Belagora est dans son heure de gloire. Avec l’été, la ville, toujours frigorifique, brille néanmoins de mille feux sous les doux rayons du Soleil. Les touristes arrivent en masse et occupent des maisons de vacances quelques semaines avant de repartir des magnifiques souvenirs plein la tête ! Il est vrai que la capitale septrionienne est la ville de l’élégance par excellence. Ses architectures soignées, comme taillées dans du cristal, éblouissent souvent les visiteurs étrangers… Ses grands palais, aux toits qui s’épanouissent en douces volutes colorées, offrent des photos de carte postale absolument extraordinaires.
Alors, dans ces rues toujours animées de chants traditionnels, où flottent les douces fragrances des mets typiques de la région qui réchauffent les corps et les cœurs, on fait bien vite fis du froid et on profite pleinement de cette douce vie septrionienne. Bien sûr, pour les habitants de Belagora, cette saison est tout sauf idéale. Cela se saurait s’ils aimaient voir arriver tout ce monde et faire la queue le matin pour aller acheter leurs viennoiseries… Vivement que l’hiver revienne, s’écrient la plupart d’entre eux. D’autres toisent froidement les touristes à la peau brune, et enfin, certains préfèrent tout simplement ignorer cette animation permanente et prendre sur eux…
Par cette saison, évidemment, il aurait été bien agréable de se détendre tranquillement aux sources chaudes qui surplombent la ville. Malheureusement, cette année, elles sont tout particulièrement prisées par les touristes… Pourquoi un tel engouement ? Déjà, il est bien agréable de se baigner dans cette eau tiède aux vertus médicinales… Mais en plus, une rumeur a tôt fait le tour de la capitale : il paraîtrait qu’un Shaymin égaré ait été aperçu dans le coin… Un photographe a même immortalisé la créature en train de boire l’eau des bassins. Aussitôt le cliché répandu, les touristes se sont bien évidemment rués sur place pour espérer apercevoir la créature… Mais comme attendu, cette dernière s’est volatilisée…
Sans doute doit-elle être effrayée par toute cette présence humaine. Il est bien rare de voir un hérisson fabuleux dans une ville septrionienne. Habituellement, ils les évitent proprement… Peut-être s’est-il perdu et ne parvient-il plus à repartir…? Il faut dire que les prédateurs sont nombreux dans les rues de Belagora… Pokémon comme humains. Ah ! Quel casse-tête !
Après une séance de patinage, Alisya a bien besoin d'aller détendre ses muscles endoloris dans les sources chaudes… Au diable ces touristes ! Elle n'en a cure et se débrouillera pour les tolérer. Mais qui sait ? Au cours de ce petit moment de détente, elle pourrait bien être dérangée par un phénomène peu habituel…? Ah, c'est l'avenir qui le dira…
Voici l'introduction de ce petit rp ! Suis le contexte pour introduire ton aventure et avertis Alexei dès que tu sera prête pour la suite de la modération Bon rp ~
La douleur. Après toutes ces années d'entraînement et de chute en patinage, Alisya croyait bien s'y être habituée. Malheureusement, ce n'était pas le cas. Son corps souffrait le martyre. Le moindre muscle, la moindre articulation l'élançait horriblement à chacun de ses mouvements. Voilà pourquoi elle venait régulièrement aux sources chaudes. Ce n'était en rien comparable aux bains que la jeune femme prenait dans son manoir et ce malgré l'imposante bassine en porcelaine qui occupait la moitié de la pièce. Tout d'abord, parce que le décor s'empreignait d'une magie a nulle part ailleurs dans le Septrion. Cette forteresse taillée dans la pierre semblait figé dans le temps, offrant non seulement un moment de détente, mais aussi d'évasion. Leur eau, parfumée aux huiles essentielles, prenait des teintes d'azur ou rosées, créant une ambiance enchanteresses. On comprend aisément pourquoi ce lieu regorge de touriste une fois la saison amorcée.
L'avantage de détenir une réputation de noblesse dans la région nordique est souvent utile. De nombreuses portes closes pour le commun des mortels s'ouvrent alors. Encore plus lorsqu'un des enfants de la ligné de cette dite élite pratique un sport de haut niveau. Pratiquait pour être exact. Même si Alisya ne compétitionnait plus, sa famille conservait un accès privilégié aux bains curatifs. Le trempage dans une source d'eau chaude est réputé avoir de nombreux avantages pour la santé, qu'il s'agisse d'améliorer la circulation ou d'atténuer les courbatures. Tout ce dont la Kozanov a désespérément besoin.
Ignorant les regards curieux à son encontre des visiteurs qui se prélassaient dans les premiers lagon, la jeune femme s'enfonça plus profondément dans le château. Avec ses habits simples et faciles à enlever, ses longs cheveux platine relever en un chignon lâche, ses bottes en caoutchouc amples et bruyantes, elle ne rendait pas du tout honneur à son rang. Pire que tout, la Kozanov ne portait aucun sous-vêtement ! Tout ce dont elle avait besoin reposait fidèlement dans son sac en bandoulière : une serviette en coton. Lorsque le bruit des voix s'estompa complètement, Alisya s'engouffra de ce qui restait d'escalier menant un étage plus bas. Au pied des marches, une lourde porte en bois barrait l'accès. Sans paraître troublée le moins du monde, la patineuse sortie de sa poche une clé doré et l'obstacle n'en fut plus un. Une fois à l'intérieur, elle s'assura de bien verrouiller derrière elle.
À ses yeux la salle en soit n'avait rien d'extraordinaire, excepté pour la cascade d'eau qui se déversait dans un large bassin. Cet endroit n'était réservé qu'à un nombre limité de gens. De confortable fauteuil en velours attendaient de satisfaire leur occupant aux quatre coins de la pièce. D'épais tapis recouvraient le sol afin de rendre la pierre brute plus agréable à y circuler pied nu. De lourdes tentures en soie aux couleurs du Septrion agrémentait les murs nus, symbole de l'histoire du nord. Le décor avait beau être extravagant pour une simple baignade, n'en résultait pas moins qu'Alisya en appréciait son isolement.
Sans attendre, la Kozanov se dévêtu et entra dans l'eau chaude parfumée. Dès l'instant ou ses membres furent submergée, elle soupira d'aise. La tension qui jusque là étirait son corps comme un ressort s'évapora comme par magie. Nue, Alisya se laissa couler un peu plus, savourant les effets thérapeutiques de la chaleur. Pourquoi être totalement dénudée ? Pour des raisons hygiéniques : imaginez toutes les personnes qui sont venues se baigner dans cette eau « stagnante » ... personne n'a envie que cette eau macère pendant des heures dans son maillot de bain. Personne. La moitié de sa tête se retrouvait presque enfouie sous la surface lorsqu'un bruit la fit tressaillir. Un frisson glacé lui parcourus l'échine. Se retournant, elle fouilla du regard la pénombre en quête d'un possible individu.
― Qui, elle déglutit pour affermir sa voix, qui est là ?!
Rien. Aucune réponse. Un coup d'œil paniqué à son sac resté sagement sur un fauteuil lui fit grincer les dents. Si la jeune femme était attaquée, la tout de suite, elle devrait le faire en tenue d'Eve. En terme de situation embarrassante, Alisya était servie ! Et dire qu'elle avait fait tout ce chemin pour se détendre...
C'était au terme d'une matinée plus froide que les autres qu'un petit Shaymin, transi jusqu'aux os, était arrivé tout tremblant dans la belle ville de Belagora. Alors que ses congénères avaient dû prendre la route des montagnes, lui, dans l'émerveillement que causait son extrême jeunesse, s'était égaré en chemin pour renifler un magnifique bouquet de Gracidée. Les landes gelées du nord, quelque peu réchauffées par le soleil d'été, lui avaient semblé être un merveilleux coin pour se laisser aller à un petit somme réparateur… Après tout, cette migration, loin d'être une simple formalité, l'avait plongé dans une fatigue telle qu'il n'aurait sans doute pas pu suivre jusqu'au bout. Alors, il avait préféré s'accorder une pause que malheureusement ses petits compagnons n'avaient pas respecté. Ces hordes de Shaymin célestes n'avaient pas l'habitude d'attendre leurs congénères ; c'était une loi de la nature, certes cruelle, mais qui perdurait depuis des millénaires. On laissait toujours les plus faibles dans son sillage. On les abandonnait à leur sort et on survivait avec ceux qui étaient capables de suivre.
Alors, à son réveil dans les douces herbes et fleurs de la prairie fleurie des Plaines Cristal, le petit Shaymin, plus fragile que ses grands frères, s'était retrouvé seul, livré à lui-même. Pris de panique et se parant d'une gracidée qu'il avait cueilli dans les parages, il s'était envolé vers d'autres horizons, cherchant inlassablement ses camarades… Malheureusement, il ne les trouva point et fut bien obligé d'abandonner cette perspective… Ce fut donc seul et épuisé qu'il finit par apercevoir cette immense capitale humaine qu'était Belagora… Affamé, il usa de ses dernières forces pour s'y rendre, pensant dans son extrême naïveté qu'il y trouverait sans doute refuge et réconfort. Mais ce fut une toute autre réalité qu'il y découvrit…
Les odeurs nauséabondes de la ville, les prédateurs nombreux, les hommes déchaînés… Tout ce monde qu'ignorait Shaymin l'effraya au plus haut point. Aussi préféra-t-il s'enfuir mais, à bout de force, un Malosse eut le temps de mettre une patte sur lui et de le griffer méchamment. Aussi se traîna-t-il tant bien que mal après avoir fui ce terrible adversaire tout en haut de la ville, dans cet endroit qu'on appelait les sources chaudes… Mais là aussi, il fut poursuivi par un homme hurlant à sa suite et attirant d'autres bipèdes dans sa course… Épouvanté, le pauvre petit hérisson parvint à échapper à tout ce beau monde en se réfugiant dans les roches et les fougères épaisses qui décoraient le bord des bains… La nuit, une fois le calme revenu, il puisa dans ce qu'il lui restait d'énergie pour monter sur le rebord d'une petite fenêtre toujours ouverte dans le grand bâtiment thermal qui se trouvait derrière les sources extérieures, et pénétra dans un bain plus grand que les autres. Tout fumant, il y coulait aussi une petit cascade artificielle aux côtés de nombreux pots de fleurs et plantes exotiques qui semblaient se plaire dans cette atmosphère presque tropicale. Là, il escalada une grande vasque débordante de plantes vertes et s'endormit, exténué, néanmoins revigoré par la chaleur environnante.
Ce ne fut que le lendemain, en milieu d'après-midi, que Shaymin fut tiré de sa profonde léthargie par quelques claquements de porte et des clapotis inhabituels. Ouvrant un œil inquiet, puis deux, il découvrit avec horreur l'humaine qui s'était glissée dans le bassin… Dissimulé derrière les feuillages, il laissa échapper un petit gémissement terrorisé et fit bruire l'une des plantes par mégarde, trahissant ainsi sa présence. Se terrant dans l'ombre des massifs émeraudes, il se mit à trembler de peur, sa blessure le faisant encore souffrir… Qu'allait-il donc lui arriver…?
Alisya survola pour une énième fois la pièce du regard. Le battement effréné de son cœur tambourinait dans ses tympans, lui laissant une désagréable impression de surdité. Qui plus est, la température de l'eau paraissait moins confortable contre sa peau. À présent, le bain semblait presque glacé. Et pour causes, ses nerfs étaient à vif. Tous ses sens en alerte. Fouillant les moindres parcelles d'ombre, le moindre froissement de tissus ou empreinte de pas. Bref, le plus infime indice de la présence d'un individu. La salle avait beau être grande, l'espace occupé par les meubles et la décoration représentait une infime portion de la superficie totale. Alisya en fit donc rapidement le compte rendu. L'évidence même s'imposa : il n'y avait personne. Ce qui eut pour effet de renforcer sa paranoïa, à son plus grand malheur.
Fermant les yeux, la Kozanov prit une profonde inspiration. Mieux valait éviter une crise de panique. L'attitude la plus sage consistait à rester calme, maître de ses émotions, comme on le lui avait toujours appris. Le bruit avait sûrement dû être le fruit de son imagination. La patineuse savait que personne n'aurait pu se faufiler derrière elle lorsqu'elle avait ouvert la porte. Qui plus est, Alisya se rappelait très nettement l'avoir verrouillé.
Chassant de ses pensées toutes images d'un tueur potentiel caché dans la même pièce qu'elle, Alisya s'enfonça de nouveau jusqu'à ce qu'il ne reste plus que sa tête hors de l'eau. La jeune femme tenta vainement de retrouver cette quiétude qui l'avait habitée un peu plus tôt, sans succès. Son attention revenait sans cesse sur le moindre déplacement d'air autour du bassin et toute cette agitation sous son crâne menaçait de la rendre complètement folle. Sur le point de déclarer forfait et d'avouer sa stupidité, le tressaillement étrange du feuillage d'un pot de fleur lui coupa net toute réflexion. Ils se trouvaient sous terre, il n'y avait donc aucune brise ni aucun souffle de vent qui puisse en expliquer la cause. À moins bien sûr que quelque chose s'y dissimulait. Sous cette terrible vérité, la jeune femme se figea d'effroi. Que devait-elle faire ? Hurler ? S'enfuir ? Rester et affronter courageusement l'intrus ? Parmi tous les choix qui tourbillonnaient dans sa tête, la priorité numéro un était de se vêtir. Pas question pour Alisya Kozanov de mourir complètement nue. Son fantôme hanterait certainement cet endroit pour l'éternité afin de venger l'affront subit à sa dignité.
S'extirpant à toute vitesse du lagon thérapeutique, Alisya couru jusqu'à son sac. Par deux fois elle faillit se fendre le crâne sur le sol de pierre et arriva miraculeusement indemne au fauteuil. Aussi rapidement qu'elle le pu, la patineuse extirpa le tissu de coton et l'enroula autour de son corps jusqu'à ce qu'elle ne se sente plus aussi vulnérable. Dans un semblant de contrôle, la Septrionienne fit un pas vers la plante suspecte, bien décidé à mettre un terme au suspense. A mi-chemin, elle s'arrêta net. Jetant un coup d'œil rapide à ses mains vides la Kozanov décida de rebrousser chemin. Mieux valait avoir de quoi se défendre en cas d'attaque. Se fut donc en étant vêtue d'une simple serviette blanche et d'une brosse à cheveux en bois qu'Alisya brava courageusement sa peur. Elle devait donner une bien piètre image à cet instant, mais toute sa concentration reposait uniquement sur un point précis.
Une fois arrivée suffisamment près de sa cible, la jeune femme plia les genoux et tendit une main tremblante vers les feuilles, levant bien haut son autre bras afin de frapper violemment toute bestioles qui surgirait dans sa direction. Écartant les longues tiges qui camouflaient l'intrus, Alisya eu tout juste le temps d'apercevoir une petite boule d'un vert particulier avant que la situation ne dégénère.
Premièrement, son pied droit encore mouillé glissa contre la pierre tandis que son pied gauche asséna un violent coup dans le pot, envoyant valser son contenu sur le sol.
Deuxièmement, dans sa hâte de protéger sa vertu, Alisya n'a pas pris la peine de solidifier son peignoir improvisé. Ainsi donc, quand son postérieur entra brutalement en contact avec le plancher, le tissu se détacha révélant ainsi ça plus splendide nudité.
Troisièmement, le seul vainqueur de cette chaîne d'événement rocambolesque fut la brosse à cheveux encore intact que tenait fermement la Septrionenne.
Se recroquevillant sur lui-même, le petit Shaymin fit tout ce qui était en son pouvoir pour se dissimuler du mieux qu'il pouvait. Malheureusement, l'arbuste sous lequel il se cachait n'était pas une fougère touffue de forêt, mais une grande plante grasse qui laissait de nombreux jours apparents… Bref ! Tout sauf une cachette idéale ! Tout frissonnant, il lui semblait que sa fin était proche… Mais la suite des évènements fut tout autre. Il attendit l'agresseur un long moment et pensa même un instant qu'il était tiré d'affaire… Mais lorsqu'il vit apparaître quelques jambes humaines dans son champ de vision, il se remit à trembler de tout son petit corps fourbu et blessé…
La tension était à son comble, et alors qu'il s'attendait à recevoir le coup fatal, la suite l'épouvanta bien autrement… BOUM. Un choc qui retentit dans toute la salle de bain, semblant se répercuter dans son gros pot de fleur. Tout son petit monde bascula, et bientôt, Shaymin se retourna sur le dos, les quatre fers en l'air, se débattant tout seul avec les lois physiques de ce monde… Le cœur battant, pris d'une panique effroyable, il finit pourtant par se retourner et se carapata du plus vite qu'il put… Malheureusement, l'eau jonchait le carrelage frais, et ce fut à son tour de glisser piteusement pour faire un magnifique plongeon incontrôlé dans le bassin.
Et plouf ! Il coula comme une pierre, luttant pour revenir à la surface. Malheureusement, il était bien connu que les hérissons ne savaient pas nager et, la douleur de sa blessure se réveillant, il lui fut bien difficile de flotter. Aussi pensa-t-il que c'en était définitivement fini de lui… Mourir noyé… Voilà une fin bien terrible pour un Pokémon délaissé.
Désorientée, humiliée et les fesses endolories, Alisya fixait d'un air hagard le chaos qu'elle avait causé. Revenant à la réalité, la jeune femme tenta de dissimuler sa nudité en tirant violemment sur la serviette. Dans sa hâte, elle déchira bien évidemment le tissu. Se couvrant du mieux qu'elle le pu en dépit de la situation, la Kozanov fouilla la pièce des yeux. En quête d'une quelconque trace de la bestiole verte inconnue. Toujours munie de sa brosse à cheveux, Alisya s'approcha du bassin.
Tout d'abord, la Septrionienne ne vit rien. La douce brume de vapeur d'eau qui flottait à la surface camouflait le fond du lagon. Les remous de la cascade et le mélange d'huiles essentiels brouillaient également son contenu. Impossible d'y percevoir quoi que ce soit en dessous de quelques centimètres. Confuse, elle tenta de se rappeler en détail les caractéristiques de l'animal mystère. Pouvait-il s'agir d'un pokémon aquatique ? Un Tarpaud, peut-être ? Non, la couleur était trop particulière et la taille ne concordait pas. Sur le point de faire demi tour pour quitter la pièce à toute vitesse, un détail attira cependant son attention. De minuscules bulles d'air remontaient des profondeurs.
Alisya avait beaucoup de défauts : froide, autoritaire, orgueilleuse... mais certainement pas sans cœur. Quoi que cette créature puisse être, la jeune femme ne pouvait simplement pas rester là à ne rien faire. À être témoin de sa possible noyade. Sans perdre une seconde de plus, elle plongea. Aussitôt, le contraste de la température de l'eau avec celle de sa peau la fit presque perdre sa bouffée d'air. La chaleur pesait contre sa cage thoracique comme une chape de plomb et ralentissait ses mouvements. Sans oublier que dans sa précipitation à secourir le pokémon, elle n'avait pas prit la peine d'enlever son peignoir à demi-déchiré. Les lambeaux de celui-ci flottaient autour de ses jambes et de ses bras. Ses yeux la brûlaient et la pression dans ses tympans causé par la chaleur augmentait à mesure qu'elle nageait. Si les sources chaudes étaient parfaites pour une trempette, y plonger était fortement déconseillée. Bon sang, où était donc passé cette bestiole ? Ne discernant que des ombres floues aux contours indistincts, ce fut par miracle qu'Alisya le trouva. À bout de souffle, la jeune femme tenta un ultime battement de pieds en serrant le pokémon inconscient contre sa poitrine. D'une poussée, elle remonta à la surface.
Toussant, crachant et aspirant de grande goulée d'oxygène que ses poumons réclamaient d'urgence, la patineuse se traîna vers l'entrée du bassin. Se hissant hors de l'eau grâce aux marches sculptés à même la pierre, Alisya alla déposer délicatement le pokémon inconscient sur l'un des fauteuils de la pièce. Pantelante après l'effort que ces muscles avaient déployés et la décharge d'adrénaline qui commençait peu à peu à l'abandonner, la Kozanov s'effondra sur le sol. Néanmoins, elle refusait de baisser les bras. Se penchant vers l'animal, Alisya vérifia qu'il respirait encore. Le pauvre était si chétif, si mal en point qu'elle doutait qu'il soit toujours en vie. Ne manquerait plus qu'elle soit contrainte d'effectuer le bouche-à-bouche et les techniques de réanimation. Ne voulant pas prendre de chance, la jeune femme se tourna vers son sac et en sortie une Potion. Mieux valait ne pas courir de risque. Gaspiller un item en cas d'échec importait peu comparé à laisser une créature innocente mourir sous ses yeux.
Il y eut un trou noir… Et lorsque Shaymin reprit connaissance, ce fut au terme d'une vilain crise de toux. Il cracha de l'eau, beaucoup d'eau. Tant d'eau que le tissus propre du siège sur lequel l'humaine l'avait déposé termina tout trempé. Frémissant, la respiration sifflante, au bord de l'évanouissement, il ne rouvrit pas les yeux tout de suite et prit un certain temps pour se remettre de ses émotions. Les souvenirs revinrent petit à petit, et bientôt, il se remémora cette horrible sensation de noyade… L'eau qui s'infiltrait dans ses petits poumons, cette longue suffocation… Quel enfer avait-il vécu !
Mais comment se faisait-il qu'il était encore vivant…? Il aurait dû reposer au fond du bassin… Ses paupières tressaillirent, il découvrit dans le flou de son champ de vision un visage de bipède… La peur qu'il ressentit fut telle qu'il tenta aussitôt de se remettre sur ses pattes et de s'enfuir ventre à terre. Malheureusement, à peine essay-t-il de soulever son petit corps endolori qu'il retomba tout aussi vite sur le coussin du fauteuil. Un long soupir, las, désespéré, lui échappa… Était-il donc fait comme un Rattata…?
Les premières pulvérisations de potion sur ses membres douloureux lui procurèrent une telle sensation de bien-être qu'il détendit ses muscles et se laissa finalement manipuler par cette inconnue comme bon lui semblait. Bientôt, le sommeil qui pesait sur son petit dos le rattrapa et le tira dans les plumes de Cresselia… La potion faisait son effet, et, désormais, Shaymin avait bel et bien besoin d'un petit somme pour regagner un peu de forces… Du moins suffisamment pour pouvoir de nouveau se déplacer et peut-être fuir l'adversité…
Dès la première pulsation du produit, le petit pokémon recouvra ses esprits. Sursautant violemment devant son brusque éveil, Alisya se reprit rapidement en tentant de calmer l'animal blessé. Hésitante, elle se permit tout de même de lui caresser légèrement le dos alors qu'il crachait le liquide dans ses poumons
― Du calme, tu te sentiras mieux dans peu de temps, c'est promis.
Si le ton de sa voix ne parvint pas à apaiser les craintes du pokémon, les effets bénéfiques de la Potion arrivèrent à le convaincre sans trop de difficultés. La tension s'échappa de son corps frêle et bien vite, il sombra dans un profond sommeil. Le pauvre semblait être à bout de forces.
Poussant un long soupir, la jeune femme se détendit elle aussi. Et dire qu'elle était venue jusqu'ici dans le simple but de savourer une chaude baignade en toute tranquillité. À moitié écroulée sur le sol et étouffant difficilement un bâillement, Alisya du se faire violence pour résister à la tentation de s'endormir. La respiration régulière et les traits détendus du pokémon invitaient à la sieste. Un rapide coup d'œil à son apparence dépenaillée et à la pagaille qui l'entourait prouvait malheureusement le contraire. Pour ne pas se laisser envahir par cette langueur, la Septrionienne se releva. Déjà, il fallait remettre de l'ordre dans sa tenue.
Marchant d'un pas lourd en direction de son sac, Alisya retira l'élastique qui ne retenait plus vraiment ses cheveux. Ces derniers retombèrent en une masse compacte dans son dos, fouettant de ses mèches mouillées sa peau exposée. Après un bon coup de brosse, elle semblait un peu plus présentable. Jetant un regard dégouté en direction des lambeaux de serviette trempé qui lui couvraient le corps, la jeune femme se dévêtit. Enfiler ses vêtements de rechange ne fut pas de tout repos. Une fois convenablement vêtue et au sec, elle jeta un regard vers ce qui lui avait servi de peignoir. Il n'y avait plus grand-chose à faire avec le morceau de tissus si ce n'était de l'utiliser comme chiffon pour nettoyer le désordre. Malgré son éducation de haut rang et la présence étouffante des domestiques qui répondaient au moindre de ses caprices, Alisya n'était pas une fainéante. C'est dire à quel point cela détonnait avec son attitude hautaine habituelle. La blonde s'agenouilla donc sans jérémiade en essuyant les résidus de terre qui maculait le sol suite à son coup de pied express dans le pot de fleur. Au moins, celui-ci n'avait pas volé en éclat sous l'impact.
Une fois que tout fut propre et à sa place, la Kozanov utilisa l'eau de la source pour détacher la serviette et l'étendit sur la pierre afin de lui permettre de sécher. Un coup d'œil en direction du petit pokémon lui confirma qu'il dormait toujours paisiblement sur le fauteuil. S'approchant doucement, Alisya l'examina avec une curiosité non feinte. D'une couleur inusitée, la bestiole ressemblait étrangement au pokémon légendaire de sa province nordique. Tournant la tête vers les tentures couvrant les murs de la pièce, la jeune femme se demanda si les rumeurs qui circulaient depuis quelques temps n'étaient pas fondés. Se pouvait-il qu'il s'agisse bel et bien de cette petite chose toute frêle qui suscitait autant la convoitise parmi les touristes? À cette pensée, un profond chagrin l'envahi. Le pauvre devait être terrorisé.
Tournant les talons, Alisya fouilla une fois encore dans son sac. Par chance, il lui restait une barre aux baies et sa gourde était presque pleine. Normalement, elle prenait soin d'apporter une collation puisque les sources chaudes sont autant relaxante qu'énergivore. Afin d'éviter les risques d'évanouissement à cause de la chaleur et de la déshydratation, il est primordial d'être préparé un minimum. C'est donc avec précaution que la jeune femme déposa la nourriture près du museau du pokémon endormi. Espérant qu'à son réveil il puisse au moins être suffisamment remis pour manger quelques bouchées.
Emporté dans ses rêves, Shaymin mit du temps à se réveiller. Il gambadait dans une prairie à l'herbe verte, toute fleurie. Une délicieuse fragrance s'élevait sur son passage… Un coup de sabot et il s'élevait jusqu'aux cieux. Dans sa forme céleste, il était magnifique… Pourtant, bientôt, les forces vinrent à lui manquer. Doucement, il se laissa retomber au sol, et marcha sur quelques mètres avant de retrouver son apparence terrestre. petit Pokémon isolé et perdu, il appelait sa famille… Personne ne l'entendit. Et puis un craquement le tira de sa léthargie. Il s'éveilla en sursaut…
Découvrant à nouveau l'endroit où il se trouvait, quelle ne fut pas son effroi d'apercevoir une bipède à quelques mètres de lui ! Il pensa à s'enfuir et alors qu'il se hissa sur ses petites pattes fragiles, les souvenirs lui revinrent… Comment il était tombé dans l'eau, comment il avait failli se noyer… Et l'aide précieuse de cette humain qui avait plongé à sa rescousse et l'avait tiré du bassin brûlant. Il se détendit un peu, poussa un long soupir et se rallongea : il n'était pas en danger, ici. Cette bipède n'était visiblement pas malveillante…
Une délicieuse odeur attira ensuite son attention. Il découvrit cette délicieuse barre de céréale aux baies étendue sous ses yeux. Son regard timide glissa sur la bipède qui s'affairait dans son coin : était-ce elle qui lui avait fait cette offrande…? Il s'approcha doucement de la nourriture, la sentit plus amplement, à la recherche de toute trace de piège… Puis, certain qui rien n'était dangereux là-dedans, il croqua délicatement dans la barre. Manger un peu lui redonna de l'énergie. Il bâilla à s'en décrocher la mâchoire, et, une fois rassasié, quitta le fauteuil sur lequel il était couché. Ses petites pattes produisirent un bruit ténu sur le sol carrelé. Plus qu'une seule chose à faire : remercier la jolie demoiselle et s'en aller. Il se traîna jusqu'à ses pieds et piailla un peu pour attirer son attention. Il lui sourit doucement et se frotta gentiment contre ses jambes. Sans elle, il ne serait sans doute plus de ce monde… Il lui devait une fière chandelle ! Comme quoi, tous les humains n'étaient pas malveillants et monstrueux…
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