Alors qu’elle traîne dans la Base Ranger de Derwoud, Elia est interpellée par l’une des Techniciennes. C’est souvent celle qui est associée à son ’’cas’’ ; elle lui confie les missions, lui envoie les récompenses, l’informe de tout changement de plan. Elles s’entendent vraiment bien, même si, du point de vue de la jeune femme, la Technicienne ne rivalisera jamais avec Rina ou Zephan.

Malheureusement, ses deux amis ne sont pas affectés à Salva. Comme aucun des autres, d’ailleurs. À vrai dire, ayant étudié à Almia, elle-même n’aurait pas dû être dans cette région. Sauf qu’elle a demandé à y être envoyée car c’est là-bas qu’elle est née. En partie pour revoir ses parents dont elle n’avait aucune nouvelle, et en partie pour retrouver ses origines. Bon, dans le premier cas, ça ne s’est pas exactement bien passé avec eux, à la fin.

Mais depuis le temps, elle s’y est habituée. Salva est, honnêtement, une région magnifique. Une région qui déborde de surprises provoquées ou convoquées par la nature. Une région encore pleine de mystères qui n’attendent qu’à être dévoilés. Donc finalement, elle ne regrette pas sa décision. Chaque journée s’accompagne pratiquement toujours d’une nouvelle découverte sur une chose ou une autre. Elle se demande sincèrement si elle connaîtra tous les secrets de sa région natale, un jour !

Le seul point vraiment négatif est probablement les mœurs du pays. Elle envie profondément celles d’Almia, où personne ne la regardait de travers avec son uniforme de Ranger. Quand elle en surprend un à grimacer dans sa direction, elle ne peut s’empêcher de lui tirer la langue, par réflexe, comme une enfant de cinq ans le ferait.

Et généralement, la Ranger aux cheveux couleur neige s’en veut considérablement après coup. Car elle les aime quand même, tous ces gens. Ce n’est pas de leur faute s’ils ont dix ans de retard par rapport à d’autres régions.

Bref, Elia en est donc là, diplômée depuis maintenant six ans, et fière d’être une défenseuse des habitants, de la faune et flore naturels. Elle peut au moins remercier ses parents – et surtout sa mère, paraît-il – d’avoir décidé de faire d’elle une Ranger. Et en tant que telle, elle a des missions à accomplir, bien entendu !

C’est pour cette raison que la Technicienne, Riki, a demandé à la voir. Apparemment, un petit Pokémon s’amuserait à semer la zizanie au sein d’Edelsten. Et ça commencerait à sérieusement agacer les résidents qui doivent constamment regarder où ils marchent pour ne pas tomber dans des pièges, et autres blagues de ce genre.

Évidemment, la jeune femme au regard améthyste fut retenue pour cette mission… de part sa ’’ressemblance’’ avec ledit Pokémon. Un farceur qui attire un autre farceur… Elia a été jugée plus qu’en mesure apte à trouver, comprendre et calmer ce petit Pokémon. Et, hey, peut-être qu’elle pourra le garder avec elle, aussi ! Si un lien se tisse suffisamment bien entre eux deux !

Oh ! Qu’elle a hâte, qu’elle a hâte ! Elle est pressée de rencontrer ce petit plaisantin !

L’inconvénient est… qu’elle était supposée attendre son partenaire assigné à cette quête. Actuellement sur une autre mission, il – ou elle – ne devrait plus trop tarder à revenir.

Cependant, la jeune Ranger est beaucoup, beaucoup, beaucoup trop impatiente et excitée depuis qu’elle a reçu cette nouvelle mission. Elle est littéralement incapable de tenir en place, faisant les cent pas dans toute la Base, et à l’extérieur lorsqu’elle commence à déranger. Patchouli n’est pas mieux, ressentant son exaltation, au point que des petites étincelles électriques soient émises de sa fourrure.

Quatre heures plus tard à tourner en rond, elle revient à l’intérieur de la Base Ranger, une excuse en tête, pour demander à partir en tête vers Edelsten. Quand on la questionne, bien sûr, sur la raison, elle explique qu’elle aimerait enquêter sur la cachette possible du Pokémon, ce qui leur faciliterait la tâche pour l’apaiser quand son partenaire arrivera. Très clairement, personne ne l’a crue. Mais ils ont accepté quand même car gérer une Elia surexcitée exige parfois des efforts surhumains.

Obtenant victorieusement l’autorisation, la demoiselle aux mèches blanches et violacées prépare son sac à dos en quatrième vitesse, l’énergie bourdonnante dans chacun de ses mouvements, avant de filer pour se mettre en route. Patchouli tournant, et tournant, et tournant encore autour d’elle pour extérioriser son surplus d’électricité. Un peu en vain, il faut bien avouer.

« N’oublie pas ! Ne fonce pas tête baissée ! Attends que ton partenaire n’arrive avant d’agir imprudemment ! » Riki lui rappelle juste avant qu’Elia ne soit trop loin pour l’entendre. Cette dernière se contentant de se retourner vers la Technicienne, secouant son bras haut au-dessus de sa tête, un grand sourire ornant ses lèvres. De toute façon, ce rappel constant ne fonctionne qu’une fois sur trois, alors…


Il faut quelques jours à la Ranger pour traverser les Terres Sauvages, refuge de nombreux Pokémons… sauvages. Au cas où ça ne serait pas évident. Un petit Pachirisu qui s’éloigne parfois un peu trop et qu’elle doit aller chercher… des voyageurs égarés à raccompagner jusqu’à une zone sécurisée. Et des Dresseurs qui veulent la défier sans réaliser qu’elle est une Ranger et qu’elle ne combat donc pas ! Oui, ça arrive réellement !

Vraiment, ce n’est pas toujours facile d’être un Ranger ! Et pourtant… pourtant… c’est amusant ! C’est encourageant de voir ces sourires sur le visage des gens qui la rencontrent, ces remerciements lorsqu’elle les aide, ces amitiés partagées avec les Pokémons environnants, ces paysages qui semblent la suivre du regard ! Elle ne se voit vraiment, mais alors vraiment pas être autre chose qu’une Ranger !

Et malgré tous ces détours, son excitation à l’idée de rencontrer le Pokémon farceur ne s’est pas envolée ne serait-ce une seconde. Bien au contraire, elle n’a cessé de croître. Elle a si hâte ! Quel Pokémon est-ce que ça peut bien être ? Un Zorua ? Possible ! Après tout, il est plus ou moins considéré comme le maître des illusions, pas vrai ? Elle risque d’avoir du mal à le trouver s’il prend l’apparence d’un être humain et ce, même si sa petite queue dépasse, comme il arrive à certains Zorua.

En outre, quand Elia arrive à l’entrée de la Forêt de Sycomores qui la sépare d’Edelsten, elle s’arrête quelques heures pour voir si son – ou sa – partenaire pourrait peut-être l’avoir rejointe. Alors elle patiente… aussi patiente qu’elle peut l’être lorsqu’on bouillonne d’énergie. Ce dont elle ne manque cruellement jamais. Elle est tentée d’en profiter pour contacter ses amis aux quatre coins du monde pour avoir de leurs nouvelles, mais elle ne veut pas les déranger au beau milieu de la journée alors qu’ils sont peut-être également en mission.

Conclusion, la jeune femme reste juste là, assise sur un rocher, à arpenter les différentes fonctions de son Capstick qu’elle connaît par cœur. Elle s’éternise notamment sur celle de la carte pour voir quel serait le chemin le plus rapide et facile à emprunter afin d’arriver jusqu’à Edelsten en un temps record. Pas exactement pratique de visualiser sa route sur une carte digitale et miniaturisée… heureusement qu’elle a l’habitude. Et qu’elle a déjà fait plusieurs fois le voyage vers Edelsten !

La Ranger est en train de calculer le temps qu’il lui faudra pour traverser la Forêt de Sycomores lorsque son petit écureuil blanc et bleu saute brusquement sur ses genoux, la faisant violemment sursauter. « Patchouli ! Doucement, voyons ! » Elle s’exclame en se reprenant et en le regardant.

Mais le petit Pachirisu ne semble même pas se préoccuper de sa frayeur soudaine. Il est concentré, les oreilles tendues, clairement en alerte, vers l’intérieur de la Forêt. Puis il redescend de ses genoux aussi vite qu’il est grimpé dessus pour trottiner vers l’entrée… et pointer une direction avec l’une de ses pattes, poussant des petits cris pour attirer sa Ranger. « Pachi ! Pachi, Pachi ! »

Immédiatement, Elia referme la carte et se relève pour rejoindre son Pokémon Partenaire. Elle fronce les yeux, suivant l’indication du regard. « Tu as entendu quelque chose ? Un Pokémon est en danger ? » L’écureuil électrique bondit et rebondit sur place, continuant de pointer vers la Forêt. Et elle prend ça comme une confirmation. Elle acquiesce vivement de la tête. « D’accord ! Allons-le sauver ! Montre-moi le chemin ! »

Sans prendre une seconde de plus, Patchouli fonce à l’intérieur de la Forêt de Sycomores, Elia sur les talons. Ils courent tous deux à travers celle-ci, esquivant des racines qui dépassent du sol, ou des branches trop basses. La jeune Ranger dégaine son Capstick, prête à s’en servir en cas d’attaque ou de problème. Au cours de leur recherche rapide, elle commence à percevoir de plus en plus un très léger gémissement. Si léger qu’elle n’est pas surprise de ne pas l’avoir entendu plus tôt, contrairement à son Partenaire. Celui-ci continue de la guider, les oreilles suivant le gémissement avec précision. Il a toujours eu l’ouïe particulièrement fine, ce qui leur a rendu service à plusieurs reprises, alors Elia lui fait entièrement confiance sur le chemin à prendre.

Ainsi, au bout d’un petit quart d’heure, les deux parviennent à une sorte de petite clairière assez sombre à cause de la hauteur et de l’épaisseur des feuillages, empêchant les rayons du soleil de percer à l’intérieur. Mais ça ne les empêche pas de voir la scène se déroulant sous leurs yeux. Une petite pomme toute tremblante – un Verpom ? – semble être sur le point de se faire attaquer – plus probablement dévorer – par un groupe d’Étoumi qui ont décidé qu’elle serait le casse-croûte.

N’hésitant pas, Elia plonge pour s’interposer entre la pomme et le groupe d’oiseaux noir et blanc, écartant ses bras et le Capstick en avant, quitte à se prendre des coups de bec. Surpris par son arrivée soudaine, les Étourmi prennent leur envol et décollent loin vers le ciel sans demander leur reste. La jeune femme soupire de soulagement en constatant que tout rentre dans l’ordre sans davantage de complications. Ce n’est pas toujours le cas, après tout, et elle aurait peut-être pu être obligée à se servir de son Capstick pour calmer les oiseaux en colère. Surtout s’ils avaient été dans une forme plus évoluée.

Pour une fois, la chance semblait avoir été de son côté.

Elia sourit, baissant les yeux vers son Pokémon Partenaire qu’elle savait se tenir à ses côtés, les joues crépitantes d’électricité. Il avait très certainement joué un rôle aussi pour faire fuir les Étourmi ! « Merci Patchouli. Grâce à toi, ce petit Verpom est en sécurité. » En réponse, le petit écureuil blanc et bleu lève une patte fièrement avant de bondir, s’agrippant au bras d’Elia et se hissant jusqu’à son épaule pour frotter sa tête contre sa joue. Elle rigole doucement et le caresse entre les oreilles.

Finalement, elle se retourne pour voir si la petite pomme vivante va bien… seulement pour constater que celle-ci a disparu. Enfin, pas exactement. Elle la voit s’enfuir en roulant vers un amas de buissons. Ah. Un petit Verpom peureux, donc. Ça ne va pas être facile. D’ailleurs… que fait-il dans cette Forêt ? Elle n’a pas souvenir que les Verpom vivent par ici, puisqu’il s’agit plutôt du refuge des types Fée. Peut-être qu’il appartient à quelqu’un et qu’il s’est perdu ? Son – ou sa – Dresseur doit être en train de le chercher partout à l’heure qu’il est…

Le problème est qu’un Pokémon capturé ne peut pas être ’’re-capturé’’, même avec le Capstick. Elia n’est donc pas sûre de savoir comment apaiser le Verpom terrifié. Elle s’agenouille sur le sol, retirant son sac à dos pour voir si elle peut trouver un Poffin pour l’attirer et le lui donner. Elle en dégote un – que Patchouli tente de lui voler, alors elle est forcée d’en prendre un autre pour le lui offrir – et essaye de s’approcher un peu vers la pomme en lui tendant le petit bonbon. « Coucou toi… dis-moi… tu es perdu ? Je ne vais pas te faire de mal, promis. Je veux juste t’aider à retrouver le chemin de ta maison. Je m’appelle Elia, et lui, c’est Patchouli, mon Partenaire. » Elle indique de la tête le petit écureuil blanc et bleu perché sur son épaule qui adresse un signe de la patte au Verpom. « Alors… où est ton Dresseur ? Quelque part dans cette Forêt ? »

Peut-être que Patchouli pourrait trouver l’odeur du Dresseur sur le Verpom si celui-ci daigne s’approcher… alors il pourrait aller à sa recherche tandis qu’elle reste ici pour protéger cette petite pomme effrayée.