Du revers de la manche, Syrius essuie son visage ruisselant de sueur, le souffle court. Autour de lui, les meuglements des Tauros se joint aux brouhahas des discussions des bédouins, dans une cacophonie plus agréable qu'il n'y paraît. Voilà deux jours que le garçon voyage avec ces nomades au grand cœur. Parti de Solem quelques levers de soleil plus tôt, Syrius avait directement prit la direction du Septrion – s'il en a entendu parlé toute sa vie durant, jamais encore il n'y avait mit les pieds. C'est pour cela qu'il a décidé de commencer son voyage ainsi : en rejoignant les terres gelées du Nord de Salva. Qui sait ce qu'il trouvera là-bas ? Les gens sont-ils aussi hostiles que ça ? Y fait-il donc si froid, pour que certaines villes comme Venyys ne capte même pas d'antenne satellite ? De nombreuses questions qui lui trottent en tête depuis longtemps, et axquelles il compte lui-même trouver les réponses. Parce que Syrius refuse de se contenter des on-dits : il veut se faire sa propre opinion. Alors il s'est procuré une veste molletonnée et des bottes fourrées, des vêtements qu'il n'a jamais eu à porter auparavant mais qui lui semble indispensable pour supporter le froid du Nord.

En soi, les Terres Sauvages ne sont pas si loin de Solem. Syrius aurait pu parfaitement les rejoindre par ses propres moyens mais le hasard a voulu qu'il croise la route de nomades parcourant Salva de long, en large et en travers, avec leurs roulottes tirées par des Tauros. Si les bédouins sont rares de nos jours, puisque la quasi totalité des habitants de l'Austrée sont devenu sédentaires, il n'est cependant pas rare de les croiser dans des terres sauvages, loin des villes et de leur agitation. Ainsi, lorsqu'on lui a proposé de faire un petit bout de chemin avec eux, Syrius a accepté avec joie. Bien évidemment, en échange, il devait mettre la main à la pâte. Mais c'est la moindre des choses ! D'autant plus qu'il a droit à l'excellente cuisine des nomades et ça, ça ne peut que combler son palais gourmand. Ainsi s'est-il installé à l'arrière d'une roulotte appartenant à un couple de personnes âgées, Osva et Hilma. Voyageurs depuis leur plus tendre enfance, ils connaissent Salva sur le bout des doigts et Syrius pouvait les écouter des heures et des heures, Osva étant un excellent conteur. De nombreux Pokémon accompagnaient les débouins – des Lougaroc, des Arcanin, des Pokémon Oiseaux aussi. Ils voletaient au dessus des roulottes, surveillant les horizons, guidant la procession dans les sentiers les plus sûrs. Et Syrius se plaisait sincèrement à voyager en leur compagnie.

Et l'aventure n'est pas terminé ! D'après les bédouins, il leur faudra encore quelques jours avant de rejoindre Edelsten. Mais Syrius compte les quitter avant, préférant plutôt rejoindre Venyys, au centre de ses interrogations depuis un moment. Néanmoins, aujourd'hui, les nomades ont décidé de ne pas trop avancé. L'un des Tauros d'un autre couple semble s'être blessé une jambe et tous tiennent à ce qu'il aille mieux avant de reprendre la route. Ainsi se sont-ils installés au pied d'une montagne, s'étalant le long du sentier. Et bien décidé à les aider, Syrius s'est chargé de monter quelques tentes à l'aide de Hilma. N'ayant jamais fait cela de sa vie, le garçon n'est pas le plus efficace, mais il y met du sien et c'est tout ce qui compte. Tendre les draps et nouer les cordes, ce n'est pas si facile que ça en a l'air. Mais le résultat vaut le coup d'oeil, et Syrius est plutôt fier de son office. A midi, tout le monde s'est rassemblé pour déjeuner, puis arriva l'heure de la sieste. Le garçon n'étant absolument pas fatigué, il décida de s'éloigner du campement pour explorer un peu les Terres Sauvages, et surtout la célèbre Vallée des Vents. Curieux et un brin inconscient, il s'est engagé sur le chemin menant à ce sentier coincé entre deux montagnes. Il est accueilli par un vent frais, fort. Un frisson le parcourt – il est autant excité qu'effrayé.

Avançant à pas de loup, ses yeux émeraudes explorent les environs. Le vent ne cesse pas de souffler – Syrius regrette de ne pas avoir prit sa veste. Mais il est trop tard pour faire demi-tour. Maintenant qu'il est là, autant continuer. Perchée sur ses épaules, Khensit siffle de mécontentement, n'appréciant pas cette brise qui fouette durement ses écailles. Alors elle réfugie sa tête dans la chevelure blanche de son Dresseur, source de chaleur bienvenue pour le reptile. Syrius, quant à lui, se frotte un peu les avant-bras, son regard se baladant tantôt à droite, tantôt à gauche. Et tout à son observation, il ne se rend absolument pas compte que le sentier commence à descendre. Khensit n'a pas le temps de le prévenir que Syrius glisse sur quelques graviers, son coccyx percutant violemment le sol. Quelle chute absurde ! Heureusement, il est seul ici et personne n'a rien vu … n'est-ce pas ?

Des petites larmes au coin des yeux, Syrius accuse difficilement sa chute ridicule. S'il n'a pas plus mal que ça, il faut avouer que son égo en a prit un certain coup. Et Khensit qui siffle, moqueuse … Elle ne brille décidément pas par sa compassion ! Si le garçon a déjà fait preuve de maladresse par de nombreuses fois dans sa vie, il faut bien avouer que cette chute-ci est particulièrement comique. Glisser sur quelques graviers, ça n'a absolument rien de glorieux. Cela dit, Syrius aurait pu se faire vraiment mal. S'il était tombé en avant, ses genoux n'auraient absolument pas apprécié. Certes, son coccyx n'est pas particulièrement joyeux non plus, mais atterrir sur son séant épargne les écorchures. Ca lui apprendra, tiens, à ne pas regarder où il met les pieds. C'est bien beau d'observer autour de lui, mais si c'est pour se ramasser comme un idiot … le jeu n'en vaut absolument pas la chandelle. Glissant une main dans son dos, Syrius se frotte le haut des fesses, couinant comme un petit animal blessé. S'il n'a pas droit à un beau bleu, c'est qu'il a vraiment de la chance. En général, sa peau ne marque pas facilement mais … étant donné les circonstances, ça ne serait pas si étonnant que ça. Et Khensit qui continue de ce moquer … Quel amour, ce Pokémon ! Gonflant une joue, Syrius laisse échapper une petite complainte capricieuse :

Ses jérémiades se perdent dans les sifflements menaçants de Khensit. Ne comprenant d'abord pas la soudaine animosité de son Pokémon – parce que, aux dernières nouvelles, aucun danger ne les guette – il remarque alors les trois silhouettes qui viennent dans leur direction. Une jeune fille apparaît alors dans son champ de vision, flanquée d'un Luxio visiblement sur ses gardes et d'un Zorua curieux. Si les sifflements de Khensit s'intensifient, elle n'attaque pas pour autant, restant près de son Dresseur afin de le protéger à la moindre menace. Elle est néanmoins tentée de mordre la main tendue de la nouvelle arrivée, mais un simple regard en direction de Syrius lui coupe toute envie d'agir. Le garçon, lui, étire un petit sourire à mi-chemin entre la honte et la gratitude. Cette fille l'a sûrement vu tomber … génial ! Quelle belle entrée en matière. Mais le jeune homme fait de son mieux pour garder la face, attrapant la main de la demoiselle et se remettant vite sur pied – son coccyx lui fait mal, mais il s'interdit la moindre grimace. Ca devrait vite passer, il ne s'est rien cassé après tout.

Époussetant rapidement son pantalon, Syrius lance des petits regards intéressés aux compagnons de la demoiselle. S'il a déjà vu des Luxio et des Zorua dans sa vie, il est toujours ravi de croiser la route de Pokémon tels qu'ils soient. Après un dernier sifflement menaçant à destination du Luxio, Khensit revient s'enrouler autour du cou de Syrius, se tenant bien droite, bien fière. En se redressant, Syrius se permet de dévisager un peu la nouvelle venue. Elle a l'air d'avoir un peu près son âge et s'il en croit sa couleur de peau ainsi que son accent, elle doit être originaire du Septrion. Quelle aubaine ! Bon, son visage froid confirme pour le moment tout ce que Syrius a entendu sur les habitants du Nord mais … Il ne va pas se fier à cette première impression ! Après tout, elle a eu la délicatesse de l'aider, alors qu'elle aurait pu passer son chemin et le laisser se débrouiller tout seul. C'est donc déjà un bon point. Passant une main gênée dans sa chevelure blanche, Syrius se demande ce qu'il peut se permettre de demander à la demoiselle. Il a plein de questions à lui poser mais … peut-être n'a-t-elle pas le temps – et l'envie – de lui accorder quelques instants ? Si elle est là, c'est parce qu'elle explore les environs, cela paraît assez évident. Le garçon s'apprête cependant à prendre la parole quand elle lui coupe l'herbe sous le pied :

Un frisson le secoue alors qu'une nouvelle bourrasque de vent s'infiltre entre les montagnes. Décidément, il fait vraiment froid ! Et le garçon n'est absolument pas équipé pour supporter de telles températures. Alors le revoilà qui frotte frénétiquement ses avant-bras, dans l'espoir de se réchauffer ne serait-ce qu'un peu. C'est alors que l'inconnue dépose son sac au sol, fouillant à l'intérieur pour en sortir une veste, qu'elle tend sans plus de cérémonie au garçon. Ce dernier semble hésiter un instant, quelque peu décontenancé, mais fini par se saisir du vêtement qu'il enfile aussitôt, dans un long soupir de contentement. Pendant ce temps, le petit Zorua renifle son pantalon, curieux – et Khensit le couve d'un regard menaçant, s'assurant que la petite bestiole ne fasse pas de mal à son maître. Bien plus confortable avec ce vêtement sur le dos, Syrius observe tour à tour la demoiselle et ses deux Pokémon. Le Luxio est d'ailleurs sagement assit près du sac de sa dresseuse et le garçon semble y apercevoir un œuf. Avec émotion, il se rappelle du jour où son grand-père lui a offert l'oeuf de Khensit, sur lequel il a veillé jusqu'à son éclosion. Depuis, la Abo ne l'a jamais quitté, trônant fièrement sur ses épaules, comme une petite reine. Il ne peut par ailleurs s'empêcher de se demander quelle petite créature sortira de l'oeuf de la jeune fille … mais encore faut-il qu'il n'attrape pas froid !

Si Khensit apprécie tout particulièrement se donner des airs de reptile menaçant, en réalité, elle ne ferait pas de mal à une mouche – du moins, pas sans le consentement de son Dresseur. Les seules fois où elle prend des initiatives d'attaque, c'est lorsque Syrius est en danger imminent. Par exemple, il est arrivé une fois où le fils Al'Shams s'est retrouvé – Arceus sait comment – au milieu d'un conflit entre deux élèves de son ancienne faculté. Il allait se prendre un poing en pleine arcade lorsque Khensit a mordu la main repliée de l'agresseur, lui arrachant un long cri de douleur. Si son intervention a eu le mérite de mettre un terme à l'affrontement, Syrius ne l'en a pas félicité pour autant. Ca aurait très bien pu tourner au vinaigre pour elle, si la rage de d'être mordu avait poussé le jeune homme a lui faire du mal. Heureusement, cela n'a pas été le cas – et de toute façon, Khensit est connue tout autant que son Dresseur à Solem, donc il serait malvenu de la part de qui que ce soit de lever la main sur elle. Tout ça pour dire que la Abo peut bien siffler contre les Pokémon de l'inconnue, elle ne leur fera pas le moindre mal s'ils ne sont pas un danger imminent pour Syrius. De toute façon, à deux contre un, même un Pokémon aussi batailleur que Khensit aurait du mal à triompher.

Mais ni le Luxio ni le Zorua ne semblent particulièrement hostiles. Le petit renard noir est même d'humeur blagueuse, parce que le voilà qui prend l'apparence de la Abo et vient s'enrouler autour du cou de sa Dresseuse, imitant parfaitement le reptile du Al'Shams. Si ce dernier connaît cette particularité chez Zorua, il observe pourtant le phénomène avec de grands yeux ravis – contrairement à Khensit qui n'apprécie pas plus que cela ce petit tour de passe-passe. En tout cas, le Zorua a la prétention de dérider un peu sa Dresseuse qui esquisse, enfin, un vrai sourire. Ouf ! Pendant un instant, Syrius a bien cru que le visage de poupée de son interlocutrice était aussi inexpressif que ces jouets de petite fille. Cependant le sac ouvert de la Dresseuse interpelle aussi le fils Al'Shams – avec un vent aussi froid, il faut absolument protéger cette petite créature. S'il ne peut se vanter d'en connaître un rayon sur les œufs, il sait cependant qu'il faut les garder bien au chaud. C'est du moins ce que lui avait conseillé son grand-père lorsqu'il lui a confié l'oeuf de Khensit, il y a maintenant près de dix ans. Bien qu'il fasse particulièrement chaud à Solem, le garçonnet avait enfoui l'oeuf sous les couvertures et les duvets, pour être sûr et certain qu'il demeure dans un cocon de chaleur propice à son bon développement. Et si cela vaut pour son œuf … ça doit être paraître pour tout les autres, non ?

Syrius doit avoir visé juste, puisque la demoiselle se hâte de se pencher sur son sac, emmitouflant de nouveau l'oeuf pour qu'il demeure bien au chaud. Un petit sourire rassuré aux lèvres, il se permet de profiter plus encore de la veste, maintenant qu'il sait le futur Pokémon en sûreté. L'inconnue lui adresse même quelques mots de remerciements, que Syrius accepte d'un simple geste de la geste. C'est la moindre des choses, non ? Il ne souhaite de mal à personne, et encore moins à des petites créatures même pas encore nées ! D'autant plus qu'il se serait senti responsable si quelque malheur était arrivé à l'oeuf, puisque c'est pour prêter une veste que la demoiselle a ouvert son sac à dos. Enfin, tout est bien qui fini bien ! Du moins, si l'on oublie de vent glacial qui ne cesse de souffler, encore et encore. Si Syrius est un peu mieux protégé, il ne peut pas dire qu'il est insensible au froid pour autant. Et la jeune femme semble tout aussi sensible au grand vent parce qu'elle invite Syrius à quitter prestement les lieux. Ce que le garçon accepte sans la moindre hésitation, ses envies d'aventure réduit à néant par les frissons secouant encore et encore sa carcasse de petit prince du Sud. Ah, comme il regrette déjà le soleil chaleUreux de Solem … !

Un sourire niais plus tard, Syrius continue son ascension en compagnie de la fameuse Astrid, bien pressé de se mettre à l'abri du vent. Par moment, ce dernier souffle tellement fort que le garçon craint qu'il ne l'emporte au loin, l'envoyant se fracasser au pied de la montagne. Mais ses pieds restent fermement vissés au sol et, malgré les larmes qui se forment aux coins de ses yeux, Syrius aperçoit une petite trouée dans la paroie rocailleuse. De quoi les abriter le temps que le vent se calme un peu ! D'après les bédouins, il y a toujours des accalmies. Les deux voyageurs n'ont seulement pas eu de chance, en explorant les environs au mauvais moment. Fort de cette bonne nouvelle, le garçon accélère un peu la cadence, se hâtant de rejoindre cet abri de fortune. A peine fait-il un pas dans la cavité qu'il se sent déjà mieux, le vent ne s'y insinuant pas. Le sol est certes rocailleux, et certainement très dur, mais Syrius s'y assoit sans plus tarder, couinant misérablement lorsque son coccyx douloureux se rappelle à sa mémoire. Pliant un peu les jambes pour se soulager le derrière, le garçon laisse Khensit glisser doucement au sol tandis qu'ils sont rejoint pas Astrid et ses deux Pokémon. Eux aussi, doivent en avoir mettre d'être constamment fouetter par ce vent du diable !

Portant une main distraite à son dos, Syrius réalise qu'il n'a absolument pas prit son sac à dos avec lui et qu'il donc, tout idiot qu'il est, parti les mains dans les poches. Pestant contre sa propre maladresse, il se contente d'avaler pitoyablement sa salive alors qu'une soif sans nulle autre pareille lui picote la gorge. Décidément, ce n'est pas sa journée. Il aurait mieux fait de faire la sieste avec les bédouins plutôt que de partir en vadrouille ! Il aurait épargné bien des peines à sa gorge comme à son coccyx. Enfin, tout ce qu'il peut faire maintenant, c'est attendre bêtement que le vent accepte de se calmer. Heureusement, Astrid et ses Pokémon lui évitent un long et désagréable tête à tête avec Khensit. Syrius aime énormément son Abo mais … niveau discussion, rien ne vaut un autre être humain !

Aaah, comme il est agréable de s'asseoir à l'abri du vent. Même si son coccyx est douloureux, Syrius se contente du confort limité offert par la petite trouée. Au moins, il y fait beaucoup moins froid et il a l'impression que son corps commence déjà à se réchauffer grâce à la veste gracieusement offerte par Astrid. D'ailleurs, cette dernière s'assoit à son tour, à une distance raisonnable de l'Austrien. Ce dernier ne s'en formalise absolument pas – ils viennent à peine de se rencontrer, c'est évident que la demoiselle ne va pas s'asseoir juste à côté de lui. Tandis que Khensit explore tranquillement la groupe, son corps violet se traînant sur la roche, le Luxio de Astrid s'installe tout contre elle, posant sa tête toute douce sur ses genoux. La proximité entre le Pokémon et la demoiselle a ce petit quelque chose de touchant qui fait sourire Syrius. Il a toujours aimé constater de ses propres yeux les amitiés liant les Humains à ces créatures exceptionnelles. S'il avait son appareil photo sous la main, sûrement aurait-il demander la permission d'immortaliser ce moment … Mais il est resté au campement, avec son sac à dos et la Pokéball de Lyla.

Un petit gargouilli s'échappe finalement du ventre de Syrius, qui rougit un peu de honte. Pourtant, il a bien mangé à midi mais … son naturel gourmand ne l'épargne jamais de petit désagrément de ce genre. Face à lui, Astrid fouille dans son sac, en sortant une gourde et une boîte de Poffins. Avisant les friandises, son Zorua rejoint le sol, faisant le beau pour quémander une petite douceur. Même Khensit dirige son attention vers la demoiselle, soudainement bien intéressée par le contenu de son sac. Mais en Abo bien élevée, elle s'avise de toute quémande et rejoint plutôt son Dresseur, regagnant ses épaules pour profiter de sa chaleur. Sa condition de reptile la rendant tout particulièrement frileuse, Khensit n'apprécie pas vraiment les températures un peu plus basse. La pauvre n'est pas au bout de ses peines, elle va se cailler les écailles quand ils arriveront à Venyys ! Bien évidemment, Syrius n'hésitera pas à la mettre en sécurité dans sa Pokéball quand il le faudra – il ne souhaite absolument pas que son Pokémon meurt d'hypothermie.

Il attrape alors la gourde et le biscuit que lui tend Astrid en la remerciant chaleureusement, se hâtant de prendre une bonne gorgée d'eau. Pas plus, cependant – il ne voudrait pas priver la jeune femme de ses ressources. C'est déjà très aimable à elle de les partager avec lui. Syrius lui restitue donc rapidement la gourde, non sans la remercier à nouveau, puis croque dans le biscuit avec appétit. En avisant le regard envieux de Khensit, il finit par céder à sa demande silencieuse et casse un petit morceau de gâteau pour le tendre au Abo, qui l'englouti sans plus de cérémonie. Ce Pokémon étant dénué de crocs, il avale toujours tout directement, son estomac se chargeant du reste. Terminant son biscuit avec appétit, Syrius retire quelques miettes collées à la veste, relevant la tête avec curiosité lorsque Astrid reprend la parole :

Syrius n'a pas le temps de terminer sa phrase qu'un éclair rose fonce droit sur la Luxio et sa Dresseuse. Bondissant sur ses jambes par réflexe, le garçon n'a pas le temps de faire plus que Astrid prend le combat en main. Passablement énervée d'avoir été ainsi attaquée à l'improviste, Kyria feule de colère, faisant le gros dos. S'en suit un combat acharné contre un Nounourson très territorial, qui n'hésite même pas à tenter des attaques contre Astrid pour parvenir à ses fins. Si Syrius veut plus d'une fois prendre part au combat, il constate que la Luxio gère parfaitement la situation et que Khensit ne ferait que la déranger. L'Austrien et son Pokémon rongent donc leur frein, assistant au combat sans jamais intervenir. Astrid essaie bien d'amadouer le Nounourson a un moment donné mais … rien qui ne fonctionne, malheureusement. Au final, c'est une énième attaque Etincelle qui met le Nounourson en déroute. Lorsque le nuage de poussière soulevé par le combat retombe, le petit Pokémon rose est nulle part en vu …

Encore un peu sous le choc, Syrius n'ayant jamais assisté à pareille agression, il finit par échapper un petit nerveux. Eh ben, il s'attendait à ça ! Décidément, cet endroit regorge de danger en tout genre. Si les Pokémon sauvages n'hésitent pas à attaquer les voyageurs, c'est qu'ils ont pleinement confiance en leur force. Ce Nounourson s'est battu comme un beau diable, même s'il a fini par fuir sans plus de cérémonie. L'Austrien dirige alors son regard vers la Luxio – grâce à la Potion administrée par sa Dresseuse pendant le combat, elle semble en plutôt bon état. Elle peut être fière d'elle, car elle a mené un très beau duel. Se passant une main gênée dans les yeux, Syrius s'adresse à Astrid :

Doucement, Syrius présente sa main à la Luxio, attendant sa permission pour flatter sa courte crinière. Jamais il ne se permettrait de toucher un Pokémon qui n'en a pas envie, c'est la moindre des choses. Sur ses épaules, Khensit s'agite un peu, sûrement fustrée de ne pas avoir pu combattre elle aussi. D'une caresse sur ses écailles luisantes, l'Austrien parvient à l'apaiser. Des combats, elle aura bientôt l'occasion d'en disputer … Après tout, les arènes du Septrion les attendent !

Après s'être assuré qu'aucun Pokémon ne traînait de nouveau dans les parages, Syrius se rassoit, passant une main dans sa chevelure blanche. De quoi parlaient-ils, déjà ? Ah, oui, la raison de sa présence dans le Septrion !

Pour être parfaitement honnête, le Défi des Arènes en lui-même n'intéresse pas vraiment Syrius. Bien que son père ait été le champion de Solem et que son frère aîné Shaïm ait prit sa suite, les combats, ce n'est pas vraiment son truc. Du moins … pas en tant qu'acteur. Le Solemien se considère davantage comme un spectateur aguerri : armé de son appareil photo, il éprouve un plaisir tout particulier à immortaliser toutes sortes de rencontres dans sa pellicule. Combien d'heures a-t-il passé dans l'arène de son frère, a photographié les challengers venant le défier ou quelques entraînements internes ? Parvenir à capturer des moments clés du combat, des attaques aussi belles que puissantes, c'est ce qui intéresse vraiment Syrius. Et le Défi des Arènes, ce n'est qu'une excuse parfaite pour rencontrer plein de Dresseurs et photographier leurs Pokémon. En soi, qu'il ne gagne aucun combat, qu'il ne récolte aucun badge, c'est bien le cadet de ses soucis. Bien évidemment, sa petite fierté personnelle lui chuchote d'en profiter pour faire ses preuves mais … vraiment, ce n'est pas là son but premier.

D'ailleurs, Syrius regrette sincèrement de ne pas être parti avec son appareil photo. Il aurait bien prit quelques clichés de la Luxio et du Zorua – avec la permission de leur propriétaire, bien évidemment. Un peu déçu, il se promet mentalement de ne plus jamais partir sans son sac – de toute façon, dès qu'il aura quitté le convoi des bédouins, il se retrouvera tout seul. Il ne pourra donc plus vraiment abandonner ses affaires n'importe tout et partir en vadrouille les bras vides. S'il n'avait pas croisé la route d'Astrid, sa gorge serait aussi sèche que le Désert Brûlant de l'Austrée ! Enfin, en soi c'est une leçon qu'il retiendra. Ce n'est que la première d'une longue série d'ailleurs, Syrius en est persuadé. Après tout, sa vie de petit prince est derrière lui, désormais … il va devoir s'adapter à son nouveau mode de vie pour les mois à venir. Et le plus tôt serait le mieux, avant qu'il ne se mette dans la panade. Ce qui risque d'arriver bien plus tôt qu'il ne le croit !

Enfin … L'accident avec le Nounourson passé, les deux jeunes adultes reprennent place sur le sol rocheux de la trouée. Cette fois-ci, Astrid met moins de distance entre eux. Commence-t-elle à lui faire confiance ? Après tout, elle n'a rien à craindre – Syrius n'a absolument rien du mauvais garçon. Cependant, il comprend sa réserve et ne s'en offusque pas. Il est plutôt content de voir qu'elle reprend la conversation sans souci, ses Pokémon allongés à côté d'elle. En espérant que personne ne les interrompe à nouveau, du moins aussi violemment. Même si, en territoire sauvage, jamais personne n'est vraiment à l'abri d'une bagarre …

Syrius semble réfléchir. Si ses souvenirs sont bons, le règlement veut qu'il commence par Martial, le champion d'Edelsten. S'il avait décidé de débuter son voyage dans l'Austrée, il aurait du se frotter à Leyla, la championne de Derwoud. Néanmoins, la hâte de découvrir le Nord l'a poussé à prendre cette direction en premier. Et puis … ça n'aurait pas été une partie de plaisir de vaincre Shaïm pour obtenir son laisser-passer pour le Septrion. Si Syrius a conscience que son frère aîné n'est pas imbattable, il préfère reléguer cette peine en dernier, afin de pouvoir profiter tranquillement de son voyage dans le Nord de Salva. En tout cas, son itinéraire est déjà tout tracé : il compte d'abord rallier Venyys pour lever le voile sur cette ville si mystérieuse et fermée de tout, avant de rejoindre Belagora puis Edelsten. Une fois là-bas, il suivra l'ordre des arènes avant de redescendre dans le Sud. Ce qui risque de lui prendre plusieurs mois, c'est une certitude. Mais Syrius n'est absolument pas pressé : il compte prendre le temps qu'il estime nécessaire pour son voyage et surtout pas se précipiter - son but premier est de visiter le Septrion, après tout.

Shaïm lui a prouvé à mainte reprise. Les champions ont conscience des affinités de type et ont toujours une botte secrète pour contrer leurs faiblesses. Ils ne sont pas nommés « champions » pour rien, après tout ! Leur titre, ils ne l'ont pas volé. Syrius sait très bien que son frère a travaillé très dur pour mériter la succession de l'arène de Solem. Si certains y voient qu'un piston entre père et fils, le Solemien connaît la vérité. Shaïm a du prouver son expérience et sa maîtrise à plusieurs reprises, à son père comme aux organisateurs du Défi des Arènes. Ce n'est pas n'importe qui qui peut prétendre à ce titre si estimé. Ainsi donc, Syrius sait par avance qu'il ne faudra pas sous-estimer Martial. Il a conscience que le type Poison a un bel avantage sur le type Fée et il aura sûrement de quoi bien se défendre. Et malheureusement, ce n'est pas Lyla et son type Dragon qui lui sera vraiment d'un grand secours. Elle ne fera certainement pas long feu dans l'arène et Syrius sait qu'il lui faudra recruter quelques nouveaux membres dans son équipe pour mener sa quête des badges à bien. Cela dit, il n'est pas vraiment pressé … il verra bien, au cours de son voyage, les petites créatures qu'il croisera sur sa route.

Un Oratoria et un Gardevoir ? Voilà deux Pokémon à la bonne réputation de puissance … et en soi, assez féminin. Néanmoins, ce n’est rien qui n’étonne vraiment Syrius. Martial, il le connaît plus ou moins. Avoir un frère Champion, forcément, ça permet de rencontrer les grands dresseurs de Salva assez régulièrement. Il ne sait pas s’il peut considérer que son grand-frère et le Champion d’Edelsten sont amis mais … en tout cas, Martial est souvent venu chez eux, à Solem. Si Syrius n’a jamais parlé avec lui, il a surpris assez souvent quelques conversations avec Shaïm. Martial est très décrié, dans le Nord - son homosexualité plus ou moins assumée et son style vestimentaire pour le moins particulier n’est pas bien vu par la grande majorité de la population. Il fait d’ailleurs très souvent la couverture des magazines à scandales et le sujet de quelques reportages peu glorieux. Une vie sans cesse capturée et décriée par les paparazzis qui ne semblent pas vouloir lui lâcher la grappe. Syrius lui plaint cette vie sans cesse critiquée. Lui, il ne pourrait pas le supporter.

Malgré son sang bleu, le fils Al’Shams n’est pas autant la cible des curieux que ses deux aînés. Forcément, à côté de Ayman le politicien et Shaïm le champion, il fait bien pâle figure. Il n’est que le troisième fils, la cinquième roue du carrosse. Personne n’attend rien de lui… et pourtant, il ne doit pas ternir le nom de sa famille pour autant. Son père a bien essayé de le faire tremper dans la politique mais ce n’est vraiment pas ce qui intéresse Syrius. Lui, il veut percer dans la photographie et se faire connaître pour son talent, rien d’autre. C’est pourquoi il a quitté son chez lui du jour au lendemain, s’engageant dans ce voyage que jamais personne ne l’aurait imaginé se lancer un jour. Il n’a jamais vraiment exprimé de réelles envies d’évasion. Ou l’envie de se faire connaître un tant que dresseur Pokémon. Il ne veut pas emprunter la même route que ses frères. Il veut créer son propre chemin. En espérant y trouver son bonheur, sa propre destinée.

Pour autant, le Défi des Arènes lui apparaît à la fois comme une occasion en or de suivre un itinéraire de voyage défini lui garantissant une certaine stabilité et comme la meilleure façon de pouvoir prendre de belles photographies en Pokémon en action. L’appareil photo autour de son cou, il compte bien le faire chauffer tout le long de son aventure. Il a déjà bien rempli sa première pellicule, d’ailleurs - les terres sauvages et les espèces qu’elles possèdent l’ont énormément inspiré et il espère rapidement en croiser d’autres. Peut-être des Pokémon plus rares ? C’est bien là tout ce qu’il souhaite. Mais ce qu’il attend avec impatience, c’est sa première arène. Il sait qu’il pourra assister à de beaux combats entre les challengers et les champions d’arène … et la simple idée de pouvoir immortaliser tout ça dans sa pellicule suffit à lui insuffler le courage nécessaire pour continuer, bien qu’il ne soit pas un voyageur émérite !

Syrius pense notamment à l’équipe de son propre frère. Spécialiste du type Dragon, Shaïm a parfaitement conscience des avantages et des faiblesses de ses Pokémon. Alors pour y pallier un maximum, il a bâti son équipe en veillant à y inclure des double-types intéressants … notamment son fameux Kravarech, dont le type poison lui permet de lutter efficacement contre les types Fée. Pour le reste … c’est aussi une question de stratégie et de savoir faire. Syrius ignore si tous les champions fonctionnent comme Shaïm et c’est bien ce qui rend le Défi si intéressant. Suivre tout le temps le même schéma risque de devenir très lassant et beaucoup moins excitant. Syrius aime se dire que Martial, et les autres Champions de l’Austrée, sauront le surprendre et lui faire oublier ce qu’il pense acquit à cause de son propre frère. Néanmoins, il ne se fait pas de souci … il connaît bien Laureleï par exemple, et sait que la championne de Belagora ne fait aucun cadeau aux challengers.

Finalement, le garçon passe une main dans ses cheveux blancs, un sourire entendu au coin des lèvres. Il a encore beaucoup de route avant d’arriver à Edelsten, ville de la première arène, mais il a vraiment hâte de se frotter à Martial. Et il est certain que Khensit est toute aussi impatiente d’en découdre. Bon, il lui faudra gagner en expérience d’ici là mais Syrius ne se fait aucune inquiétude là-dessus. Ils auront l’occasion de se confronter à d’autres Pokémon et Dresseurs d’ici là, c’est quasiment sûr ! Enfin, il a bien le temps d’y penser, de toute façon. Si les Pokémon du coin continuent d’affluer pour se frotter aux Dresseurs traversant les Terres Sauvages, ils gagneront rapidement en expérience. Peut-être même Khensit finira-t-elle par évoluer …? Ca arrivera forcément un jour et pourtant, l’idée que sa petite Abo devienne une fière Arbok le laisse quelque peu pantois. Une fois transformée, terminée les siestes sur ses épaules ! Il sera trop lourde pour lui.

Quelque peu curieux, Syrius épie la réaction d’Astrid. En général, lorsqu’il avoue son lien de parenté avec Shaïm - ou même avec Ayman - on le dévisage avec curiosité - parfois, même, avec méfiance. Appartenir à la noble lignée des Al’Shams, ce n’est pas rien. Ses parents le lui ont répété maintes et maintes fois quand il était petit garçon … et ils continuent encore aujourd’hui. Que Syrius soit devenu un adulte ne change rien, ils continuent de le voir comme un idiot qui pourrait, à tout moment, ternir la noble réputation de leur famille. Or, ce rôle de petit prinçaillon qui lui colle à la peau depuis sa naissance est à ses yeux une véritable malédiction. Il aurait aimé être plus … anonyme. Quelqu’un de lambda. Un monsieur-tout-le-monde. Au lieu de quoi, il doit porter le poids de son nom sur les épaules et ne surtout jamais, ô grand jamais lui faire de tort. Ah, s’ils savaient. S’ils savaient que ce fils se moque d’eux et de leurs principes, les piétinant sans remords. S’ils savaient qu’il avait couché - et plus d’une fois - avec un autre homme, le meilleur-ami de son grand-frère, un garçon proche de leur famille depuis sa plus tendre enfance … ils tomberaient des nues. Et sûrement le deshériteraient-ils. Ce n’est pas ce que recherche Syrius, cela dit - cela peut paraître très cupide mais la fortune des Al’Shams l’arrange bien. Du moins pour le moment, parce qu’il espère se faire reconnaître dans son art et en vivre, plus tard, libéré du joug de sa famille.

Si Astrid affiche une petite mine étonnée … elle se contente de cela. Pas de réflexion, pas de questionnements. Et vraiment, cela rassure Syrius. Devoir se justifier sur sa famille, c’est une véritable plaie. Alors s’épargner de cette peine, ce n’est pas de refus ! Cela dit, il s’attendait quand même à autre chose. Davantage de questions, peut-être ? En temps normal, il finit submerger par des interrogations étranges, des réflexions désagréables ou même … des demandes saugrenues. Syrius se souvient tout particulièrement de cette jeune fille au Marché de Solem qui, un jour, lui a demandé de l’argent en échange de la main de sa soeur. Comme si les choses fonctionnaient comme ça ! En tout cas, le fait que l’information passe comme une lettre à la poste lui retire une bonne épine du pied. Ne pas avoir à s’éterniser sur le sujet, c’est un plaisir qu’il ne va pas dissimuler. De ce fait, il esquisse un grand sourire. Comme quoi, il peut être de noble lignée et ne pas impressionné le monde entier. Et, par Arceus, qu’est-ce que ça peut faire du bien ! Se sentir si … normal, c’est un véritable bonheur. Il débute à peine son périple dans le Septrion mais il répond déjà à sa première promesse : l’aider à passer le plus inaperçu possible.

Enfin, parenthèse fermée ! Les voilà de retour sur le sujet du dressage de Pokémon. Astrid avoue d’ailleurs ne pas être une grande Dresseuse non plus et que sa Luxio doit sa technique qu’à elle-même. Visiblement, Kyria a appris à se battre seule et sa propriétaire n’en est en aucun cas responsable. Si Syrius l’entend bien, il sait cependant qu’il n’y a pas que cela qui rentre en compte. La Luxio doit vraiment faire confiance en sa Dresseuse et tenir à elle pour être si efficace. La façon dont elle a mit le Nounourson en déroute était tout à fait impressionnante. Leur synergie a de quoi rendre jaloux quelques Dresseurs, c’est une certitude. Pas Syrius cependant, qui estime sa relation avec Khensit presque fusionnelle. Sont-ils pour autant un excellent duo de combattants …? Il ne saurait vraiment le dire. Ses rares entraînements avec son frère ne sont pas vraiment représentatif de son niveau, parce que le Champion Dragon l’a toujours ménagé. Une faveur d’aîné pour son cadet ou un excès de confiance de la part de Shaïm, difficile à dire. Toujours est-il que Syrius se rendra réellement compte de son niveau lors de son premier combat d’arène … mais encore lui faut-il rallier Edelsten, la première étape du Défi des Arènes lorsqu’on le débute dans le Septrion !

Astrid enchaîne sur un sujet que Syrius ne maîtrise absolument pas … les concours. S’il en a déjà entendu parlé, il n’a jamais assisté à la moindre représentation et ne s’est jamais vraiment intéressé à la discipline elle-même. Il paraît que sa mère a brillé sur scène dans sa jeunesse … mais tout ce qui reste de cette époque est une coupe trônant fièrement dans le grand salon des Al’Shams, perdu au milieu des autres récompenses obtenus au fil des années par les autres membres de la famille … des aïeuls jusqu’à la dernière génération. Néanmoins ce n’est absolument rien qui pourrait aider Astrid. Y a-t-il des événements à Solem en ce moment ? Il n’en a aucune idée. C’est possible, cela dit. Sa ville de naissance est la capitale de l’Austrée et il s’y passe énormément de chose. Le garçon se contente donc de hausser les épaules, un peu gêné de ne pas pouvoir lui fournir une réponse claire et nette :

Les jambes quelque peu ankylosées par son inaction, il les étire l’une après l’autre en poussant un long soupir. A force de rester assis à même le sol, il commence à avoir sérieusement mal au derrière. D’autant que sa chute lui a fait un mal de Caninos et que la douleur ne s’est pas totalement estompée. Syrius choisit finalement de se lever, marchant sur place pour se débarrasser de quelques fourmis ayant prit possession de ses pieds. Ah, il a vraiment besoin de se dégourdir les jambes ! Peut-être le vent s’est-il un peu calmé …? 

Sans être quelqu’un de forcément hyperactif, Syrius n’est pas non plus le genre à apprécier rester statique trop longtemps. Evidemment, comme la plupart des gens, il apprécie le confort d’un bon lit dans lequel traîner le matin ou d’un siège pour y faire un peu de lecture, mais lorsqu’il est à l’extérieur, il a ce besoin de rester longtemps en action. Dégourdir des jambes, délier ses muscles, réveiller l’intégralité de son corps … c’est bien plus agréable que de rester assis les bras croisés. Certes, le garçon n’est pas un randonneur expert ou même le meilleur des voyageurs - ce serait plutôt le contraire - mais il fait de son mieux pour augmenter son endurance chaque jour. Le Défi des Arènes va mettre son physique et son mental à rude épreuve, l’Austréen en a parfaitement conscience, et c’est exactement ce qu’il recherchait en quittant le confort de son palais. Il aurait tout autant pu utiliser le train ou les taxis volants pour rejoindre le Septrion sans se fatiguer mais … à quoi bon ? Muscler son corps et son esprit, c’est bien plus vivifiant. Et c’est en évoluant à pied qu’il a le plus de chance de croiser de beaux endroits à photographier. Tel est le véritable objectif de Syrius après tout … se composer un book magnifique et se lancer dans une carrière de photographe professionnel.

Mais bon, avant de penser si loin, il devrait déjà apprendre à s’organiser. Quitter son campement sans son sac à dos, c’est vraiment une erreur de débutant. Il aurait pu lui arriver n’importe quoi et il n’aurait eu aucun moyen de se soigner ou de s’abreuver. Un jour, le fils Al’Shams perdra sa tête, c’est une certitude … Heureusement, il a eu la chance de tomber sur une âme charitable. Astrid lui a vraiment retiré une épine du pied, sans elle il greloterrait de froid dans un coin en priant pour que le vent tombe vite et cesse de lui lancer son souffle gelé en pleine figure. Il ne peut malheureusement pas dire que son exploration est davantage réussie mais, au moins, il est tenu au chaud grâce à la veste de la jeune fille. Et elle lui offre une compagnie assez agréable, bien que la demoiselle reste assez … pudique ? Syrius la comprend néanmoins : même s’il n’est pas méchant, il demeure un étranger. Ils n’allaient pas se mettre à tchacher comme s’ils avaient élevé les Gruikui ensembles ! S’ils avaient eu davantage de temps devant eux, peut-être auront-ils pu sympathiser davantage.

Mais le vent s’est calmé et les deux jeunes gens ont envie de reprendre la route. Enfin, dans le cas de Syrius, il a surtout envie de retrouver le campement des bédouins, même s’il s’attend à les retrouver tous endormis pour leur sieste de l’après-midi. Ce n’est pas si grave cependant : après cette petite aventure, Syrius a bien envie de les imiter, en espérant que la douleur en bas de son dos s’estompe après un petit roupillon. Dans le cas contraire, il n’aura plus qu’à réclamer un baume à l’herboriste de la troupe. Il paraît que ses remèdes font des miracles et sûrement est-ce là l’occasion rêver pour s’en assurer par lui-même. Toujours est-il qu’en attedant, il doit redescendre la montagne et retrouver son chemin jusqu’au campement. En théorie, il ne devrait pas trop galérer parce qu’il s’est toujours contenté d’évoluer en ligne droite. Dans le cas contraire, il sait qu’il pourra compter sur Khensit ou Lyla pour lui porter assistance. Les deux Pokémon sont très malignes, il ne doute absolument pas leur capacité. Parfois, Syrius en vient à se dire qu’elles en ont davantage dans la cervelle que lui …

Tranquillement, Astrid prépare ses affaires pour repartir. Le vent s’est effectivement calmé, les deux jeunes gens peuvent donc sortir de leur abri de fortune.

Un petit clin d’oeil plus tard, Syrius sort de la crevasse et se retrouve sur le chemin rocailleux qu’ils suivaient jusqu’à maintenant. Redescendre ne sera pas bien difficile, et beaucoup plus agréable qu’à l’allée. Même s’il y a encore un petit vent frais, il est moins puissant. Il ne risque donc pas de les mettre en danger. Le garçon s’engage donc sur le chemin du retour, faisant bien attention à ne pas glisser à nouveau sur des petits cailloux. De temps en temps, il jette un regard par dessus son épaule pour s’assurer qu’Astrid va bien. Néanmoins la demoiselle s’en sort comme un chef et Syrius est ravi de le constater. Et dire que certains considèrent les femmes - et notamment celles du Septrion - comme des petites choses fragiles incapables de se débrouiller par elle-même … Astrid est la preuve vivante que tout cela n’est qu’un odieux tissu de mensonge. Une femme n’est pas moins capable qu’un homme, bien au contraire. Et souvent … elles sont aussi bien plus malignes. C’est une force qu’elles usent bien plus souvent et efficacement que les hommes, et Syrius n’a aucun mal à le reconnaître.

Finalement, le duo arrive en bas de la montagne et là, la légère brise est presque imperceptible. Syrius reconnaît le chemin en patte d’oie qui se présente à eux. Il doit prendre la route de gauche pour rejoindre le campement des bédouins. Si Astrid essaie de rallier l’Austrée … le meilleur passage est celui de droite. C’est celui que les bédouins ont emprunté la veille, avant de virer à gauche pour s’installer pour la nuit. Si la jeune fille écoute ses indications, elle mettra les pieds dans l’Austrée dès le surledemain … enfin, tout dépendemment de sa vitesse, bien entendu. Finalement, Syrius retire la veste et la rend à sa propriétaire avec un grand sourire :

Poliment, Syrius tend sa main à Astrid afin de sceller leur petite rencontre. Inutile de s’attarder plus longtemps … l’un comme l’autre droit avoir hâte de reprendre leur petite vie.

Quelques formules de politesse supplémentaire plus tard, Syrius prend finalement congé d’Astrid. En remontant le chemin de gauche, il lui adresse quelques mouvements de bras en guise d’au revoir, avant de disparaître au détour de la route. Bientôt, Syrius retrouve le campement des bédouins où tout le monde roupille, comme il s’y attendait. Alors sans prendre davantage de temps, il rejoint sa tente et s’installe confortablement au milieu des couvertures, bien décidé à dormir jusqu’à la fin de la journée ...




HRP. Mici pour ce petit RP, c'était cool ! Bon il date mais ... au moins, nous l'avons terminé en bonne et due forme