poser plus de questions. Je me lève, quitte le moelleux de ce lit qui n’a jamais accueilli que nos étreintes, à Louis et moi. Personne d’autre.

Personne d’autre n’y aura droit.

J’avance de quelques pas, me plaçant exactement face à la fenêtre dont les rideaux ne sont pas tirés. Je l’invite à me rejoindre. Elle regarde. Je sais qu’elle me regarde. Je n’ai même pas besoin de vérifier, je sens son regard me vriller les épaules. Elle veut voir si j’accepte son cadeau. J’agrippe le col ouvert de Gabriel, et l’attire dans un baiser faussement passionné. C’est mécanique, j’ai appris à les reconnaitre ses baisers. J’ai appris à les reproduire. D’abord lèvres closes, quelques instants, profiter de reprendre un début de souffle pour inviter nos langues à se lier. Pour une fois, je mène. La différence de taille est flagrante, aussi je dois plaquer ma main sur sa nuque avant de m’empresser à explorer sa bouche.

Franc. Il croit sérieusement qu’on va aller plus loin ? Vu comment il commence à me peloter, je pense que oui.
Je le lâche. Plongeant mon faux regard bleuté dans le sien. Durement.

« Ne me touche plus jamais. »

Je vais savourer très longtemps cet air de surprise sur son visage. Je m’esquive de ce début d’étreinte, et quitte la pièce. Une à une, je descends les marches. Deux grandes volées d’escalier avant de rejoindre le reste de la fête. La nuée de gens, la musique bourdonnante... rien ne m’arrête. Je ne connais personne. Ce sont tous des amis de Mère. Tous. Au bord de la piscine, elle est là. Elle s’étonne de me voir déjà de retour en sa compagnie. Ne suis-je pas censé ‘profiter de son cadeau’ ?

J’en ai marre de me faire baiser, je crois que c’est ton tour, chère Mère.

J’attire l’attention du DJ, lui demandant de baisser la musique, de me donner un micro. Ce n’était pas prévu. Elle stresse. Je fais quelque chose qu’elle n’avait pas prévu.

La foule se rassemble. Après tout, c’est mon anniversaire. Je suis censé être l’invité d’honneur. Mon sourire est large, mon visage, avenant. Je suis sur mon trente et un, apprêté à la perfection. D’abord, je les remercie d’être venu, d’une voix si douce et mielleuse. Je les remercie de s’être déplacé et d’être présent pour ce jour si spécial. Ce n’est pas tous les jours qu’on a dix-huit !

« Mère, si tu veux bien me rejoindre »

Elle stresse, son regard en dit plus qu’elle ne le croit. Mais avec cette foule qui la regarde, attendrie, elle ne peut pas refuser. Elle grimpe sur l’estrade, je l’aide en saisissant sa main parfaitement manucurée. Je ne voudrais pas qu’elle tombe.

La larme à l’œil, le sourire si franc, je me remercie chaleureusement, et tout particulièrement.

« Sans cette femme, je ne serai pas là aujourd’hui ».

Sans cette femme, je n’aurai pas tant souffert.

« Elle est si intelligente, visionnaire et compréhensive... qu’aurai-je pu rêver de mieux comme Mère ? »

Elle est si abusive, pathétiquement jalouse et intolérante... même mes cauchemars sont plus doux.

« Je propose, si vous le voulez bien, de l’applaudir. Autant pour sa brillante carrière, que le support qu’elle m’apporte. »

Je n’applaudis pas, laissant la foule s’en occuper. Sa carrière n’est déjà plus qu’un souvenir. Cette sangsue ne fait que se servir de la mienne pour rester à flot. J’attends que les vivats se taisent avant de reprendre.

« Nous en avons parlé avant ce soir... » Rien n’est plus faut que ce que je peux déblatérer. « Et je vous annonce que je vais prendre une pause d’un an dans ma carrière, à partir de demain. Merci à tous pour votre attention ! »

Appuyant mon regard dans le sien, je me délecte de cette air de stupeur. Je lui rends le micro avant de m’éclipser. Prestation parfaite. Le brouhaha est à peine couvert par le bruit de la musique qui reprend. Tu aimes, Mère ?

Je suis le monstre que tu as créé.

Quatre à quatre, je remonte les marches et m’enferme de nouveau dans ma chambre. Mon cœur bat à cent à l’heure. Ai-je pensé à ce plan depuis longtemps ? Absolument pas. Sur l’écran de mon holokit, déjà, des dizaines de notifications. Pas un seul de ces amis n’a pu se retenir de poster une partie de mon discours en ligne. La nouvelle commence déjà à faire le tour de la toile...

Je n’en ai strictement rien à foutre.

J’ouvre l’application de messageries, glisse jusqu’à trouver une conversation que j’ai évité depuis trop longtemps.

Un nom, un seul : Louis.

Je déménage à Salva.

Je savoure.
Terminé ~
Syrius Al'Shams
Syrius Al'Shams
Pas de competences
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_024_XY« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_714_XY« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac L8EH4sH_
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_447_XY« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Zx5vLzh0« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac 5RbDwP3U
Pokédollars : 159
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_Badge_Roche_RFVF
Inventaire : - 2 Potions
- 4 Repousses
- Charme Chroma
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_Badge_Roche_RFVF
Syrius Al'Shams
Vagabond
Dim 1 Mar - 22:10   

Si tu savais à quel point j'ai hésité pour poster ici avec Rohann 8Dc Finalement, la flemme a fait que je n'ai pas cédé à la tentation. Remercie la flemme. toimêmetusais

Comme tu le sais déjà, j'ai déjà dévoré ta fiche. Je connaissais bien sûr beaucoup de points concernant Léonce mais ... c'est toujours autre chose de lire l'histoire en elle-même. Pauvre petit gars, il ne méritait pas tout ça. Bon, désolée, je garde Louis pour Rohann mais je sais d'ores et déjà que ce petit Léonce trouvera très rapidement chaussure à son pied ... pervers

A bientôt en RP avec Rohann, évidemment ! blush
Mitch Kahan
Mitch Kahan
Pas de compétence
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_696_XY« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_129_XY« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac SZkON2zF
Pokédollars : 195
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_Badge_Roche_RFVF
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- 1 Pokédex
- 4 Dé d'Or
- 2 Super-repousses
- 1 Pierre Stase
- Oeuf Mystère
- 1 Jeton chance

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Mitch Kahan
Ange du forum
Lun 2 Mar - 15:35   
AAH LULU COMMENT TU BRISES NOS CŒURS SANS REMORDS LA ! D8
C'est même plus briser à ce niveau là, tu les as arraché d'un coup comme ça de nos poitrines avant de les piétiner au sol avec des talons aiguilles puis tu as ramasser le tout et t'as mis ça un coup dans le thermomix pour te faire des saucisses en fait.

Ton Léonce était grave attendu et  il a mis des paillettes dans ma vie je dois dire que l'attente en valait la peine ! 8'D
J'espère que Mitch pourra le croiser un de ces quatre pour lui apporter du soutien moral (il en a besoin) ou se faire mettre la pâté par un ptit nain aux cheveux blancs qui mérite de se lâcher loin de sa terrible moman perfect
J'ai adoré lire sa fiche, son histoire est déchirante (rohlala, vas foutre le bordel dans le LouHann, vas-y, tu as les droits !  maais ) mais qu'est-ce que le drama c'est bon au petit déj ! Ton style est juste perfetto, je sais pas comment tu peux réussir à complimenter le nôtre avec ça nion

Bref, re-bienvenue parmi nous tout ça tout ça, plein de bisous et de câlins pour cette pauvre âme !
Victini
Victini
Pas de compétences
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_494
Pokédollars : 3
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Ykz2
Inventaire : //
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Ykz2
Victini
Pokémon Légendaire
Lun 2 Mar - 19:21   

Félicitations !
tu es validé(e)~

Eeeet c'est moooi  heart Aah ! Je suis tellement ravie de le valider, mon petit Léonce d'amour  fangirl Je l'attendais avec tant d'impatience  romantic Je suis joie.

Je savais que tu préparais une super fiche, mais j'avoue qu'elle a dépassé toutes mes espérances.  heart1 Juste… Je l'ai dévorée. Ça m'as pris une heure, mais une heure de pur plaisir. J'ai adoré parcourir l'histoire de ton petit gars, et mon cœur s'est serré fort fort fort.
Avant de parler plus précisément de mon amour pour Léonce, laisse-moi te dire qu'autant ton style d'écriture que le scénario étaient réglés sur mesure. Par Arceus, que tu écris bien ! C'est fou. Je crois que je me suis fait trois ouquatre fois la réflexion "waw, je lis un roman." pendant que je te lisais. Vraiment, une des meilleures fiches que j'ai pu découvrir jusqu'à maintenant  heart

Bref ! Voilà !
Léonce est mon coup de foudre au même titre qu'un Syrius ou qu'un Rohann heart1 . Juste… Je l'aime beaucoup trop. Il a ta patte, cette complexité et ce côté torturé que tu donnes souvent à tes persos. Et surtout ce cynisme qui est juste jubilatoire. Je vais adorer le voir en scène avec Louis qui va pas comprendre ce qui lui tombe dessus x') C'est parfait.
Bref, j'adore sa sensibilité, sa relation avec cette terrible mère… Cette maman, c'est vraiment la pire. T'as la palme d'or, c'est juste incroyable. Quelle perverse narcissique dans toute sa splendeur ! Buuuh, ça fait froid dans le dos… Et en plus, ça monte crescendo dans ton histoire omg
Puis le projet que tu as construit avec lui, avec cette équipe du futur 8D c'est parfait. Genre… Vraiment parfait.
Ajoutons aussi que ma mission est de le rendre heureux, ce petit bout de choux ~ J'ai hâââââteeeeuh  golden heart  heart  romantic  love it

Du coup… Félicitations ? Je vais m'arrêter là dans les compliments, sinon je te fais une dissert. Et c'est pas le but, pas vrai ? x')
Hâte de rp avec Léonce, que ce soit avec Lou……… Ou avec quelqu'un d'aaautre  moustachu  toimêmetusais  pervers
+ « Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Pok%C3%A9_Ball x1


(c) Moona Neko & Tilki
Ashley Li
Ashley Li
Pas de compétences
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_758_SL« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_315_XY« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_Œuf_XY
Pokédollars : 54
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_Badge_Roche_RFVF
Inventaire : - 1 Pokéball
- 1 Master ball
- 1 Total Soin
- 2 Potions
– 1 jeton chance
- 4 repousses
- 5 dés d'or

- Oeuf mystère de Mitch
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_Badge_Roche_RFVF
Ashley Li
Civil
Mar 3 Mar - 11:48   
blush blush blush

Merci à tous c'est trop ! J'ai hâte de tous venir vous embêter en rp ! heart 2

Et un dé shiny pour Baudrive grin

Shaymin
Shaymin
Pas de compétences
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Miniature_492_Terrestre_XY
Pokédollars : 497
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Ykz2
Inventaire : //
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac Ykz2
Shaymin
Pokémon Légendaire
Mar 3 Mar - 11:48   
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'Pokémon Shiny' :
« Isn’t that lovely ? Isn’t that cool ? Aren't I a fool ? » - Léonce Du Lac DSfIv-R_
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