Huit ans. C’est long huit ans. Très long. Il y a huit ans, je ne connaissais pas encore Winston. Il y a huit ans, je n’avais pas encore pris la tête du laboratoire du Père, de mon laboratoire. Il y a huit ans, j’étais encore son assistante, et j’essayais de faire mes preuves. Expérience après expérience, recherche après recherche, publication après publication. J’essaye toujours de faire mes preuves, même si je pense avoir fait pas mal de chemin depuis. Il y a huit ans, plongée entièrement dans mes recherches, je faisais tout pour l’oublier. Pour oublier son visage, son rire, ses caresses, sa présence, sa chaleur. Une place que j’ai tout fait pour oublier, persuadée que jamais plus elle ne serait prise.
Huit ans... Cela fait également huit ans que je n’ai plus de nouvelles de l’un de mes pairs. Que je n’avais plus eu de nouvelle de lui. Orkas Al Khalid, un chercheur... excentrique originaire de l’Austrée. Oui, disons excentrique, à défaut d’autres termes. Loin de moi l’idée d’insulter un collègue, surtout après toutes ces années. Orkas, c’était l’homme un peu étrange qui se cale au fond de la salle lors des colloc’. En Silence, réfléchissant à on-ne-sait-quoi. C’est également un des seuls qui me parlait sans trop de dédain dans le regard. C’était... rafraichissant à l’époque. Très rafraichissant. Ça me changeait de ces regards condescendants que j’ai encore parfois. « Un Scientifique de la renommée de Dr Helm, projetant de léguer ses recherches à une femme... blasphème ! Ne devrait-elle pas rester à la maison, devant ses fourneaux et un tas de mômes ? »
Je dois avouer que lorsque j’ai appris la nouvelle de sa disparition, cela m’a fait un petit quelque chose. Comme si un de mes seuls alliés disparaissait. Etions nous amis ? Je n’en suis pas sûre, mais j’aime à croire que l’un comme l’autre, nous nous respections suffisamment pour passer au-dessus des rumeurs idiotes. Celle affirmant que je ne dois mon titre qu’à mon père pour ma part, celle affirmant qu’il n’est qu’un fou courant après des chimères pour lui. Plus que sa disparition, ce sont les circonstances qui ont toujours été très... étrange. Sa mort n’a pas été confirmée, pas plus que son état de santé, il a juste... disparu. Comme ça, soi-disant du jour au lendemain, tout a été vidé, tout a disparu. Ses affaires, ses recherches, son laboratoire et lui-même. Une énigme qui a eu le mérite d’alimenter des dizaines et des dizaines de débats enflammés dans les colloc’ de tout Salva. Je pense même que l’histoire à traverser les océans. Moi aussi, je me suis intéressée à l’énigme, sans vrai espoir de la résoudre. Quelle chance avais-je ? D’Edelsten, recevoir des informations précises provenant de l’Austrée n’est pas tâche aisée... même si les voyageurs aiment parler, particulièrement quand on s’occupe de leur pokemon. Pourtant, la preuve de son retour, je ne l’ai pas entendu au centre pokemon, de la bouche d’un dresseur de passage. Non, loin de là. Je l’ai reçu par courrier, directement dans ma boite aux lettres. Un écrit, signé de la main d’Orkas, m’invitant à le rejoindre à Solem, et demandant mon expertise. Je dois dire... j’ai été surprise, et je le suis encore. Je n’ai pas l’habitude de traverser le continent sans raison valable surtout pour me rendre au milieu d’une fournaise.
Pourquoi l’ai-je fait ? Pourquoi lui ai-je envoyé une réponse positive ainsi que les dates de mon séjour ? Pour la même raison qui pousse les scientifiques à aller encore et toujours plus loin : la curiosité.
Huit ans, c’est si long. Il est toujours possible que ce ne soit qu’une farce, mais qu’importe. Quand un collègue demande de l’aide, il est de bon ton de répondre favorablement. Ce n’est là que politesse de base. Puis... j’ai là une occasion en or de me rendre à Solem. Le voyage fut... long. et la chaleur, insoutenable, mais le coup d’œil vaut définitivement le détour. Solem ne ressemble en rien à tout ce que j’ai pu voir. Aucune ville du Septrion ne lui ressemble... je ne suis pas sûre qu’une autre ville du monde lui ressemble d’ailleurs ! Cette fraicheur inattendue et bienvenue est tel un grand ‘bienvenue’ à chaque touriste ou même habitant qui foule le dallage couleur ocre. La grandeur, sa richesse n’a rien à envier à Belagora elle-même, et venant qu’un Septrionnienne, c’est un immense compliment ! Mon séjour, j’ai l’ai prévu sur une bonne semaine. Que je puisse profiter de l’ambiance du lieu, que je puisse profiter de l’immense marché qui brasse des dizaines et des dizaines de semences exotiques. D’accord... je l’avoue, ce qui m’a également convaincue, c’est l’occasion de pouvoir enrichir ma collection de plantes et fleurs. Peut-être quelques variétés de baies également ? Nous verrons.
J’ai posé mes valises hier soir, dans un hôtel modeste du centre-ville. Et c’est après une bonne nuit de repos que je me rends enfin à l’adresse qu’Orkas m’a indiquée. C’est le moment d’inaugurer ma nouvelle paire de tropéziennes. Des sandales ne sont pas exactement indiquée quand on vit au Septrion, et, même si Edelsten est relativement épargnée par le froid polaire, ce n’est pas une raison pour se balader les pieds quasiment nus. Profitons de Solem, et de la possibilité d’enfin pouvoir porter des habits légers. Et par habits légers, j’entends une petite jupe rouge-orangée et un crop-top safran. Un sac en bandoulière –où Winston se cache- et un chapeau viennent compléter ma tenue. Puisque supporter mon tablier de laboratoire me semble compliqué sous ce soleil, j’ai décidé de le nouer à ma taille.
Arrivée dans le bon quartier, il me faut encore quelques minutes supplémentaires pour atteindre l’adresse indiquée sur la lettre. La curiosité guide mes pas, et, même si je n’ai jamais mis les pieds ici, je n’ai pas la moindre crainte. Un pays inconnu, une ville inconnue, même un rendez-vous quasiment inconnu... beaucoup auraient renoncés, moi, j’ai juste envie d’aller de l’avant et de pouvoir démêler ce mystère ! Alors je presse la sonnette... qui ne fonctionne pas. Une indication « frapper fort » est visible juste en dessous... d’accord ? Je décide de la suivre et frappe de toutes mes forces sur la porte d’entrée... attendant la suite. Reste à savoir s’il a pris la peine de se lever, ou même d’être chez lui... connaissant un peu le personnage, ça ne m’étonnerait pas vraiment qu’il ait oublié.
La mine du crayon se posa sur la feuille de papier. Des lignes se formèrent, des chiffres, des lettres, des symboles. D'abords vivement, comme transporté par le flot d'une cascade, puis de plus en plus lentement, jusqu'à ce que la mine de charbon ne se soulève et reste ainsi, en suspension au dessus du papier. Orkas était toujours là, le regard planté sur les écrits mais les pensées ailleurs. Comment il était passé de l'action de phytothérapie des pétales des Florizarres au regard furieux de Mitch qui résonnait encore dans sa tête ? Aucune idée....
Les coups frappés à la porte ne le firent même pas sortir de ses pensées. C'est Truffe qui le fit en venant lui pincer la cheville de ses crocs. Orkas en sursauta, près à l’engueuler, quand il entendit de nouveau les coups. Se maudissant lui-même d'être incapable de se concentrer à cause d'un homme qui ne comprenait rien à sa logique de départ, il se leva.
"Ouai, ouai, j'arrive."
Sa tenue n'avait rien de professionnel. Son appartement transformé en laboratoire en attendant celui de Woestan non plus. Un jean tâché de café, les pieds nue, la blouse ouverte dévoilant son corps tatoué qu'il n'avait pas à ses jeunes années d'étude, il fit le chemin jusqu'à la porte en repoussant en chemin, du talon, le bordel qui entourait le canapé. Un bordel de célibataire endurci qui jurait avec le reste propre, bien ranger, bourré d'objet et de document, qui constituer son espace de travail. Sa Démolosse le suivi, curieuse, tandis que sur le lustre un Poichigeon dormait sans se soucier du bruit.
Quand il ouvrit la porte et vit Lucie, son regard se posa sur le calendrier pas loin, comme pour bien vérifier la date, avant de l'observer de haut en bas.
"Tient, t'as pas énormément changé toi... Peut-être un peu plus de poitrine. Rentre, j'ai du café."
Vie cruel qui fait changé en huit ans Mitch et pas Lucie! Il aurait préféré le contraire tien, tombé sur celle-là en furie et encore avoir le petit Mitch en boule dans le canapé à dormir pendant qu'il travaillait.
Que Lucie ne se formalise pas, il n'avait jamais été très "bonjour, au revoir, comment ça va ~" et ne le serait surement jamais. Quand à sa poitrine, ce n'était qu'une constatation pas une remarque déplacé. Enfin, de son point de vue. Tout comme il avait dit à Mitch qu'il avait vieillis. D’ailleurs, fait chier, pourquoi tout ce qu'il pense repart vers lui ?! C'était peut-être finalement trop tôt pour rentré en Austrée. Non, en fait, c'est juste de l'avoir vu qui n'avait pas été prévu. Foutu coup du destin.
Nouveau coup de pied dans la boite à repas livré qui trainait pour l'envoyer rejoindre les chemises sales du canapé et il se dirigea vers la machine à café. Un coup dessus, un gobelet en plastique dessous et il fit couler le précieux liquide noir. Quand on travaillait à deux, c'était toujours mieux avec du café. Comme ça si l'autre t'agace... tu lui renverses dessus et t'es tranquille le temps qu'il aille se nettoyer au toilette. Ou à l’occurrence, elle, même si il n'avait jamais eue à lui faire ce coup.
Je me demande ce qui a poussé Orkas à disparaitre des radars pendant aussi longtemps... Il a toujours été du genre excentrique, parfois même juste étrange et un peu lourd, mais contrairement à d’autre, il a l’air de traiter les gens à peu près tous de la même manière... soit comme s’ils ne comprenaient rien à ses travaux –ce qui n’est pas faux pour la majorité d’ailleurs-, rien à son esprit –encore, ce n’est pas faux-, ou à ses idées ‘révolutionnaires’. J’attends encore la preuve pour ce dernier point d’ailleurs. Son... manque de tact est pratiquement devenu légendaire d’ailleurs. Comme si on ne lui avait jamais inculqué la moindre formule de politesse pendant son enfance. Personnellement, je pense que oui, mais qu’il a tout simplement décidé d’arrêter de les utiliser... voire même qu’il a décidé de ne jamais les utiliser. Ça et s’en foutre entièrement et totalement de l’avis d’autrui. Quelque part, cette sonnette endommagée et cet insigne déjà à moitié déchirée et dévorée par le sable en est la preuve. Si j’avais un pari à mettre dessus, je dirai qu’il n’attend juste jamais de visiteurs alors... pourquoi s’embêter à la réparer ?
Enfin, cessons les hypothèses. Ça fait un moment que j’attends et ... toujours rien ? De nouveau je frappe à la porte. Cette fois-ci, j’entends de la vie de l’autre côté de la porte... et finalement, une voix masculine s’élève. Le ton lui ressemble... quelques instants après, je le reconnais de l’autre côté de l’embrasure. Toujours aussi... disons qu’il n’a pas changé. Je n’ai pas tellement envie de savoir depuis quand il a mis les pieds dehors, ou la dernière fois que son jeans a vu la machine à laver. Huit ans, c’est long ... si le temps a pris un peu d’emprise sur lui, il n’a pas beaucoup changé. Plus de tatouages, certainement.
Il est toujours aussi... charmant. Très charmant.
Je lève les yeux au ciel à son commentaire. Très franchement ? N’importe qui d’autre aurait reçu un coup bien placé où je pense... mais j’ai déjà essayé et, sur lui, ça ne fonctionne juste pas. Il constate, sans le moindre tact, et je crois qu’il a trop noyé son cerveau dans la caféine pour comprendre pourquoi la majorité des gens n’arrivent pas à passer plus de deux heures en sa compagnie.
« Oui, toujours un plaisir de te revoir aussi... »
Au cas où ce n’est pas assez évident, c’est totalement un sarcasme. Néanmoins, il m’invite à entrer et je le suis dans... ce qui ressemble à un capharnaüm. Yeah... ça non plus, ça n’a pas changé. Une vague odeur de renfermé et de vieux café, et la seule chose qui semble vaguement rangée est son bureau de travail. Toujours mordu avec ses projets visiblement. Je l’observe évoluer dans cet environnement comme si de rien n’était. Une boite vole sous l’un de ses coups de pieds, il se trace un chemin jusqu’à la machine à café. Elle s’allume d’un bon coup sur la cafetière. Ses deux pokemon ne semblent pas gênés... Je me souviens vaguement de sa démolosse –était-ce encore une malosse à l’époque ? Je me souviens aussi avoir lu sa thèse sur l’hypothèse que les pokemon possédant le double type feu-ténèbres réalisaient plus de dommage feu que leurs homologues monotypes. Intéressant... pas mon domaine, mais bon. Ce poichigeon, par contre, est définitivement nouveau. Nouveau sujet de recherche ? J’espère qu’il ne va pas essayer de faire des misères à mon Wins’... ce pauvre Verpom attire trop souvent les oiseaux en quête d’une proie facile.
« Tu... comptes m’expliquer pourquoi t’as disparu pendant huit ans ? Je doute que tu m’aies fait faire tout ce chemin jusque Solem juste pour rattraper le temps perdu. »
Un plaisir de le revoir ? Ah, sans doute une formule de politesse... Elle ne sera ravi qu'une fois qu'il aura mit au point ses projets et qu'il lui montrera. La, seulement, cela vaudra le coup de se sentir ravi et heureux. Pour le moment, qu'elle se sente donc juste honoré qu'il l'appelle elle et pas un autre car de tout les "connaissances" qu'il à, c'est bien à elle qui à penser et non à quelqu'un d'autre, même si elle reste une femme dans un métier d'homme.
Truffe, toujours aussi douce, viens frotter sa truffe en un bonjour à la main de la jeune femme alors que le piaf, dans son nid improvisé, n'ouvrit même pas un œil. Il s’étalait, les ailles déployés, le bec bougeant lentement à chaque petit piaillement léger de ronflement. Les gobelets remplis, Orkas vient lui en tendre un.
"Tu devrais me connaitre assez pour savoir que j'ai une sainte horreur de perdre mon temps, qu'on me fasse perdre mon temps et tout autant de faire perdre du temps aux autres. Je pense que ce que j'ai trouvé va t'intéresser ou du moins que tes connaissances rempliront le peu de lacunes que j'ai sur les espèces végétales."
S'approchant de son bureau, il fouilla pour sortir un dossier et bu une gorgée de café avant de se tourner vers elle.
"Je n'ai pas "disparut" 8 ans, j'ai mis de côté les études et toute relation personnel pour un voyage enrichissant. C'est quoi cette manie que vous avez tous à prendre cela comme un abandon alors que c'est juste un chemin détourné de même pas un huitième d'une vie que j'ai pris ?! "
Enfin, tous, tous... Mitch et elle quoi. Faut dire qu'il se fout de l'avis des autres gens, à moins que se soit eux qui se foutent de ce que fait Orkas ? Peut-être les deux. Mais quand même que c'était pour lui agaçant se manque de logique chez les personnes qu'il appréciait!
"Bon, avant qu'on commence, tu comptes me mettre un poing dans le nez pour m'en punir aussi, de cette soit disant absence ? Parce que si c'est le cas, à la limite, je préfère que tu vise ailleurs. J'ai tendance a saigner du nez près et ça en met partout sur mes documents."
Histoire que ça, ça soit fait, et qu'ils puissent passer aux choses sérieuses.
Il y a toujours eu une chose rafraichissante chez ce type... et ce n’est clairement pas son appartement. Sans doute sa manière d’être cash et de se foutre du reste de monde. Il n’a aucun filtre, véritablement aucun. Ce qu’il dit, il le pense, ce qu’il fait, c’est uniquement parce qu’il en a envie et rien d’autre. On ne contraint pas un esprit comme celui d’Orkas... ce qui me dit que vu le sujet... peu orthodoxe qu’il étudie, cette idée vient aussi de lui. Je me demande bien pourquoi il m’a fait traverser la moitié du pays. Je doute que ce soit simplement pour boire un café. Quoiqu’en regardant l’espèce de poix brulante qu’il vient de me donner, je ne suis pas sûre que j’en ressortirai vivant si je le bois. Lui a l’air de l’aimer, mais encore, il n’est pas particulièrement l’exemple à suivre. Sa démolosse est mieux élevée que lui, c’est dire vu le caractère de la chienne. Me reconnait-elle ? Peut-être, j’aime le penser. Tranquillement, elle vient renifler ma main et m’arrache un sourire. Allez, tu as bien mérité une caresse sur la tête, gentille fille.
Je me reconcentre sur le scientifique râlant autant qu’il parle. La frontière est mince. Attends une seconde... est-ce qu’il m’a fait venir pour le boulot ? Des lacunes ? Ouais, on peut dire ça ! Il a besoin de mon avis sur ses recherches ? Un avis en lien avec la flore ? Wow, il va neiger, c’est pas possible. Orkas, demander un coup de main ? A une femme en plus ? Je ne peux retenir mon étonnement. Quelque part, c’est assez flatteur ? Enfin, vu mon expertise sur le sujet, c’est plutôt normal qu’on me demande de l’aide en y songeant... Disons que c’est assez rare. Très rare. Et je sais que le concernant, il le pense. Il pense que je peux l’aider... Et m’a fait venir en plein milieu du désert pendant la saison de la pollinisation des Spododo pour ça. Il fouille son bureau –le seul endroit rangé- et en sort un dossier, avant de s’expliquer un peu plus. C’est toujours bon à savoir mais... est-ce qu’il est au courant que ‘mettre de côté toute relation sociale et professionnelle pendant 8ans’ ça s’appelle littéralement ‘disparaitre’ ? Je ne peux m’empêcher d’en rire doucement.
« Parce que pour le commun des mortels, ce que t’as fait s’appelle littéralement ‘disparaitre’ ! »
Je me demande quel genre de ‘voyage enrichissant’ il a entrepris. Il n’est pas du genre à s’engager dans l’humanitaire, ou dans une secte... si ? Non... quand même pas ? Difficile de le savoir. Visiblement, je ne suis pas la première à le lui reprocher... Une nouvelle fois, je pouffe doucement en imaginant la scène. Pourquoi est-ce si facile à imaginer ?
« Non, ça ira... Je me réserve ce privilège pour quand tu m’auras foutu les nerfs » Ce qui a de fortes chances d’arriver, soyons clair. « Voyons ça maintenant... »
Je m’approche, dépose le gobelet de café et lui chipe le dossier des mains. Je l’ouvre et je parcours rapidement du regard le contre rendu. Sur quoi est-ce qu’il travaille exactement ? Je fronce les sourcils en me concentrant pour déchiffrer et comprendre où il veut en venir.
« L’action thérapeutique des pétales de Florizarre ? C’est ça que tu étudies maintenant... ? Plutôt inédit te concernant. » Je continue ma lecture pendant une ou deux minutes, tout en réfléchissant à ce que j’ai bien pu lire sur le sujet. Cette espèce de pokémon n’est pas endémique de Salva, donc moins pratique pour obtenir des échantillons et l’étudier. « Hm, j’ai lu plusieurs articles sur le sujet, reste à savoir ce que tu veux en faire ? Il a peut-être plus simple et plus pratique que cette espèce pour ta recherche. Tu me fais un topo ? »
Si le commun des mortels pensait que j'avais disparut... Alors ce même commun des mortels devraient changer la définition du dictionnaire ! Je n'ai jamais aimé ceux-ci d'ailleurs, qui donne une multitude de définition pour un seul mot ! Celui de disparaitre, par exemple qui a exactement 5 définitions : "Ne plus être perceptible à la vue, à l'ouïe, à l'odorat ; ne plus être éprouvé" (D'accords, bon, avec celle-ci, disparaitre fonctionne...), "Être caché, dissimulé par quelque chose" (La, franchement, ce n'était pas le cas!), "Cesser de se trouver quelque part, de s'y manifester " (Passons, je l'accorde celui-là...), "Ne plus se trouver quelque part, de manière inexplicable, pour des raisons que l'on suppose être la fuite, le rapt, le vol, etc. " (La fuite... sérieusement ? En me connaissant ? Mais un rapt, en effet, ça aurait été probable vu mes connaissances!) et enfin "Cesser d'être, mourir" (ais-je vraiment l'air d'un cadavre ?!).
Je soupire à son pouf. Bien un truc de femme ça. Vous avez déjà vu un homme pouffer vous ? Je parle d'un vrai homme, pas un poivrot ni un abruti et encore moins un homme marié car se marier, évidemment, c'est la pire des décision.
"Pourquoi donc veux-tu avoir les nerfs ? Je te fais l'honneur de participer à un des plus grands projets jamais crée sur notre terre. Même si ta touche sera minime elle aura des conséquences qui changeront notre monde à tout jamais si j'arrive à atteindre mon but. Au contraire même tu devrais être flatté. Parmi toutes ces personnes en blouse blanche qui se prennent pour des esprits supérieurs alors qu'ils ont le Q.I. d'un bébé à peine éjecté du ventre de leur mère, c'est toi que j'ai appelé et ce malgré ta condition féminine qui est, pourtant, un handicape."
Je ma familiarisais pas du fait qu'elle me chipe ainsi le dossier, au contraire, je prenais cela pour de l’intérêt et l’intérêt et le moteur de toute découverte.
"Allons, comme tu le sais si bien, les plantes n'ont jamais été ma tasse de thé, sans mauvais jeu de mot. Leurs génétiques tient bien plus de la botanique qu'autre chose mais l'un de mes projets requièrent des besoins végétales. Florizarre a été plus ou moins pris par défaut, au hasard, je dois te l'avouer mais si tu as une espèce plus pratique en tête, je suis tout ouïe. Néanmoins elle doit avoir en elle ou sur elle le même genre de caractéristique thérapeutique. Ce que je veux en faire.... Et actuellement un secret mais il me semble qu'en botanique il existe le concepts de bouture et j'aimerais ton avis sur la possibilité de faire de même, par la suite, avec ces espèces pour obtenir d'avantage de sujet de recherche."
Traduction, les cloner plus ou moins pou les rendre plus fort, plus grands, plus puissant...
S’il y a une chose qui n’a pas changé en huit ans, c’est bien l’égo d’Orkas. Son ego et sa misogynie. Oui, les opinions tranchées d’Orkas sur les femmes sont... loin d’être un secret. Essentiellement parce qu’il adore en faire part à pratiquement tous ceux qu’il rencontre. Sa claire préférence pour les hommes n’est donc pas difficile à deviner. Ça, l’étrangeté du personnage et de ses recherches en font un paria au même titre que moi. Très franchement, au départ, son discours m’ennuyait profondément et une tirade comme celle qu’il vient de sortir lui aurait valu l’impression de cinq phalanges sur la joue. Maintenant ? Je laisse glisser. Je trouve ça même... amusant. Amusant parce que mon ‘handicap’ –comme il dit-, mon expertise a tout de même de la valeur à ses yeux. Il ne peut pas qu’être un immense défaut... une de ses qualité –sa seule qualité ?- est de ne pas laisser les conventions l’arrêter. Okay, il fait juste une ‘exception’ parce qu’il a besoin de moi, mais d’autres auraient trop de fierté pour s’abaisser à faire appel à moi donc... c’est une qualité ? Est-ce que je suis ‘flattée’ ? Un peu, je peux lui accorder ça, mais ça s’arrête là.
Je l’écoute me raconter globalement le sujet de ses recherches... oui, la qualité d’Orkas est aussi l’un de ses défauts, j’en ai bien peur. S’il ne laisse pas les conventions sociales l’arrêter, il ne laisse pas non plus la morale la plus basique le faire aussi. Il flirte avec l’amoralité, et je ne suis pas toujours d’accord avec lui mais... voyons d’en savoir plus avant de lui en mettre une ?
« Attends, attends... je comprends l’intérêt thérapeutique des pétales de Florizarre... d’ailleurs, à part la capacité de Lampignon à transférer l’énergie vitale, je doute qu’un autre pokemon soit capable de l’égaler... » Evidemment, à force de côtoyer cette espèce, je suis bien plus calée sur ce sujet que sur celui de Florizarre. « ... mais t’as pas l’impression de te compliquer la vie pour rien ? »
Est-ce que remettre en doute son idée va l’énerver ? Well, ce n’est pas ma faute si elle est bancale, après tout. Enfin, peut-être est-elle tout à fait logique dans sa tête mais bon... pour moi, il se complique l’esprit. Note que pour un esprit aussi compliqué que le sien, ça colle plutôt bien.
« Pourquoi ne pas te contenter d’une des dizaines d’espèces strictement végétales et curatives qu’il existe ? Je peux t’en citer une bonne dizaine, et qui seront bien plus pratique à manipuler qu’une armée de Florizarre. »
A condition de leur donner de l’eau régulièrement, évidemment. D’ailleurs... il compte élever des Florizarres dans son appartement ? Oh, le connaissant, je sais qu’il a un autre plan. Il est loin d’être idiot, très loin. Il y aura pensé sans aucun doute.
« Après... si tu y tiens vraiment, et si c’est la fleur de Florizarre qui t’intéresse, on peut essayer l’hybridation ou le greffage. Je ne te cache pas que ce serait inédit »
Me compliquer la vie?... Celle-ci serait justement bien plus ennuyante à mourir si on la rendait facile ! J'avoue que je n'aime pas qu'on puisse déclarer le moindre défaut dans mes projets, ni la moindre erreur, surtout qu'en tant qu'esprit supérieur, je me dois, j'ai le devoir même, d'en faire le moins possible voir aucun. C'est encore pire si c'est quelqu'un que je considère moins important et intelligent que moi. Pourtant il est vrai que je n'avais guère pensé à Lampignon ce qui me fit claquer la langue d'agacement.
Malgré tout, je reste un scientifique. Si pour aller plus loin il me faut avouer une légère anomalie, demander l'aide d'une femme et accepté sa critique, aussi irritante soit-elle pour mon égo, soit.
"Je connais encore moins les Lampignons que les Florizarres. Le type poison du Florizarre me semblait un double avantage par ailleurs mais sans doute as-tu possiblement raison... Étant donné mes légères lacunes en botanique et tout sujet végétal, peut-être serait-il plus prudent que je débute qu'avec un espèce végétal... Néanmoins..."
Je me frottais la barbichette un instant avant de faire de la place sur mon bureau pour y étaler une feuille blanche vierge. Attrapant un crayon à papier, je schématisais un Florizarre et un Lampignon sur la tête de celui-ci.
"L'inédit est pour les chercheurs ce que sont les Pokémons shiney pour les collectionneurs ! Ce n'est pas en reproduisant des choses connues qu'on avance. Tu as parlés du transfère d'énergie vital des Lampignon ? Sais-tu exactement comment cela fonctionne ? Si nous pouvions joindre ce talent aux capacités d'un Florizarre par hybridation ou greffage, nous aurions une espèce amélioré pratique pour bien des choses mais aussi un pas vers toute une chirurgie génétique qui pourrais aller jusqu'à l'hybridation inter-espèce. L'homme et l'animal pourrait même finir par ne faire qu'un...."
Et cela me faisait bien rêver. N'y aurait-il pas de monde plus agréable que celui où nous n'aurions plus besoin d'aller chercher des Pokémons pour subvenir à nos besoins ? Ou nous n'aurions qu'à user de nos propres pistolet à eau intérieur pour éteindre nos incendie ou nos propres flammèches pour allumer nos feu ?! Ou il me suffirait de faire un regard noir pour empêcher Mitch de me fuir ou un para-spore pour l'empêcher de me frapper....
Ah ? Il n’a pas aimé ma remarque. Ce petit claquement de langue trahit toujours son énervement. Pour moi, c’est un délice à entendre, parce que ça signifie que j’ai réussi à le prendre en défaut. Oui, moi, une femme à l’esprit teeeellleement inférieur au sien. C’est comme un jeu, de le titiller et d’essayer de surpasser ses réflexions. Un jeu de l’esprit dont je prends plaisir à jouer avec nombre de mâles à l’égo mal placé. Sauf que, contrairement à ces professeurs du nord qui claquent la porte à la première défaite, les joues rouges gonflées de colère, Orkas relève toujours le défis et mets de côté la sensation désagréable de la bataille perdue pour tenter de gagner la guerre. Il est sur mon terrain, et l’avoue clairement. Je ne sais pas ce que je ferai si nous étions sur le sien... qui est... hm, les expériences étranges ?
Première bataille, on dirait que je l’ai convaincu d’abandonner le Florizarre au profit du Lampignon. Au moins, il a réduit la taille de son sujet et l’a rendu plus accessible... c’est déjà pas mal, même si je pense que ma seconde idée concernant l’utilisation de simples plantes n’a pas été retenue. Il a toujours privilégié l’étude des pokemon pure et simple, alors, ça ne m’étonne pas. Pour l’instant, je le suis dans son train de pensées, même si l’objet de ses recherches est encore un peu flou pour moi. Il s’avance alors vers le bureau, sort une feuille de papier et commence à dessiner un croquis. Je m’approche et jette un coup d’œil par-dessus son épaule, écoutant ses explications.
Je fronce les sourcils quand la silhouette du florizarre se dessine, sans trop comprendre. Oui, je peux lui expliquer les capacités d’un lampignon, ce n’est pas un problème mais... mes yeux s’écarquillent de surprise quand il ajoute une... deuxième tête à son florizarre. Une tête de lampignon, accrochée... non, faisant partie intégrante de l’autre pokemon. Les mots hybridations, greffages sont lancés alors que je ne comprends que trop bien désormais son projet. Il tient à... combiner des espèces de pokemon ? Et même des espèces de pokemon avec l’espèce humaine ? Je... non ! Pourquoi ? Je peux citer une dizaine de raisons... mais surtout, c’est complètement amoral ! Je me recule d’un pas.
« Attends, t’es sérieux ? Tu veux combiner des espèces de pokemon ? » Je secoue la tête, encore un peu abasourdie par ce que je viens d’entendre. « Ce n’est pas de la science ça, c’est jouer à Arceus. Et désolée de te l’apprendre, Orkas, mais tu n’es pas Arceus. »
J’ai toujours su qu’il était à la frontière par rapport aux autres scientifiques et professeurs que comptent Salva mais... pas à ce point ? Le pire étant que je sais qu’il est sérieux. Quand on parle de science, Orkas est toujours sérieux. Aussi parce que je ne me souviens pas qu’il ait un énorme sens de l’humour. Mais là, c’est trop. Ce ne serait pas la première fois que l’Homme s’essaie à ça. Il existe déjà plusieurs pokemon créé par l’être humain. Et ça a mal fini.
« Tu veux un autre fiasco comme Type:0 ? Créer une bête agressive ? A quoi ça t’avancerait ? »
Pourquoi toujours cette question de savoir si je suis sérieux ou non ? Est-ce que je ressemble à ces idiots qui font des blagues tout le temps ? Je secoue la tête aux paroles de Lucie comme si elle venait de m'annoncer que la terre était plate. Non, non, non, elle n'y était pas du tout!
"De nombreux Pokémons sont déjà plus ou moins une fusion, regarde donc Flagadoss ! Ce n'est rien de plus qu'un Ramoloss et un Kokyas ! Et les Magnetons ? Rien de plus que trois Magnetis ! La nature à déjà fait cela, il n'y a aucune raison donc pour que cela soit impossible ! Type:0 est une création ! Mewtoo, un clonage ! Si ils sont défaillant c'est qu'ils n'existaient pas à l'origine pour être simplement vivant ! Je te parles de quelque chose de totalement différent là ! J'userais de Pokémon déjà bien réel et totalement naturels, pas d'un clonage de gêne ou de partie récupéré par-ci par-là à la Frankenstein !"
Je préférerais taire le reste plus "humain". Si déjà elle faisait sa râleuse pour les Pokémons, ce serait pire si je lui faisais comprendre que les pokémons "humanoïde" avaient tellement de gêne en commun avec nous que c'est a se demander si il n'y a pas déjà eue une sorte de couack de création avant !
"Ton esprit scientifique ne rêverait-il pas d'étudier un organisme évoluant d'une façon différente ? Tu y trouverais surement des réponses à des questions que tu ne t'es jamais poser ! Tu pourrais comprendre de nouvelles choses auquel tu pourrais même donner ton nom, voir de nouveau remède ! Pourquoi donc ce limité ? Si nous n'étions pas fait pour la science, d'ailleurs, pourquoi nous en donner l’intelligence ? Rien n'est fait au hasard dans la nature... Et dans mes recherches non plus!"
Je lui donnais une occasion rêvé, pourquoi devait-elle se cacher derrière des notions débiles tel que la morale ?! Quel gâchis ! Enfin, c'est une femme, qu'espérais-je au fond?....
Tout de suite, l’air s’alourdit quand je prends conscience qu’il est bel et bien sérieux dans sa théorie. Enfin, disons que je me suis enfin rendue compte de ce qu’il comptait faire. Est-ce que je suis surprise ? Est-ce si étonnant en connaissant le personnage depuis tant d’années ? Je ne devrai pas l’être, d’ailleurs, au fond, je ne le suis pas tellement. Bien sûr qu’il est sérieux. Bien sûr qu’il n’est pas le genre de gars à te faire marcher ou tourner en rond juste pour une bonne blague. Il ne l’a jamais été, et il ne le sera jamais. Sa cervelle n’est pas câblée de cette manière et je le savais. Je le savais en me déplaçant à Solem, je le savais en entrant dans cet appart’ louche, je le savais. Sans en avoir la preuve. Je ne suis pas paranoïaque au point de refuser son invitation au seul prétexte de son attitude... fantasque. Mais suis-je vraiment surprise de découvrir ses ambitions ? Non. Absolument pas.
J’aurai préféré qu’il en rit, qu’il se soit découvert un humour douteux pendant son absence, mais il n’en est rien. Ce qu’il a découvert, c’est qu’il pouvait aller plus loin encore dans le domaine du creepy et de la non-conscience. Il veut jouer avec des lois qui nous dépasse... de mon point de vue. Et pourquoi ? Tout est dit dans son discours. Je ne sais pas s’il espère me convaincre, ou s’il aime juste s’entendre parler... un peu des deux sans doute. Il ne me tient pas en assez haute estime pour tenter de me rallier... et je ne le tiens pas en assez haute estime pour le convaincre du contraire. Au fur et à mesure que ses mots quittent sa bouche, je me rends compte que les années l’ont rendu... pire ? Je ne dirai pas fou car il est parfaitement lucide et suis sa propre logique... mais c’est une logique à laquelle je ne peux pas m’identifier. Tout ce que je peux m’imaginer de ce qu’il raconte, de ses plans plus si farfelus, c’est la souffrance qui risque de naitre. Combien de cobayes sacrifiés ? On ne parle pas d’un tas de cellules sans conscience, mais de hordes de pokemon sacrifiés sur l’autel de ... la connaissance ? Est-ce le seul but ? Le faire, juste pour se prouver qu’on en est capable ? Que notre espèce est plus intelligente qu’un Alakazam ? Prouver quoi ? A qui ? A nous-même ? à Arceus ? Au monde entier ? Je ne vois pas ce qu’il essaie de me montrer... et très franchement, je n’ai pas envie de le voir. Je n’ai pas envie de voir le monde auquel il inspire. Je me mords les lèvres pour ne pas exploser d’une juste colère. Une colère qui monte, monte, monte et monte encore... rien qu’en imaginant la phase concrète de ce plan griffonné sur papier. Du coin de l’œil, ce dessin hante mes pensées... Parce que s’il est prêt à aller aussi loin, qu’est-ce qui l’empêchera d’aller encore plus loin ? Pas grand-chose.
« Je refuse... je refuse de me créer des raccourcis aussi odieux sous prétexte que mes recherches avanceraient mieux ou seraient plus ... plus productives ! C’est jouer à l’apprenti sorcier avec des choses que tu ne comprends pas. » J’attrape le dessin de l’hybride florizarre-lampignon pour le lui montrer. « Cette ... chose ne doit jamais voir le jour. Tu n’imagines même pas les centaines de millier d’espèces bien vivantes qui vont être sacrifiées juste pour que tu puisses prouver que tu as raison. »
Je referme la main sur le morceau de papier, le froissant en une petite boule. J’ai... j’ai bien peur qu’Orkas ait l’intelligence suffisante pour se lancer dans ce projet. Non, je sais qu’il l’a, il lui a toujours manqué que des fonds pour arriver au terme de ses recherches. Que ce soit avant, ou maintenant... il ne lui faut qu’une rencontre avec une personne ayant les moyens, et son même niveau de morale pour franchir le pas.
« On a déjà été trop loin avec Mewtwo et Type:0, ne refais pas la même erreur en t’engageant sur ce chemin... Je te le demande sincèrement, Orkas, revois ton jugement. Tu pourrais apporter beaucoup plus à la science si tu n’essaies pas d’enfreindre les lois de la nature. Il y a assez de mystères pour éviter d’en créer de nouveaux. »
C’est une bouteille jetée à la mer, et j’ai bien peur que son message ne soit perdu à tout jamais.
Bien entendu, elle ne comprends pas. Enfin, si, elle comprends, mais elle refuse de l'envisager, d'user des moyens pour atteindre la fin, de faire les sacrifices nécessaire au progrès. Ah. C'est bien dommage mais je ne suis pas si surpris. Elle reste un esprit inférieur et une femme. Nul doute qu'elle voit pas son avenir à passer des heures sur cette recherche et ses nombreux ratés qu'il y aura mais plutôt dans une petite maisonnette à préparer à manger pour son futur époux et sa ribambelle de gamin entre deux petits bouts de papiers sur les espèces végétales. Un vie qui me fait horreur...
Je suis du regard mon croquis finir dans ses mains puis en boulette. Comme si cela allait me faire oublier tout ça... Au pire je perdrais juste un peu de temps à le griffonner de nouveau. C'est un geste bien futile et inutile en soit mais bon, je ne peux pas trop espérait d'elle.
"Les mystères actuels ne m'intéressent pas. Le seul qui aurait pu retenir mon attention m'a foutu un poing dans le nez à mon retour comme si j'étais un punching-ball. M'attaquer à la fusion Pokémon en un premier lieu me semble bien plus utile et beaucoup moins douloureux"
La fusion Pokémon dans un temps, l'hybridation avec l'humain dans le second... Oui, un projet peut-être fou d'apparence mais qu'on qualifiera de coup de génie plus tard !
"Enfin, je comprends. Après tout, c'est tout à fait naturelle pour une femelle de garder un point de vue très restreint sur le progrès. Malgré les efforts que mettent certaines d'entre-vous à tenté de devenir plus ou moins l'égal de l'homme, vous êtes génétiquement prédestiné qu'à enfanté qui est une chose des plus naturel. Ce qui vous rattache donc à se besoin d'éviter toute avancé. Je suis surpris d'ailleurs que tu n'es pas déjà pondu quelques mochetés baveuses et pleurnichardes, aurais-tu des problèmes utérins ? Ou les mâles potentiels fuit-ils ton besoin d'avoir l'air scientifique et , parallèlement, d'avoir un pénis entre les jambes ? Dans le premier, je peux étudier la question tu sais. "
Pour le second, je n'étais pas psy ou un truc du genre, elle devrait demander de l'aide à quelqu'un d'autre... Enfin, je suis pas gynécologue non plus mais tout ce qui est corporel vient obligatoirement de la génétique ! Et si elle voulait me donner une autre raison que mes recherches, autant qu'elle donne un peu de son corps...
...
Soyons sérieux, même si elle le faisait, je travaillerais sur mon idée en parallèle, mais ça, autant le taire.
Il ne m’a pas entendu. Enfin, si, il m’a parfaitement, et complètement entendu. Chaque phrase, chaque mot, chaque mise en garde que j’ai pu lui dire. Mais il n’en a rien à foutre. Il n’est pas idiot, loin de là, et n’est pas du genre à jouer à l’être… Loin de là. Il m’a entendu, mais refuse de m’écouter, moi et mes connaissances, moi et mon expertise, moi et tout ce que j’ai déjà pu faire comme découverte et avancée. Pourquoi le ferait-il ? Il n’a pas le moindre respect pour moi. Il n’en a même jamais en fait. Et il m’a fallu tout ce temps pour en avoir la confirmation ? Tout ce temps pour me rendre compte que son seul plan était de se servir de moi pour ses soi-disant recherches complètement délirantes. Et après ? Après rien du tout. Après rien, parce qu’il n’y a pas une once de respect dans ce mec. J’ai littéralement fait des centaines de kilomètres pour le rencontrer, des centaines pour comprendre ce qu’il en était advenu de cet esprit frapadingue, des centaines pour lui apporter mon savoir sur un plateau, parce que je pensais que lui et moi, nous nous traiterions comme des égales. Deux parias dans une profession qui manque complètement d’imagination, n’est-ce pas une raison pour se serrer un tant soit peu les coudes ?
Je le pensais. Je le pensais sincèrement, avant qu’il me crache à la gueule, comme tous ces sales connards qui me regardent de haut depuis ma plus tendre enfance. Mais plus maintenant. Plus maintenant… Il est fini le temps où j’attendais l’approbation de mes pairs. Il est fini le temps où je courais dans la blouse de mon Père pour comprendre ce monde qui me rejette malgré tous mes efforts. Ce regard… ces mots… ces insultes… Encore les mêmes, toujours les mêmes. Toujours vouloir me rabaisser, me foutre à la gueule ma condition de femme, de ‘sexe faible’, d’être inférieur bonne à pondre la prochaine génération et à regarder mon cerveau se ratatiner devant mes fourneaux. Même lui, en venant pourtant d’un coin que je pensais bien plus avancer… même lui cherche à me piétiner. Même lui cherche à me remettre à ma place. Même lui pète de trouille à l’idée que le beau sexe puisse lui voler sa place. Ah ! Ah, ah … ha ! Je pourrai en rire tellement cette scène est d’un grotesque. Mais à la place, encore et encre, cette sourde colère qui monte, monte et monte encore, à chaque mot qui quitte sa gueule puante. Encore, encore et encore… Toujours, toujours, toujours la même chose. Mais plus maintenant. Plus maintenant.
« Assez ! »
C’est presque un cri, mais je n’ai pas fini. Presque un cri auquel s’ajoute une belle claque du plat de la main. Qu’il taise cette bouche insupportable. Qu’il se taise ! Et puisqu’il ne m’entend pas, il me reste que l’arme du mâle : la violence. Je l’ai déjà utilisée, si peu élégante soit-elle… et sentir ce picotement sur le bout de mes doigts, une presque douleur, se répandre encore et encore. C’est apaisant, si apaisant d’entendre ce silence.
Si un regard pouvait bruler, c’est une combustion spontanée qui l’emporterait dans la seconde.
« Et tu t’étonnes que personne ne veut te financer ? Tu n’es qu’un être ignoble, insupportable et dangereux, Orkas. Tu aurais dû rester dans ton trou puant et ne jamais en ressortir. » Une froide et sourde colère, impitoyable comme l’est l’hiver Septrionnien. Un ton glacial, digne d’une Momartik en chasse. Il n’y a de pire colère que celle qui explose d’un coup, avant de se retenir sous un couvercle bien mince. « Tu n’es qu’une parodie de scientifique, et la honte de la profession… Et oui, c’est une femme qui te dit ça. Ne me contacte plus jamais, ou je te ferai avaler tes couilles dont t’es si fier. »
Je tourne ensuite les talons, enjambant la masse de déchets qui traine dans cet appartement infâme et je claque la porte en sortant. Le bruit de mes pas résonne dans les rues de Solem alors que je me dirige vers mon hôtel. Des centaines de kilomètres, et pour quoi ? Pour une vaste blague. Pour une vaste perte de temps.
En est-ce vraiment une ?
Une leçon apprise, car désormais j’en ai la preuve et l’intime conviction… Je n’ai aucun allié dans cette profession.
Alors ce sera moi, contre le reste du monde. Et je n’aime pas perdre.
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